Observations sur l’enseignement du dessin

Observations sur l’enseignement du dessin
Revue pédagogique, premier semestre 1886VIII (n. s.) (p. 446-447).

Un correspondant nous écrit du Russey (Doubs), à propos de l’article de M. J. V. sur l’enseignement du dessin (voir notre dernier numéro) :

« Comme M. J. V., je ne suis pas partisan de l’emploi du cahier-méthode pour les leçons de dessin à l’école primaire. Le cahier-méthode a certainement quelques avantages. En effet, il exerce la main de l’enfant ; mais souvent le dessin que fait l’élève est difficile. Beaucoup de ces cahiers reproduisent, dans la partie inférieure de la page, le dessin en pointillé que l’élève doit repasser à l’encre. Avouez que ce procédé, surtout au cours supérieur, ne doit pas donner d’excellents résultats. L’enfant ne s’habitue pas à dessiner le contour d’un objet. Il suffit, pour lui, qu’il fasse de beaux traits cachant le pointillage, et le dessin est bien. Il est vrai que ce procédé facilite singulièrement la tâche du maître, qui est dispensé de faire à l’avance le dessin au tableau noir ; pourvu qu’il habitue ses élèves à faire des traits purs et nets, il sera censé leur avoir enseigné à dessiner. »

Après avoir signalé divers inconvénients qui lui font repousser l’usage du cahier-méthode mis entre les mains des élèves, notre correspondant, M. I. A., se demande si le maître ne pourrait pas toutefois en tirer un parti utile pour son enseignement ; et il répond par l’affirmative.

« Alors à quoi serviront les cahiers-méthodes ? Comme M. J. V., je suis d’avis que le maître s’en serve pour faire un choix sérieux des dessins qu’il fera faire par ses élèves. Il pourra les choisir convenablement de manière à ce qu’ils soient bien gradués et bien appropriés aux besoins de la localité. Les enfants feront les dessins sur une ardoise pour le cours élémentaire dans une école à un seul maître ; s’il y a plusieurs maîtres, ils pourront employer le papier quadrillé dès le cours élémentaire ; ils dessineront sur papier quadrillé dans le cours moyen, et sur papier blanc dans le cours supérieur. Je dis que dans une école à un seul maître le dessin, dans le cours élémentaire, doit être fait sur l’ardoise, parce qu’on n’a pas le temps de le surveiller. Sans l’aide et la surveillance du maître, les élèves ne feraient rien qui vaille sur le papier quadrillé. Je réserve ce papier pour le cours moyen. Seulement les pages quadrillées alterneront avec des feuilles de papier blanc. Chaque dessin pourra être fait deux fois si le maître le juge à propos : une fois sur papier quadrillé et une deuxième fois sur papier non réglé. De la sorte l’enfant s’habituera à voir, il exercera son œil. De plus, lorsqu’il passera au cours supérieur, il n’y aura pas de transition bien pénible, comme on le remarque d’habitude. Toujours le dessin sera fait à l’avance par le maître au tableau noir, et au moment de la leçon il l’expliquera en le refaisant à côté. On ne donnera pas de règles aux enfants ; il faut les habituer à tirer des lignes droites sans instrument. On exercera ainsi davantage la main et l’œil. L’enfant voit au tableau un dessin plus grand que celui qu’il doit faire, il s’habitue à réduire les lignes, et de là au dessin des objets, comme le dit M. J. V., il n’y a qu’un pas. Que l’instituteur en profite donc, car ainsi il pourra suivre bien plus exactement les programmes du 27 juillet 1832. »