O toi seule bonne entre toutes ces femmes

À Eugénie.


Ô toi, toi, seule bonne entre toutes ces femmes
Et tant d’hommes feignant d’aimer mon triste cœur,
Toi me riant parmi leurs sourires infâmes,

Me riant franchement, d’un rire point moqueur,
Hypocrite encor moins, mais toujours large et libre
Et qui fait rire enfin mon cœur et sa langueur,

Large comme ton cœur, libre dans l’équilibre
D’une affection forte et douce que ne peut
Déranger tel malheur minime ou de calibre…

Tu querelles avec justice, s’il le veut
Ou s’il ne le veut pas, mon affreux caractère…
On dirait, ta querelle, un jardin où il pleut…

On dirait, ta querelle, un enfant qu’on fait taire
Et qu’on baise bien fort au front, du moment qu’il s’est
Pour le récompenser du bon pli salutaire


Pris d’obéir, conformément à la vertu,
Des enfants, d’écouter sans répondre et s’instruire
Dans la sagesse et le devoir parfois ardu.

Ô toi, sachant me plaire encor mieux, et séduire
Encore plus mon âme et mes sens par préci-
Sément ton âme et la grâce qui s’en va luire,

La grâce de tes sens aimés, — et par ainsi
Notre amour s’ennoblit d’une grâce meilleure
Par quoi voici joyeux mon cœur jadis transi.

Arrière maintenant le vain souci de l’heure
Et du ciel orageux, ou froid… N’avons-nous pas
À l’écart des méchants de qui j’ai fui le leurre

La certitude die ne marcher qu’à sûrs pas
Dans le bonheur, sans plus chercher, moi, l’orde orgie,
De laquelle je suis vainqueur, non sans combats ?