Notice historique sur l’enseignement primaire à Saint-Étienne avant la Révolution/Introduction

Texte établi par Johannès Merlat, Société de l'Imprimerie de La Loire républicaine (p. 17-18).

L’Enseignement Primaire à Saint-Etienne
AVANT LA RĖVOLUTION

Je suis très frappé de la brièveté des recherches sur l’enseignement primaire avant la Révolution. En négligeant les généralités plus ou moins brillantes qui sont démonstrations de polémique, en ne conservant que les études désintéressées, la bibliographie du sujet serait vite rédigée. Les notes du Dictionnaire de M. Buisson, très solidement établies, très sommaires, constituent le meilleur. Si, à ce point de vue, la Normandie est honorée de l’ouvrage de M. Robillart de Beaurepaire, et de quelques intéressantes monographies, nombre de provinces semblent n’avoir pas même gardé un souvenir de leurs vieilles institutions d’enseignement populaire.

Dans mes recherches sur l’histoire de Saint-Etienne, j’avais mis de côté, depuis longtemps, quelques documents sur les écoles d’autrefois. Si incomplets qu’ils soient, ils permettent de voir. J’en veux tirer — sur la prière de mon excellent ami Merlat — les constatations essentielles, ce qui, seulement, importe.

Avant la Révolution, l’enseignement primaire à Saint-Etienne n’a pas été, autant qu’on le pourrait croire, nul et d’insignifiant résultat. Il suffirait pour s’en convaincre de tourner les feuillets des vieux registres de catholicité (l’état-civil d’avant 92) pour trouver, un peu partout, des signatures très passables de petits commerçants et d’artisans. La même constatation ne serait peut-être pas faite aussi bien en d’autres petites villes. Les Stéphanois étaient gens d’affaires et de relations commerciales lointaines. L’un d’eux, Marcelin Allard, dans sa Gazette (1605) dit que de Saint-Etienne « part ordinairement une accorte jeunesse tellement désireuse d’apprendre et de savoir qu’il n’y a nul endroit en la terre ny partie tant soit incogneue où, pour le bien de leurs negoces et contentement de leurs louables curiositez ils ne mettent le pied et n’en rapportent au vray ce qui en est et s’en doit espérer »… J’ai eu occasion de voir un acte d’apprentissage de 1657 par lequel un bourgeois plaçait son fils chez un commerçant de Bordeaux pour qu’il y apprit « le négoce des marchandises ». Avec de telles aptitudes, on ne peut se dispenser de quelque instruction.

Mais qu’étaient cette instruction et les écoles qui la donnaient ? Qu’était l’instruction de ces ouvriers du fer qui passaient pour des artistes ? On n’est renseigné qu’à partir de la dernière moitié du XVIIe siècle.