Mémoires secrets et inédits pour servir à l’histoire contemporaine/Tome 1/19

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EXPÉDITION D’ÉGYPTE


CHAPITRE XVI.

Situation de l’armée d’Orient, au moment où le général
Menou en prit le commandement en chef.

1800.

À cette époque, l’Égypte était divisée en huit arrondissemens.

Le Ier se composait des provinces de Syouth et de Miniéh ; il était commandé par le général de brigade Donzelot.

Le 2e, des provinces de Beny-Ssouef et du Fayoum ; commandé par le général de division Damas.

Le 3e, des provinces du Caire, d’Attfyéhhly et de Gizéh ; commandé par le général de division Béliard.

Le 4e, des provinces de Charqiéh et du Zélyoubéh ; commandé par le général de division Reynier.

Le 5e, des provinces de Bahhyréh, Rosette et Alexandrie ; commandé par le général de division Friant.

Le 6e, des provinces de Damiette et Mansourah ; commandé par le général de division Rampon.

Le 7e, de la province de Garbiéh ; commandé par le général de brigade Fugières.

Le 8e, de la province de Menoufiéh ; commandé par le général de division Verdier.

Mourad-Bey, en vertu de son traité avec le général Kléber, était alors prince-gouverneur du Saïd, pour la république française.

ARMÉE D’ÉGYPTE.



ÉTAT-MILITAIRE.



GÉNÉRAL EN CHEF.
Citoyen Abdalah-Jacques Menou.

GÉNÉRAL DE BRIGADE, CHEF DE L’ÉTAT-MAJ.-GÉN.
Citoyen Lagrange.

ADJUD.-GÉNÉRAL, SOUS-CHEF DE L’ÉTAT-MAJ.-GÉN.
Citoyen Renée.

GÉNÉRAUX DE DIVISION.
Citoyens
Reynier. Lanusse.
Damas. Verdier.
Friant. Belliard.
Rampon. Leclerc.

GÉNÉRAUX DE BRIGADE.
Citoyens
Galbaud. Delegorgue.
Vial. Baudot.
Zayoncheck. Valentin.
Fugières. Duranteau.
Destaing. Maugras.
Robin. Sylly.
Donzolot. Bron.
Alméras. Boussart.
Roize.

ADJUDANS-GÉNÉRAUX.
Citoyens
Gilli-Vieux. Morand.
Jullien. Gasquet.
Devaux. Mack-Shechy.
Boyer. Duchaume.
Sornet. Lafon-Blaniac.
Martinet. Tarayre.

AIDES-DE-CAMP DU GÉNÉRAL EN CHEF.
Citoyens
Nethewood, chef de brigade.
Novel, chef de bataillon.
Henry, capitaine.
Dauray, idem.
Alphéran, id.
Paultre, id.
Devouges, lieutenant.

ARTILLERIE.

GÉNÉRAL DE DIVISION, COMMANDANT.
Citoyen Songis.

GÉNÉRAL DE BRIGADE, DIRECTEUR DES PARCS
D’ARTILLERIE.
Citoyen Faultrier.

CHEFS DE BRIGADE.
Citoyens
Tirlet, chef de l’état-major de l’artillerie.
Faure, commandant l’artillerie de la division du général Reynier.
Danthouard, directeur d’artillerie, à Alexandrie.

GÉNIE.
Citoyen Samson, général de brigade, commandant.

CHEFS DE BRIGADE.
Citoyens
Lazowski. Cazals.
Bertrand. D’Hautpoul.

INFANTERIE LÉGÈRE.
2e, 4e, 21e, et 22e demi-brigades.
INFANTERIE DE BATAILLE.
9e, 13e, 18e, 25e, 32e, 61e, 69e, 75e, 85e, et 88e demi-brig.
CAVALERIE.
HUSSARDS.
7e régiment.
CHASSEURS.
22e régiment.
DRAGONS.
3e, 14e, 15e, 18e, et 20e régimens.
COMPAGNIES DES GUIDES.
COMPAGNIE DE DROMADAIRES.
TROUPES AUXILIAIRES.
Légion grecque.
Légion cophte.
CAVALERIE.
Mameloucks.
Syriens, Ire et 2e compagnies.
TROUPES.
Ire compagnie d’artillerie.
4e compagnie d’ouvriers d’artillerie.
ADMINISTRATION.
Daure, ordonnateur en chef.
Estève, payeur-général.

Telle était l’armée d’Orient, forte de dix-huit mille hommes.

Au Caire, garnison : les 22e, partie de la 4e demi-brig. légère, 88e, 9e, 13e demi-brig.

À Damiette, la 2e légère et 32e de bataille, le 20e régiment de dragons.

À Alexandrie, les 69e, 61e demi-brigade, 10e régiment de dragons, 22e régiment de chasseurs à cheval ; dans la haute Égypte, la 21e légère, partie de la 88e de bataille ; plusieurs détachemens de cavalerie, ou régimens en garnison à Boulac.

À Rosette, la 18e demi-brigade de bataille, dont un détachement à Ramaniéh.

À Semenou et Menouf, la 25e de bataille ; à Boulenk, les 15e, 3e, 14e régimens de dragons ; à Foua, colonne de réserve laissée par Kléber ; la 75e demi-brigade, 7e régiment de hussards.

À Salahiéh, la 85e demi-brigade.

COMMANDANS DES PLACES ET FORTS, OU
DIVISIONS.

PLACES.

Caire. Belliard, général de division.

Siout. Donzelot, général de brigade.

Alexandrie. Lanusse, général de division.

Damiette. Rampon, général de division.

Ramaniéh. Rambaud, adjudant-général.

Rosette. Destaing, général de brigade.

  Ire division. Reynier, général de division.
  2e — — — Lanusse.
id.
  3e — — — Rampon.
id.
  4e — — — Friant.
id.

Colonne mobile aux ordres du général de division Verdier.

La citadelle du Caire, commandée par le général de brigade Dupas.

De la flottille du Nil, commandée par le capitaine de frégate Rouvier, chef d’état-major de la marine du Nil, à Boulac.

L’inondation de l’Égypte, la situation particulière de ce pays si célèbre dans l’histoire par des monumens admirables, qui relèvent de la grandeur des rois qui l’ont gouverné, demande pour son commerce une marine marchande, protégée par une flottille de guerre contre les Arabes. Il sera facile de concevoir que les terres étant inondées pendant une partie de l’année, alors les bêtes de somme, tels que chameaux, chevaux, ânes, ne peuvent plus circuler, ni faire aucun service. On se sert donc depuis le 24 juin jusqu’en février, année suivante, de barques construites en Égypte, sous le nom de djerme ; il y en a de grosses et de moyennes, et de petites même, avec des chambres pour la commodité des voyageurs. Le vent du nord qui règne constamment pendant six mois de l’année, sert à remonter le Nil. Le courant assez rapide du fleuve sert à le descendre. Les voiles des djermes sont latines, de coton, et disproportionnées en grandeur ; il arrive quelquefois que, par un tourbillon, les bâtimens chavirent.

Le général Bonaparte avait fait entrer dans le Nil plusieurs petits bâtimens, qui ont agi de concert contre ceux des mameloucks. Depuis, on en avait armé plusieurs autres, et l’on avait construit des barques canonnières pour les lacs Menzaléh et Burlos. Ces bâtimens escortaient nos convois, et portaient nos dépêches ; enfin ils faisaient le service de l’armée pendant le temps de paix, c’est-à-dire lorsque, n’ayant point de troupes du dehors à combattre, elle n’avait à contenir que les ennemis de l’intérieur de l’Égypte.

FORCES SUR LE NIL.

Deux galères, 4 avisos, 4 canonnières, 20 djermes, une felouque, 4 canges. Commandant, Rouvier, capitaine de frégate.


Lac Menzaléh.

Une canonnière, 2 canges. A. Millo, enseigne de vaisseau, commandant.

Lac Burlos.

Une canonnière, 1 aviso. Maret, enseigne de vaisseau, commandant.

Telles étaient nos forces sur le Nil, quand le général Menou prit le commandement de l’armée.

À cette époque, il y avait de l’argent en caisse ; les contributions se payaient ; le peuple était soumis ; l’armée du grand-visir venait d’être battue ; l’esprit militaire était fortifié par l’espoir que le gouvernement français aurait le temps d’envoyer des secours avant qu’une nouvelle armée fût organisée pour venir derechef nous attaquer.

Le général Menou ordonna que la solde serait alignée. En s’élevant sans cesse, dans ses ordres du jour, contre les administrations, contre les garde-magasins, qu’il qualifiait de voleurs ; contre les administrateurs sanitaires, qui calculaient, disait-il, sur le temps qu’avait à vivre un malade atteint de la peste, il crut prouver qu’il aimait le soldat, et qu’il s’occupait sans cesse de lui. Il simplifia aussi l’administration, réforma des commissaires des guerres, et d’autres employés. Ceux-ci furent forcés à s’incorporer dans les différens corps de l’armée. Menou ordonna que le riz, le bois, la viande, accordés en rations, seraient payés en argent, chaque mois, d’avance ; le pain seulement continua à être fourni en nature (cet ordre lui permit de diminuer les garde-magasins). Le citoyen Estève fut nommé directeur-général des revenus publics de l’Égypte ; l’ordonnateur Daure, inspecteur-général de l’armée. Le commissaire Sartelon, ordonnateur en chef de l’armée, fut nommé ordonnateur de la marine, et préfet maritime de l’Égypte. Par différentes autres nominations, et par la manière dont il se conduisit, le général montra des talens administratifs, et on sut même apprécier le bon ordre qu’il introduisit dans l’armée. Il avait disposé les fonds de manière à ce que la solde de la troupe fût payée couramment ; tout l’an 8 a été payé sans aucun arriéré.

Pendant le mois de juin, le général Menou fit des visites dans tous les forts, magasins, établissemens, etc. Il prit également connaissance de tous les papiers déposés à l’état-major-général de l’armée. Les sommes provenant du général Kléber furent employées aux besoins de l’armée ; c’est ce qui brouilla le général Damas, chef d’état-major de Kléber, avec le général en chef Menou. Damas était l’ami intime de Kléber ; Menou tenait plusieurs propos tendant à désapprouver la conduite de son devancier, lors de son traité avec la Porte. Il s’établit deux partis, les colonistes qui étaient les partisans de Menou, et les anti-colonistes, ou les amis de Kléber, parmi lesquels figuraient les généraux Damas, Lanusse, Reynier, etc.