imprimerie de la Vérité (Ip. 140-145).

LE PIC DE LA FRANC-MAÇONNERIE ET L’ÉDUCATION


15 juillet 1882


Nous lisons ce qui suit dans le Courrier du Soir, journal radical de Paris, qui doit s’y connaître en fait de franc-maçonnerie :


La Révolution française, ce flambeau de l’humanité, en proclamant la « Déclaration des droits de l’homme, » et, par conséquent, de ses devoirs envers ses semblables, a donné à l’homme libéral une mission sacrée : leur propagation.

La franc-maçonnerie, cette sublime expression de la fraternité universelle, est un des moyens les plus énergiques et les plus élevés qui tendent à ce but.

Dans les pays considérés comme neufs, par notre vieille Europe, elle est le pic destiné à renverser le vieil édifice, basé sur l’obscurantisme, clérical ou civil : elle est le véhicule obligatoire des idées de réforme, de progrès et d’émancipation intellectuelle et morale.


Il est certain que le Courrier du Soir ne se trompe pas : La franc-maçonnerie est l’église de Satan dont le but est de combattre partout l’église de Jésus-Christ. Soyons donc sur nos gardes et ne nous endormons pas dans une fausse sécurité.



22 juillet 1882


Il y a une question qui prime toutes les autres, au Canada comme ailleurs.

On voit nos hommes publics, nos journalistes surtout, absorbés par l’étude des affaires matérielles. On s’épuise, par exemple, en discussions pour ou contre la protection ; on affirme, comme l’a fait la Minerve, que la plus importante question dont puisse s’occuper l’attention publique, c’est la question du tarif.

Il suffit de réfléchir un instant pour se convaincre de la complète inanité de cette assertion.

La politique fiscale est sans doute une grave affaire et digne d’une attention sérieuse de la part de nos hommes d’État. Mais vouloir lui donner le pas sur toutes les autres affaires du pays, c’est proclamer la supériorité de la matière sur l’esprit, des choses de la terre sur les choses de la vie future, du corps sur l’âme.

La politique financière d’un pays change du jour au lendemain. Aujourd’hui, la protection nous convient, nous semble même nécessaire, mais dans vingt ans il faudra peut-être une politique très différente.

Une question qui n’est pas sujette aux vicissitudes qui caractérisent les affaires purement matérielles, qui est la même dans tous les pays, qui ne varie pas avec les siècles, c’est la question de l’enseignement.

Nous ne parlons pas, bien entendu, des disputes qui peuvent surgir entre les pédagogues sur les méthodes à employer dans les écoles : mais de l’enseignement compris dans son acception la plus large. Nous parlons de l’instruction, ce procédé par lequel on forme l’intelligence ; de l’éducation, cet autre procédé par lequel on façonne le cœur.

Ainsi comprise, la question de l’enseignement se pose de la même manière chez tous les peuples qui ne dorment pas à l’ombre de l’idolâtrie.

En Europe, c’est le terrain où se livre la grande bataille entre l’armée du bien et l’armée du mal.

On le sait, l’ennemi du genre humain, dès le commencement, livra la bataille à ceux qu’il voulait perdre, sur ce terrain de l’enseignement. Sous la forme d’un serpent, il se glissa dans le Paradis terrestre et se fit maître d’école contre Dieu. Le Créateur avait lui-même instruit nos premiers parents. Qu’elle devait être belle, complète, lumineuse cette instruction du Très-Haut ! Cependant le Tentateur réussit à convaincre ces élèves de Dieu, en faisant appel à leurs convoitises, que leur éducation était à refaire. On n’ignore pas ce qui advint.

Depuis ce jour, Satan continue dans ce moule son œuvre maudite de maître d’école contre Dieu. Parcourez l’histoire du genre humain, dans tous les siècles vous verrez la tribune de Satan érigée en face de la chaire de Dieu. Et malheureusement, à cause de la chute originelle, vous verrez souvent les hommes se grouper en rangs serrés autour de la tribune et se détourner de la chaire.

Avant la venue du Sauveur, la race humaine presque tout entière n’écoutait plus que l’enseignement de Satan ; même le peuple juif, choisi par Dieu pour conserver le dépôt de la Foi, se laissa souvent entraîner par cet enseignement matérialiste. Il fallait de fréquents et terribles châtiments pour le ramener à la Vérité.

Notre Seigneur vint apporter sur la terre son enseignement divin. Le monde, plongé dans les ténèbres du paganisme, fut révolutionné par l’Église que Jésus-Christ institua pour continuer son œuvre à travers les siècles en enseignant les nations.

Mais l’homme resta avec son libre arbitre, avec ses passions, avec sa nature corrompue, avec son penchant au mal ; et Satan resta avec sa tribune de mensonge en face de la chaire de Vérité.

Sans doute, grâce à la miséricorde du Sauveur, grâce à son sang précieux répandu pour nous, grâce à ses sacrements, grâce aux enseignements de son Église, des millions et des millions d’âmes humaines se sont sauvées. Mais aussi, que de ravages n’a fait dans le monde l’enseignement de Satan ! Les hérésies, les schismes, et le matérialisme moderne, le pire de tous ses ravages !

N’oublions pas que Satan est un ange déchu, c’est-à-dire une intelligence puissante, qui ne se repose ni le jour ni la nuit, mais qui sans cesse rôde autour de nous cherchant des victimes à dévorer.

Il ne faut pas s’imaginer que notre ennemi, le démon, se contente de nous suggérer des mauvaises pensées, des idées de révolte contre la loi de Dieu. Il agit sur nous d’une manière plus directe. Singe du bon Dieu, il agit sur les hommes par d’autres hommes. Comme Dieu, il a ses ministres, ses temples, son culte extérieur, ses moyens d’actions matériels.

Dans ces derniers temps, on dirait que le diable fait un suprême effort pour répandre son enseignement sur la terre. Et pour mieux arriver à son but, il veut s’emparer de l’endroit même où se donnent l’instruction et l’éducation : l’école. Il veut empoisonner la source de la vie intellectuelle. C’est pourquoi il a lancé dans le monde une idée. Cette idée a fait des ravages terribles dans les esprits, c’est l’idée de l’État enseignant.

Sont-ils nombreux les hommes publics, même parmi les bien disposés, qui ne sont pas plus ou moins pénétrés de cette idée de l’État enseignant ? Et n’est-il pas vrai que chaque jour s’efface de plus en plus dans les esprits toute notion des droits de l’Église et des pères de famille en matière d’enseignement ?

Or, l’idée de l’État enseignant est une idée essentiellement diabolique.

Le diable est rusé, et il ne faut pas croire que, pour accomplir son œuvre, il se serve uniquement des méchants. Son suppôt favori c’est l’homme qui ne réfléchit pas, qui accepte bêtement, mais de bonne foi, les idées les plus dangereuses, qui les propage de son mieux et sans remords de conscience.

L’idée de l’État enseignant fait du chemin dans notre pays. On cherche à restreindre, peu à peu, les droits de l’Église, les droits des pères de famille, et à augmenter, dans la même proportion, les pouvoirs de l’État. Et pour justifier cette œuvre détestable on parle bien haut de progrès, d’avancement, d’éducation pratique. Pour tranquilliser sa conscience, on dit que chez nous, du moins, il n’y a pas de danger à mettre l’éducation de nos enfants entre les mains de l’État, car l’État est encore trop bon pour enseigner ce qui ne devrait pas être enseigné.

Quand le diable entend raisonner de la sorte, il doit bien rire. Il doit se dire : C’est parfait, mes amis, votre État est bon ; confiez-lui l’enseignement, je ne vous demande que cela, et je me charge du reste. Quand l’Église et le père de famille, les protecteurs naturels de l’âme des enfants, seront dépouillés de leurs droits au profit de l’État, je trouverai bien le moyen de m’emparer de votre bon État, et par là même de l’éducation de vos enfants. Ce que j’ai fait en Europe, je puis bien le faire en Amérique.

Ainsi doit parler le diable quand il entend nos braves Canadiens gloser sur l’État enseignant et les bienfaits d’une éducation pratique, c’est-à-dire, toute matérielle.

Et maintenant, veut-on savoir de quel instrument le diable se servira chez nous pour installer au Canada l’État enseignant, et pour s’en emparer ensuite ? La réponse est facile : Il se servira du même instrument dont il s’est servi en France, en Belgique et ailleurs où il a si bien réussi. Cet instrument, c’est la Franc-Maçonnerie.

Est-ce que le Courrier du Soir ne nous a pas dit, l’autre jour, que la Franc-Maçonnerie est le pic destiné à renverser l’obscurantisme clérical dans les pays neufs ?

Déjà, dans notre cher Canada, les coups de ce pic retentissent aux oreilles de ceux qui veulent entendre