(1p. 186-187).

LXXV

Paris, jeudi soir, 2 août 1843.

Je suis moins poétique que vous. La χθὼν εὐρυοδείη, c’est-à-dire la large terre, malgré le mackintosh, était encore plus froide que vous, et j’en suis enrhumé, mais sans rancune. J’en aurais à lire tout ce que vous me dites et que vous croyez agréable. Combien de mais toujours ! que vous êtes ingénieuse à ôter aux autres et à vous-même l’enchantement qu’ils peuvent avoir ! Je dis enchantement, et j’ai tort sans doute ; car je ne crois pas que les marmottes en aient. Vous étiez un de ces jolis animaux-là avant que Brahma envoyât votre âme dans un corps de femme. À la vérité, vous vous réveillez quelquefois, et, comme vous dites fort bien, c’est pour quereller. Soyez donc bonne et gracieuse comme vous savez l’être. Malgré ma mauvaise humeur, j’aime mieux vous voir avec vos grands airs indifférents que de ne pas vous voir du tout. Je vous disais bien que toute cette botanique ne valait rien ; mais vous voulez toujours faire à votre tête. J’ai découvert des choses encore plus curieuses que des courses champêtres sur des indices moins évidents. Croyez-moi, jetez au feu toutes ces fleurs fanées, et venez en chercher de nouvelles.

Adieu.