[Mélanges] (p. 8-10).

AVERTISSEMENT.


M. Léopold Delisle, dans son Catalogue des manuscrits des fonds Libri et Barrois,[1] décrit ainsi (p. 146) le recueil dont je viens m’occuper : Nouvelles acquisitions françaises 5169 (Libri, 1838). Correspondance de Peireisc. Registre dans lequel Peiresc a noté les lettres qu’il a écrites à ses correspondants depuis l’année 1622 jusqu’à l’année 1632. Volume en papier, de 52 feuillets. 320 millimètres sur 215. L’illustre critique ajoute « Un passage suffira pour donner une idée de ce précieux registre. » Oui, bien précieux, en effet, car non seulement on y trouve le relevé, jour par jour, des lettres envoyées par Peiresc aux quatre coins du monde, avec l’indication des objets dont ces lettres étaient souvent accompagnées (livres, manuscrits, dessins, monnaies anciennes, plantes rares, etc.), mais encore de rapides mentions de divers événements de sa vie, mentions qui justifient jusqu’à un certain point le titre adopté dans le catalogue de la collection Libri, et qui me permettent, à mon tour, de me servir du terme de petits mémoires. Je ne reproduirai pas en entier les pages où Peiresc a consigné de sa propre main, avec la régularité d’un parfait teneur de livres, tout ce qui concernait ses relations épistolaires, ainsi que plusieurs particularités biographiques. Comme je l’ai annoncé ailleurs, j’ai le projet d’insérer la liste des lettres qu’il écrivit pendant une période de dix années (moins quelques mois), dans le tableau général, dressé par ordre chronologique, des lettres qu’il écrivit en toute sa vie, tableau qui doit figurer à la fin du dernier volume de sa correspondance[2], Aujourd’hui je veux seulement tirer du journal de Peiresc un certain nombre de faits et de dates dont l’intérêt sera considérable pour tous les curieux. Je publierai in extenso, comme échantillons, le premier et le dernier feuillet de ce journal, et je ferai dans les autres pages un choix discret.

Tous ceux qui jetteront les yeux sur ces extraits déploreront avec moi que le registre ne soit pas complet, qu’il n’embrasse pas aussi les vingt années qui ont précédé 1622 et les cinq années qui ont suivi 1632. Quel dommage que, guidés par Peiresc lui-même ; nous ne puissions le suivre dans toute la merveilleuse activité de sa correspondance depuis son extrême jeunesse (dix-huit ans) jusqu’à sa mort prématurée (moins de soixante ans !) De combien de lettres perdues nous retrouverions ainsi la trace ! Et quelle abondance de renseignements nouveaux viendrait compléter ce que nous connaissons déjà de la vie et des relations de celui qui tint une si belle place dans la première moitié du XVIIe siècle !

Autour du texte je mettrai seulement les notes indispensables, de crainte de noyer petit poisson dans grande sauce, renvoyant mon lecteur à la Vie de Peiresc, par Gassendi, ouvrage où le biographe se montre si digne du héros, à la Correspondance de Peiresc avec les frères Dupuy, dont le tome II verra le jour dans quelques semaines, aux seize fascicules déjà publiés des Correspondants de Peiresc[3]. Je laisse naturellement à M. Ruelens le soin de l’annotation en ce qui regarde les personnages des Pays-Bas tant de fois mentionnés dans les Petits Mémoires[4]. Dieu me garde de chasser sur les terres de celui qui en sait si long et qui aime tant à faire profiter ses amis des richesses de son érudition !


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  1. Paris. H. Champion, 1888, grand in-8o.
  2. Voir mon programme, ou, pour mieux dire, mes desiderata (car l’éditeur propose, et le Comité des Travaux historiques dispose), à la suite de l’étude si remarquable de M. L. Delisle sur (Un grand amateur français du XVIIe siècle. Toulouse, 1880, grand in-8o, p. 24-26).
  3. Les deux derniers fascicules viennent de paraître à l’instant même, le n° XV (Lettres inédites de Thomas d’Arcos) à Alger, chez Jourdan, le n° XVI (Lettres inédites de François Luillier) à Paris, librairie Léon Téchener.
  4. Le nom de Rubens surtout reparait souvent dans le journal, et c’est l’occasion de rappeler le mot de mon ami bien regretté M. Armand Basebet : « Il ne faudrait rien ignorer de la vie d’un artiste tel que Rubens, mot que M. Ruelens a si heureusement arboré, comme épigraphe, comme drapeau, en tête de son splendide Codex diplomaticus Rubenianus.