Les moteurs à gaz/Condensation

L. Boulanger (Le livre pour tous no 95p. 9-11).

CONDENSATION

La condensation se fait dans une série de tuyaux verticaux en forme d’u qu’on appelle le Jeu d’orgues, à cause de leur disposition qui les fait ressembler, en effet, à d’énormes tuyaux d’orgue, mais dont le nom technique est scrubber.

Tous ces tubes, dont la disposition est indiquée dans notre gravure d’ensemble de la page 12, plongent dans une boîte de fonte, où l’on entretient au moyen d’une pompe d’alimentation, quelques centimètres d’eau.

Le gaz, amené du collecteur, pénètre dans la première branche du tube, redescend dans la seconde, traverse l’eau, remonte la troisième et ainsi de suite. Sa circulation à travers cette longue canalisation le refroidit, mais surtout le dégage des sels ammoniacaux, qui se fondent dans le condenseur, et du goudron qui s’y arrête.

La question est d’extraire le gaz du grand barillet, car cela ne se fait pas tout seul, et on va le comprendre facilement.

Les tubes conducteurs, dont l’extrémité plonge dans l’eau du barillet, exercent sur le gaz qui traverse ce liquide une certaine pression, qui s’augmentera encore par celle qui résultera des frottements et immersions pendant les opérations suivantes, et finalement par le poids du gazomètre, que le gaz épuré doit soulever.

En outre, et cela arrive presque toujours quand l’usine est placée à un point plus élevé que les quartiers à éclairer, il y a encore à combattre la pression atmosphérique, naturellement plus élevée dans les lieux bas.



L’intérieur d’une usine à gaz (cornues de distillation).

Il en résulte donc qu’une aspiration mécanique est indispensable ; on l’obtient généralement par une pompe pneumatique actionnée par une machine à vapeur, depuis qu’on a renoncé, à peu près partout, à l’extracteur Pauwels, qui fut d’abord en usage dans les usines de Paris (alors que M. Pauwels était directeur de la compagnie.)

Cet appareil, encombrant, du reste, se composait de trois cloches pleines d’eau, qui s’élevant et s’abaissant alternativement par l’action d’un moteur à vapeur produisaient par leur ascension un vide qui aspirait le gaz et par leur abaissement un refoulement qui le poussait dans le tuyau de conduite.

Une aspiration mécanique quelle qu’elle soit, a besoin d’être réglée, car si elle était trop forte la production du gaz ne répondrait pas à la consommation de l’aspirateur, il se produirait dans les cornues un vide dangereux et si elle était trop faible le gaz, s’accumulant entre les cornues et l’aspirateur, augmenterait notablement la pression.

Un régulateur automatique s’impose donc comme une nécessité.

Tel est l’ancien système, mais il y a des scrubbers plus modernes, employés maintenant dans presque toutes les grandes usines et notamment les appareils Kœrting comprenant à la fois le condenseur, le scrubber proprement dit et l’extracteur à jet de vapeur qui remplace avantageusement l’aspirateur à pompe de l’ancien système, parce qu’il ne demande ni soin, ni attention de la part des ouvriers et qu’il consomme moins de vapeur.

La force motrice de cet extracteur est un jet de vapeur qui se mêle avec le gaz dans une série de tuyères et lui donne une telle vélocité, qu’il surmonte la contre-pression produite par les épurateurs et les gazomètres.

On le monte entre le condenseur et le scrubber, lorsqu’il est employé en combinaison avec le scrubber à vapeur ; mais si on veut l’employer avec des scrubbers ordinaires, sa place la plus convenable est entre les tuyaux d’orgue et les épurateurs, dans ce cas, il n’est pas inutile d’installer à côté un refroidisseur à eau, surtout si la conduite entre l’extracteur et le compteur de fabrication est trop courte pour permettre au gaz de se refroidir suffisamment pour qu’on puisse le mesurer exactement.