Les mausolées français/Vincent

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VINCENT.



Les amateurs des beaux-arts ne verront point sans intérêt la modeste pierre sous laquelle repose un peintre habile, un de ceux à qui nous devons la conservation de la pureté et de la sévérité du style dans l’art du dessin, un des fondateurs de la nouvelle école française, et qui à ce titre a des droits aux hommages de la postérité et à la reconnaissance des contemporains.

Au-dessous de son Buste, sculpté en demi-relief, seul ornement dont la piété de sa famille et l’amour de ses élèves ont décoré son tombeau.

On lit :

ici repose
françois andré VINCENT,
peintre d’histoire,
membre de l’Institut,
de l’académie des beaux-arts de paris,
des villes de rouen, de dijon,
et de plusieurs autres académies
et sociétés savantes
en france et a l’étranger ;
membre de la légion d’honneur ;
décécédé a paris le 4 aout 1816,
a l’age de 76 ans.
monument érigé par sa famille.




Derrière le monument est gravé :

a françois andré VINCENT
ses élèves autorisés par sa famille,
et a jamais reconnaissants
des utiles conseils,
des savantes leçons,
de l’affection tendre
de leur ami,
de leur maitre,
de leur père,
ont fait exécuter son image sur ce monument.



Vincent est né à Paris en 1746. Il cultiva de bonne heure la peinture, et devint un des élèves les plus distingués de l’école du célèbre Vien, avec lequel il partagea la gloire d’avoir affranchi l’art du mauvais gout qui s’y était introduit au commencement du dernier siècle, et de l’avoir ramené à des principes plus purs. Vincent, à l’âge de vingt ans, remporta le prix de peinture par son tableau de Germanicus. L’auteur fut porté en triomphe par ses camarades ; et sa gloire ne fit point d’envieux. Il partit pour Rome où il se livra à l’étude des ouvrages des grands maitres, et particulièrement de ceux de Michel-Ange dont il était admirateur passionné. Concurrent de David, sorti de la même école, il balança long-temps ses succès, et si la réputation du premier eut dans la suite moins d’éclat que celle du second, on doit l’attribuer à des circonstances particulières indépendantes du talent, aux événements du temps qui favorisèrent l’un, tandis que l’autre, persécuté pendant les troubles révolutionnaires, en butte aux plus odieuses dénonciations, n’échappa au sort qui le menaçait que par les soins de ses amis. Vincent avait été reçu à l’Académie royale de Peinture en 1782, et fut membre de l’Institut lors de sa création. On vante son esprit, le charme de sa conversation, sa connaissance profonde des poëtes et de l’histoire. Et il joignit à l’art du peintre le talent de bien écrire.

Ses principaux tableaux sont : Germanicus haranguant ses troupes, l’Enlèvement d’Orythie, la Piscine miraculeuse, Zeuxis choisissant un modèle parmi les filles de Crotone, Arie et Fetus, Henri IV et Sully, la Clémence d’Auguste, etc. Il a fourni aussi d’excellents articles au nouveau Dictionnaire des Beaux-Arts.

Vincent est mort à Paris d’une maladie de langueur, à l’âge de 70 ans.