Les mausolées français/Nansouty

NANSOUTY.



En lisant tracé sur une pierre tumulaire ce nom illustré par trente années de gloire acquise dans de mémorables combats, et par une conduite sans reproche, on reconnaît le tombeau d’un brave. Les souvenirs qu’il rappelle, et les nobles sentiments qu’il fait naître, en sont les plus beaux trophées.

On lit alors sans étonnement cette longue série de titres et d’honneurs, justes récompenses des plus éminents services.

ICI REPOSE
ÉTIENNE ANTOINE MARIE CHAMPION,
COMTE DE NANSOUTY,
NÉ EN BOURGOGNE LE 30 MAI 1768,
LIEUTENANT-GÉNÉRAL DES ARMÉES DU ROI,
INSPECTEUR-GÉNÉRAL DES DRAGONS,
CAPITAINE-LIEUTENANT
DE LA 1re COMPAGNIE
DES MOUSQUETAIRES DE LA GARDE DU ROI,
GRAND-CORDON DE LA LÉGION D’HONNEUR,
CHEVALIER DES ORDRES MILITAIRES
ET ROYAUX DE S. LOUIS
ET DE NOTRE-DAME DU MONT CARMEL,
GRAND-CROIX DE L’ORDRE ROYAL
DE L’AIGLE D’OR DE WURTEMBERG ;
DÉCÉDÉ A PARIS LE 12 FÉVRIER 1815.
D. P.

Sur la pierre horizontale qui recouvre la tombe, est écrit :

DANS TOUTE MA VIE
JE N’AI FAIT DE MAL A PERSONNE.




Le comte de Nansouty, dont le père commandait, à Bordeaux, le Château-Trompette, fut élevé à l’École militaire, prit de bonne heure le parti des armes, et parvint rapidement, par un mérite réel et une rare intrépidité, aux grades les plus élevés. Général de division, il fit en 1813 la campagne d’Allemagne, et commandait les cuirassiers au combat de Wertingen ; il se distingua à la bataille d’Austerlitz, et fit des prodiges de valeur à Élau et à Friedland ; aux combats d’Eckmulh, d’Esling, de Wagram, et décida souvent de la victoire. Il ne fut pas cité avec moins de distinction dans la guerre de Russie. Il rendit les plus grands services à Dresde, en 1813 et 1814, à Wachau, à Leipsick, à Hanau ; se surpassa à Champ-Aubert, Mont-Mirail, Craone ; partout, enfin, il sut mériter le titre d’un des généraux les plus distingués de l’armée française, et Napoléon rechercha souvent ses conseils.

Nansouty posséda toutes les qualités qui constituent le grand homme, surtout un rare désintéressement et une grande modestie. Il aimait la patrie plus que la gloire, et n’agissait que pour elle.

Le roi apprécia la sincérité de ses sentiments, et se plut à récompenser des services rendus à la France, en comblant le comte de Nansouty d’honneurs, et en lui accordant toute sa confiance.

La nouvelle de sa mort avait été prématurément annoncée. On crut pouvoir parler au foi de son successeur : « Le général Nansouty n’est pas mort, répondit le roi ; je ne pense à remplacer mes amis qu’après les avoir pleurés. »