Les filles de Loth et autres poèmes érotiques/01

Les Filles de Loth
Les filles de Loth et autres poèmes érotiques, Texte établi par Bernard, Edmond Dardenne, Imprimerie de la Genèse (Sodome) (p. 17-20).

Les filles de Loth et autres poèmes érotiques, Bandeau de début de chapitre
Les filles de Loth et autres poèmes érotiques, Bandeau de début de chapitre

LES FILLES DE LOTH


(Genèse XI, saint Mathieu.)

Loth étendu dormait au fond d’une caverne.
Assises à côté d’une pâle lanterne,
Ses deux filles en pleurs se rappelaient tout bas
Les plaisirs de Sodome et ne s’endormaient pas.
L’aînée avait vingt ans, une figure altière,
L’œil noir et les cheveux rejetés en arrière.
La cadette était blonde, avait seize ans passés,
Des trésors sous la robe et des doigts exercés.
Vierges ? Vous devinez que filles de cet âge
N’ont pas quitté Sodome avec leur pucelage :
Elles avaient goûté du breuvage amoureux,
Leur soif insatiable avait fait des heureux.

Mais Sodome est détruite, elles pleurent sans cesse,
Non leur maison brûlée en un jour de détresse,
Mais les hommes perdus, puisqu’il n’en reste pas
Qui puissent désormais jouir de leurs appas.
Agar dit à sa sœur, la voyant désolée :
« Reprends courage, enfant, que ton âme éplorée
Retrouve quelque espoir. Tiens, déshabillons-nous,
Reprenons pour jouir un moyen simple et doux. »
Ainsi parlait l’aînée, et relevant sa robe,
Elle montre à sa sœur, avec un double globe,
Son ventre satiné, qui se termine en bas
Par un triangle brun recouvert de poils ras.
« Que faut-il faire, Agar ? — Du bout de ton doigt rose,
Chatouille-moi. — J’y suis. — Attends, je me repose.
M’y voici. — J’élargis les cuisses comme toi,
Rends-moi le même office, allons, chatouille-moi ! »
Et sous le doigt, que guide une amoureuse ivresse,
Le clitoris se dresse et palpite, et redresse.
Enfin, n’en pouvant plus et d’amour se pâmant,
Agar donne à sa sœur un vrai baiser d’amant.
Mais celle-ci lui dit : « Faisons mieux, ma charmante,
Remplaçons notre doigt, sur la place amusante,
Par une langue agile, et tu verras, ma sœur,
Que nos attouchements auront plus de douceur.
Que sur ton ventre, Agar, mollement, je me couche,
Mes lèvres à ton poil et ton poil à ma bouche.
Que nos corps enlacés se tordent et se roulent
Et que les sucs de l’homme en nos cuisses découlent. »
Aussitôt fait que dit, et bientôt ces doux jeux
Arrosent leur toison d’un liquide onctueux.
Mais ce foutre infécond ne rappelle les hommes
Que de vague façon. « Oh ! sottes que nous sommes !

Du plaisir, dit Agar, en voilà tant qu’il faut :
Mon père est vieux, c’est vrai, mais il est encore chaud,
Il doit raidir encor quand les filles sont belles,
C’est heureux qu’il n’ait point affaire à des pucelles
Mais il ne voudra pas, tant il est scrupuleux,
Nous passer la bouteille où jadis toutes deux
Avons puisé la vie, où jadis notre mère
Venait emplir ses flancs et ouvrir son cratère.
Tâchons de l’enivrer, il aime le bon vin,
Et s’il nous peut baiser, sauvons le genre humain.
Le bonhomme étant gris, la mémoire troublée,
Oubliant ses enfants et la ville brûlée,
Jette sur leurs appas des regards polissons,
Écoute en souriant les grivoises chansons
Que chantent sans pudeur les jeunes filles nues,
Dansant autour de lui des danses inconnues.
Chacune a mis sur sa figure un voile noir,
Loth, avec sa lanterne, admire sans savoir
À qui sont ces tétons dont la pointe frissonne,
Ces fesses de satin dont la blancheur rayonne.
Il se croit à Sodome et dans sa propre fille,
Ardent, il veut planter son bâton de famille,
Il cherche sous sa robe, Agar l’a prévenu,
Du ventre paternel elle saisit tout nu
Le bâton merveilleux qui féconde la femme,
Elle admire longtemps cet objet de sa flamme
Et puis continuant son œuvre chaste et pure,
Elle prend pour jouir la meilleure posture :
Elle tombe à genoux, découvre son cul blanc
En inclinant la tête. Et le vieux Loth brûlant
Approche et voit le trou : « Pousse fort, ô ma belle !
Dit-il, en enlaçant ses deux bras autour d’elle.

Agar, jouant du cul, hâtait le mouvement,
Car elle connaissait l’effet du frottement…
Elle se sent mouillée, et nulle jouissance
N’a pourtant de ses flancs assouvi l’espérance.
Un soupçon la saisit, elle porte la main
Je ne sais trop comment, par le plus court chemin :
C’est à recommencer, dit-elle à son vieux père.
Un ivrogne est bon coq, Loth reprend cette affaire.
Elle saisit sa queue qu’il lui laisse guider
À travers les replis qu’il devra traverser.
…Agar a tressailli et son ventre frissonne,
Les os en ont craqué, mais le vieux Loth s’étonne
À ces transports soudains, à ces cris inouïs :

« Qu’as-tu donc, ô ma fille ? — Oh ! va toujours, je jouis,

Car tu l’as enfoncé jusque dans la matrice.
— Si je m’en suis douté, que le ciel m’engloutisse !
Dit Loth, en soulevant un peu sa vieille épée,
Pour la faire rentrer plus forte et mieux trempée :
« Si nous recommencions ? » Agar dit à sa sœur :
« À ton tour de goûter la divine liqueur. »
La blonde toute nue, en écartant les cuisses,
Présente à son vieux père un nid plein de délices.
Quoique le père Loth finit péniblement,
Elle n’en jouit pas moins convenablement.
« Gloire au Dieu d’Israël ! dit-elle… J’ai conçu. »
Loth alors s’éveilla, n’ayant rien vu ni su.


Les filles de Loth et autres poèmes érotiques, Vignette de fin de chapitre
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