Les Quatre Saisons (Merrill)/Noël

Les Quatre SaisonsSociété du Mercure de France (p. 201-202).

NOËL

Noëls des anciens temps, hymnes d’or dans la nuit,
Verrières empourprant la neige de la lande,
Bergers chantant, chacun droit sous sa houppelande
Dans le bercail où les troupeaux dorment sans bruit ;

De village à village, alors que l’ombre luit,
Les sabots des bambins allant, serrés en bande,
Quêter à chaque seuil le pain, le vin, la viande,
Pour donner à manger au vagabond qui fuit ;


Légendes dont est claire et sonore mon âme,
L’hiver brûlant d’amour, les frimas et la flamme,
Tout le ciel annonçant à la terre Jésus,

Vous n’êtes que rumeurs et rêves sur la route
Pour les veilleurs dressés vers les astres déçus
Qui virent tant de dieux mourir de notre doute !