Les Pseudonymes du jour/Dominos féminins

E. Dentu, éditeur (p. 13-33).


DOMINOS FÉMININS

A

Camille d’Alb. — Mme Constance de Dunka.


P. Albane.Mme E. Caro, née Pauline Cassin.

Dans la premiers édition, nous avions attribué ce pseudonyme à Mme Piscatory, fille du général Foy. Aujourd’hui que les romans de P. Albane sont publiés sous le nom de leur auteur, on verra, dans les notes suivantes, le mystère qui entoura leur naissance.

La troisième édition du Péché de Madeleine porte en tête une courte préface signée des initiales F. B…

Ces quarante lignes de M. François Buloz, directeur de la Revue, méritent d’être reproduites in extenso à cette place, d’abord parce qu’elles sont curieuses et pleines d’enseignements, ensuite parce que c’est, je crois, le premier article de M. Buloz, littérateur français, comme dit M. Vapereau dans son Almanach-Bottin des grands hommes ;

Dans les premiers jours de 1864, un manuscrit fut déposé par une main inconnue aux bureaux de la Revue des Deux-Mondes, avec ces simples lignes, écrites sur la feuille qui l’enveloppait :

« Prière instante à M. B…, si le roman ci-joint ne peut convenir à la Revue des Deux-Mondes, de vouloir bien le faire savoir à l’auteur par un mot jeté à la poste restante avec cette adresse : M. P. Albane. On fera, dans ce cas, reprendre le manuscrit aux bureaux de la Revue. »

C’était tout. La forme de l’envoi était assez inusitée. M. B… lut le manuscrit et répondit à l’adresse indiquée que le Péché de Madeleine, après quelques légères modifications, pourrait paraître avec succès dans la Revue. Plus d’un mois se passa, et l’auteur n’avait ni écrit ni même retiré la lettre mise à la poste restante. Le directeur de la Revue se décida dès lors à livrer le manuscrit de ce petit roman à l’impression et à en revoir lui-même les épreuves. Le Péché de Madeleine fut publié dans la Revue des Deux-Mondes du 15 mars 1864, et fut accueilli avec un vif intérêt. On voulait connaître le nom de l’auteur, et la paternité du roman fut attribuée à plus d’une personne du monde. Nous ne savons que penser de tous les bruits qui coururent alors ; cependant nous avons lieu de les croire mal fondés. L’auteur a gardé son secret, et nous ignorons encore son nom, bien qu’il ait cru devoir, avec beaucoup de grâce, reconnaître l’hospitalité qu’il avait reçue :

« Je veux vous remercier, monsieur, bien que tardivement, je l’avoue, de l’honneur que vous avez fait au Péché de Madeleine, en lui donnant place dans la Revue des Deux-Mondes. C’est un succès que je n’osais espérer, tout en le sollicitant, et dont je vous sais un gré infini. »

Un romancier dont les procédés sont marqués de tant de réserve et de délicatesse, un auteur qui a eu le courage de soustraire son nom aux applaudissements et à la curiosité, c’est chose assez rare pour que nous cherchions à continuer et à étendre son succès. Aussi cédons-nous volontiers au désir que nous a témoigné M. Michel Lévy de réimprimer le Péché de Madeleine. Qui sait si cette réimpression n’encouragera pas l’auteur anonyme à donner des frères au premier-né de sa plume ? Nous pardonnera-t-on d’ajouter à l’adresse des jeunes écrivains que l’auteur inconnu (une femme sans doute) est arrivé sans difficulté à la Revue des Deux-Mondes ? Il est vrai que ni le talent, ni l’émotion ne manquent au Péché de Madeleine.

F. B…

En même temps, la note suivante paraissait dans les journaux :

La librairie Michel Lévy frères vient de publier Flamen, un nouveau roman de l’auteur inconnu auquel on doit Le Péché de Madeleine, dont la publication a excité tant d’intérêt et de curiosité. Le mystérieux écrivain n’a pas encore voulu se révéler au public. Aussi les suppositions les plus diverses ont-elles été mises en avant ; mais ce qui ne fait doute pour personne, c’est que Flamen et Le Péché de Madeleine sont des œuvres extrêmement distinguées.

À la suite de cette note, les grandes et petites puissances de la confédération littéraire exprimèrent l’avis que l’auteur de ces deux romans était Mme de Bernis. C’est alors que, pour la seconde fois, dans une lettre insérée au Figaro, je remis dans la balance le nom de Mme Piscatory. D’un autre côté, M. Buloz, par l’intermédiaire des éditeurs, fit publier la note rectificative suivante :

M. Buloz connaît personnellement l’auteur du Péché de Madeleine et de Flamen. Il a en mains, à la disposition de qui voudra les voir, les deux manuscrits de ces deux romans, d’une écriture identique et conforme aux lettres qu’il reçoit souvent de l’auteur. Et ce que M. Buloz peut affirmer, c’est que l’auteur de ces deux romans n’est pas Mme de Bernis, qu’il n’a jamais eu l’occasion de voir.

J’eus l’occasion de rencontrer M. Michel Lévy, qui voulut bien me communiquer plusieurs lettres d’affaires relatives aux droits d’auteur, l’une, écrite d’abord au crayon et ensuite repassée à l’encre pour dissimuler l’écriture, était signée P. Albane, comme le manuscrit déposé à la Revue. Les autres étaient signées Girard, à Toulon, et Cassin, à Vaugirard, mandataires pour toucher les droits. M. Michel Lévy m’affirma qu’il ne connaissait pas le nom de l’auteur du Péché de Madeleine et de Flamen.

Enfin, M. Buloz ne démentit pas l’affirmation émise par le Figaro.


Vicomte d’Albens. — Camille Bernard. — Baron Stock. — Mme de Rute.

Marie Studolmine, fille de sir Thomas Wyse, décédé ministre d’Angleterre à Athènes, et de Lætizia Bonaparte, fille de Lucien Bonaparte, épousa, en décembre 1848, le comte Frédéric de Solms, et se remaria, en février 1863, avec M. Urbain Rattazzi, ministre d’Italie.


André Léo. — Mme Champseix.

Nous détachons du Dictionnaire des Contemporaines les lignes suivantes de Tony Revillon :

André Léo. — André est le nom d’un enfant, Léo, celui d’un autre. C’est une mère de famille qui signe ses livres du nom de ses deux fils. Son nom est Champseix, Elle est veuve. Son mari, une notabilité du parti démocratique, a longtemps habité Limoges, puis il a vécu dans l’exil ; il est revenu mourir à Paris. Mme Champseix mène la vie retirée et régulière de province ; elle est fière, un peu sauvage ; elle passe ses journées à travailler, ne voit que quelques anciens amis de son mari, et redoute toute autre publicité que celle de ses œuvres.


Ange Bénigne. — Pascaline. — Satin. — Mme la Comtesse Paul de Molènes. — Vie Parisienne.


Anna-Marie. — Mme la Comtesse d’Hautefeuille.


Antoinette. — Mlle Dubois d’Yerres. — Presse.


Étienne Arbois. — Mme Stéphanie Fraissinet.


Aymé Cécil. — Mme Adrienne Depuichault.

B

Comtesse de Bassanville. — Mme Anaïs Lebrun.


Th. Bentzon. — Mme Blanc. — Romans.


Marie de Besneray. — Mme Marie Bertre.


Thérèse de Blaru. — Mme Léonie d’Aulnet.


E. de Boden. — Mme Désirée Lartigue.


Henriette Browne. — Mme De Saux.


Claire Brunne. — Mme Marbouty, née Pétiniaud de Lacoste.

C

Fernand Caballero. — Mme Cécile Bolh.


Camille-Henry. — Mme Della Rocca.


René de Camors. — Mme Clémence Altemer.


Claire de Chandeneux. — Mme Emma Bailly.


Chut. — Zut. — Mme la comtesse de Mirabeau. — Vie Parisienne.


Pierre Cœur. — Mme de Voisins.


Colombine.

Le secret a été gardé.

J’ai eu l’occasion de voir la copie de Colombine à l’imprimerie ; mais j’ai plusieurs motifs de croire, malgré ses jambages féminins sur papier rose, qu’elle n’est pas de l’écriture de l’auteur des Lettres publiées dans le Figaro. Quand on veut rester inconnu, on ne met pas un autographe dans la circulation. C’est élémentaire.

À défaut du nom, ou des noms, caché sous son masque il nous reste le vaste champ des hypothèses. On a mis plusieurs noms en avant ; moi-même j’ai autrefois attribué ces lettres à une femme, mais je renonce à cette supposition.

Tout bien pesé, voici mon opinion personnelle et mon sentiment particulier : Toutes les lettres ne sont pas de la même valeur. Si elles ont été écrites sous l’inspiration d’une femme, elles ont été retouchées par un homme. Les femmes n’ont pas le sentiment de l’antiquité ; il y a, dans les Lettres de Colombine, des morceaux qui annoncent des études classiques, des portraits qui dénotent, par la netteté des contours, une touche virile.

Toutefois, une femme y a mis la main, on peut l’affirmer avec certitude. Ces lettres contiennent, à l’endroit des femmes, des méchancetés particulières qu’un homme ne trouverait pas au fond de son encrier, fût-il rempli de fiel. Ces flèches sont empoisonnées, ces flèches sont lancées par une main féminine. Il n’y a qu’une femme qui sache frapper juste au défaut de la cuirasse de son sexe. Là où il y a un mur d’airain pour nous, il y a une toile d’araignée pour elles. Ce que l’étude, le raisonnement et l’observation nous démontrent, elles le devinent par instinct du premier coup. Les femmes seules pénètrent les femmes ; c’est un instrument dont elles savent faire vibrer les cordes douloureuses ; nous ne savons que les briser. Marivaux, qui les connaissait, disait : « Le style a un sexe. » Christine de Suède a laissé cet aphorisme : « L’art de se venger est peu connu. » Diderot dit, dans ses admirables et profondes pensées sur les Femmes, qu’elles sont toutes des sauvages et que rien ne peut corrompre en elles l’instinct de nature ; pour lui, elles ne sont pas des êtres de raison. Elles sont toutes comme la femme de l’Apocalypse sur le front de laquelle était écrit ce mot : mystère. Et pourtant, Diderot avait été sifflé dans leur volière.

Et maintenant, sortant du domaine vague des hypothèses générales, je conclus :

Toutes les Lettres de Colombine ont été recopiées par la même main. Il est probable qu’elles remontent à plusieurs sources. Dans une question aussi délicate, je dois m’arrêter sur la limite de l’affirmation. On les attribue, pour la meilleure part, à M. Arthur de Boissieu, rédacteur de la Gazette de France.

Nous n’avons rien à changer à cette page de la première édition.

D

La Dame de Trèfle. — Mme de Saint-Amey. — Artiste.


Daniel Darc. — Mme Régnier.


Comtesse Dash. — Henri Desroches. — Jacques Reynaud. — Mme de Saint-Mars, née Courteyras.

Henri Desroches, Courrier de Paris au Constitutionnel, Jacques Reynaud, série de Portraits au Figaro.


Desault. — Mme de Charnacé. — Temps.


Paul Dubourg. — Mme Adam Boisgonthier.

E

P. N.Ego. — Mlle Valtesse de la Bigne.

Isola, roman.


Epmylo. — Mme Olympe Audouard. — Anagramme.


Étincelle. — Vicomte de Létorières. — Mme de Peyronni.

F

Finette. — Mlle Durwant.

Les Mémoires d’une Danseuse.


Isabelle France. — Mlle Marcelle Ferry.

G

Genevray. — Mme Adèle Janvier, veuve du député. — Romans.


Louis Gérald. — Mlle Mathilde Giraud.


André Gérard. — Mlle Valentine Herment.


Philippe Gerfaut. — Mme Dardenne de la Grangerie.

Romans. — Pensées d’automne.


Albéric de Gorge. — Mme Louise Belly.

Poésies : Les Violettes.


Henry Gréville. — Mme A. Durand, née Fleury.


Gyp. — Scamp. — Mme la Comtesse de Martel. — Vie parisienne.

H

Daniel Hadson. — Mme Michel Masson.

Had est la première syllabe de son nom : Hadingue ; Son est la seconde syllabe du nom de son mari.


Gustave Haller. — Valérie. — Mme Gustave Fould, née Simonin.

Valérie est son nom de théâtre à la Comédie-Française, Gustave Haller son pseudonyme littéraire.


Leïla Hanoum. — Mme Adrienne Piazzi.


Jules d’Herbauges. — Mlle de Saint-Aignan. — Revue des Deux-Mondes.

I

P. N.Un Inconnu. — Mme Guyot-Desfontaines.

Monsieur X et Madame Trois-Étoiles.


Dora d’Istria. — Princesse Koltzoff Massalsky, née Hélène Ghika.

La célèbre voyageuse a écrit dans la Revue des Deux-Mondes, et fait partie de la Société géographique de France.

J

Marguerite Joubriot. — Mlle Julia Friou.

L

Horace de Lagardie. — Mme de Peyronnet.


Olivier Lavoisy. — Olivier. — Mme Juliette Cuvillier-Fleury, née Bouton.

Mme Juliette Cuvillier-Fleury a écrit sous son nom et sous ce pseudonyme, dans la Révolution littéraire et la Gazette rose, des Nouvelles, des Contes, la Critique dramatique et le Salon. Sous le pseudonyme d’Olivier, elle a fait plusieurs tentatives au théâtre.


Camille Lebrun. — Mme Pauline Guyot.


Henry Lucenay. — Mlle Marie-Léonie Devoir.


Fernande de Lysle. — Mme Geneviève-Aimée Delisle.

M

Étienne Marcel. — Mme Caroline Thuez.


Marcello. — Mme la Duchesse Colonna.


M. Maryan. — Mme Marie Deschard.


Mie d’Aghonne. — Mme Louise Lacroix.

Mie est son nom de jeune fille, d’Aghonne est le nom d’une propriété de sa grand’mère.


Paule Minck. — Mme Boyanowich, née Mékarski.

Le père de Mme Paule Minck était un réfugié polonais, et elle est née à Clermont-Ferrand.


Élisa de Mirbel. — Mme la Baronne Decazes.

A fondé, en 1849, une Revue intitulée : La Révolution littéraire, et a publié des romans à la Revue des Deux-Mondes, sous le pseudonyme d’Élisa de Mirbel.


Jeanne de Moncel. — Mme Mouet. — Courrier de Paris de La Liberté.


Mosca. — Brada. — Mme la Comtesse de Puliga. — Vie parisienne. Illustration.


Myriem. — Mme la Marquise d’Osmond. — Gaulois. Événement. Bien public. Chroniques.

N

Marcel Nairod. — Mme Dorian. — (Anagramme renversée.)


Raoul de Navery. — Mme Marie David.

Raoul de Navery est née près de Mi-Voie, où se dresse la colonne des Trente. Elle fut élevée au couvent. Restée libre à l’âge de dix-neuf ans, après une union qui dura deux années, elle commença dès lors à se livrer à son goût pour l’étude. Après avoir voyagé en Allemagne, Espagne, Italie, Russie et Danemark, elle passa encore deux ans au couvent, puis revint à Paris, où elle publia deux volumes signés Marie David : La Crèche et la Croix, Souvenirs du pensionnat, qui furent son début dans la littérature. Dès lors elle signa ses nombreux ouvrages Raoul de Navery. Elle emprunta ce prénom de Raoul à son grand-père maternel, avocat au Parlement de Bretagne, puis au Parlement de Paris, le vicomte des Ëssarts.

Elle a signé des articles du pseudonyme de Louis Manuel, et a publié plusieurs romans sous l’anonyme.


Pierre Ninous. — Mme La Peyrère.


Eiluj Nixarpa. — Mme la Comtesse Julie Batthyani-Apraxin. — (Anagramme renversée.)


Manuel de Notine. — Mme de Grandfort.


Nyl. — Mme Luneau. — Vie parisienne.

O

Marquise d’Ormsay. — Mme la Marquise de Mannoury.


Comtesse d’Orr. — Mme Cousin.

Courriers de modes et d’art.

P

Cora Pearl. — Mlle Emma Cruch.


Camille Périer. — Mme Benteja.

R

Rachilde. — Mlle Marguerite Eymery.


Vicomtesse de Renneville. — Mme Paul de Lascaux.


Jacques Rozier. — Mme Jules Paton, née Émilie-Euphémie-Thérèse Pacini.

S

George Sand.

Le premier roman de George Sand, Rose et Blanche, a été écrit en collaboration avec Jules Sandeau. Henri Delatouche, leur ami, consulté par les deux jeunes débutants sur le choix d’un pseudonyme, leur proposa : Jules Sand, qui fut adopté. Depuis, l’illustre femme, que Henri Heine appelait le premier écrivain en prose de son temps, prit cette première syllabe du nom de Sandeau, y ajouta le prénom de George, et le grava sur la carte de visite qu’elle laissera à la postérité.

On remarque, sur la couverture de la Revue des Deux-Mondes, que le titre de ses romans est suivi de ces mots : par M. George Sand, et non Mme.

Blaise Bonnin. — Il a paru anciennement, sous le titre de : Les Paroles de Blaise Bonnin, six brochures, ou plutôt six numéros d’une publication anonyme sans périodicité fixe dont George Sand est l’auteur. Elle a encore signé Blaise Bonnin un Feuilleton populaire dans La Vraie République de Thoré, en 1848, et, dans la Revue indépendante (1848), un article sur les Publications populaires.


Claire Senart. — Mme Louis Figuier.


Smock. — Mme Camille Selden. — Vie parisienne.


Jean de Sologne. — Mme Lefèvre-Deumier.


René Sosta. — Mme Anna Rosenquest. — Contemporain.


Daniel Stern[1]. — Mme la Comtesse d’Agoult.

On ne lira pas sans intérêt la courte notice suivante, qui nous est communiquée par M. Marie de Saint-Germain :

« Le nom de Daniel Stern est connu de tous ceux qui s’occupent d’œuvres littéraires. Nul n’ignore qu’il couvre l’un des noms illustres dans les fastes nobiliaires de la France ; Daniel Stern s’appelle comtesse d’Agoult, née Marie de Flavigny.

« La Révolution poussa la famille de Flavigny vers l’exil. C’était alors un moyen d’éviter l’échafaud, dont le fatal couperet pourrait écarteler les armes de tant de familles aristocratiques. Née à Aix-la-Chapelle en 1817, elle rentra à Paris pour terminer ses études au Sacré-Cœur. À vingt ans, Marie sortait du couvent pour épouser le comte d’Agoult, dont la famille tient le premier rang en Provence. La jeune comtesse avait trouvé dans sa corbeille de noces un titre de dame d’honneur à la cour.

« Orgueilleuse de son intelligence beaucoup plus que de ses parchemins, elle renonça à ce privilège, et se créa une cour à elle dans son charmant palais de l’avenue de l’impératrice, renversé il y a quelques années par les démolitions. La noble dame aspirait à la démocratie oligarchique de l’intelligence. Son salon devint la Jeune Académie. C’est chez elle que Ponsard fit la première lecture de Lucrèce. C’est chez elle que, vingt ans après, un exilé d’un grand talent trouvait un refuge et, plus tard, le moyen de se rendre à Jersey.

« Daniel Stern a écrit des romans, des nouvelles, des œuvres philosophiques, des études historiques, des pièces de théâtre. Nélida, la Boîte aux lettres, les Lettres républicaines, écrites en 1848 et 1849 au fort de la lutte, les Maximes et Pensées, qui accusent un esprit virilement trempé, l’Histoire de la République de 1848, l’Histoire de Hollande, Jeanne d’Arc, drame en cinq actes, forment le bagage d’un écrivain qui n’est que célèbre parce que George Sand s’est réservé la qualification d’illustre. »


Mary Summer. — Mme Foucaux.

Romans. — Estafette. Patrie. Chroniques.


André Surville. — Mme Marie Cortet.


Suzanne. — Mlle Augustine Brohan.

Mlle Augustine Brohan a écrit au Figaro des Courriers de Paris sous le pseudonyme de Suzanne, personnage du Mariage de Figaro, qui était un de ses rôles de prédilection. Dans un de ces Courriers, elle laissa tomber quelques épigrammes sur Victor Hugo. Alexandre Dumas, par une lettre publiée dans le Monte-Cristo, déclara retirer du répertoire de la Comédie-Française toutes ses pièces où Mlle Augustine Brohan avait un rôle.


Carmen Sylva. — La Reine Élisabeth de Roumanie, née Princesse Wied Neuwied.

Auteur de Une Prière, roman, de Poésies, et d’un recueil d’Observations et de Maximes : Pensées d’une Reine.

« La Reine Élisabeth, dit Louis Ulbach, est une « méditative » ; elle habite avec le roi Charles, son mari, dans un vallon supérieur des Carpathes, en vue des neiges éternelles, à l’ombre des grandes forêts, au bord des belles eaux, un ancien monastère aménagé pour le couple royal. Ordinairement, elle porte le vieux costume national roumain, ce qui donne à sa beauté élégante un relief piquant et nouveau. Naturellement, ses dames d’honneur, obligées de le porter comme elle, en enragent. On ne se figure pas quelle nostalgie du chapeau parisien elles cachent sous le voile brodé dont les plis retombent sur ces robes orientales.

« La Reine Élisabeth a été élue (1882) membre de l’Academie des Sciences de Bucharest, et son Discours de réception est écrit en langue roumaine. »

Voici quelques pensées choisies de Carmen Sylva :

Méfiez-vous d’un homme qui a l’air de douter der votre bonheur en ménage.

En se donnant, la femme croit avoir donné un monde, et l’homme croit avoir reçu un jouet ; la femme croit avoir donné une éternité, et l’homme croit avoir accepté le plaisir du moment.

Les femmes combattent surtout, dans leurs enfants, les défauts de leur mari.

La femme du monde reste difficilement la femme de son mari.

Il n’y a qu’un bonheur : le devoir. Il n’y a qu’une consolation : le travail. Il n’y a qu’une jouissance : le beau.

La vie est un art dans lequel on reste trop souvent dilettante. Pour passer maître, il faut verser le sang de son cœur.

Il est plus essentiel pour le poète d’être vrai de sentiment que d’invention.

Les princes sont élevés à vivre avec tout le monde ; on devrait bien élever tout le monde comme les princes.

T

Tasma. — Mme Jessie Fraser.

Romancier d’origine anglaise. Ce pseudonyme vient de la Tasmanie.


Un Témoin de sa vie. — Un Témoin de sa vie (Victor Hugo raconté par). — Mme Victor Hugo.

Mme Victor Hugo a signé des articles à l’Événement de 1848 de son nom de jeune fille, Marie Foucher.


Joséphine Turck. — Mme Joséphine de Belloc.

V

Georges du Vallon. — Mlle Amélie de Brauer.


Max Valrey. — Mme Miller.

Les Filles sans dot, roman.


Claude Vignon. — Mme Constant, née Noémie Cadiot, aujourd’hui Mme Rouvier.

Quelques mois après l’annulation de son premier mariage, en vertu d’un décret impérial motivé sur délibération du Conseil d’État, le pseudonyme de Claude Vignon a été transformé en nom patronymique, puis ce nom est redevenu pseudonymique par le fait de son second mariage.

Mme Claude Vignon a débuté comme écrivain en 1851 dans le Moniteur du Soir et l’Assemblée nationale. Une étude sur les Alchimistes intitulée : Les Chercheurs d’or au moyen âge, est signée des initiales C. V. Comme statuaire, Claude Vignon a débuté au Salon de 1852 par une statue de Bacchus enfant, qui est au Musée de Caen.


Jacques Vincent. — Mme Dussaud.


Violetta. — Mlle de Laincel. — Événement.

W

Judith Walter. — Mme Catulle Mendès, fille de Théophile Gautier.


Wanda de Dunajow. — Mme Sacher Mazoch.

Les Femmes à fourrures, roman.

Z

Aurelius Zampa. — Mlle Sophie Requin.

Légendes provençales.


  1. Le pseudonyme musical Daniel Stern est un Pavillon neutre.