Les Poëmes de l’amour et de la mer/La nuit était tranquille et ténébreuse ; à peine

XI.

La nuit était tranquille et ténébreuse ; à peine
Quelques étoiles d’or illuminaient l’ébène
De ses grands cheveux déroulés,
Qui sur mon cher amour, douce face éblouie,
Et tout comme une fleur du soir épanouie,
Secouaient des parfums ailés.

Nous marchions tous les deux dans une extase telle
Que les anges trônant dans leur gloire immortelle
N’en savent pas la volupté,
Et que le bruit divin de leurs luths est, je pense,
Moins doux qu’un amoureux et qu’un profond silence
Par une sombre nuit d’été.


Et notre jeune amour, naissant de nos pensées,
S’éveillait sur le lit de cent roses glacées
Qui n’avaient respiré qu’un jour ;
Et moi je lui disais, pâle et tremblant de fièvre,
Qu’on nous verrait mourir le sourire à la lèvre
En même temps que notre amour.