Les Pleurs/Les Ailes d’ange

Pour les autres éditions de ce texte, voir Les ailes d’ange.

Les PleursMadame Goullet, libraire (p. 89-93).

LES
AILES D’ANGE.

XVII.

Vous aussi, vous m’avez trompée,
Avec vos traits d’ange et vos pleurs ;
Sous le charme de vos douleurs,
Mon ame reste enveloppée.
De vos jours long-temps accablés,
J’écartai les ombres cruelles ;

Mais l’air pur fait frémir vos ailes,
Bel ange ! et vous vous envolez.

Quand vos ailes alors tremblantes
Viennent se reposer sur moi ;
Quand, à travers un peu d’effroi,
J’accueillis vos peines brûlantes ;
Entre vous et les cieux troublés
J’étendis mes deux mains fidèles ;
Sur mon cœur j’ai séché vos ailes,
Bel ange ! et vous vous envolez.

Saviez-vous qu’une voix plaintive
Pût toucher un cœur à la mort ?
Étiez-vous triste du remord
D’y rendre ma vie attentive ?
Où fuir, hélas ! quand vous parlez
De pleurs, d’amitiés éternelles ?
J’écoutais ; j’oubliais vos ailes,
Bel ange ! et vous vous envolez.

Charmez votre exil sur la terre,
Sous d’autres cieux, par d’autres fleurs ;
Allez ! Dieu comptera vos pleurs
Au fond d’une ame solitaire :

Peut-être un jour vous reviendrez
Y cacher des douleurs nouvelles :
Mais vous aurez toujours des ailes ;
Toujours vous vous envolerez.