Les Petits poèmes grecs/Pindare/Isthmiques/III

III.

À MÉLISSUS, THÉBAIN,

Vainqueur à la course des chevaux.

Si jamais un mortel fut digne d’entendre célébrer son nom par ses concitoyens, ce fut celui qui, comblé par le sort des dons de la fortune et de la victoire, sut préserver son cœur de l’orgueil, fils insolent de la Satiété. Ô Jupiter ! c’est de toi que les hommes reçoivent les grandes vertus ; mais la prospérité, dont les fondements s’appuient sur une sage prévoyance, ne peut que s’accroître et durer, tandis que celle qui découle de la perversité du cœur n’a que l’éclat d’une fleur passagère.

Quant à l’athlète courageux, nos hymnes sont la plus digne récompense de ses belles actions, et le poëte, secondé par les Grâces, se plaît à l’immortaliser dans ses chants. Ainsi deux victoires que la fortune a accordées à Mélissus ont mis le comble à sa joie ; vainqueur à la course des chevaux, il vient d’être couronné dans les vallées de l’Isthme, et naguère il a entendu proclamer le nom de Thèbes, sa patrie, non loin de la sombre forêt qu’habita jadis le lion si redouté.

Non, Mélissus n’a point dégénéré de la vertu de ses ancêtres. Vous savez tous, Thébains, quelle gloire acquit jadis son aïeul Cléonyme à la course des chars ; à quel degré d’honneur et de prospérité parvinrent par leurs travaux et leurs victoires les Labdacides, ses aïeux maternels ! Mais le Temps qui, dans sa course, entraîne les jours, amène d’étranges changements : il élève l’un, abaisse l’autre ; les seuls enfans des dieux sont à l’abri de ses coups.

ISTHMIQUE III.

22. Mélissus descendait d’OEdipe par sa mère.

23. Les Labdacides, descendants de Labdacus père de Laius, qui donna naissance à OEdipe.