Les Pensées d’une reine/Le Bonheur

Calmann Lévy (p. 65-70).

V

LE BONHEUR


I

Il n’y a qu’un bonheur :
Le devoir.
Il n’y a qu’une consolation :
Le travail.
Il n’y a qu’une jouissance :
Le beau.


II

Le bonheur, quand il est devant nous, paraît si grand, qu’il touche au ciel. Pour passer sous notre porte, il se rapetisse tant, que bien souvent nous ne l’apercevons plus.


III

L’espérance est une fatigue qui aboutit à une déception.


IV

Le bonheur est comme l’écho : il vous répond, mais il ne vient pas.


V

Dès que notre bonheur paraît illusoire, on s’acharne à le détruire.


VI

Le calme que vous avez acquis est-il une preuve de force gagnée ou de faiblesse croissante ?


VII

Il faut un ensemble de cent feuilles, colorées et parfumées, pour faire une rose ; il faut un assemblage de joies pour faire le bonheur.


VIII

Ne cherchez de consolations que dans les choses immortelles : la nature, et la pensée.


IX

C’est assez de bonheur que de pouvoir faire une bonne action.