(p. 197-198).


EN FORÊT





Midi. Le soleil tombe à pic sur la forêt.
Çà et là, parmi l’ombre, un rayon apparaît
Et, comme un long trait d’or dans les branches légères,
Vient trouer le tapis délicat des fougères.
L’air est chargé d’orage, et par ce lourd midi
Dans un sommeil profond tout paraît engourdi ;
Seules, le harcelant de piqûres farouches,
Autour de mon cheval tourbillonnent les mouches.

Puis voici la lisière et, sous le bois plus clair,
Un éblouissement d’azur et de grand air ;
Un immense horizon de plaines ondulées ;
La rivière fuyant dans le fond des vallées ;
La route, serpent gris au milieu des blés d’or,
Se montrant, se cachant, puis se montrant encor ;
Devant moi, blanc rideau plein de taches vermeilles,
Un champ de sarrasin tout bourdonnant d’abeilles,
Et là-bas, au lointain, sous le soleil en feu,
La mer — fond de décor — mettant son long trait bleu.