Les Martyrs/Remarques sur le livre II

Garnier frères (Œuvres complètes de Chateaubriand, tome 4p. 355-365).

LIVRE DEUXIÈME.

Ce second livre des Martyrs n’a éprouvé aucune critique ; il a été loué généralement par tous les censeurs. J’ai pourtant vu des personnes de goût qui préféroient le premier pour les souvenirs de l’antiquité. Il est certain que le premier livre m’a coûté plus de peine, et je l’ai revu plus souvent et plus longtemps.


1re Remarquepage 29.

À l’heure où le magistrat fatigué quitte avec joie son tribunal pour aller prendre son repas.

… ἦμος δ' ἐπὶ δόρπον ἀνὴρ ἀγορῆθεν ἀνέστη
Κρίνων νείκεα πολλὰ δικαζομένων αἰζηῶν.

(Odyss., liv. xii, v. 439.)


2e. — page 29.

Vint se reposer à Phigalée, célèbre par le dévouement des Oresthasiens.

Phigalée, ville de l’Arcadie, bâtie sur un rocher, et traversée par un ruisseau nommé Lymax, qui tomboit dans la Néda. Les Phigaliens, ayant été chassés de leur pays par les Lacédémoniens, consultèrent l’oracle de Delphes. L’oracle répondit : « Que les Phigaliens prennent avec eux cent jeunes gens de la ville d’Oresthasium : ces cent jeunes gens périront dans le combat contre les Spartiates, mais les Phigaliens rentreront dans leur ville. » Les cent Oresthasiens se dévouèrent. (Pausanias, in Arcad., cap. xxxix.)


3e. — page 29.

Le prince de la jeunesse, l’aîné des fils d’Ancée, etc.

Pour les détails de ce sacrifice homérique, voyez le iiie livre de l’Odyssée, vers la fin. Le dos de la victime étoit servi comme le morceau le plus honorable. Ulysse le donne à Démodocus, livre VIII de l’Odyssée, pour le récompenser de ses chants.


4e. — page 30.

Les dons de Cérès, que Triptolème fit connoître au pieux Arcas, remplacent le gland dont se nourrissoient jadis les Pélasges, premiers habitants de l’Arcadie.

Pélasgus régna le premier en Arcadie, et donna son nom à son peuple. Pélasgus eut pour fils Lycaon, qui fut changé en loup. Lycaon laissa une fille, Callisto, qui fut mère d’Arcas. Arcas, instruit par Triptolème, apprit à ses sujets à semer du blé et à s’en nourrir au lieu de gland. (Pausanias, in Arcad., cap. i, ii, iii et iv.)


5e. — page 30.

On sépare la langue de la victime.

C’étoit la dernière cérémonie du sacrifice.


6e. — page 30.

Il n’est pas permis d’entrer dans les temples des dieux avec du fer ;

Et même dans certains temples avec de l’or, selon Plutarque. Belle leçon ! (Moral. præcep. Administ. public.)


7e. — page 30.

Aussitôt que l’aurore eut éclairé de ses premiers rayons l’autel de Jupiter qui couronne le mont Lycée, etc. ; jusqu’à l’alinéa.

Les premières éditions portoient : Le temple de Jupiter. Je m’étois trompé. Le mont Lycée étoit la plus haute montagne d’Arcadie ; on l’appeloit le mont Sacré, parce que Jupiter, selon les Arcadiens, y avoit été nourri. Ce dieu avoit un autel sur le sommet de la montagne, et de cet autel on découvroit presque tout le Péloponèse. Les hommes ne pouvoient entrer dans l’enceinte consacrée à Jupiter. Les corps n’y donnoient aucune ombre, quoique frappés des rayons du soleil, etc. (Pausanias, in Arcad., cap. xxxviii, et Voyage du Jeune Anacharsis. Voyez Arcadie.)


8e. — page 30.

Il prend sa course vers le temple d’Eurynome, caché dans un bois de cyprès.

Ce temple étoit à douze stades au-dessous de Phigalée, un peu au-dessus du confluent du Lymax et de la Néda. Eurynome étoit une fille de l’Océan. La statue de cette divinité étoit attachée dans le temple avec une chaîne d’or, et ce temple ne s’ouvroit qu’une fois l’année. (Pausanias, lib. viii, in Arcad., cap. XLI.)


9e. — page 30.

Il franchit le mont Élaïus ; il dépasse la grotte où Pan retrouva Cérès, etc.

Élaïus étoit à trente stades à droite de Phigalée : la grotte de Cérès, surnommée la Noire, étoit dans cette montagne. Cérès, pleurant l’enlèvement de Proserpine, prit une robe noire, et se cacha pour pleurer dans la grotte du mont Élaïus. Les fruits et les moissons périssoient, les hommes mouroient de faim, les dieux ne savoient ce qu’étoit devenue la déesse. Pan, en chassant sur les montagnes d’Arcadie, retrouva enfin Cérés. Il en avertit Jupiter ; Jupiter envoya les Parques à Cérès, et ces divinités inexorables fléchirent, par leurs prières, le courroux de Cérès : elle rendit les moissons aux hommes. (Pausanias, lib. VIII, in Arcad., cap. XLII.)


10e. — page 30.

Les voyageurs traversent l’Alphée au-dessous du confluent du Gorthynius, et descendent jusqu’aux eaux limpides du Ladon.

Il n’est point de lecteur qui n’ait entendu parler de l’Alphée et du Ladon : de l’Alphée, à cause de ses amours avec Aréthuse et de son passage à Olympie, et du Ladon, à cause de la beauté de ses eaux.

J’ai traversé, au mois d’août 1806, une des sources de l’Alphée, entre Léontari, Tripolizza et Misitra ; cette source étoit tarie.

Le Gorthynius, dit Pausanias, est de tous les fleuves celui dont les eaux sont les plus fraîches. (Liv. VIII, ch. xxvii.)

Démodocus venant de Phigalée, et descendant l’Alphée, devoit rencontrer d’abord le Gorthynius, et puis le Ladon.


11e. — page 30.

Là se présente une tombe antique, que les nymphes des montagnes avoient environnée d’ormeaux.

Ἠδ’ ἐπὶ σῆμ’ ἔχεεν· περὶ δὲ πτελέας ἐφύτευσαν
Νύμφαι ὀρεστιάδες.

(Iliad., liv. vi, v. 419.)


12e. — page 30.

C’étoit celle de cet Arcadien pauvre et vertueux, d’Aglaüs Psophis.

« On nous montra un petit champ et une petite chaumière : c’est là que vivoit, il y a quelques siècles, un citoyen pauvre et vertueux ; il se nommoit Aglaüs. Sans crainte, sans désirs, ignoré des hommes, ignorant ce qui se passoit parmi eux, il cultivoit paisiblement son petit domaine, dont il n’avoit jamais passé les limites. Il étoit parvenu à une extrême vieillesse, lorsque des ambassadeurs du puissant roi de Lydie, Gygès ou Crésus, furent chargés de demander à l’oracle de Delphes s’il existoit sur la terre entière un mortel plus heureux que ce prince. La Pythie répondit : Aglaüs de Psophis. » (Voyage d’Anacharsis, Arcadie.) On voit que je n’ai point suivi ce récit. J’ai disposé à mon gré de la tombe de Psophis : c’étoit celle d’un homme heureux et sage ; elle m’a paru bien placée à l’entrée de l’héritage de Lasthénès.


13e. — page 30.

La robe dont cet homme étoit vêtu ne différoit de celle des philosophes grecs que parce qu’elle étoit d’une étoffe blanche assez commune.

Il est inutile d’étaler ici une vaine érudition et de citer les Pères et les écrivains de l’Histoire ecclésiastique, Eusèbe, Socrate, Zonare, etc. : une autorité aussi fidèle qu’agréable nous suffira pour les mœurs des chrétiens ; c’est celle de Fleury :

« Les chrétiens rejetoient les habits de couleur trop éclatante, mais saint Clément d’Alexandrie recommandoit le blanc, comme symbole de pureté.

.............................


Tout l’extérieur des chrétiens étoit sévère et négligé, au moins simple et sérieux. Quelques-uns quittoient l’habit ordinaire pour prendre celui des philosophes, comme Tertullien et saint Héraclas, disciples d’Origène. » (Fleury, Mœurs des Chrétiens.)


14e. — page 31.

Mercure ne vint pas plus heureusement à la rencontre de Priam.

(Voyez l’Iliade, liv. xxiv.)


15e. — page 31.

Ce palais appartient à Hiéroclès.

Ceci n’est point une phrase jetée au hasard. J’ai tâché, autant que je l’ai pu, de ne faire entrer dans ma composition rien d’inutile. Ce palais deviendra le théâtre d’une des scènes de l’action.


16e. — page 31.

En arrivant au milieu des moissonneurs, l’inconnu s’écria : « Le Seigneur soit avec vous ! »

« Et ecce, ipse veniebat de Bethlehem, dixitque messoribus : Dominus vobiscum. Qui responderunt ei : Benedicat tibi Dominus. » (Ruth, cap. ii, v. 4.)


17e. — page 31.

Des glaneuses les suivoient en cueillant les nombreux épis, etc.

« Præcepit autem Booz pueris suis, dicens… : Et de vestris quoque mani pulis projicite de industria, et remanere permittite, ut absque rubore colligat. » (Ruth, cap. ii, v. 15-16.)


18e. — page 32.

Qui triompha de Carrausius.

On verra, dans le récit et dans les notes du récit, quel étoit ce Carrausius.


19e. — page 32.

Méléagre étoit moins beau que toi lorsqu’il charma les yeux d’Atalante !

Homère a sur Méléagre une tradition différente de celle des autres poëtes. Je ne fais ici d’allusion qu’à la dernière. Méléagre étoit un jeune héros qui donna la hure du sanglier de Calydon à Atalante, fille de Jasius, roi d’Arcadie. Sa mère, Althée, le fit mourir en jetant au feu le tison auquel sa vie étoit attachée. Il ne faut pas confondre cette Atalante avec celle qui fut vaincue par Hippomène. Stace a donné un fils à Atalante, qui suivit les sept chefs au siége de Thèbes. (Thébaïde, liv. iv.)


20e. — page 32.

Heureux ton père, heureuse ta mère, etc.

Τρὶς μάκαρες μὲν σοί γε πατὴρ καὶ πότνια μήτηρ,
Τρὶς μάκαρες δὲ κασίγνητοι…
Κεῖνος δ' αὖ περὶ κῆρι μακάρτατος ἔξοχον ἄλλων,
Ὅς κέ σ' ἐέδνοισι βρίσας οἶκόνδ' ἀγάγηται.

(Odyss., liv. vi, v. 154-158.)


21e. — page 32.

J’accepterai le présent que vous m’offrez, s’il n’a pas servi à vos sacrifices.

Tout ce qui avoit servi aux sacrifices des païens étoit en abomination aux chrétiens.


22e. — page 32.

Je ne me souviens pas d’avoir vu la peinture d’une scène pareille, si ce n’est sur le bouclier d’Achille.

(Iliade, liv. XVII.)


23e. — page 33.

Ces moissonneurs ne sont plus mes esclaves.

Cette religion, contre laquelle on a tant déclamé, a pourtant aboli l’esclavage. Tous les chrétiens primitifs n’affranchirent cependant pas sur-le-champ leurs esclaves ; mais Lasthénès suivoit de plus près cet esprit évangélique qui a brisé les fers d’une grande partie du genre humain.


24e. — page 33.

La vérité… mère de la vertu.

On la fait aussi la mère de la justice.


25e. — page 33.

Voyageur, les chrétiens.

Sur ce mot de voyageur opposé à celui d’étranger, qu’il me soit permis de rapporter un passage du Génie du Christianisme :

« L’hôte inconnu est un étranger chez Homère, et un voyageur dans la Bible. Quelles différentes vues de l’humanité ! Le Grec ne porte qu’une idée politique et locale où l’Hébreu attache un sentiment moral et universel. »


26e. — page 33.

Que Dieu lui rende sept fois la paix.

Tour hébraïque. Les Grecs et les Romains disoient terque quaterque. On en a vu un exemple dans la note xx : Τρισμάκαρες.


27e. — page 34.

Non sur les ailes d’or d’Euripide, mais sur les ailes célestes de Platon.

Plutarque, dans ses Morales, parle de ces ailes, mais je crois qu’il faut lire les ailes d’or de Pindare.


28e. — page 34.

Dieu m’en a donné la direction ; Dieu me l’ôtera peut-être : que son saint nom soit béni !

« Dominus dedit, Dominus abstulit… Sit nomen Domini benedictum ! » (Job, cap. i, v. 21.)


29e. — page 34.

Le soleil descendit sur les sommets du Pholoé, etc.

Par l’endroit où la scène est placée, Lasthénès avoit le mont Pholoé à l’occident, un peu vers le nord ; Olympie, à l’occident vrai ; le Telphusse et le Lycée étoient derrière les spectateurs, vers l’orient, et se coloroient des feux opposés du soleil. Toutes ces descriptions sont exactes ; ce ne sont point des noms mis au hasard, sans égard aux positions géographiques. Au reste, le mont Pholoé est une haute montagne d’Arcadie, où Hercule reçut l’hospitalité chez le centaure Pholus, qui donna son nom à la montagne. Telphusse est une montagne, ou plutôt une longue chaîne de terre haute et rocailleuse, où étoit placée une ville du même nom. (Voyez Pausanias, lib. VII, in Arcad., cap. xxv.) J’ai déjà parlé ailleurs du Lycée, de l’Alphée et du Ladon.


30e. — page 34.

On entendit le son d’une cloche.

Ce ne fut que dans le moyen âge que l’en commença à se servir des cloches dans les églises ; mais on se servoit dans l’antiquité, et surtout en Grèce et à Athènes, de cloches ou de sonnettes pour une foule d’usages domestiques. J’ai donc cru pouvoir appeler les chrétiens grecs à la prière par le son d’une cloche. L’esprit, accoutumé à allier le son des cloches au souvenir du culte chrétien, se prête sans peine à cet anachronisme, si c’en est un.


31e. — page 34.

Me préservent les dieux de mépriser les prières !

Tout le monde connoît la belle allégorie des prières, mise par Homère dans la bouche d’Achille. Démodocus détourne le sens des paroles de Lasthénès au profit de la mythologie. Até, le mal ou l’injustice, étoit sœur des Lites ou des Prières.


32e. — page 35.

Seigneur, daignez visiter cette demeure.

Nous sommes aujourd’hui si étrangers aux choses religieuses, que cette prière aura paru toute nouvelle à la plupart des lecteurs : elle est cependant dans tous les livres d’église, à quelques légers changements près. J’ai déjà dit, dans le Génie du Christianisme, qu’il n’y avoit point d’Heures à l’usage du peuple qui ne renfermât des choses sublimes ; choses que l’habitude dans les uns et l’impiété dans les autres nous empêchent de sentir.


33e. — page 35.

Le serviteur lava les pieds de Démodocus.

« La première action de l’hospitalité étoit de laver les pieds aux hôtes… Si l’hôte étoit dans la pleine communion de l’Église, on prioit avec lui, et on lui déféroit tous les honneurs de la maison : de faire la prière, d’avoir la première place à table, d’instruire la famille… Les chrétiens exerçoient l’hospitalité même envers les infidèles. » (Fleury, Mœurs des Chrétiens.)


34e. — page 35.

Des mesures de pierre en forme d’autel, ornées de têtes de lion.

J’ai vu de pareilles mesures à Rome, dans le Musée Clémentin.


35e. — page 35.

Lasthénès leur ordonne de dresser, dans la salle des agapes, une table, etc.

Les agapes étoient les repas primitifs des chrétiens. Il y en avoit de deux sortes : les uns faits en commun à l’église par tous les fidèles, les autres dans les demeures particulières.


36e. — page 35.

Nourriture destinée à la famille.

« S’ils mangeoient de la chair (les chrétiens)… c’étoit plutôt du poisson ou de la volaille que de la grosse viande… Plusieurs donc ne vivoient que de laitage, de fruits ou de légumes. » (Fleury, Mœurs des Chrétiens.)


37e. — page 35.

On vit bientôt entrer un homme d’un visage vénérable, portant sous un manteau blanc un habit de pasteur.

« Comme j’étois dans ma maison, et qu’après avoir prié je me fus assis sur mon lit, je vis entrer un homme d’un visage vénérable, en habit de pasteur, vêtu d’un manteau blanc, portant une panetière sur ses épaules et tenant un bâton à la main. » (Her., liv. ii.)


38e. — page 36.

C’étoit Cyrille, évêque de Lacédémone.

Ce n’est point ici l’un des saints connus sous le nom de Cyrille. J’ai cherché inutilement un évêque de Lacédémone de cette époque ; je n’ai trouvé qu’un évêque d’Athènes. Au reste, j’ai peint Cyrille d’après plusieurs grands évêques de ce temps-là ; et dans toute son histoire, dans les cicatrices de son martyre, dans la force qu’on fut obligé d’employer pour l’élever à l’épiscopat, tout est vrai, hors son nom.

On se prosternoit devant les évêques, et on leur donnoit les noms sacrés que la famille de Lasthénès donne à Cyrille.


39e. — page 36.

Il m’a promis de me raconter son histoire.

De là le récit. La promesse qu’Eudore a faite à Cyrille est censée avoir précédé le commencement de l’action. L’empressement de Cyrille à connoître l’histoire d’Eudore est pleinement justifié, et par le caractère de l’évêque, et par celui du pénitent, et par les mœurs des chrétiens.


40e. — page 36.

Eudore lut pendant une partie du repas, etc.

« Les chrétiens faisoient lire l’Écriture sainte et chantoient des cantiques spirituels et des airs graves, au lieu des chansons profanes et des bouffonneries dont les païens accompagnoient leurs festins : car ils ne condamnoient ni la musique ni la joie, pourvu qu’elle fût sainte. » (Fleury, Mœurs des Chrétiens.)


41e. — page 37.

Cymodocée trembloit.

Premier fil d’une trame qui va s’étendre par degrés.


42e. — page 37.

Le repas fini, on alla s’asseoir à la porte du verger, sur un banc de pierre.

Cette coutume antique se retrouve dans la Bible et dans Homère. Nestor s’assied à sa porte sur une pierre polie, et les juges d’Israël vont s’asseoir devant les portes de la ville. On aperçoit quelques traces de ces mœurs jusque chez nos aïeux, du temps de saint Louis, c’est-à-dire dans le siècle de la religion, de l’héroïsme et de la simplicité.


43e. — page 37.

L’Alphée rouloit au bas du verger, sous une ombre champêtre, des flots que les palmes de Pise alloient bientôt couronner.

L’Alphée, qui couloit d’abord en Arcadie, parmi des vergers, passoit en Élide au milieu des triomphateurs. Tout le reste de la description est appuyé par le témoignage de Pausanias, d’Aristote et de Théophraste, pour les animaux et les arbres de l’Arcadie, et par ce que j’ai vu de mes propres yeux. On sait que Mercure fit une lyre de l’écaille d’une grande tortue qu’il trouva sur le mont Chélydoré. Quant à la manière dont les chèvres cueillent la gomme du ciste, Tournefort raconte la même chose des troupeaux de la Crète. (Voyage au Levant.)


44e. — page 37.

La Puissance… dont les pas font tressaillir les montagnes comme l’agneau timide ou le bélier bondissant. Il admiroit cette sagesse, qui s’élève comme un cèdre sur le Liban, comme un plane aux bords des eaux.

« Montes, exsultastis sicut arietes, et colles sicut agni ovium. (Psalm. CLII, v. 6.)

Quasi cedrus exaltata sum in Libano.

« Quasi platanus exaltata sum juxta aquam in plateis. »


45e. — page 37.

Il laissa un chantre divin auprès de Clytemnestre.

(Odyss., liv. iv.)


46e. — page 38.

Elle commença par l’éloge des Muses.

Pour tout le chant de Cymodocée, je ne puis que renvoyer le lecteur aux Métamorphoses d’Ovide, à l’Iliade, à l’Odyssée, et à la vie d’Homère par divers auteurs. J’ai admis le combat de lyre entre Homère et Hésiode, quoiqu’il soit prouvé que ces deux poëtes n’ont pas vécu dans le même temps. Il ne s’agit pas ici de vérités historiques.


47e. — page 39.

Les Parques mêmes, vêtues de blanc.

Démodocus arrange tout cela un peu à sa façon. C’est Platon, à la fin du xe livre de sa République, qui fait cette histoire des Parques : elle n’est pas tout à fait telle qu’on la voit ici. Comment les ennemis des Martyrs n’ont-ils pas vu cette erreur ? Quel beau sujet pour eux de triomphe et de pédanterie !


48e. — page 39.

La colombe qui portoit dans les forêts de la Crète l’ambroisie à Jupiter.

Jupiter enfant fut nourri sur le mont Ida, par une colombe qui lui apportoit l’ambroisie.


49e. — page 40.

Chantez-nous ces fragments des livres saints que nos frères les Apollinaires, etc.

Anachronisme. Les Apollinaires vivoient sous Julien, et ce fut pendant la persécution suscitée par cet empereur qu’ils mirent en vers une partie des livres saints.


50e. — page 40.

Il chanta la naissance du chaos.

Pour le chant d’Eudore, voyez toute la Bible.


51e. — page 42.

Ils crurent que les Muses et les Sirènes, etc.

Les Sirènes, filles du fleuve Achéloüs et de Calliope, défièrent les Muses à un combat de chant. Elles furent vaincues : les Muses les dépouillèrent de leurs ailes et s’en firent des couronnes. On plaça en divers lieux la scène de ce combat.


52e. — page 42.

Mais à peine avoit-il fermé les yeux qu’il eut un songe.

Ce songe est le premier présage du dénoûment. Je prie encore une fois les amis de l’art de faire attention à la composition des Martyrs : il y a peut-être dans cet ouvrage un travail caché qui n’est pas tout à fait indigne d’être connu.