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(p. 103-105).

49. Grande inquiétude aux cabanes.

Au cabanes, quand les autres sont rentrés du moulin et ont annoncé qu’ils avaient perdu Phanis, un grand désarroi est tombé sur les enfants.

Les plus faibles se sont mis à pleurer. Spyros et Georges voulaient pleurer en cachette.

Les plus forts ont réfléchi à ce qu’ils allaient faire.

Andréas a caché son inquiétude et a commencé à demander tous les détails. Costakis lui a expliqué le « où », le « quand » et le « comment ».

« D’abord Panos l’a cherché alentours avec Mathieu, dit Costakis. Ensuite on est tous descendus par là. On s’est demandé s’il fallait retourner au moulin ou avancer vers le défilé. On a essayé vers le défilé mais il n’y avait pas de sentier.

« On est montés sur des promontoires, on a appelé, appelé, rien. On a continué, mais on a constaté que le soleil allait se coucher. Fallait-il retourner au moulin, fallait-il rentrer ? »

— On va y retourner demain à l’aube, a dit Andréas. Allons vite nous coucher.


— Mais on ne t’a pas tout dit, Andréas, a ajouté Mathieu.

— Il y a quelque chose d’autre ?

— Oui, il y a autre chose que tu ne sais pas.

Et à voix basse et tremblante il a ajouté : « Phanis est allé au rocher du Maure ». — Quel rocher du Maure ? a demandé Andréas. C’est le rocher dont nous a parlé la vieille ?

— Tout près du moulin on a croisé un vieux avec un bonnet noir sur la tête. Il ressemblait à un moine, mais il portait des vêtements vieux et usés.

— Grand-Père, on lui a dit, peut-être que tu es passé par le défilé ?

…on a croisé un vieux avec un bonnet noir sur la tête…

— Oui, il nous a dit.

— Tu as peut-être vu un enfant ?

— J’ai vu un enfant de loin, il a dit.

— Où ?

Le vieux n’a pas répondu tout de suite. Il y réfléchissait quand même pas mal et nous regardait.

— Ça me fait peur de vous le dire. Voilà, je l’ai vu au rocher du Maure.

— C’est quoi le rocher du Maure ? on a demandé.

— C’est le rocher du Maure, il a répondu, et n’en demandez pas plus. Et il est parti en faisant le signe de croix.

Alors Costakis s’est mis à parler : « Tu te souviens, Andréas, ce que nous a dit la vieille Charmène ? Elle nous a dit que quelque part près d’ici il y a un rocher hanté, par un Maure ; et il a attrapé beaucoup de gens. Elle nous a dit un truc de ce genre ».

Alors tous se sont tus. Peu après ils se sont levés pour aller se coucher. Mais aucun d’eux n’a vraiment pu fermer les yeux.

Andréas se retournait sur son matelas. Deux ou trois fois il est sorti voir. Inquiet, il guettait la lueur qui annoncerait l’aube par-dessus les montagnes.