Les Grandes Chroniques de France/VIII/Philippe IV le Bel

Texte établi par Jules ViardHonoré Champion, libraire de la Société de l’histoire de France (8p. 123-318).


PHILIPPE LE BEL


Ci commencent les chapitres du roy Phelippe le biau son filz.

Le premier chapitre du roy Phelippe le biaux filz le roy Phelippe qui fu filz saint Loys, qui regna en France roy xxviii ans.

Le secont, comment le roy de Chipre fu coronné.

Le tiers, de la bataille de Lucembourt.

Le iv, comment le prince de Salerne fu delivré de prison.

Le v, comment les crestiens rompirent les trives aus Sarrazins.

Le vi, comment Acre fu destruite par le soudan de Babiloine.

Le vii, comment pape Nichole envoia ses messages aus barons de France, et de leurs responses.

Le viii, comment la gent au roy d’Angleterre entrerent soudainement en Normandie et ailleurs.

Le ix, comment la bataille fu du conte d’Armignac et du conte de Foiz.

Le x, comment le roy Edouart s’esmut.

Le xi, comment le conte de Flandres s’alia au roy d’Angleterre, et le conte d’Aucerre tray.

Le xii, comment Charles de Valois ala en Gascoigne.

Le xiii, comment Charles, frere au roy de France fist pendre pluseurs Gascoins devant le chastel de Rion ; et après, comment il l’assist.

Le xiv, de la navie au roy de France qui s’esmut pour aler en Angleterre.

Le xv, comment le roy d’Escoce fu pris et amené au roy d’Angleterre ; et après, parle de pluseurs incidences.

Le xvi, de la bataille du centiesme et du cinquantiesme.

Le xvii, de la prise Jehan de Saint Jehan et de pluseurs autres.

Le xviii, du renoncement Robert filz au conte de Flandres à l’ommage le roy de France.

Le xix, comment Aufour d’Espaigne rendi tout pour delivrer son oncle de prison.

Le xx, comment le conte de Bar entra en Champaigne armé.

Le xxi, comment le roy Phelippe assist Lille de Flandres.

Le xxii, comment Robert conte d’Artois se combati à Furnes contre les Flamens.

Le xxiii, comment le pape Boniface envoia au roy de France le regale.

Le xxiv, comment pape Boniface voult que ceulz qui se confesseroient aus Freres Prescheurs, qui se reconfesseroient à leurs prestres.

Le xxv, comment saint Loys fu levé de terre.

Le xxvi, de la mort Phelippe filz Robert conte d’Artois.

Le xxvii, comment le filz au roy de Cezile envoia en Cezile, et de la prise au prince de Tarente.

Le xxviii, de la pais entre le roy Phelippe de France et Edouart d’Angleterre, par aucunes condicions fu pais faite.

Le xxix, comment le roy des Tartarins fu crestienné.

Le xxx, du parlement le roy de France et de Aubert d’Alemaigne.

Le xxxi, comment Charles de Valois prist Douai et Bethune et desconfist Robert filz du conte de Flandres.

Le xxxii, comment le conte de Flandres et ses ii filz se rendirent.

Le xxxiii, du grant pardon de Rome.

Le xxxiv, comment le duc d’Osteriche prist Blanche la fille au roy de France à femme, et de l’asolucion Raoul de Lor.

Le xxxv, comment Charles de Valois prist à femme l’empereriz.

Le xxxvi, comment les Sarrazins de Leuthere furent occis.

Le xxxvii, comment le soudan de Babiloine sousmist à lui la Sainte Terre.

Le xxxviii, comment Charles de Valois ala à Rome.

Le xxxix, comment le roy de France reçut les hommages de ceulz de Flandres.

Le xl, comment l’evesque de Pavie fu mis en prison.

Le xli, de l’occision de Bruges et de la fuite Jaque de Saint Pol.

Le xlii, ci parle de la bataille de Courtrai.

Le xliii, des prelaz de France qui envoierent à court de Rome.

Le xliv, de l’ost de France qui fu à Arraz sanz riens faire.

Le xlv, ci devise de l’acort entre le roy de Cezille et Federic.

Le xlvi, du cardinal le Moine qui vint en France.

Le xlvii, de la bataille de Saint-Omer.

Le xlviii, des messages aus Tartarins.

Le xlix, de la bataille de Lille et de l’accusement le pape.

Le l, comment le message fu mis en la prison le roy.

Le li, de l’ost qui fu à Perone et retorna sanz riens faire.

Le lii, de la mort le pape Boniface.

Le liii, comment le roy visita la terre d’Aquitaine et le pays environ.

Le liv, ci parle de la bataille du convers et du deable.

Le lv, du conte de Flandres et de son filz qui furent menez en Flandres.

Le lvi, de la fausse beguine qui se faignoit estre de sainte vie et de pluseurs incidences.

Le lvii, de la bataille de Mons-en-Pevre ; coment les Flamens furent desconfiz.

Le lviii, de la mort Jehanne femme Phelippe le roy de France.

Le lix, du coronnement le pape Climent.

Le lx, comment le chief saint Loys fu aporté à Paris.

Le lxi, comment le commun de Paris s’esmut.

Le lxii, du coronnement le roy de Navarre.

Le lxiii, des Templiers qui furent pris par tout le royaume de France.

Le lxiv, comment Henri de Lucembourc fu roy des Romains.

Le lxv, la condempnacion des Templiers.

Le lxvi, comment le roy de France envoia contre l’arcevesque de Lyons.

Le lxvii, des fais le pape non coupable.

Le lxviii, comment les enfanz le roy furent faiz chevaliers.

Le lxix, de la mort Henri emperere de Rome.

Le lxx, de la mort le maistre du Temple.

Le lxxi, de la taille et maletoute faite en France par Engorran de Marigny.

Le lxxii, de l’ost de France qui s’en revint sanz riens faire.

Le lxxiii, de la mort Phelippe le Biau roy de France.

Le lxxiv, comment Engorran de Marigni fu pris et mis en prison.

Le lxxv, des articles qui furent proposés contre Engorran de Marigni.

Le lxxvi, de la mort Engorran de Marigni.

Le lxxvii, de la mort Marguerite femme le roy de Navarre.


I.
Comment Edouart filz au roy d’Angleterre fist hommage au roy de France.

Après le roy Phelippe qui fu filz monseigneur saint Loys, regna en France Phelippe le biaux son filz, et regna xxviii anz, et commença à regner l’an de l’Incarnacion Nostre Seigneur Jhesu Crist mil CC IIIIxx et VI[1]. En ceste année[2], Auphons filz au roy d’Arragon[3], commença à regner ou royaume d’Arragon après la mort son pere ; et Jaques[4] son frere, avec sa mere Constance[5], occupa la terre de Cecille, contre l’inibicion et le commandement de l’eglise de Rome. En ce temps ensement[6], pape Honnoré[7], la sentence que son devancier avoir prononciée contre Pierre d’Arragon et Auphons son filz et Jaques, et Constance leur mere, en icelle fermeté et en tel enditement conferma.

En ce meismes an, Edouart filz au roy d’Angleterre fist hommage[8] au roy de France de la duchiée d’Aquitaine et de toutes autres choses qu’il avoit ou royaume de France, et que de ce roy y tenoit et possedoit. Et puis celui Edouart s’en vint à Bourdiaux la maistre cité de Gascoigne et y tint i grant parlement[9], ou quel lieu il reçut pluseurs messages d’Espaigne, et fu souppeçonné qu’il ne chaçassent aucune trayson envers le roy Phelippe de France de son roiaume. Mais toute voies procura ycelui Edouart la delivrance du prince de Salerne[10], son cousin, qui estoit pris des Ceciliens, envers Aufour le roi d’Arragon qui tenoit ycelui en sa prison.

Et en cest an ensement, ou moy de septembre, trespassa de ce siecle l’abbé Mahi de Saint Denis en France[11], et principal conseilleur du roiaume de France. Lequel abbé Mahieu, le moustier de Saint Denis, de moult de temps commencié de merveillable et constant euvre par i pou de la moitié, une partie jusques au derrenier consomma et parfist. Et s’abbaïe, en laquelle sont moult de choses edefiées, avoit trouvée degastée, aussi comme de nouviaux murs et de maisons et de sales et de belle et noble euvre rappareilla et la rendi en son temps aussi amendée et enrichiée ; et en moult de bonnes rentes l’acrut et leva. Par l’endoctrinement duquel et meismement de sa religion, les moines esmeuz et entechiez furent pluseurs à ce establiz et faiz abbez en divers moustiers. Après lequel fu abbé de Saint Denis monseigneur Regnaut Giffart de la nascion de Paris[12].


II.
Comment le roy de Chipre fu coronné[13].

En l’an de grâce après ensuivant, mil CC IIIIxx et VII, à Acre, la cité de Sirie, le roy de Chipre[14] se fist, ou prejudice du roy de Cecille[15], coronner en roy de Jherusalem. Et pour ce que ycelle chose, les Templiers et les freres de l’Ospital l’avoient souffert, leurs choses et touz leurs biens qu’il avoient par Puille et par le royaume de la terre de Cezille, furent touz pris en la main le roy[16].


III.
De la bataille de Lucembourc[17].

En celui an, quant messire Henri de Lucembourt fu mort[18], si li demoura iii filz[19], desquiex l’ainsné estoit conte de Lucembourc[20], et avoit à femme la fille seigneur Jehan d’Aveines, de laquelle y ot le très noble empereur, Henri conte de Lucembourt[21]. Et ses ii freres, par l’enortement de leurs ii seurs, la contesse de Flandres[22] et la contesse de Hainaut[23], se traistrent à leur oncle le conte de Guelre[24], et li requistrent que pour Dieu, il leur vousist aidier encontre le duc Jehan de Brebant[25], qui par force leur tolloit la conté de Lembourt[26], et ne leur en vouloit faire nulle rayson.

Tantost le conte de Guelre, qui ceste chose prist à cuer, manda partout ses parens et amis, et assambla si très grant ost que ce fu merveille à veoir ; et estoit s’entencion de destruire la duchiée de Brebant, car il tenoit le conté de Guelre pour i des plus grans d’Alemaigne. Quant le duc de Brebant sot que si grant gent venoient sur lui, tantost assembla ce qu’il pot avoir de gent et se traist vers Lembourt, à une ville que on appelle Ouronne[27].

Quant le conte Gui de Flandres[28] vit les grans assamblées des ii parties, si parla à sa femme et à la contesse de Hainaut, lesquelles soustenoient de corps et d’avoir leurs freres, et eust moult volentiers traité de pais, car moult faisoient leurs freres par leur conseil. Et les contesses respondirent au conte : « Sire, pour Dieu ne vous en mellés, encore n’est-il mie temps de parler de la pais ; ne encores ne sont pas feves meures. » Et le conte n’en parla plus. Si aprochierent les ii oz qui haioient l’un l’autre de mortel haine. Quant les batailles furent rengiées les unes contre les autres, le conte de Guelre commanda à ses banieres qu’il alassent avant, et le duc de Brebant si fist les siennes aussi aler avant. Ilec commença la bataille fort et crueuse, et dura grant piece. Mais à i poindre que le conte de Luxembourt fist, fu abatu de son cheval et ilec fu tué. Combien que le conte de Guelre eust plus de gent assez que le duc de Brebant n’avoit, ainsi comme Dieu le voult, se torna la desconfiture sus lui, et furent les iii filz de Luxembourc[29] mors en la bataille et pluseurs autres chevaliers ; et y fu pris l’arcevesque de Couloigne[30]. Et quant le conte de Guelre vit la desconfiture, si s’en tourna en fuie ; mais Gui de Saint Pol[31] vit qu’il s’enfuioit, le suivi, li le xiie de compaignons et le prist en fuiant, et l’amena en prison au duc. Quant le duc ot celle victoire et conquis Lembourc par bataille, tantost fist esquarteler les armes de Lembourt aus siennes et laissa son cri de Louvain et cria : « Lembourc à celi qui l’a conquis. »

Quant le conte Gui de Flandres oy les nouvelles, tantost vint à la contesse qui rien n’en savoit et li dist : « Sire avez vous oy nulles nouvelles ? » Le conte respondi : « Certes dame, oil, mauvaises, les feves sont meures, car voz freres sont touz mors. » Tantost s’encourut en sa chambre faisant le plus grant dueil du monde. Mais les amis qui virent la guerre mal seant firent traitier de la pais ; et après le lonc traitié fu la chose acordée et la pais faite par tel maniere que Henri, le filz au conte de Lucembourc[32] qui avoit esté mort en la bataille, prendroit à femme la fille au duc de Brebant. Et en ot ledit Henri i filz et une fille ; et fu le fils appellé Jehan[33], et ot à femme la royne de Behaigne, et la fille[34] fu mariée au roy Charles de France. Et le conte de Guelre et l’arcevesque de Couloigne se rançonnerent de grant avoir et partant furent delivrez. Ceste bataille fu faite à Ouronne en Brebant, l’an de l’Incarnacion M CC IIIIxx et VII, selon aucunes croniques, et selon les autres M CC IIIIxx et VIII.[35]En ce meismes an, les Grejois se departirent de la subjection du pape et de toute la court de Rome, et firent i pape nouvel et cardinalz nouviaus.

[36]En ce meismes an, en la cité de Triple, fu veue d’un abbé de Cistiaux et de ii moines avec lui une vision merveilleuse en la main d’un escrivain sus le corporal, là où i moine avoit devant soy le corps Jhesu Crist consacré ; et estoit escript de la dicte main sus le corporal une pronosticacion de pluseurs choses avenir moult merveilleuse et forment encore.


IV.
Comment le prince de Salerne fu delivré de prison[37].

Après, en l’an de grâce ensivant M CC IIIIxx et VIII, Charles le prince de Salerne, environ la Purificacion à la benoite Virge Marie[38] mere Nostre Seigneur, fu delivré de la prison au roy d’Arragon, en tel maniere qu’il li rendroit une grant somme de peccune[39], et qu’il feroit la pais de ses Arragonnois à son pooir envers l’eglise de Rome et le roy de France procureroit ; laquelle chose s’il ne pooit procurer dedenz iii ans, si comme il en estoit contraint à jurer, retorneroit arrieres jusques atant que il eust ces choses acomplies. Si fu pourforcié à baillier hostages ; c’est à savoir : iii de ses filz et xl[40] nobles hommes qui pour li demourroient.

En cel an meismes[41], une cité d’oultre mer qui est appellée Triple, fu prise du soudan de Babiloine[42] et destruite, où il y ot moult de crestiens occis et les autres furent achaitivez. De laquelle prise, la cité d’Acre et ceulz dedenz furent moult espoentez ; si requistrent lors trives à ii ans du soudan, et il les orent par son octroi[43].

[44]En ice meismes an, environ l’Ascension Nostre Seigneur, l’en fist assambler i grant multitude de galies pour guerroier les Cicles de la cité de Neapole[45], et y ot i chevalier de Puille appellé Regnaut de Agnelle[46], lequel chevalier, par le conseil et commandement du conte d’Artois entra en mer es dictes galies avec grant quantité de gent d’armes, et fist siege devant Cathineuse[47], une cité de Cezille et la prist et la garni de ses gens, et puis fist retourner ses galies à Neapole, qui estoient vuides, afin que pluseurs gens d’armes, qui à lui devoient venir, trouvassent vaissiaux plus près, car il avoit pou de gent, tant pour metre en garnison comme pour combatre ; si atendoit aide ; mais endementres qu’il attendoit son aide, les Siciliens assegierent ledit chevalier[48] en la cité où il estoit. Adonc se commença le chevalier à deffendre viguereusement ; mais en la fin il fu si asprement mené qu’il se rendi, sauve sa vie et touz ses biens. Si venoit en son aide le conte de Bregne[49], Gui de Monfort, Phelippe filz du comte Gui de Flandres[50] et pluseurs autres batailleurs du royaume de France ; lesquiex furent rencontrez des Sicliens en mer et se combatirent. Mais les François furent desconfiz et furent pris de Rogier de Laure[51], lequel estoit admiraut des Sicliens, et les fist metre en diverses prisons. Mais tost après il furent rachetez touz, excepté Gui de Monfort[52] que l’en ne voult delivrer pour nul pris. Et disoit-on que c’estoit à la priere le roy d’Angleterre qui avoit le dit Gui de Monfort en haine ; et mourut prisonnier.

[53]En ce meismes an mourut Ranulphe évesque de Paris[54], et puis après li fu Adneulphe[55], lequel mourut dedenz i an.


V.
Comment les crestiens rompirent les trives aus Sarrazins[56].

Après, en l’an de grâce mil CC IIIIxx et IX, mil vc soudoiers en secours de la Terre Sainte, du pape furent envoiez en Acre, lesquielz tantost, contre la volenté de ceulz du Temple, armez avec belle compaignie de chevaliers, issirent d’Acre et rompirent les trives du soudan ottroiées, et puis coururent vers les manoirs et les chastiaux des Sarrazins ; et sanz misericorde, les Sarrazins, à chascun siège, et dux et autres qu’il trouverent, occistrent, qui se cuidoient reposer seurement et paisiblement sus les trives baillées entre eulz et les crestiens.

Et en ycel an, Charles prince de Salerne delivré de la prison au roy d’Arragon, vint à Romme, et ilec, le jour de Penthecoste[57] fu coronné en roy de Cezille du pape Nichole, et fu absoulz du serement qu’il avoit fait au roy des Arragonnois.

En ycel an aussi, l’occupeur de Sezille[58] avec grant ost entra en la terre de Calabre et assist la cité de Jayete[59], auquel le roy Charles courut hastivement et delivra ceulz qui estoient assegiez ; car comme il s’appareillassent d’une part et d’autre pour bateillier, si vint i chevalier de par le roy d’Angleterre qui procura trives entre eulz ii jusques à ii ans.

[60]Et après, en ce meisme an, le soudan de Babiloine, quant il cognut et sot ce que les crestiens avoient fait vers Acre à ses serjans, si fu moult dolent et manda maintenant à ceulz d’Acre que s’il ne li rendoient ceulz qui avoient destruit et occis de sa gent, que dedenz l’an leur cité admeneroit à termine et à ruine, et trebucheroit autressi comme il avoit fait Triple ; laquelle chose il ne voudrent faire, et pour ce, il encoururent en l’ire et en courrouz merveilleusement du soudan.

Et en ycel an ensement, Loys[61], l’ainsné filz du roy Phelippe le roy de France, de Jehanne la royne sa femme, royne de Navarre, fu né en la quarte none d’Octembre.


VI.
Comment Acre fu destruite par le soudan de Babiloine[62].

Après, en l’an de grâce ensuivant M CC IIIIxx et X, au temps d’icelui roy de France, en l’an de son regne IIIIe, avint ce qui s’ensuit ci après. Quant le terme fu aprochié que le soudan de Babiloine avoit menacié ceulz d’Acre à guerroier, si s’en issi de Babiloine pour aler à Acre et se hasta moult avec grant multitude infenie de gent mescreant. Mais comme il fu jà en mi voie, il fu contraint d’une grant maladie et chai malade au lit de la mort[63]. Et lors, pour ce n’oublia pas sa besoigne qu’il avoit emprise, ainçois envoia vers Acre vii admiraux, des quiex chascun de eulz avoit dessouz li iiiim hommes à cheval et xxm hommes à pié bien armez. Environ mi mars vindrent à Acre, et l’assaillirent et travaillierent de moult divers assaux jusques à l’autre moitié de l’autre mois ensuivant. Mais riens digne de memoire n’i firent ; et lors endementres, comme le soudan regardast et aperçut la mort venir à li prochaine, si appella touz ses amis et touz les admiraux de son ost, et fist souslever son filz, qui ilec estoit present, en son lieu prince, soudan et gouverneur principal de toute sa gent ; et ce fait, assez tost après mourut.

Adonc le nouviau soudan[64], quant il ot son pere mis en terre, dès maintenant, avec i merveilleux et innombrable ost, esmut sa voie envers Acre et aprocha à une liue près de la cité, et ilec fist tendre et fichier ses tentes, et ses instrumens fist apliquier entour la cité et assaillir les crestiens qui dedenz estoient, du quart jour de may[65], par x jours continuelment, envoiant et gettant dedens la cité grosses pierres a perrieres et a engins, dont il y furent dommagié et y firent grant domage, et lessierent avoir à ceulz de la cité moult pou de repos ; pour laquelle chose il furent moult durement espoenté. Et lors firent transporter en Chypre, par la navie, les tresors de la cité avec les merceries et les saintes reliques, les vielz hommes et les vielles femmes et les petiz enfanz, et touz ceulz qui à bataillier n’avoient mestier. Et moult en y ot que quant il s’apperçurent qu’il y avoit discorde et contenz entre eulz, de la cité si s’en departirent tant à pié comme à cheval avec touz leurs biens que avec eulz emporterent. Et ainsi ne demourerent en la cité d’Acre que xiim hommes ou environ ; desquielz il en y avoit vc à cheval et le demourant à pié, nobles batailleurs.

Adonques au xv jour du moys de may, les maistres des Sarrazins donnerent a grant empointe i grant assaut à ceus qui gardoient les murs et les deffenses de la cité, que à par i pou que les gardes au roy de Chypre[66] ottroiant, se la nuit très oscure ne fust venue, et une empointe d’aucune deffense ne fust venue d’autre part, ne les eust secouruz, certainement les adversaires fussent entrez en la cité. Adonc en celle nuit, le roy de Chipre bailla sa garde à deffendre au menistre de la chevalerie des Tyois[67]. Et si comme il disoit qu’il devoit revenir l’endemain au matin prochain avec touz les siens, et à par i pou avec iiim d’autres, s’enfui par mer laidement et vilainement. Et lors, l’endemain, les Sarrazins venans de toutes pars pour la cité assaillir, quant il virent pou de deffendeurs de la garde au roy de Chipre, qui aus quarniaux ne aus deffenses fussent, si s’atournerent ilec de toutes pars pour la cité assaillir, et emplirent les fossés tout entour de bois et d’autres choses, et percierent tantost les murs. Adonc entrerent communement en la cité et dechacierent et bouterent les crestiens par i pou jusques ou milieu de la cité. Mès ainçois ot fait de ça et de là grant abateis et occision de leur gent, et furent deboutez et chaciez hors de la cité en la vesprée d’icelui jour par le mareschal[68] et le ministre de la chevalerie de l’Ospital[69]. Et ensement le firent le jour ensuivant ainsi. Et adecertes le tiers jour ensement ensuivant, les Sarrazins venans de toutes pars à l’assaut et vindrent en la cité et entrerent par la porte Saint Anthoine, et les Templiers et les Hospitaliers[70] se combatirent viguereusement, et les craventerent de touz poins et occistrent le peuple. Et ainsi les desloiaux mescreans pristrent la cité[71] et la trebuchierent et destruirent avec les murs et les tours et les maisons et les eglises jusques aus fondemens, tout ce dessus dessouz, dont ce fu très grant domage. Et lors, les patriarches et les menistres de l’Ospital qui navrez estoient à mort furent au repaire[72] et avec pluseurs autres, et perirent en la mer. Et ainsi Acre, la cité qui estoit le secours et l’aide de crestienté en ycelles parties d’outre mer, par leurs pechiez, et ce requerans, fu destruite des anemis de la foy ; car il ne fu de touz les crestiens qui à ces angoisses secourut, dont ce fu duel et pitié.

Et en ycest an ensement, Charles le conte de Valois, frere le roy Phelippe le Biaux, à Charles le roy de Cezille quitta le droit qu’il avoit ou royaume d’Arragon et de Valences. Et lors espousa une des filles à ce roy Charles[73] ou chastel de Corbueil, ou jour de l’endemain de l’Assompcion à la benoite Virge Marie, que l’en dist à la mi-aoust. Pour lequel mariage faire et ensement le quitement des royaumes fait du conte Charles, donna yceli roy de Cezille à ycelui Charles, les contez d’Angou et du Maine à perpetuité tenir.

[74]En yce meismes an, en la kalende de juignet, il ot i juif à Paris, en la parroisse de Saint Jehan en Greve, lequel fist tant par devers une femme crestienne, que elle li aporta le corps de Jhesu Crist en une oeste sacrée, laquelle elle avoit receue en la sepmaine peneuse, en la acommingant[75], et la bailla au juif. Quant le juif l’ot par devers soy, si mist la dicte oeste en plaine chaudiere de yaue chaude, le jour du vendredi aouré. Et quant ladicte oeste fu en l’yaue boullant, il la commença à poindre de son coutel ; et lors devint l’yaue aussi comme toute vermeille. Et après ce, il osta ladicte oeste de la chaudiere et la commença à batre d’une verge, laquelle chose fu toute prouvée contre le juif par l’évesque Symon Matiffart[76]. Si avint que, du conseil et de l’assentement des preudeshommes qui à Paris estoient regens en theologie et en decret, ledit juif fu condampné à mourir et fu ars devant tout le peuple. Et estoit appellé le Bon Juif, et sa femme avoit à non Bellatine, laquelle avoit une fille de l’aage de xii ans ou environ, que ledit evesque Symon fist baptizier, et la fist demourer avec les Filles Dieu à Paris.


VII.
Comment pape Nichole envoia ses messages aus prelaz et aus barons de France, et de leurs responses[77].

En l’an de grâce ensuivant mil CC IIIIxx et XI, pape Nichole[78], quant il ot sceu et cogneu la destruction de la cité d’Acre d’oultre mer, si se conseilla par ses lettres apparanz aus prelaz du royaume de France, qu’il li demonstrassent quelle chose ce seroit miex profitable et neccessaire au recours et au recouvrement de la Sainte Terre, et les depria humblement que à ce esmeussent le roy de France, les barons et les chevaliers, et eulz meismes, et nomméement le menu peuple, pour la Sainte Terre recouvrer. Aus quiex commandemens et prieres les arcevesques et les prelas très doucement ottroians, chascun maistre par sa dyocese, les évesques, les abbés, les prieurs et les sages clers assambla. Et lors, quant leur concile fu ainsi assemblé et celebré, si manderent au pape ce qu’il avoient fait et conseillierent en ceste maniere : c’est à savoir, qu’il en convendroit premierement les princes et les barons de toute crestienté ensemble comméuz à pais et à concorde rappeller ; et meismement rapaisier les Griex, les Ceciliens et les Arragonnois ; et ainsi dès maintenant ce fait, se le souverain l’ottroioit ou jugoit estre chose neccessaire, la croiz, de son auctorité, par tout l’empire de crestienté seroit preschiée et à prendre admonnestée.

En ycest an les Valentinés en Haynaut se rebellerent contre leur conte[79] pour ce qu’il s’efforçoit de les grever sanz cause ; et se tindrent grant piece contre li, et bouterent les gens dudit conte hors de leur ville, et en firent protecteur et advoué Guillaume le filz au conte de Flandres[80].

Et en ce meismes an, puis que Jehanne contesse de Blois et d’Alençon fu morte[81], son cousin, c’est à savoir Hue de Saint Pol[82] et son frere[83], et messire Gauchier de Chastillon[84], partirent ensemble l’eritage de la dicte dame. Et depuis, ledit Hue conte de Saint Pol laissa à Gui[85] son frere ladicte conté de Saint Pol, et fut fait ledit messire Hue conte de Blois.

En ce meismes temps, le pape Nichole mourut[86], et fu l’eglise de Rome vacant par ii ans et plus de pasteur.

Et en ycest an meismes, Raoul de Sacouy[87] roy d’Alemaigne mourut, et fu après li roy d’Alemaigne Adelphe[88].


VIII.
Comment la gent au roy d’Angleterre entrerent soudainement ou païs de Normendie et ailleurs[89].

Après, en l’an de grâce ensuivant M CC IIIIxx et XII, Edouart, le roy d’Angleterre, de malice et de fraude qu’il, avant et de grant piece avoit conceu, si comme aucuns disoient, fist i grant appareil en faignant que il vouloit aler hastivement en la Terre Sainte, et là endroit profiter. Et par ses hommes de Baionne, une cité de Gascoigne, et autres pluseurs de son royaume, a nefs et a galies, a appareil batailleurs, en grant multitude, fist les subjez du roy Phelippe de France, de la terre de Normendie et des autres lieux, par mer et par terre, felonnessement assaillir et traisteusement envaïr, en occiant moult de eulz et en prenant moult grant foison et détenant de leurs pluseurs nefs, et fraignant et despeçant, et les maistres des galies avecques leurs biens et leurs merceries en Angleterre menerent et transporterent ; et ensement les devant dis hommes du roy d’Angleterre envaïrent traitreusement et faussement une ville du royaume de France que on appelle La Rochelle[90], et y firent pluseurs assauz en occiant aucuns de la ville ; et en ycelle ville firent pluseurs dommages. Laquelle chose comme elle venist en la cognoissance au roy de France, si manda au roy d’Angleterre et aus tenans son lieu en Gascoigne, que le devant nombre de maufaiteurs hommes qui ainsi avoient sa gent occis et mehaigniez, envoiassent à Pierregort[91] en sa prison, pour faire de eulz ce que rayson devroit et justice requeroit. Auquel mandement, le roy d’Angleterre et sa gent furent negligens d’obeïr, et par contumace et en despit le refuserent. Pour laquelle chose, le roy de France fist par son connestable Raoul, seigneur de Neele[92], en sa main toute Gascoigne saisir, ainsi comme appartenant au fié de son royaume, et fist semondre Edouart le roy d’Angleterre à venir en son parlement.

[93]Et en ycest an ensement, comme Jehan le conte de Hainaut, delez la confinité de sa terre, les gens et les sougiez du roy de France et les eglises en sa garde establies molestat et grevast, ne ne les vousist, as prieres ne au commandement du roy amender, Charles de Valois, frere au roy Phelippe de France, assembla à Saint Quentin en Vermendois grant ost et grant gent encontre le conte, par le commandement au roy Phelippe ; lequel Charles, comme il deust de bataille assaillir, Jehan le conte de Haynaut la puissance du roy de France doubtant, vint sanz armes devotement à Charles et s’en vint à Paris avec lui au roy, et tout ce qu’il avoit meffait envers lui et envers ses soujez, atout son bon plaisir li amanda et à sa plaine volenté.

Et en ce meismes an, en la cité de Roen[94] en Normendie, pour les exactions que on appelle male toute desquelle le peuple estoit moult durement grevé, contre les maistres de l’Eschequier, maistres du roy de France, s’esmut et s’esleva, et dès maintenant les cueilleurs de celle peccune batirent et blecierent, et les deniers par places espandirent, et ou chastel de la cité les menistres et les maistres assistrent. Mais après ce, par le maire ou baillif et les plus riches hommes de la ville, furent apaisiez et se retraistrent. Et lors en y ot pluseurs de eulz penduz et mis par diverses prisons du royaume de France, et y furent emprisonnez.


IX.
De la bataille du conte d’Armignac et du conte de Fois[95].

En l’an de grâce M CC IIIIxx et XIII, le conte d’Armignac, contre le conte Raymont Bernart de Fois, lequel avoit appellé de traïson à Gisors environ la Penthecoste, devant Phelippe le roy de France et les barons, fu contraint à combatre encontre ledit conte de Fois en champ seul à seul[96]. Mais aus prieres du conte Robert d’Artois, la besoigne et le descort d’iceulz le roy de France prist sur lui, et de la bataille qu’il avoient ja commenciée les fist retraire.

Et adecertes, en cest an, Edouart le roy d’Angleterre pluseurs foiz et sollempnelment à la court le roy de France fu semons, pour les injures et les malefaçons lesquelles ses hommes avoient faites aus hommes du royaume de France et de Normendie et d’ailleurs. Venir ne voult, ainçois au commandement le roy de France despit et contredit. Mais pour ce que à fausse conscience et à conseil plain de fraude peust l’iniquité qu’il avoit commenciée parfaire, dist l’en qu’il manda au roy de France que il li quittoit quelconque chose qu’il tenoit de li en fié ne poursivoit, car il cuidoit et esperoit en ce, et plus par force d’armes acquerre, et pour ce seulement sanz hommage de quiconques, dès ore en avant mais tenir.

[97]Et en cest an ensement, ou mois de juignet, Noion, une cité de France fu toute arse et embrasée, fors les abbaïes de Saint Eloy et de Saint Barthelemi.

Et aussi, en ycest an meismes, Henri d’Espaigne[98], lequel le roy de Cecille avoit tenu en prison, s’en ala à son neveu Sansion le roy d’Espaigne[99].

Et en yce meisme an, Guillaume l’evesque d’Aucuerre[100] mourut, auquel succéda en ladicte eveschié Pierre evesque d’Orliens, et renonça à l’eveschié d’Orliens ; et fu Federic, le filz au duc de Lorraine, qui en discorde avoit esté, esleu esvesque d’Aucuerre après la promocion du devant dit Pierre qui pris avoit l’eveschié d’Aucuerre.


X.
Comment le roy Edouart s’esmut, et comment le conte d’Aucuerre fu destruit pour ses meffaiz[101].

Après, en l’an de grâce mil CC IIIIxx et XIV, Edouart le roy d’Angleterre contre le roy Phelippe de France apertement et puissanment s’esmut, et esleva en Gascoigne par navie moult très grant foison de sa gent[102], lesquiex une ville du roy dicte la Rochelle en Poitou qui de la part le roy de France se tenoit, destruirent tout en occiant la gent et l’embraserent et bruierent par feu[103]. Et puis d’ilec vers Bordiaus nagierent les Anglois et le chastiau de Blaives[104] sus la mer occuperent et pristrent, et les gens du roy dechacierent et getterent vilainement en occiant aucuns par la tricherie des Gascoins. Et comme après il venissent à Bourdiaux, ne ilec, pour Raoul de Neelle connestable de France, qui dedenz estoit, ne peussent aucune chose attempter ne faire, lors vers la cité de Baionne retornerent leur navie, laquelle par la traïson de ceulz qui estoient enz la cité reçurent dès maintenant en abandon, en assaillirent longuement les François qui en la forteresce du chastel estoient et à la fin, après ce, d’ilec les enchacierent[105].

Et en ycelui an aussi, le conte d’Aucuerre[106] en Puille, lequel le roy Charles, le roy de Cecille, avoit establi garde de sa conté de Prouvence, fu trouvé et esprouvé très pesme sodomite et traitre de son seigneur, et fu pris par le commandement du roy, et fu, de son derriere jusques à la bouche, en une broche de fer ardan transfichié, et après fu ars. Adonques en ycelle gehine recognut comment Charles, le roy de Sezille, pere d’ycelui Charles avoit retrait par traïson de la cité de Messines qu’il avoit assegiée, et comment après, Charles prince de Salerne son filz avoit laissié prendre ; et comment il destourna les Siciliens que ycelui prince pris vouloient delivrer en honneur royal, et les Arragonnois aussi de leur terre chacier les desloua.


XI.
Comment le conte de Flandres s’alia au roy d’Angleterre[107].

[108]En cet an enssement, Gui le conte de Flandres, occultement et celéement, contre son seigneur le roy de France au roy d’Angleterre alié, vint avec sa fille à Paris[109], laquelle il vouloit envoier en Angleterre pour espouser au roy d’Angleterre Edouart. Lors par le commandement le roy Phelippe roy de France, avec ycelle furent détenuz en garde. Mais ycelle fille après ce demoura avec les enfans le roy pour estre enseigniée et nourrie avec eulz, et le conte assez tost après fu delivré.


XII.
Comment Charles de Valoys ala en Gascoigne[110].

Et ensement en cest an, Charles de Valois, frere Phelippe le roy de France, en Gascoigne, a moult grant ost, fu de par son frere destiné en envoié. A Rions[111], i chastel très fort, lequel les Anglois par la traïson des Gascoins detenoient, arriva ; lors par siege et avec sa gent viguereusement et appertement l’assega. Et adecertes ilec estoient Jehan de Saint Jehan[112] et Jehan de Bretaigne[113] et moult d’autres de par le roy d’Angleterre Edouart, nobles batailleurs.

[114]Et en cesti an, Jehan duc de Brebant, qui semons avoit esté aus noces de une des filles au roy d’Angleterre, laquelle Henri conte de Bar[115] prenoit à femme, lequel duc en joustant contre i chevalier qui estoit nommé Bourgondes[116], fu feru du cop de lance jusques à la mort, et mourust dedenz vi jours[117] en i chastel qui est appellé Bar en Lorraine.

Et en ycel an meismes, depuis que l’eglise de Rome ot vagué de pasteur par l’espace de ii ans, de iii mois et de ii jours, il y ot i pape, qui fu appellé Celestin[118]. Ycestui Celestin fu de la nascion de Puille et fu moine et pere d’une petite religion, laquelle par lui avoit esté instituée, et estoit appellé Saint Benoit es montaignes, et là menoit moult aspre vie et vie d’ermite. Icestui Celestin estoit appellé frere Pierre de Mouron avant qu’il fust esleu pape, et estoit homme de grant humilité et de grant renommée et de piteuse et sainte conversacion. Si avint en ce temps que les cardinalz qui moult estoient obstinez en l’eslection d’un pape, si comme il sembloit, et une journée se fussent assamblez en consistoire, non par pour eslire, car en traitant de l’eslection, onques n’avoit esté faite dudit frere Pierre mencion. Si avint que d’aventure, i cardinal, en plein consistoire, commença à raconter de la sainte vie et de la renommée dudit frere Pierre. Et adonques, par divine inspiracion, si comme l’en croit, touz les cardinalz a i seul veu et a une voiz, avec grant effusion de larmes, se consentirent audit frere Pierre, et fu esleu en pape, et avoit bien largement lxx anz d’aage[119] ; mais encore estoit-il sain et haitié et assez fort. Il n’estoit pas grant clerc, mais il estoit de très grant discrecion. Ycestui pape ordena xii cardinalz[120] oultre le nombre qui y estoit, et la decretale que son predecesseur avoit fait sus l’eslection du pape, laquelle estoit demourée en suspense, il la confirma et voult que elle fust tenue et gardée.

Item. Environ l’Advent Nostre Seigneur, ledit pape, en plain consistoire, devant touz, renonça à tout office et benefice de papalité. Après lequel, fu Boniface le viiie né de Champaigne, lequel fu le c iiiixx et xviie pape. Or avint que ledit Celestin, qui pape avoit esté, s’en vouloit retourner au lieu dont il estoit venu. Mais le pape Boniface, son successeur[121], ne le voult pas souffrir, mais le fist honnestement et a très grant diligence, en honneste lieu[122] estre gardé.

[123]Et en yce meismes an, Raoul de Grantville[124], de l’ordre des Prescheurs, lequel par le commandement du pape Celestin deposé, avoit esté à Paris consacré en patriarche de Jherusalem, lequel, quant il vint à Rome, fu de par le pape Boniface degradé.

[125]En ycelui an mourut le roy d’Alemaigne ; si s’assamblerent les esliseurs à Coulongne et s’acorderent touz et eslurent i vaillant homme ; mais il n’estoit mie moult riche, et fu appellé Adulphe[126]. Tantost comme il fu coroné à Es, si fist assambler les barons d’Alemaigne et leur monstra que le roy de France avoit grant partie de l’Empire par devers li, laquelle chose il ne pooit faire par le serement qu’il avoit à l’Empire fait. Et tantost eslurent ii chevaliers et leur baillierent les lettres du roy et les envoierent par devers le roy de France à Corbeul. Ilec li presenterent les lettres de par le roy d’Alemaigne, lesquelles estoient sus ceste forme.

« Adulphe, par la grâce de Dieu roy des Romains, touz diz accroissanz, à très grant prince, seigneur Philippon roy de France. Comme par vous les possessions, les droitures, les jurisdictions et les traitiez des terres de nostre empire, par empeeschement noient convenable, sont detenuz par moult de temps et folement sont fortraites, si comme il apert clerement en divers lieux, nous signifions à vous, par ces presentes lettres, que nous ordenerons à aler contre vous avec toute nostre puissance en persuivement de si grant injure nous ne nous poons souffrir. Donné à Maubeuge la seconde kalende de novembre, l’an de l’Incarnacion M CC IIIIxx et XIIII[127]. »

Quant le roy de France ot receues ses lettres, si manda son conseil par grant deliberacion, et leur bailla la responce de leurs lettres[128]. Tantost les chevaliers se departirent de court et vindrent à leur seigneur et li baillierent la lettre de response. Il brisa le seel de la lettre qui moult estoit grande ; et quant elle fu ouverte, il n’i trouva riens escript, fors : « Troup alemant. » Et ceste response fu donnée par le conte Robert d’Artois, avec le grant conseil du roy. Si avint que le roy d’Angleterre, qui guerre avoit au roy de France, envoia par devant ledit Adulphe roy des Romains, en li requerant que par une somme de deniers il se vousist aler avec li contre le roy de France ; lequel Adulphe li ottroia, car il avoit bien en memoire la response des lettres qu’il avoit envoiées au roy de France, comme dessus est devisié. Si envoia deffier le roy de France de par li, Mais quant il cuida assembler grant quantité de gens d’armes pour acomplir ce que promist avoit, pluseurs li faillirent, qu’il ne vouloient pas estre avec le roy d’Angleterre. Si ne pot parfaire ce qu’il avoit empris en son entencion. Mais après une piece de temps se fist la pais entre le roy de France et ledit Adulphe[129], par ceste maniere que ledit Adulphe auroit à femme la seur au roy de France, et par tant fu la pais confermée.


XIII.
Comment Charles frere du roy de France fist pendre pluseurs Gascoins devant le chastel de Rion, et comment il l’assist[130].

L’an de grâce ensivant mil CC IIIIxx et XV, Raoul le seigneur de Neelle, connestable de France, qui de Bourdiaux, en l’ayde de Charles le frere le roy de France Phelippe, à Rions venoit de[131] une ville des Anglois garnie que l’en appelloit Podency[132], à laquelle avoit tenu le siege par viii jours, fist convenances as Anglois qui avec les Gascoins la deffendoient, qui s’en iroient seurement, leurs vies sauves. Et lors, ce fait, si la reçut le jour des grans Pasques[133], dont laissa aler les Anglois, et amena les Gascoins par nombre lx, à Rions, à messire Charles, lesquiex celi Charles, au xve jour[134] après Pasques, fist touz en gibez devant les portes de Rions pendre et encrouer au vent. Et quant ceulz du chastel virent ce, et cognurent ce, et sorent que à Podency les Anglois eussent tray, lors envers la gent du roy d’Angleterre qui dedenz le chastel estoient avec eulz, s’esmurent à grant despit et desdaing. Pour laquelle chose Jehan de Saint Jehan et Jehan de Bretaigne, come la nuit fu venue, en leurs nefs fuians, par mer s’en eschaperent. Mais il furent ensuivis des Gascoins, et pluseurs des Anglois, ainçois qu’il entrassent es nes, furent occis. Adonc, au vendredi ensuivant[135], les François apercevans en celle nuit avoir eu discorde et contens au chastel et que pou estoient aus deffenses, assaillirent le chastel appertement, et dès maintenant y entrerent et pristrent et occistrent moult des Gascoins, et si sousmistrent la ville et le chastel, et toute la seigneurie en la seigneurie au roy de France.

Après ce, Charles conte de Valois, après la prise du chastel de Rions, assist la ville de Saint Sever[136] et l’assailli tout le temps d’esté[137] par divers assaulz, et fist tant que par force il la fist venir abandon. Mais après ce, quant il s’en fu retourné en France, la gent de la ville tricheresse, reprenant l’esperit de rebellement, de la feauté et seigneurie de France se rassaillirent[138].

Et en yce temps, Sanxion le roy de Castelle[139] mourut, duquel ii enfans petiz d’aage, qu’il avoit engendré de une nonnain[140] qu’il avoit joint à lui par mariage, Henri son oncle[141], duquel nous avons dit dessus qui estoit eschapé de la prison au roy de Sezille, garda et deffendi comme tuteur.


XIV.
De la navie au roy de France qui s’esmut pour aler en Angleterre[142].

En celui an meismes[143], la navie au roy de France, à Douvre, i port d’Angleterre appliquant, tout ce qui estoit hors des murs ravi, et comme ycelui grant [ost[144]] peust de legier toute Angleterre prendre et occuper, si fu devée à aler oultre de l’auctorité Mahi de Momorenci[145] et de Jehan de Harecourt[146] mareschaux de ceste navie, et furent deboutez à eulz retorner sanz rien faire.

Et adecertes, en ycest an, la royne Marguerite[147], femme monseigneur saint Loys mourut à Paris et en l’eglise Saint Denis, devant son seigneur, fu honnorablement enterrée. Et ycelle royne Marguerite, ainçois que elle mourut, establi et fonda à Paris, devant Saint Marcel, une abbaïe de seurs meneurs[148] où elle, très honnorablement et longuement vesqui.

Et en ycest an ensement Aufour le roy d’Arragon[149] mourut ; et lors, Jaques, l’occupeur de Sezille, son frere, se transporta en Arragon et reçut la hautesce de la dignité royal ; lequel, quant il ot fait pais au roy de Cecille, Charles, si espousa une de ses filles[150], et les ostages que Aufour son frere, le roy nouvellement mort, avoit receu du roy de Sezille delivra ; et l’autre son frere Federic occupa Sezille[151] après lui.


XV.
Comment le roy d’Escose fu pris et amené au roy d’Angleterre. Et parle après de pluseurs incidences[152].

Après, en l’an de grâce ensuivant, mil CC IIIIxx et XVI, les Escos, au roy de France aliez, envahirent le royaume d’Angleterre et degasterent. Aussi comme il s’en revenoient d’iceli envaïssement, Jehan leur roy[153] tray d’aucuns fu pris et au roy d’Angleterre envoié.

Et en ycest an ensement, Aufour et Ferrant, filz Blanche, fille du saint roy Loys de France, et [de] Ferrant, l’ainsné filz au roy de Castelle, de lonc temps mort, qui du droit de la dignité royal et de excellence à eulz deue, par Aufour[154] leur aieul, estoient du tout en tout privez et degetez, et pour ce en France estoient aussi comme essilliez ; quant il entendirent du roy[155] leur oncle qui mort estoit, si pristrent leur erre et requistrent et envaïrent Espaigne, et firent convenances à Jaques le roy d’Arragon[156]. Et lors, par l’aide de lui et de son frere Pierre, et ensement du filz Jehan le Petit[157], baron d’Espaigne, le roiaume de Legions premierement envayrent et à eulz du tout en tout le sousmistrent ; lequel Aufour l’ainsné, à Jehan[158] son oncle, qui en s’aide estoit venu par mer, ottroia et donna à tenir de lui en fie. Par lequel fait il atrait merveilleusement les cuers de sa gent à lui.

En celi meismes an, mourut Celestin le pape qui s’estoit deposé. Et en ycel an, Pierre[159] et Jaques[160] de la Colompne cardinaux, afermoient la deposicion du pape Celestin avoir esté indeuement faite, et que la promocion de Boniface estoit injuste et irraysonable, et par ce maintenoient la cour de Rome estre en erreur. Quant le pape Boniface sot ce, si les priva de la dignité de cardinalté et de touz biens et benefices de sainte Eglise[161].

[162]En ce meismes an, Florent le duc de Hollende[163], et assez tost après, son filz[164], furent d’un chevalier traiteusement tuez, laquelle mort, Jehan conte de Hayanut voult vengier par droit d’affinité et de linage, et fist tant qu’il conquist à soy Frise et Hollande.

Et en iceli meismes an, la cité de Paule[165] fu separée de l’eveschiée de Thoulouse, et y ot propre evesque en la dicte cité de Paule, par l’auctorité du pape Boniface.


XVI.
De la bataille du centiesme et du cinquantiesme[166].

Et en ycest an ensement, une exaction que l’en appelle maletoute, par le roiaume de France, premierement seulement des marcehanz, derechief le centiesme et le cinquantiesme de touz les biens de chascuns, tant de clers comme de lais, pour la guerre en yce temps decourant entre le roy Phelippe de France et le roy d’Angleterre, fu commenciée ; pour laquelle chose pape Boniface fist i decret[167] par la sentence que se les roys ou les barons de toute crestienté, dès lors en avant, des prelaz ou des abbez ou du clergié, sanz le conseil de l’eglise de Romme, telles exactions prenoient, ou les evesques, abbés ou clergié, telles choses leur donnoient, la sentence et escommeniement par yce fait encourroient ; de laquelle, fors ou peril de la mort, ne pourroient de nul estre absolz, fors que du pape de Rome ou de son commandement especial.


XVII.
De la prise Jehan de Saint Jehan et de pluseurs autres[168].

Et en ycesti an ensement, Emons[169] le frere au roy d’Angleterre, qui estoit envoié en Gascoigne contre la gent au roy de France mourut à Baionne ; après la mort duquel endementres que les villes et les chastiaus et les gens au roy d’Angleterre, de sa partie tenans, appareilloient à garnir de vitaille, Robert d’Artois, qui i pou devant fu envoié du roy de France, ilec estoit là venu[170]. Quant il entendi ce par ses espies, si les empeescha isnelement ; car comme il fussent viic à cheval et vm à pié, le gentil conte, avec sa gent qu’il amenoit toutevoies batailleurs, si fors envaï leur ost que les Gascoins fuirent, et les enchaça, et des greigneurs d’Angleterre à mort craventa bien c ou environ. Et ilec fu pris Jehan de Saint Jehan et Guillaume le jeune de Mortemer aveques autres nobles d’Angleterre, et furent envoiez aussi comme chaitis en France ; et donc le conte de Lincole et Jehan de Bretaigne furent chaciez de bataille et laissierent et perdirent toute leur garnison avec leur appareil de bataille que il menoient. Et pour certain, se la nuit n’eust fait la bataille cesser, et les bois si près du lieu de la bataille n’i fussent, nul de tant de multitude de gent n’en fust eschapé. Adonc, ne fu dès lors en avant qui envers le conte d’Artois ou les François osassent contre eulz en bataille aler ne venir.


XVIII.
Du renoncement Robert filz au conte de Flandres à l’ommage le roy de France[171].

En ycest an ensement, Gui le conte de Flandres, par Robert son filz déceu[172], si comme l’en dit, appareilla apertement à soy mouvoir et eslever contre son seigneur le roy de France Phelippe, et li manda par ses presentes lettres à Paris[173], que nulle chose il ne tenoit de lui en fié, ne en autre quelconque maniere [il ne se reputoit[174]] estre à lui sougiet.

Et en ycest an ensement, ou moys de Decembre, en la veille[175] de saint Thomas apostre, avint aussi à Paris que le fleuve de Saine s’escrut en telle maniere, que de nul aage ne remembrance d’omme ne treuve l’en en escript si grant croissance ne ravine d’yaue à Paris avoir ondoié, car toute la cité fu si de toutes pars raemplie et ensement açainte et avironnée, que de nulle part en la ville, sanz navie, l’en ne pooit entrer, ne par i pou, par toutes les rues ne pooient aucuns aler sanz aide de batiaux. Et lors, pour la pesanteur de l’yaue et la grant ravine du fleuve, les ii pons de pierre, avec les moulins qui dessus estoient fondez et faiz, et chastellet de petit pont, de tout en tout trebuchierent et cheirent. Et lors esconvint i pou, par viii jours, des viandes de hors aporter es nefs et es batiaux pour secourre à ceulz de la cité.


XIX.
Comment Aufour d’Espaigne rendi tout pour delivrer son oncle de la prison[176].

En l’an de grâce après ensuivant, mil CC IIIIxx et XVII, Aufour et Ferrant freres, et neveus le saint roy Loys, viguereusement et forment envaïssans et dontanz Espaigne, embatirent paour à touz leurs anemis de leur nom et de leur advenement, ausquiex vint lors leur oncle, messire Jehan, qui escrut et efforça moult et eulz et leur gent ; car par ycelui reçurent abandon villes et chastiaux pluseurs ; lequel Jehan, comme folement, après alast sus les anemis, si fu pris. Aufour, le sien neveu noble et gentil, ne le pot autrement ravoir, se toutes les choses qu’il avoit conquises ne rendist et restablist. Et lors, par la grant liberalité et franchise de son cuer trait et demené, pour ycelui rendi tout, estimant greigneurs estre les richesces d’amis que avoir des choses de ce monde escoulouriables[177] et deffaillables copie[178] ne habondance. Lequel Jehan, le vice d’ingratitude encourant, s’en vint droit à ses anemis, et le royaume de Legions qu’il prist du don son neveu rendi aus anemis. Ainsi adonques Aufour, quant il ot toutes ces choses perdues, par son grant courage, seurmontant toutes choses adverses, en ramenant à memoire le très haut linage des rois de France dont il estoit descendu, comme il n’eust ville ne chastel où il trouvast retour[179], lors, contre l’opinion des siens qui conseil li avoient donné de retourner en France ou en Arragon, aus champs devant i chastel se mist et arresta, et fist tendre ses très et fichier ses tentes, miex voulant, pour droit et pour justice et son droit requerant, mourir que retorner sans honneur et sanz victoire. Lequel, le seigneur du chastel, apercevant sa sagesse, li et sa gent, par sa pitié entroduit et mena en son chastel, par l’aide duquel, Aufour, après ce fist moult de dommages à ses anemis.[180]Et endementres qu’il estrivoit à ses anemis et moult forment les guerroioit, Ferrant son frere s’en vint en France requerre aide, et d’ilec ala à la court de Rome pour aide et secours aussi querre ; mais d’une part et d’autre pou de profist en raporta.


XX.
Comment le conte de Bar entra en Champaigne a armes[181].

En ycest an, Henri conte de Bar qui avoit la fille au roy Edouart d’Angleterre espousée, avec grant multitude de gent armée, en la terre de la contée de Champaigne qui apartenoit par droit heritage à tenir à Jehanne[182] royne de France, comme anemi entra et occist moult d’ommes, et meismement une ville embrasa et ardi[183]. Ausquiex foulz efforcemenz reprimer et retargier fu envoié par Phelippe roy de France Gauchier de Cressi, seigneur de Chastillon[184], qui avoit en sa compaignie les Champenois, qui par force et par feu, la terre au conte de Bar degasta[185] ; et ainsi le fist retorner pour sa terre garder.


XXI.
Comment le roy Phelippe assist Lille de Flandres[186].

Et en ycest an meismes, Phelippe le Bel roy de France, contre Gui le conte de Flandres qui de sa feauté estoit departi, assembla à Compiegne moult grant ost, et ilec, en la feste de Penthecoste[187], Loys[188] son frere conte de la cité d’Evreux et l’autre Loys[189] ainsné filz Robert conte de Clermont, avec vixx autres, fist nouviaux chevaliers ; et ce fait, d’ilec s’en ala en Flandres, et maugré les anemis entra en la terre apertement et viguereusement, et assist Lille en la vigille monseigneur saint Jehan Baptiste[190]. Et lors fu destruite une abbaïe de nonnains que l’en appelloit Marquete[191]. Et environ Lille jusques à iiii lieues, François par fer et par feu tout degasterent. Et lors ensement, Guy conte de Saint Pol[192] et Raoul seigneur de Neelle[193], connestable de France, et Guy[194] son frere mareschal, avec tout plain d’autres, esloignierent leur gent environ iiii lieues sus le fleuve[195] de la ville de Commesse[196] et se combatirent à leurs anemis, et de eulz vc en vainquirent et plus, et pluseurs en occistrent, et leurs tentes retindrent, et pristrent pluseurs soudoiers du royaume d’Alemaigne, chevaliers et escuiers de grant renom, lesquielz avec eulz amenerent au roy de France presentement.


XXII.
Comment Robert, conte d’Artois, se combati à Furnes contre les Flamens[197].

En ce meisme temps, pape Bonoiface canoniza à sa vie[198] le saint roy Loys, et en ycest an ensement comme le roy Phelippe le Biaux fust devant Lille, Robert noble conte d’Artois, laissa Gascoigne à nobles et loyaux hommes du royaume de France, et lors vers Saint Omer[199], sa terre propre se reçut et revint, et appella avec li son filz Phelippe[200] avec grant plenté de chevaliers nobles hommes, lequel conte Robert envay Flandres de celle part. Contre lequel, Guy conte de Flandres envoia, tant à cheval comme à pié, grant multitude de gens d’armes, et de costé la ville de Furnes[201] se combatirent contre le conte. Lors ilec, les batailles ordenées de une part et d’autre decourans, fu moult la bataille aspre et merveilleuse. Mais les Flamens, comme il fussent vic à cheval et xvim à pié, de la gent au conte d’Artois, furent touz occis. Car le gentil conte noblement se prouva, si que moult tant chevaliers comme escuiers, avec Guillaume de Juilliers[202] et Henri conte d’Abemont[203] furent pris, lesquiex, comme à Paris en charetes et ailleurs, par diverses prisons fussent envoiez, à la loenge et à la victoire de noble homme, Robert conte d’Artois, chevalerie esmerée avoient mis devant leur visage la baniere et l’enseigne au bon conte, et lors le conte d’Artois prist la ville de Furnes abandon[204], et après ce occupa Cassel avec toute la valée. Adonc[205], endementres ceulz de Lille qui moult estoient grevez et travailliez de divers assauz de la gent au roy de France, il veissent à pierres souventes foiz les murs quasser, ne Robert[206], l’ainsné filz au conte de Flandres, qui avec eulz estoit ou chastiau, n’osast contre les François issir à bataille, si firent lors convenances au roy de France, que de leurs biens ne de leurs vies ne fussent privez, ne ne fussent sousmis ne mausmis ; il sousmistrent eulz et leurs biens au roy de France[207]. Mais Robert, qui pou de chevaliers avoit, issi de la ville, et à Bruges où son pere estoit, tout oiseux, se reçut. Adecertes, le roy d’Angleterre Edouart estoit venu avec le conte de Flandres ; si fu deceu, si comme aucuns dient que pour certain il li avoit mandé qu’il tenoit pris le conte Robert d’Artois et Charles de Valois, le frere au roy de France, lesquiex il devoit tenir à Bruges en prison, si comme il disoit ; ou pour ce que plus sauvement peust estre creu, ycelui roy d’Angleterre estoit là venu pour aidier le conte de Flandres en sa guerre. Et lors quant le roy de France oy les nouvelles de l’avenement au roy d’Angleterre, si garni Lille de sa gent et s’esmut pour aler vers le chastel de Courtray[208], lequel dès maintenant il prist abandon. Et d’ilec après se hasta pour aler Bruges asseoir. Et endementres, Edouart roy d’Angleterre et Gui le conte de Flandres laissierent Bruges, et avec les leur à Gant[209], pour la forteresce du lieu se reçurent. De laquelle chose ceulz de Bruges furent espoentez, et au roy, humbles et devoz coururent, et eulz et leur ville[210], en sa puissance sousmistrent, en laquelle ville le roy de France fist i pou son ost prendre recreacion, et puis prist isnelement son erre[211] pour aler vers Gant. Mais si comme il s’en alast ainsi, à une petite villete li vindrent messages de par le roy d’Angleterre requerans trives[212], auquel, pour l’yver prochain venant et pour l’amour du roy de Sezille, qui pour ce venoit en France, à paines jusques à ii ans, à lui et au conte de Flandres ottroia trives. Et lors, ce fait environ la feste de Touz Sains, le noble roy de France Phelippe le biaux retourna en France.


XXIII.
Comment le pape Bonoiface envoia au roy de France le regale[213].

Et en ycest an ensement[214], quant les prelas du royaume de France furent à Paris assamblez, si leur monstra le roy Phelippe lettres[215] contenans comment à li, pape Boniface, et à son premier hoir successeur, avoit ottroié à prendre et à lever les dismes des eglises, toutes foiz que leur conscience les jugeroit et creroient estre neccessaire, ou le vouldroient ; et derechief, comme yceli pape, en l’aide de ses despens qu’il avoit fais en la guerre[216], toutes les rentes de l’Eglise que l’en appelle regale[217], les escheoites et les obvencions d’un an des prouvendes, des prevostez, des dyacrez, des doiennez, des benefices d’eglise et de quelconques autres dignitez ecclesiastes, par tout le royaume de France, la guerre durant, et vacant, excepté les eveschiez, les moustiers et les abbaïes. Après, en ycest an ensement, pape Boniface, aucunes constitucions nouvelles, lesquelles avec courage diligent et aveques grant cure, pour l’estat et pour le profist de l’unverse Eglise, avoit fait compiler et ordener par sages gens en droit canon et en droit de citoien[218], ou moys de may le tiers jour en plain consistoire et devant touz qui presenz estoient, à lire bailla. Et lors, quant ces constitucions furent parleues souventes foiz par grant diligence et des cardinalz approuvées, fist son decret. Ycelui pape ordenna que au cinquiesme livre, si comme au temps present le povez encore veoir, fust ajousté [le sixieme][219] es decretales[220].

[221]Et en ycest an meismes, les ii devant diz cardinalz deposez par le pape Boniface, se transporterent en une cité de Tuscie, laquelle est appellée Nepesie[222] ; contre lesquiex, pape Boniface fist croiserie et envoia i grant ost de ceulz de Ytalie, et escommenia les ii devant diz de la Columpne et les reputa et condampna tant comme scismatiques[223].

[224]Et en yce meismes an, en la vielle cité, saint Loys, jadis roy de France, fu par le pape Boniface canonizié.

[225]En ycest an meismes, Aubert duc d’Austrie[226], en bataille tua Adulphe, le roy d’Alemaigne, et fu roy d’Alemaigne après li, et regna xii anz ou environ.


XXIV.
Comment le pape Boniface voult que ceulz qui se confesseroient aus Freres Prescheurs, qui se reconfesseroient à leurs prestres[227].

En l’an de grâce ensuivant, mil CC IIIIxx et XVIII[228], le privilege donné aus Freres Meneurs et aus Freres Prescheurs[229] de confessions oïr, de pape Boniface fu en vain rapellé, et fist son decret ycelui pape, que celui qui se confesseroit à ces freres, confessast et regehist ycés meismes pechiez à son propre prestre.


XXV
Comment saint Loys fu levé de terre[230].

En ycest an ensement, ci-devant nommé saint Loys, jadis glorieux roy de France, qui en l’an devant prochain avoit esté escript ou cathalogue des sains et canonizié avec très grant lieesce et exaltacion du roy de France Phelippe le Biaux et des princes de tout le royaume et prelaz, avec grant multitude de peuple, à Saint Denis en France assamblez à l’endemain de la saint Berthelemi[231] l’apostre, de terre fu eslevé ; passé a xxviii anz que ou royaume de Tunes dessouz Cartage, s’endormi en sa derriere fin, en Nostre Seigneur. Lequel saint roy, glorieux confesseur de Nostre Seigneur de con[232] grant merite fust et eust esté envers Dieu, les miracles premierement faiz les demonstrerent[233] ; et toutes voies plus especiaument après l’exaltacion de son corps eslevé de terre, en diverses parties du monde est demonstré. Car ainsi grant grâce de curacion de malades curer et garir s’escrut. Et si n’estoit nul qui de li requerre a fiance, et loyaument santé et aide li requist, que sanz demeure n’aperceust la requeste qu’il avoit requise.


XXVI.
De la mort Phelippe filz Robert le conte d’Artois[234].

En ycest an ensement, mourut Phelippe[235] le filz au noble conte d’Artois Robert, et qui plus de filz n’avoit ; et en l’eglise des Freres Prescheurs à Paris, fu enterré en enseveli. Et ycelui, de sa femme Blanche[236], fille de Jehan duc de Bretaigne, laissa ii filz et ii filles. Une[237] en fu mariée après à Loys conte de la cité d’Evreux, frere le roy de France ; et adecertes, l’autre prist à femme Gace filz Raymon Bernart conte de Fois[238]. Et aussi en icest an, Robert conte d’Artois prist la tierce femme à mariage, la fille Jehan conte de Hainaut[239].

En ycest an ensivant, en la feste saint Andri apostre, avint en une cité d’Ytalie, en laquelle le pape demouroit pour le temps, laquelle est appellée Reate[240], si grant et horrible mouvement de terre, que l’en cuidoit que les murs de la ville et les maisons deussent cheoir, et s’enfuioient les gens de la cité aus champs.

[241]En yce meismes an, Raoul[242] le filz ainsné au roy d’Alemaigne Aubert, prist à femme Madame Marguerite[243] seur au roy de France Phelippe de par son pere.


XXVII.
Comment le filz au roy de Cezille envoia en Cezille, et de la prise au prince de Tarente[244].

Après, en l’an de grâce ensuivant mil CC IIIIxx et XIX, le duc de Calabre Robert[245] filz Charles le roy de Cecille, a galies a gens armés et appareilliez en Cecille entra, et ilec occupant pluseurs chastiaux, des gens en yceulz de maintenant entroduit et mist ; duquel la beneurée hautesce comme son frere prince de Tarente, que l’en appelloit Phelippe[246], attendist, endementres que ycelui l’ensivoit sanz conseil, avec toute sa gent, en mer des Seziliens fu pris.


XXVIII.
De la paix entre le roy Phelippe de France et Edouart d’Angleterre, par aucunes condicions[247].

En ycest an ensement, entre le roy Phelippe et le roy Edouart d’Angleterre, par aucunes condicions fu pais[248] faite. Et lors ycelui roy d’Angleterre, Marguerite[249], seur au roy de France, à Cantorbire espousa ; de laquelle il engendra i biau filz qui ot a nom Thomas[250].


XXIX.
Comment le roy des Tartarins fu crestienné[251].

En ycest an ensement, le roy des Tartarins, Cassahan qui grant Champ[252] estoit appelé, merveilleusement et par miracle, si comme l’en dit, à la foy crestienne avec grant multitude de sa gent, fu converti par la fille le roy d’Armenie, qui estoit crestienne, qu’il avoit espousée. Lors avint que i innombrable ost et merveilleux assambla contre Sarrazins, et ot son mareschal de tout son ost le roy d’Armenie crestien. Et premierement vers Halappe se combati à eulz, et après à Camel, et non pas sanz grant occision et abateiz de sa gent, et de leur fait en raporta victoire. Et puis, quant il ot son ost rappareillié et rassemblé et ses forces reprises, si ensuivi les Sarrazins jusques à Damas, où le soudan avoit cueilli et amené grant ost. Et lors, ycelui roy des Tartarins ot ilec, encontre le soudan et ses Sarrazins moult merveilleuse bataille et aspre. cm des Sarrazins et moult plus furent detrenchiez et occis ; et le soudan, chacié de la bataille avec pou de sa gent en Babiloine se reçut. Et ainsi les Sarrazins furent, par la volenté de Dieu, du regne de Sirie gettez ; et ycelle sainte terre fu sousmise en la main des Tartarins et en leur subjection. Et à Pasques ensivant, si comme l’en dist, en Jherusalem le service de Dieu les crestiens avec exaltacion de grant joie celebrerent.


XXX.
Du parlement le roy de France et de Aubert d’Alemaigne[253].

En celui an aussi, Aubert le roy des Romains et Phelippe le Biaux roy de France, environ l’Advent Nostre Seigneur[254], ou Val de Coulour ensemble assamblés[255], les nobles de l’un et de l’autre royaume, aliance, ilec assamblés confermerent, où ilec otroianz le roy Aubert et les barons et les prelas du royaume d’Alemaigne, fu dit et avoir esté octroié que le royaume de France, qui seulement jusques au fleuve de Muese, en yces parties s’estent, des ore mais en avant, jusques au Rin esloignast les termes de sa puissance. Et ilec ensement, à Henri[256] conte de Bar furent ottoiées trives du roy de France à un seul an.


XXXI.
Comment Charles de Valoys prist Douay et Bethune, et desconfist Robert filz du conte de Flandres[257].

En ycest an ensement, quant le terme des trives fu passé, qui estoit entre le roy de France et le conte de Flandres, Charles conte de Valois fu envoié de son frere le roy de France Phelippe en Flandres, après la Nativité Nostre Seigneur[258], atout grant ost des François. Et lors comme là endroit fust venu, dès maintenant reçut Douay[259] et Bethune abandon. Et après vers Bruges[260] avec sa gent retenant, delez[261] le Dan i port de mer[262], contre Robert filz au conte de Flandre ot aspre bataille. Comme d’une part et d’autre pluseurs fussent navrez, toutes voies les Flamens fuirent de bataille[263], et à Gant tantost se reçurent.

Et en yce temps, Ferri[264], l’evesque d’Orliens, fu occis d’un chevalier, lequel avoit sa fille corrompue, si comme l’en disoit, laquelle estoit par avant vierge. Auquel succéda maistre Bertaut de Saint Denis[265], doctor en theologie, renommé entre touz en son temps ; lequel estoit paravant arcediacre de Reins.


XXXII.
Comment le conte de Flandres et ses deus filz se rendirent[266].

Après, en l’an de grâce ensivant M CCC, Charles de Valois, frere le roy Phelippe de France, quant il ot debatu[267] Dan le port de Flandres, comme il ordenast à asseoir Gant, Gui le conte de Flandres, lors apercevant son orgueil, à celi Charles, avec ses ii filz Robert et Guillaume, s’en vint humblement li et ses filz[268], et le remenant de sa terre rendi en la main de Charles conte de Valois par aucunes convenances entregettées. Lesquiex amenez à Paris, au roy de France requistrent pardon de leurs meffais et misericorde, et il la reçurent très piteusement. Mais jusques au temps d’avoir miseracion et pardon, furent mis par divers lieux en prison souz garde.


XXXIII.
Du grant pardon de Rome[269].

Et adecertes, en cest an[270], pape Boniface fist indulgence et pardon general, et ottroia planiere indulgence de touz les pechiez à touz vrais repentanz et confès venanz par l’espace de ce present an, et par chascun an centiesme à venir, aus eglises des benois apostres saint Pere et saint Pol, à la cité de Rome par veu de pelerinage humblement et devotement.


XXXIV.
Comment le duc d’Ostreriche prist Blanche la fille au roy de France à femme, et de l’absolucion Raoul de Lor[271].

En ycest an ensement, Raoul duc d’Osteriche[272], filz Aubert roy des Romains, espousa à Paris Blanche la seur au roy de France Phelippe le Biaux. Et aussi en ycest an, Raoul de Lor qui depieça pour les Siciliens, envers le roy de Sezille et ses gens avoit guerroié, fu maintenant absoulz du pape[273] et fu fait amiraut de la navie au roy de Sezille, et lors, xx galiees des Sicilliens en mer assailli et debati, et vc de eulz et plus occist.


XXXV.
Comment Charles de Valois prist à femme l’empereriz[274].

En ycest an ensement, Charles de Valois, quant sa premiere femme fu morte, si prist après la seconde ; c’est à savoir Katherine[275] fille Phelippe filz Baudoin emperour de Grece, jadis essilliez et deboutez ; à laquelle Kateline atouchoit le droit de l’empere de Constantinoble.


XXXVI.
Comment les Sarrazins de Leuthere furent occis[276].

Adecertes en ycest an, les Sarrazins de Leuthere[277], une cité de Puille, qui ilec du temps de l’emperere de Rome Federic assemblé, sus le treu des roys de Secille vivoient selon leurs loys, de Charles roy de Cecille furent livrez à mort qui crestiens ne vouldrent estre.


XXXVII.
Comment le soudan de Babiloine sousmist à lui toute la Sainte Terre[278].

Et aussi en ycest an, le soudan de Babiloine, quant il ot repris son pooir et rassamblée sa gent les Sarrazins, les crestiens et les Hermines[279] du royaume de Jherusalem et de Syrie enchaça par force, et la terre sousmist en sa seignourie[280].

[281]En ycelui an meismes, le jour d’un vendredi aouré, les Juis de la province de Madaburges si firent tant par dons et par promesses par devers une nourrice, que elle leur livra i petit enfant de l’aage de ii ans et demi ou environ à faire leur volenté ; et estoit ledit enfant filz d’un chevalier puissant homme. Quant les Juis orent le petit enfant receu de ladicte nourrice pour en faire leur volenté, si le crucifierent et le firent mourir. Quant le pere sot la mort de son enfant, si fu moult corroucié et fist semondre touz ses amis pour vengier la mort de son filz. Dont il avint que le dit chevalier sot que les Juis estoient assamblés ; si s’en ala par nuit où il estoient a toute sa compaignie, et fist garder que nul n’en eschapast de touz ceulz qui estoient assemblés, et tantost fist mettre le feu en toutes les maisons là où il estoient assamblez, et ilec furent ars ccc Juis ou environ, et aucuns crestiens avec eulz, lesquiex il tenoient prisoniers en leurs maisons pour debtes. Si avint que le prince de celle region sot que l’en avoit ainsi ars les Juis et aucuns crestiens ; si en fu corroucié et dampna ledit chevalier pere dudit enfant et touz ceulz qui participanz avoient esté de la mort des Juis, par certain temps à estre essilliez et povres, et vivre d’aumosnes.


XXXVIII.
Comment Charles de Valois ala à Rome[282].

Après, en l’an de grâce ensuivant mil CCC et I, le frere le roy de France, Loys conte de la cité de Evreux[283], la fille Phelippe filz au noble conte d’Artois, qui Marguerite avoit non, espousa. Et en ycest an ensement, Charles conte de Valois, avec moult de nobles, environ la Penthecoste, se parti de France[284] et vint à Rome, ordenant après de l’empire de Constantinoble guerroier qui à sa femme apartenoit, se le pape l’ottroioit ; lequel conte Charles, du pape Boniface et des cardinaux, avec très grant honneur et reverence fu receu, vicaire et deffendeur de l’eglise de Rome fu establi ; et par tout l’an les adversaires de l’eglise de Rome en Touscane guerroia.


XXXIX.
Comment le roy de France reçut les hommages de ceus de Flandres[285].

En icest an aussi, Phelippe le Biaux, le roy de France, visita le conté de Flandres[286] ; et de ceulz des chastiaux et des villes, et des nobles du pays reçut les feaultés et les hommages. Et puis Jaque de Saint Pol[287] chevetaine, laissa garde de tout le pays, et ce fait, il s’en retourna en France.

[288]Et en ycest an, le conte de Bar Henri, quant il cognut et sot ce que Phelippe le Biaux roy de France, ordenoit pour envoier grant ost en sa terre degaster, si s’en vint à lui humblement et devotement, requerant pardon de ses forfaiz[289], et li offri pour l’amende, se il la vouloit prendre, que il iroit avec Charles de Valois [à Constantinople][290] ou ailleurs, en la terre d’outre mer atout cc hommes, par l’espace de ii ans, ou au terme, tel comme sa benigne volenté le rappelleroit.

Et en ycest an vraiement, une comete, par pluseurs jours, ou moys de septembre, enz ou royaume de France fu veuee, droit à l’anuitier, dresçant et estendant sa queue vers Orient.

Et en ycest an, le roy d’Angleterre contre les Escoz en Escoce pou ou noient tout le temps de esté profita ; si s’en revint sanz riens faire, inglorieux et sanz honneur.


XL.
Comment l’evesque de Pavie fu mis en prison[291].

Et aussi, en ycest an, premier[292] evesque de Pavie[293], qui du roy de France paroles coutumelieuses et plaines de blasme et de diffame, en moult de lieux avoit semé, et pluseurs, si comme l’en disoit, avoit fait espuier[294] et esmouvoir contre la majesté. Pour ce fu appellé à la court le roi, et jusques atant que ce fust espurgié, souz le non de l’arcevesque de Nerbonne, de sa volenté, fu en sa garde détenu[295]. Et jasoit que contre cel evesque les amis du roy de France fussent griefment esmeuz, toutes voies le roy, de sa benignité, ne souffri pas ycelui en aucune chose estre molesté ne malmis[296] ; sachant et entendant, de grant courage estre, injures en sa souveraine poesté souffrir, ne enseurquetout le prince estre blescié, aucun estre blescié, glorieux.

Et en ycest an ensement, ou moys de fevrier[297], l’arcediacre de Nerbonne[298] envoié de par le pape Boniface, vint en France, denonçant de par yce pape au roy de France, qu’il rendist ycelui evesque sanz delay, et li monstra les lettres esquelles le pape de Rome mandoit au roy de France que il vouloit qu’il sceust, tant es temporelles choses comme es spirituelles, estre sousmis en la dicion du pape de Rome ; et ensement au roy dit, si comme es lettres estoit contenu, que des eglises, des ore mais en avant, ne des provendes vacans en son royaume, jasoit ce qu’il eust la garde de eulz, les usufruiz, les profiz ou les rentes à lui ne preist ne presumast détenir, et que tout gardast aus[299] successeurs des mors. Et avec tout ce rappelloit ycelui souverain pape de Rome, toutes les faveurs, grâces et indulgences, lesquelles, pour l’aide du royaume de France, au roy avoit ottroié pour la rayson de la guerre, en deneant li que aucune collacion de provendes ou de benefices ne entreprist à lui usurper, tenir et poursuir ; laquelle chose, des ore en avant, le faisoit le pape tout ce vain et faux et tenoit et disoit, ou ce se non eulz et en yce autrement consentanz, herites les reputoit. Et lors, ycelui arcediacre devant dit, message du pape Boniface, semont touz les prelaz du royaume de France aveques aucuns abbez et maistres en theologie et de droit de canon et citoien[300], de venir à Rome es kalendes de novembre[301] prochain venant, personement eulz devant le pape comparoir.

Et en ycest an, ensement, ou moys de jenvier[302], l’eclipse de la lune du tout en tout horriblement fu faite.

Et après ce, Phelippe roy de France rendi au message le pape l’evesque de Pavie, et leur commanda que hastivement de son royaume departissent. Et après ce, en la mi quaresme ensuivant, ycelui roy de France Phelippe le Biaux assembla à Paris[303] touz les barons et chevaliers et les maistres de tout le royaume de France, avec touz les prelas et touz les Meneurs, et premierement des personnes ecclesiastes et convint et commanda de qui leur temporel ecclesiaste, et barons et chevaliers leurs fiez appelloient ne disoient à tenir ; car adecertes la magesté royal doubtoit, pour ce que le pape li avoit mandé tant de temporelz comme des espirituelz li estre à li sousmis, que ne vousist le pape de Romme dire que le royaume de France fust tenu de l’eglise de Rome. Et comme touz les prelas et ecclesiastes deissent avoir tenu du royaume de France, lors le roy leur en rendi grâces, et promist que son corps et toutes ses choses qu’il avoit exposeroit et mettroit pour la liberalité et franchise du royaume en toute maniere garder. Et adecertes, en toutes manieres, les barons et les chevaliers, par la bouche noble conte d’Artois, après ce respondirent disans que de toute leur force estoient près et appareilliez pour la coronne du royaume de France encontre touz adversaires estriver et deffendre. Et ainsi, quant ycelui concile fu deslié et feni, fist lors crier la magesté royal que or ne argent, ne quelconque marcheandise du royaume de France ne fussent transportez. Et cil qui contre ce feroit, tout perdroit, et toutes voies, a tout le moins en grant amende ou en grant paine de corps seroit puni. Et dès lors en avant, fist le roy les issues et les pas, et les contrées du royaume de France très sagement garder.

[304]Et en ycest an ensement, quant les filz de Sanxion, le roy d’Espaingne pieça mors[305], furent legittimez par le pape Boniface[306], Ferrant l’ainsné[307] tint le royaume paternel. Mais Aufour et Ferrant[308] neveus au roy Loys de France, de sa fille, debatans viguereusement et forment leur droit, ycelui laissierent petitement regner en repos ne paisiblement, mais touz jours contre li guerroioient.

[309]En ycest an meismes resplendissoient en France ii nobles dames veuves ; c’est à savoir Blanche[310] jadis fille monseigneur saint Loys, laquelle habitoit et demouroit en sainte conversacion à Saint Marcel après Paris, et ilec vacant au service de Dieu et en oroison. Et à Tonnerre en Bourgoigne estoit Marguerite[311], seconde femme du premier Charles roy de Sezille, en l’ospital des povres, lequel elle avoit fait faire ; et là faisoit service aus povres dudit hospital, et leur administroit partie de leurs neccessaires en propre personne très dévotement et en grant humilité.

[312]Et en ce meismes an, le mardi après Noël devant le point du jour, pluseurs maisons hautes, fortes et garnies de moult de biens furent arses et gastées par meschief, en la rue de l’Escole Saint Germain l’Aucuerras sur Saine[313], en la ville de Paris.


XLI.
De l’occision de Bruges et de la fuite Jaque de Saint Pol[314].

En l’an après ensuivant M CCC et II, Charles conte de Valois, par le commendement de pape Boniface, de Touscane s’en ala en Secille, et le chastel de Termes[315], le jour d’un mardi[316] devant l’Ascension Nostre Seigneur il reçut abandon endementres qu’il appareilloit à li faire assaut.

[317]Et en ycest an ensement, à Courtrai i chastel en Flandres, pour les exaccions non deues[318], qu’il appellent maletoute, par lesquelles les gens du pays, par le gardien de Flandres, Jaques de Saint-Pol[319] chevalier, contre le commandement du roy et la coustume de ce pays, estoient contrainz et grevez. Et comme ne peust la clameur du peuple souventes foiz estre oye envers le roy de France, pour le très haut linage du devant dit Jaque ; si en avint que le menu peuple s’esmut pour celle cause envers les grans et esleva, dont il y ot grant plenté de sanc espandu, et tant de povres gens comme de riches furent occis les uns des autres. Desquelles asprestés les mouvemens faiz, se il peust estre fait apaisier, comme Phelippe le Biaux roy de France eust destiné et envoié nobles hommes, mil et plus appareilliez de toutes armes avec Jaques de Saint-Pol, et fussent de ceulz de Bruges, a grant reverence dedenz la ville et paisiblement entroduiz, mis et receuz ; et disoient les Flamens de Bruges eulz vouloir de toutes choses au commandement du roy de France pour bonne volenté et courage obeir. Helas ! en ycelle nuit du jour ensuivant que noz François estoient venuz, comme il se reposassent et dormissent seurement ; et comme ceulz qui leurs armes avoient ostées, par[320] i pou furent touz traitreusement occis[321]. Car adecertes, si comme l’en dit, ceulz de Bruges, en yce soir, avoient entendu Jaque de Saint Pol, de Flandres[322], soy avoir venté que l’endemain il devoit pluseurs de eulz faire pendre au gibet. Pour ceci aussi, comme touz desesperez de très grant paour, presumerent et entrepristrent hors riulle à faire telle desloyal felonnie. Et toutes fois s’en eschapa ledit Jaques par qui celle rage estoit esmeue, avec pou de compaigniee, celéement et occultement fuiant lors hors de la ville. Et lors ainsi ceulz de Bruges reprenans l’esperit du rebellement, la gent d’un port de mer prochains, que l’en appelle Dan[323], à eulz tantost s’accorderent, et de maintenant degasterent et chacierent d’avec eulz des gens du roy vilainement qui deputez estoient et establiz à la garde du port. Et lors après ce fait, les Flamens de Bruges et aucuns autres Flamens, Guy de Namur[324] filz Gui conte de Flandres, qui en France tenoit prison, appellerent pour venir en leur aide et ycelui comme deffendeur et seigneur receurent ; lequel enforciz de grant multitude de soudoiers Alemans et Tyois venans à eus, les encouraga à eulz plus fort rebeller ; et en toutes les manieres qu’il pot les esmut et atisa, et donna conseil à eulz esmouvoir.


XLII.
De la bataille de Courtray[325].

Adonques endementres, comme ceus de Bruges s’appareilloient à deffendre, querans de toutes pars aides et soudoiers, Robert noble conte d’Artois fu envoiez du roy de France avec moult grant chevalerie des frans hommes et grant multitude de gent à pié, et vint en Flandres, et entre Bruges et Courtrai tendirent paveillons et trez. Car adecertes il ne pooient passer pour l’yaue du fleuve près d’ilec courant ; sur laquelle yaue, les Flamens avoient fraint i pont. Et lors endementres comme les François entendissent à appareillier le pont, ceulz de Bruges, souventes foiz, à bataille ordenée contre couranz, en l’euvre, si comme il pooient, destourbanz, touz les jours les François chascun[326] appelloient. Et lors, vousissent ou non, le pont après ce rappareillié, comme à i mercredi, i jour du moys de juillet, de l’accort de l’une partie et de l’autre, venir à bataille deussent ; ceulz de Bruges, si comme l’en dit, estudianz et cuidans mourir pour la justice, liberalité et franchise du pays, premierement confesserent leur pechiez humblement et devotement, le corps de Nostre Seigneur Jhesu Crist reçurent, portans avec eulz ensement aucunes reliques de sains, et a glaives, a lances et espées et bonnes haches et doudendars, serréement et espessement ordenez vindrent ou champ à pié par i pou touz. Adonques les chevaliers françois, qui trop en leur force se fioient, voiens contre eulz yceulz Flamens du tout en tout venir, si les orent en despit, si comme espoir, foulons, tisserans et hommes ouvrans d’aucuns autres mestiers. Et lors les devant diz François chevaliers, non contredaignanz, leur gent à pié qui devant eulz estoient et aloient, et qui viguereusement les assailloient et qui moult bien se contenoient, firent retraire et es Flamens pompésement[327] et sanz ordre s’embatirent. Lesquiex chevaliers gentilz François, ceulz de Bruges a lances agues forment empaignanz et deboutanz, getterent et abatirent de maintenant du tout en tout ceulz qui à celle empainte erent à l’encontre. Desquelz la ruine et trebucheure tant soudaine voiant le noble conte d’Artois Robert, qui onques n’avoit acoustumé à fuir, avec la compaignie des nobles, fors et viguereux, aussi comme lyon rungant ou esragié se plunga es Flamens. Mais pour la multitude des lances que les Flamens espessement et serréement tenoient, ne les pot le gentil conte Robert trefforer ne trespercier. Et lors adecertes, ceulz de Bruges, aussi comme s’il fussent convertiz et muez en tygres, nulle âme n’espargnierent, ne haut ne bas ne deporterent, mais aus lances agues bien amourées[328] que l’en appelle bouteshaches et guidendars, les chevaliers des chevaux faisoient trebuchier. Et ainsi comme il cheoient, aussi comme brebiz les acraventoient sus la terre. Adonc le bon conte Robert d’Artois, vaillant et enforcé de toutes gens, jasoit ce qu’il fust navré de moult de plaies, toutes foiz se combati-il forment et viguereusement, miex veullanz gesir mort avec les nobles hommes qu’il voioit devant li mourir, que à tel petit, vil et vilain peuple li rendre vif enchaitivé. Et lors, quant les autres compaignons virent ceulz qui estoient en l’ost des François, tant à cheval comme à pié, à par i pou iim haubers avec le conte de Saint Pol[329] et le conte de Bouloigne[330], et Loys[331] filz Robert de Clermont, pristrent la fuite très laide et très honteuse, laissanz le conte d’Artois et honnorables et nobles batailleurs, Diex quel dommage et quel doleur ! es mains des vilains estre detrenchiez mors et acraventiez. Desquiex la fuie non esperée voians les Flamens adversaires, lors pour ce leurs courages enforciez reculerent[332] et qui par i pou vaincuz s’en vouloient fuir, requeranz et venanz aus tentes des fuiant, trestout ravirent et pristrent. Et adecertes ilec avoit grant copie d’armes et grant appareil batailleur, par lesquielz les Flamen enrichiz et des corps occis, quant il les orent touz desnuez de leurs armes et de leurs vestures, et la bataille du tout en tout vaincue, a grant joie à Bruges s’en revindrent. Et ainsi a grant doleur, touz les corps desnuez et tant de nobles hommes demouranz en la place du champ, comme il ne fust qui les baillast à sepulture, les charoignes[333] de eulz, les bestes des champs, les chiens et les oysiaux mengierent. Laquelle chose, en derision et escharnissement et moquerie tourna au roy de France, et à tout le linage des mors en reproche perpetuel en touz les jours. Et adecertes gisoient acraventez moult de nobles. Quel dommage ! C’est à savoir le gentil conte d’Artois, Robert, et Godefroy de Breban[334] son cousin, avec son filz le seigneur de Virson ; Adam[335] le conte de Aubemarle ; Jehan filz au conte de Haynaut[336] ; Raoul le seigneur de Neelle[337], connestable de France, et Guy[338] son frere, mareschal de l’ost ; Regnaut de Trye[339] chevalier esmeré ; le chambellenc de Tancarville ; Pierre Flote chevalier[340] et Jaques de Saint Pol chevalier ; monseigneur Jehan Bruillaz[341] maistre des arbalestiers, et jusques au nombre de iic ; et moult d’escuiers vaillanz et preuz. Toutes voies, au tiers jours après ce fait, à yce lieu vint le gardien des Freres Meneurs d’Arraz et recueilli le corps du très noble conte d’Artois desnué de vesteures et navré de xxx plaies ; lequel gentil conte, ycelui gardien, en une chapelle prochaine d’ileques de femmes de religion nonains, de petit edifiement, si comme il pot, quant il ot le service celebré, mist le corps en sepulture. Et vraiement yceste instance et demollicion et male aventure as François à venir et mescheance, ycelle comete ensement, qui à la fin du moys de septembre devant passé, à l’anuitier, par pluseurs jours fu veue par le royaume de France, et l’eclipse ou mois de jenvier faite, si comme dient aucuns, le segnefierent et demonstrerent.

Adonques Gui de Namur enhetié de la victoire des siens, ot lors courage embrasé de l’orgueil de occuper toutes Flandres, s’efforça de tendre à greigneurs choses ; car après[342], il assist ceus de Lille, et maintenant par tricherie et fraude, maintenant eulz comme ceulz de Tournay, ceulz d’Ypre, ceulz de Gant, ceulz de Douay[343] et les autres villes de Flandres à abandon venir efforça et ensement atrait. Et lors vers Arras manda à ses coureurs et fourriers à acueillir la proie ; lesquiex, comme il s’efforçassent à proier et à rober l’abbaïe du Mont Saint Eloy de la gent de l’evesque d’Arras[344] furent deboutez et dechaciez, si que il convint qu’il retournassent pour garder leurs termes.


XLIII.
Des prelas de France qui envoierent à court de Rome[345].

En yce meismes temps, les prelas du royaume de France, qui en l’an devant prochain estoient appellez et semons de venir à court de Rome, si orent conseil ensemble et regarderent qu’il n’i pooient aler, tant pour la guerre de Flandres comme pour ce que les maistres du royaume de France estoient devéés[346] porter or et argent. Mais pour ce qu’il ne peussent estre repris de desobeissance, envoierent pour eulz trois evesques[347] qui denoncierent pour eulz au pape Boniface la cause de leur demourance. Et à yce pape ensement envoia le roy de France l’evesque d’Aucuerre Pierre[348], et li pria que pour s’amour, il regardast de la besoigne pour laquelle lesdiz evesques vouloit assambler jusques à i temps après miex convenable.


XLIV.
De l’ost de France qui fu à Arraz sanz rien faire[349].

Après ce que le bon conte Robert d’Artois fu mort, Phelippe le Biau roy de France, qui moult en estoit dolent, après la feste de l’Assumpcion Nostre Dame[350], mere de Nostre Seigneur, laquelle feste l’en appelle la mi-aoust, à la cité d’Arraz assembla pour aler contre eulz, c’est contre les Flamens, si grant et si merveilleux ost qu’il peust estre nombrez jusque à c foiz cm et xl foiz xlm de gens armés[351], chascun selon son pooir. Et comme si très bel et si grant ost fust cuidié de maintenant de leger toutes Flandres et les Flamens destruire, je ne say par quel conseil desquiex, d’ilec jusques à ii liues seulement, avec grant et merveilleux ost, nostre roy Phelippe fist tendre ses tentes et fu veu tout le mois de septembre despendre et degaster. Et comme il eust les anemis Flamens assez près de ses iex par l’espace de tant de tens, qui leurs tentes y avoient fichiées et si estoient logiez, ne laissa onques à faire à eulz neis i assaut,[352]ne aucunes villes de ses anemis ne laissa onques ne ne souffri à assaillir. Mais de maintenant donna congié de departir à ycest noble ost[353] qui legierement peust sousmettre tout le monde, se il fust noblement à droit gouverné, et s’en revint sanz riens faire et ingloriex en France arriere. Laquelle chose fu honte aus chevaliers et les esmut en pluseurs escharnissemens, et meismement les anemis du royaume de France, de la gent au roi de France à moquier eulz.[354]Duquel ost le departement cognoissans, les Flamens adversaires, de maintenant à eulz les villes prochaines et les garnisons de la conté d’Artois embraserent et ardirent en feu[355]. Toutes voies dient aucuns que par la decevance et tricherie Edouart le roy d’Angleterre, qui la partie des Flamens nourrissoit, le roi de France avoit esté deceu, si s’en departi ainsi ; car devant avoit faint yce gourpil tricherre angloiscien li avoir très grant doleur dedens son cuer, estre malade et enferme pour ce qu’il avoit entendu, si comme il disoit, que son serourge et ami le roy de France estoit à baillier et livrer de sa gent meismes es mains de ses anemis, s’il advenoit qu’il eust bataille contre eulz. Laquelle chose, comme il le racontast aussi comme à conseil à sa femme, comme cil qui bien savoit que tantost elle le manderoit à son frere ; lors ycelle qui cuidoit celle chose estre vraie, tantost le manda à son frere le roy de France. Et ainsi pour celle chose se departi le roy avec le merveilleux et innombrable ost qu’il avoit assamblé[356]. Mais toutes fois, ainçois que le roy s’esmeust ne departist, envesti et saisi le conte de Bourgoigne Othelin, de la seigneurie de la conté d’Artois pour rayson de Mahaut sa femme, fille seule du noble conte d’Artois Robert occis des Flamens de Bruges, sauf le droit que en yce requeroient les filz et les enfanz Phelippe, frere de celle Maheut, qui par devant estoit mort. Et ensement le roy de France laissa pluseurs serjans et chevaliers par divers lieus ordenez à appareil batailleurs, qui les efforcemens des Flamens et leur decours en la terre d’Artois constrainsissent et debatissent. Et adecertes, yceulz, après ce, souventes fois à leurs anemis orent assaut et moult repristrent et restraindrent leurs efforcemens, dont en la feste de saint Nicholas[357] d’yver, de ceulz de Bruges viiic et plus, vers Ayre, en une bataille en occistrent.


XLV.
De l’acort entre le roy de Sezille et Fedric, l’occupeur de Sezille[358].

En yce temps ensement, Charles de Valois, conte, frere de Phelippe roy de France, qui en Sezille un chastel qui est appellé Termes[359] avoit occupé sur les anemis du royaume de Sezille, tout le temps d’esté, par la terre de Cecille à batailles ordenées, çà et là aloit ; mais nulle âme n’encontra qui encontre lui courut pour bataillier[360]. Et adecertes, les Sicilliens se teneoient es chastiaux et es citez, ne ne vouloit Federic, l’occupeur de Secille, ou par aventure n’estoit tant hardi envers le conte Charles, lequel de son sanc procréé et descendu cognoissoit et savoit à bataille aler ne issir. Mais à la parfin furent trives données, et vint icil Federic à son parlement, simplement et humblement les choses qui sont de pais requerant. Et lors, messire Charles qui, si comme l’en dit, avoit jà oy nouvelles de ses amis occis en Flandres, et que par un pou avoit perdu touz ses chevaux estraiz par maladie, si ot compassion du royaume de France et de son frere le roy Phelippe. Adonc, par le conseil de sa gent, entre Fedrich et les Ceciliens et le roy Charles fist et ordena le pais en telle maniere qui s’ensuit[361]. C’est à savoir : ycesti Fedric, toute l’ille de Sezille, toute sa vie paisiblement et à repos, sanz non royal tendroit et poursuivroit. Et tout ce qui estoit en Calabre et en la terre de Puille, que li ou son frere le roi d’Arragon jadis avoit acquis, tout au roy de Sezille laisseroit ; noient moins que les chaitis qui de lonc temps ou de petit estoient en prison seroient delivrez sanz nulle riens donner, et delaissiées toutes rancunes et injures d’une part et d’autre. Adecertes, avec yces choses de conditement et accordement, ycelui Fedrich devoit prendre à femme la fille au roy de Cecille qui avoit non Alienor[362]. Et pour leur pooir estoient tenuz Charles conte d’Angou et Robert duc de Calabre[363], filz le roy de Secille, qui lors y estoit present avec Charles, labourer loyaument envers le roy d’Arragon, qui le droit du royaume de Sardaigne, ensement le droit au conte de Brengne[364] ou le droit du royaume de Chypre qui à yceulz, si comme l’en dit apartenoient, donroient et delaisseroient du tout en tout à Fedric yceulz royaumes dessus nommez. Cest otroiement dessus ces choses, le pape li adjoustroit ; et se celle chose ne pooient faire, si seroient tenuz yceulz Charles et Robert, selon leur pooir, un autre royaume à Fedric acquerre à i d’iceulz royaumes dessus nommés equipollent. Et se ensement ne pooient ces choses acomplir, Charles le roy de Sezille seroit tenu à cm onces d’or donner, après la mort de Fedric en amende de sa rente[365], pour les enfanz procréez de sa fille Alienor. Et ainsi à la parfin la terre de Cecille à li paisiblement revendroit ; et lors de la pais et les autres choses loyaument garder, tant les barons de Sezille comme Fédric et les maistres du peuple, sur les sains euvangiles jurerent. Et ainsi ce fait, si les fist Charles conte de Valois par son chapelain absoldre, à qui le pape avoit commis s’auctorité. Et puis ce fait, ycelui Charles conte de Valois reperant de Sezille vint à Rome[366], et au pape et aus cardinaux raconta tout ce qu’il avoit fait, et s’en retorna en France environ la Purificacion de la benoite Vierge Marie, que l’en dist la Chandeleur. Mais à ycelle maniere de pais d’entre Charles et Fedric, dient aucuns le pape Boniface avoir donné petit ottroiement ne assentement.


XLVI.
Du cardinal Le Moine qui vint en France en message[367].

Et adecertes en cest an ensement, les prelas du royaume de France, delez le mandement en l’an devant, passé les kalendes de novembre[368] non comparans ne venans, par Boniface riens n’ordena de ce qu’il avoit empensé à faire. Et pour ce que à profit venir ne pooient, si comme devant avoient segnefié et mandé, lors à eulz le pape de Rome, Jehan Le Moine[369], prestre et cardinal de l’eglise de Rome, en France envoia et destina, qui à Paris, au commencement du temps de quaresme vint. Quant le concile fu assamblé, il orent secret conseil avec eulz, et au pape par lettres closes ce qu’il avoit oy de eulz manda, et tant longuement demoura en France que jusques atant que sus ces choses le pape li mandast sa volenté et son plaisir.

[370]Et en cest an ensement, en Gascoigne, ceulz de Bourdiaux, qui jusques à maintenant souz le pooir du roy de France paisiblement et à repos s’estoient tenuz, quant il oïrent son repairement de Flandres sanz riens faire, touz ses gens et les François debouterent et chacierent hors de Bourdiaux, la seigneurie d’icelle cité à eus du tout en tout, par folle presompcion usurpans et prenans. Car adecertes il doubtoient, si comme pluseurs affermoient, que se la pais du roy de France et du roy d’Angleterre estoit du tout en tout faite, que il, de maintenant ou pooir au roy d’Angleterre ne fussent sousmis et que tantost après il ne leur feist ainsi comme il avoit fait jadis à la cité de Londres.[371] Car l’en dist li avoir fait pendre les bourgois à leurs portes.


XLVII.
De la bataille de Saint Omer[372].
[373] En cest an ensement, Otholin le conte de Bourgoigne et d’Artois clost son derrenier jour.[374] Et en cest an ensement, en Flandres, le jeudi absolu[375], xvm Flamens, par la gent au roy de France furent occis en bataille. Et quand les autres compaignies virent ce qui i pou devant la terre Jehan conte de Hainaut, laquelle tenoit du roy de France en fié, degastoient, et i sien chastel très fort que on appelle Bouchain[376] avoient ja acraventé, si donnerent trives à ceus de Hainaut et s’en retournerent pour leurs terres deffendre.


XLVIII.
Des messages as Tartarins[377].

Après, en l’an ensivant M CCC et III, en la sepmaine de Pasques vindrent à Paris, au roy de France, les messages aus Tartarins, disans que se le roy de France et les barons du peuple crestien, leurs gens, en aide de la Sainte Terre envoieroient, le seigneur de eulz, le sire de Tartarie, aus Sarrazins a toutes ses forces se combatroit, et seroient fait tant li comme son peuple de bonne volenté crestiens.


XLIX.
De la bataille de Lille et de l’accusement le pape de Rome[378].

En cest an ensement, à Lille i chastel en Flandres, le jour d’un jeudi après les octaves de Pasques[379], iic hommes de cheval armés et iiic hommes de pié des Flamens furent tant occis comme pris, de ceulz de Tournay et de Fouquaut de Melle[380] mareschal au roy de France.

[381]Et en cest an ensement, Phelippe le Bel, qui longuement avoit tenue et occupée la terre de Gascoigne, au roy d’Angleterre Edouart restabli, et fu reformée aimablement la pais[382] de laquelle pour ycelle terre s’estoient desjoins.

[383]Et en ce temps, les barons et les prelas du royaume de France, par le commandement du roy, à Paris[384] au concile s’assamblerent, et ilec fu traité de touz ; c’est assavoir d’aucuns agrevemens du royaume et du roy et des prelaz, qui à eulz, si comme à l’opinion de moult estoit veu affermer, le pape de Rome en prochain entendoit faire. Et fu ensement ycelui pape, d’aucuns chevaliers, ilec devant les prelas, à la royal magesté, de moult de crismes blasmé, diffamé et accusé. C’est à savoir de heresie, de symonie et d’omicide et de moult d’autres vilains mesfaiz droitement sus lui mis et touz vrais, si comme aucuns estimoient[385]. Et pour ce que à pape et à prelaz herites, selon ce que l’en treuve es sains canons, ne doit pas estre paiée obedience, fu ylec, du commun conseil de touz appellez jusques atant que le pape eust son concile appellé et assamblé, et que de ces crismes et de ces cas que l’en li avoit mis sus, s’espurgast et qu’il en fust du tout en tout purgiez. Et ainsi à la parfin, ce parlement deslié, l’abbé de Cistiaux[386] seul à eulz non assentant, avec indignacion et desdaing de moult tant du roy comme des prelaz, s’en revint à son propre lieu. Et lors, le cardinal de Rome, Jehan Le Moine, qui i pou devant ce avoit esté envoié en France, et lors en pelerinage estoit alé à Saint Martin de Tours, quant il oy nouvelles du pape, au plus tost qu’il pot issir du royaume de France s’en issi.

[387]Et en cest an ensement, Robert[388] filz le conte de Bouloigne et d’Auvergne, Blanche, la fille Robert de Clermont, filz du saint roy de France, en ycest an espousa.


L.
Comment le message fu mis en la prison le roy[389].

En ycest an ensement, i arcediacre de Constances, Nichole de Bienfaite[390], message du pape Boniface, et de lui en France envoié pour ce que le royaume supposast et entredeist, si comme pluseurs l’estimoient, à Troies, une cité de Champaigne ou royaume de France, fu pris et fu mis en la prison du roy de France.

[391]En cest an ensement, Phelippe[392] filz le conte de Flandres Gui, qui par pluseurs ans, avec le roy de Secille, Charles le second, avoit trait demourée[393], de maintenant usé[394], si comme l’en disoit de la peccune pape Boniface et de son aide, avec grant compaignie de Tyois et d’Alemans soudoiers, environ la saint Jehan Baptiste applut[395] en Flandres ; duquel, le peuple des Flamens acrut moult et enorgueilli, la terre du roy de France prist plus aigrement à envaïr que devant[396]. Et lors, le chastel de Saint Omer, de la conté d’Artois, de maintenant veullans asseoir,[397]si comme non pas sagement passoient et aloient entour le chastel, si que dès lors en occistrent ceulz du chastel iiim ; de laquelle chose les Flamens trop iriez et courrouciez, comme il ne peussent ilec profiter pour la forteresce du lieu, vers Terouanne Morin[398], une cité du royaume de France, menerent leur ost ; laquelle ou moys de juillet l’assistrent et la degasterent et consommerent par embrasement.


LI.
De l’ost qui fu à Perone et retourna sanz rien faire[399].

Et adecertes en ycestui an, Edouart, le roy d’Angleterre, des Escos à li contrestans ot victoire[400]. Et lors prist toute Escoce et la mist en sa seignourie, exceptez aucunes garnisons assises en paluz et sus hautesces de montaignes environ de la confinité de la mer.

[401]Et en cest an ensement, Phelippe le Biau roy de France, environ le commencement du moys de septembre, proposant derechief en sa propre personne d’aler contre les Flamens et ses armes prendre et guerroier les avec i grant ost et innombrable, prist son erre et à Perone[402], i chastel de Vermendois, en la confinité d’icelui, l’expedicion de son ost assambla. Mais ilec, si comme l’en dit, avironné de parlement, par l’amonnestement du conte de Savoie[403], jusques à la Penthecoste ensivant trives[404] donner et prendre des Flamens[405], seconde foiz sanz gloire et sanz honneur des Flamens s’en retourna sanz riens faire.


LII.
De la mort le pape Boniface[406].

Et en ycest an ensement, quant le pape Boniface entendi les felonnies et les crimes de lui dites ou concile des François et l’appel qui fu proposé des prelaz, en la voie soy mettant continuassent, pour aucunes lettres confectes de clameur donnast non estre fait ne assamblé concile general. Et pour ce qu’il ne li fust fait injure de moult qu’il avoit courrouciez, et meismement des cardinaulz de la Colompne qu’il avoit deposéz, si se douta et lors s’en ala à la cité d’Anaigne[407] dont traioit origenne et naissance, et souz la garde de ceulz de la cité se reçut ilec en atraiant à lui par jour les cardinalz, et dehors les murs au vespre revenans, les portes de la cité closes, chascun jour pourtracoient et delivroient quelle chose seroit miex à faire en si grant tourbe de choses. Mais comme il cuidast ylec trouver seur refuge et refuiement, si fu ylec de ses adversaires maintenant assis. Et quant ceus de la cité virent ce, si manderent aus Rommains que il receussent leur pape ; les quieux, quant il furent venuz, si fu tantost rendu et pris, et eust esté d’un des chevaliers de la Colompne ii foiz parmi le corps feru d’un glaive, se i autre chevalier de France ne l’eust contresté. Mais toutefoiz, de ce chevalier de la Colompne, en retraiant, fu feru ou visage, si que il en fu ensanglanté. Et comme il fu mené à Rome du chevalier le roy de France monseigneur Guillaume de Nogaret, si le servi humblement et devotement, auquel pape, l’en dit lui avoir reprouvé et dit en telle maniere « O tu, chaitif pape, voy et considere et regarde de monseigneur le roy de France la bonté, qui tant loing de son royaume te garde par moy et defent ». Duquel les paroles yce pape, après ce ramenant à memoire, comme il fust à Rome establi ou consistoire, la besoigne du roy de France et de son royaume commist à Mahy le Rous[408] dyacre cardinal, que selon ce qu’il seroit expedient et avenant, de la devant dicte besoigne, à sa plaine volenté ordeneroit. Et quant il ot ce dit, au chastel de Saint Ange dedenz Rome s’en ala et s’i reçut, et par le flux de ventre, si comme l’en dit, en cheant en frenaisie, si qu’il mengoit ses mains[409], furent oys de toutes pars, par le chastel, les tonnoirres et veues les foudres non acoustumées et non apparans es contrées voisines, ycelui pape Boniface sanz devocion et profession de foy mourut[410]. Après laquelle chose, fu pape en l’eglise de Rome, le C IIIIxx et XVIII, Benedic l’onziesme[411], de la nascion de Lombardie, de l’ordre des Freres Prescheurs.


LIII.
Comment le roy visita la terre d’Aquitaine et le païs environ[412].

En cest an, quant Hue le conte de la Marche fu mort[413], Phelippe le roy de France par son don reçut la cité d’Angolesme avec la contée.

Et en cest an ensement, Phelippe le Biaux roy de France, tout le temps d’yver visita la terre d’Aquitaine, et les provinces de Thoulouse et d’Albigois[414] avironna jusques atant qu’il venist aus derreniers termes de son royaume et aus contrées des Narbonnois, et les courages de moult, tant du menu peuple comme des nobles et des barons, qui ja estoient esmeuz par le conseil des mauvais, et à par un pou se vouloient de soy deffier, raferma en la grâce de s’amour.[415]Et pour ce que il se monstra à touz liberal, large, favorable et benigne, fu il de eulz grandement et honorablement receuz, et de moult de grans dons, se il les vousist avoir receuz, remuneré, et atrait à li merveilleusement les cuers de tous. Et adecertes, en tant de temps en amour furent envers lui affait et atrait, que il li promistrent loyaument en effect faire li aide de toute leur vertu à leurs propres despens contre touz les adversaires du royaume de France, et meismement contre les Flamens, les quiex le roy proposoit, au temps d’esté ensuivant, derechief guerroier.

Et après ce que le roy venist à la noble cité de Thoulouse, envers aucuns freres de l’ordre des Prescheurs, qui ylec estoient envoiez pour encerchier les herites, se leva et esmut une complainte detestable et diffamable[416]. Car si comme l’en disoit, moult les devant diz freres, tant nobles comme non nobles accusoient de heresie sanz cause, et les faisoient, par les seneschaux et baillis le roy ou par leurs serjans, par paines en prison detenir ; dont moult de foiz avenoit que ceulz qui donnoient peccune aus freres s’en eschapoient tantost sanz estre malmis. Desquelles felonnies faites, ja soit ce que le roy par devant ce eust cogneu par un noble homme appellé le vidame de Piquegny[417], chevalier sage et loyal et très gentilz, lequel en l’an devant passé avoit ylec envoié, la vengance à dissimulacion proloigna jusques atant que de plus sage et de plus sain conseil fust après ce enformé. Et pour ce que ledit chevalier, aucun de prison, sanz la volenté des freres delivra, comme il usast de l’auctorité et legacion royal en yces parties et en yces freres en yce point non reposans, firent ce dit chevalier par toute la terre de Paris publiquement et manifestement prononcier et escommenier. Encontre des quiex la sentence, ycil faisant appel, et lors la besoigne de son appel maintenant, jusques à Rome ensuivi. En la prosecucion d’icelle bsoigne, comme moult y entendist de près de Perreuse où lors la court de Rome estoit, fu mort.[418]Et ceste besoigne fu puis menée devant le pape Benedic, et fu trouvé que les dis freres enquisiteurs des bougres estoient faussement encusez de la procuracion desdis bougres, et fu trouvé que ledit vidame de Piquegni, en donnant faveur ausdiz bougres contre droit et contre les ordenances de l’eglise de Rome, avoit brisié les prisons et delivrez pluseurs bougres ; pour quoy il fu denoncié pour escommeniez par le commandement du pape.


LIV.
De la bataille du convers et du deable[419].

En cest an meismes, le samedi devant Noël, i convers du val de Cernay, de l’ordre de Cistiaux, lequel avoit non Adam, et lequel estoit gouverneur d’une granche, laquelle est appellée Craches[420], assez près de Chevreuse[421], lequel Adam se leva devant le jour, le devant dit samedi, non obstant qu’il cuidast vraiement qu’il fust jour, et commença à chevauchier, et estoit avec lui un varlet à pié. Et quant il ot i pou chevauchié, il vit le dyable visiblement en iiii ou v formes assés loing de laditte granche. Et ainsi comme il chevauchoit en disant ses oroisons acostumées en lieu de matines et de heures, il vit devant soy aussi comme i grant arbre ou chemin par lequel il aloit, et li sambloit que ledit arbre venoit bien hastivement à l’encontre de lui. Adonc commença son cheval à fremir et estre aussi comme demi forsené, et par telle maniere que à paine le pooit-il mener droite voie. Et d’autre part, son varlet commença à fremir et à hericier, et avoit très grant horreur, en telle maniere que a paines se pooit-il soustenir sur ses piez ne après son maistre aler. Si commença ledit arbre à approuchier dudit convers et quant il fu i pou près de li, si li sambla qu’il estoit brun, aussi comme couvert de gelée blanche. Et ainsi comme il le regardoit, il va cheoir après li en telle maniere que onques ne toucha à lui ; mais très grant puantise et corrupcion dudit arbre issi. Lors apperçut ledit convers que ce estoit le deable qui li vouloit nuire. Adonc commença à appeller la benoite Vierge Marie le plus devotement qu’il pot. Si avint assez tost après qu’il se fu recommendez à Nostre Dame, qu’il commença à chevaucher moult lentement, comme homme espoenté. Si vit derechief le deable qui chevauchoit après li à son destre costé, et estoit environ ii piez près dudit convers en forme de homme, et ne parla onques à li. Adonc ledit convers prist en soy hardiesce et parla au deable, et dist en celle maniere : « Meschant ! comment es-tu si hardi de moy faire assaut en ceste heure que mes freres chantent matines et loenges, et prient pour moy et pour les autres freres qui n’i sont pas presens, Dieu et la benoite Vierge Marie, à laquelle ceste benoite journée de samedi est aprouvée ? Depars toy, car nulle partie n’as en moy, pour ce que à la Vierge, serjant me sui voué. » Lors le deable, en pou d’espace se desapparut. Tiercement, li apparut le deable en forme d’un homme de très grant estature, mais il avoit le col gresle et menu, et estoit emprès lui. Et lors le convers, qui moult se courrouça de ce qu’il li faisoit tant de molestes et de empeschemens, prist i petit glaive qu’il portoit et le commença à ferir forment ; mais son cop fu aussi en vain come s’il eust feru i drapel perdu en l’air. Derechief et quartement apparut le deable audit frere Adam convers, en habit d’un homme noir ne trop grant ne trop petit, aussi comme se ce fust i moine noir, et weulla[422] de son chaperin ses iex qui estoient gros et resplendissans aussi comme ii chauderons de cuivre nouvellement esclarciz ou nouvellement dorez. Adonques ledit convers qui ja estoit moult lassé et troublé de l’ennui que le deable li faisoit, si se pensa qu’il le ferroit[423] en l’un de ses iex. Adonc il esma[424] son cop pour li ferir, mais le chaperon li chei devant ses iex, si perdi son cop.

Derechief li apparut le deable en forme d’une diverse beste, et avoit les oreilles larges comme un asne. Adonc dist le varlet du convers à son maistre : « Sire, j’ay oy dire que qui feroit i grant cercle et mettroit ou milieu et tout environ le signe de la croiz, le deable n’i oseroit aprochier. Ce meschant-ci vous fait trop de moleste, si vous conseille que vous faciez ce que je vous di. » Adonc le convers prit son petit glaive qu’il portoit à son costé, ouquel glaive avoit i fer taillant de ii costez, et fist i cercle, et fist ou milieu et entour ledit cercle le signe de la croiz, et dedenz ledit cercle fist entrer son cheval et son varlet, et se mist le dit convers à pié encontre le diable et li commença à dire moult de laides paroles et de reproches, et en la fin il li cracha ou visage. Lors le dyable mua ses grans oreilles en cornes, et sambloit que ce fust i asne cornu. Quant le convers ot ce apperceu, si li voult coper une de ses cornes et le feri ; mais son cop rebondi aussi comme s’il eust feru contre une pierre de marbre et ne li fist nul mal. Lors le varlet du convers dist à son maistre : « Sire, faites en vous le signe de la croiz. » Et adonc se signa ledit convers, et tantost le deable, en samblance d’un gros tonniau roullant, vers une ville qui estoit appellé Mollieres[425], qui assez près estoit d’ilec, s’en ala, et ne le vit puis le dit convers. Lors se prist ledit convers à cheminer, car il estoit jà jour cler, et s’en vint à son abbé au miex qu’il pot, lequel estoit à l’une des granches aveques autres abbés de leur ordre, et là estoit mandé le dit convers de son abbé pour disner avec li. Et là vint ledit convers assez matin et leur conta l’aventure qui leur estoit avenue. Si raconte cesti qui fist ceste cronique qui fu present quant ledit convers fist foy et serement devant les abbés de son ordre, que ce qui par avant est escript li estoit avenu en la forme et maniere que il le denonçoit. Et si tesmoigne cesti qui fist ceste cronique qu’il scet bien le lieu et qu’il vit le cheval qui par avant estoit paisible et debonnaire ; et depuis il estoit aussi comme tout impetueux et demi forsenés. Toutes les quelles choses furent confessées et tesmoigniées par le serement dudit varlet qui estoit avec ledit convers quant ces choses li avindrent. Et faillut que le dit convers fust despouillié de la robe qu’il avoit vestue, tant puoit, et qu’il fust revestu de l’une des robes aus autres freres.

[426]Et en ce meismes an, Guillaume[427], le filz au conte de Haynaut, et Gui[428] evesque de Traiette son aieul[429], furent desconfiz des Flamens, lesquiex avoient occupé une grant partie de Gerlande[430] ; et fu ledit evesque pris et le dit Guillaume se sauva en i chastel.


LV.
Du conte de Flandres et de son filz qui furent menez en Flandres[431].

Et en cest an ensement, Gui le conte de Flandres et Guillaume son filz, des liex où il estoient en garde furent delivrez et furent envoiez en Flandres[432] pour le peuple apaisier ; mais il ne pot estre fait. Et pour ce que touz jours en la haine des François montoit le fol orgueil des Flamens, s’en revindrent arriere aus lieux de leur garde le devant dit Gui et son filz sans riens faire.

Et en cest an ensement, environ la Purificacion de la benoite Vierge Marie, la fille Gui conte de Flandres[433], qui à Paris estoit tenue noblement en garde, mourut.

Et en cest an ensement, Regnaut Giffart[434], abbé de Saint Denis en France, en la veille de la saint Gregoire[435] mourut ; après lequel, le prieur d’icelui lieu de la nascion de Pontoise[436] fu abbé.


LVI.
De la fausse beguine qui se faignoit estre de sainte vie[437].

L’an mil CCC IIII rassambla le duc Guillaume de Haynaut[438] tout son pooir, et se combati contre les Flamens en la terre de Gerlande et les vainqui, et si en mist a mort grant multitude.

Et en ce meismes an habitoit en Flandres une femme fausse prophète[439], laquelle estoit en habit de beguine, et faignoit estre femme de sainte vie, et demoroit avec les beguines, et faignoit aucunes revelacions fictives et plaines de mençonges par lesquelles le roy, la royne et meismement les nobles de France elle trompa ; et especiaument en ce temps que le roy de France avoit esperance d’aler combatre les Flamens. Et encore fist elle tant que, à la requeste des Flamens, Charles conte de Valois, lequel retournoit de Sezille vot faire empoisonner par un jeune homme que elle li envoia malicieusement. Mais quant Charles oy parler de celle femme, il la fist prendre et mettre en gehine et li fist faire du feu as plentes des piez ; et adonc confessa sa mauvaistié, si comme l’en disoit. Et lors la fist le dit messire Charles mener en prison à Crespi en Valois[440], et là fu une piece, mais en la fin il la laissa aler.

Et en cest an, Jehan de Pontoise abbé de Cistiaux si se demist du gouvernement de la dicte ordre, pour ce que l’en disoit que il ne s’estoit voulu consentir aus appiaux, lesquiex avoient esté faiz à Paris contre le pape, car il li sambloit veritablement et se doubtoit moult que par le roy ou ses menistres dommages ne fust fait à ses freres en la temporalité ; et pour cause il se demist, et fu après li abbé de Cistiaux Henri de Jouy[441].

Et en ce meismes an, le dimenche devant la Nativité monseigneur saint Jehan Baptiste[442], furent mises seurs de l’ordre des Freres Prescheurs à Poissi, en la dyocese de Chartres, en une eglise nouvellement edefiée du roy Phelippe en l’onneur du glorieux confesseur monseigneur saint Loys jadis roi de France.

Et en cest an, mut une très grant dissencion entre l’Université et le prevost de Paris[443] ; car ledit prevost avoit fait prendre par commandement i clerc et le fist metre en prison, et puis tantost pendre au gibet. Adonc cessa la lecture de toutes les facultez à Paris jusques atant que par commandement du roy, ledit prevost l’amenda à l’Université et que il leur eust fait satisfaction ; et faillut que ledit prevost alast à Avignon pour soy faire absouldre ; et environ la feste de Touz Sains recommencierent les lectures[444].

Et en ce meismes an, en la veille des apostres saint Pierre et saint Pol[445], furent assamblés en l’eglise Nostre Dame de Paris grant quantité de prelas et le clergié, tout de par le roy mandez ; et là furent leuees, de par le roy, lettres papaus[446], esquelles, entre les autres choses, estoit contenu que le pape Benedic, ja soit ce que sur ce de par le roy n’eust esté requis, il absoloit le roy, la royne, les enfans, les nobles, le royaume et touz les adherens de toute sentence de escommeniement et d’entredit, se aucune en eulz ou en l’un de eulz avoit esté gettée par le pape Boniface en quelque maniere. Et avec il donnoit au roy les dismes des eglises du roiaume jusques à ii ans[447]. Et encore li donna-il les annuelles jusques à iiii ans ou royaume de France pour ses guerres soustenir. Et avec ce li donna-il l’auctorité que le chancelier de Paris peust licencier les maistres en theologie et en decret ; laquelle auctorité, le pape l’avoit reservée par devers soy[448], si comme il disoit[449].

Et en ce meismes an, le pape Benedic mourut au Peru es nones de juillet[450]. Si avint que les cardinalz n’entendirent pas à l’eslection, mais la targierent au plus qu’il porent. Mais l’en les fist enclorre selon la decretale du pape Gregoire X. Si procurerent frauduleusement tant que l’en leur administroit vivres occultement, et ainsi targa l’eslection du pape jusques près d’un an[451].

[452]Et en ce meismes an, Gui de Namur, filz de Gui conte de Flandres, fu pris en bataille de navire[453] de Guillaume filz du conte de Haynau[454], et par la gent du roy de France qui deputez estoient à la garde des voies de la mer et des pors d’icelle.


LVII.
De la bataille de Mons en Pevre ; coment les Flamens furent desconfiz[455].

En ce meismes an[456] ensuivant, Phelippe le Biaux roy de France, tierce foiz après le rebellement de ceulz de Flandres, à Mons en Pevre, ou moys d’aoust, assambla contre eulz grant ost. Comme à un jour du moys dessus dit[457], de convenance et d’acort de l’une partie et de l’autre deussent venir à bataille, ceulz de Bruges et les autres Flamens, de maintenant leurs armes prises, toutes les charetes et leurs charioz et leur appareil bataillerez tout entour eulz espessement et ordenéement, devant eulz mistrent, pour ce que nulz ne les peust trespercier ne envaïr sanz grant peril. Et lors de toutes pars isnellement, les François, comme il deussent entrer en bataille, je ne sai par quel parlement, eulz ainsi avironnez, sanz bataille et sanz aucun assaut jusques vers vespres se tindrent. Et adecertes, pluseurs cuidoient que pour les messages d’une part et d’autre entrevenanz, que pais fust du tout faite et reformée, et pour ce se departirent et espandirent ça et là en aucune maniere, non cuidanz en yce jour plus avoir bataille. Lors les Flamens ce apercevans, soudainement s’esmurent et vindrent jusques as tentes du roy ; et fu le roy si près pris que à paines pot-il estre armés à point. Et ainçois que il peust estre monté sur son cheval, pot-il veoir occirre devant lui messire Hue de Bouville chevalier[458], et deux bourgois de Paris, Pierres et Jaques Gencien[459], lesquielz, pour le bien qui estoit en eulz, estoient prochains du roy. Mais quant il fu monté, très fier et très hardi samblant monstra à ses anemis.

Adonc le roy ainsi noblement soy contenant, François yce apercevans, qui ja aussi comme d’une paour se vouloient dessambler et departir, pour le roy secourre isnelment se hastoient, et du tout en tout à la bataille s’abandonnoient, et crioient ensamble : « Le roy se combat ! Le roy se combat ! » Et ainsi la bataille constraingnant et efforçant, de toutes pars croissant, Charles conte de Valois, Loys conte d’Évreux, freres Phelippe le roy de France, Gui conte de Saint Pol, Jehan conte de Dammartin, nobles chevaliers et autres grans maistres, pluseurs contes, dux et barons et chevaliers, avec les autres nobles compaignies à pié et à cheval, es Flamens, lors isnelment se plungierent et embatirent, et vers le roy se traistrent. Lors adonc yceulz nobles, avec leur noble et forte compaignie à pié et à cheval, la bataille entre eulz merveilleusement forte et aspre fu faite. Mais les Flamens, du tout en tout furent obruez et acraventez, et de eulz fu faite grant occision et mortalité, et si grant abateis qu’il ne porent plus arrester ; mais la fuite très laide pristrent, delaissant charretes et charioz atout leur appareil bataillerez. Et adecertes, pour voir, se la nuit oscure venant n’eust la bataille empeeschiée, pou de si grant nombre de Flamens en fust eschapé, que mort du tout en tout ne fussent. Et ainsi la bataille parfaite et fenie, nostre roy Phelippe, noble batailleur, a torches de cire alumées, de la bataille s’en revint aus tentes avec sa noble chevalerie. Et ainsi, comme il fu dit pour voir, que se ycil roys de France Phelippe le Biaux ne se fust contenuz si noblement ou si vertueusement, ou se en aucune maniere il eust monstré la queue de son cheval aus Flamens pour soy retourner, tout l’ost des François eust ramené aussi comme à noient, ou par aventure desconfit. Adecertes en ycelle bataille des Flamens fu occis i noble chevalier et le chief copé, Guillaume de Juilliers[460], et li copa Jehan de Dammartin[461] noble chevalier, et autres pluseurs grans Flamens ; et autre menu peuple grant multitude, a par i pou jusques a xxxvim furent des Flamens occis[462]. Et aussi, en ycelle bataille, le conte d’Aucuerre[463] chevalier françois, par la très grant chaleur qui ylec estoit, fu estaint de soif. Et ainsi, Phelippe le Biau, roy de France, en l’an de son regne xviii, à Mons en Pevre en Flandres, usé de l’aide de Dieu, de ces Flamens, sanz grant peril de li meismes, loable victoire en raporta ; et à Paris, environ la saint Denis, a grant joie et intimable revint.

[464]Et en cest an, ou moys de decembre, les os de Robert jadis conte d’Artois, lequel avoit esté tué en Flandres, furent aportez à Pontoise et en l’eglise de Maubuisson après Pontoise furent enterrez.

Et en ce meismes an, après Noël, l’en commença à traitier en parlement à Paris de la pais des Flamens[465] ; mais il n’i ot riens consommé ne parfait.


LVIII.
De la mort la royne Jehanne, femme Phelippe le roy de France[466].

En cest an ensement, ou moys de fevrier aussi, le conte Gui de Flandres, en la prison le roy de France detenu, mourut à Compiegne[467], et par le congié du roy fu son corps portez en Flandres, et en Marquete, avec ses ancesseurs fu enterré.

Et en ce meismes an, Blanche[468], duchesse d’Austrie, seur du roy de par son pere, laquelle avoit i filz du duc, fu empoisonnée par ledit duc, si comme l’en disoit, et mourut ou moys de mars.

Et en cest an ensement, mourut Jehanne[469] royne de France et de Navarre, femme de Phelippe le Bel, et en l’eglise des Freres Meneurs fu honnorablement enterrée.

Et fu vraiement si chiere année et si chier marchié de vivre[470], que le sextier de fourment valoit c. sols parisis de la foible monnoie decourant lors à Paris et ailleurs fu venduz ; et dura la dicte chierté près d’un an.

[471]Et en cest an ensement, Edouart[472] le viel roy d’Angleterre mourut, après lequel fu coronné en roy Edouart son filz le jeune, lequel, après i pou de temps passé, prist à femme Ysabel[473] la fille Phelippe le roy de France.


LIX.
Du coronnement le pape Climent[474].

L’an de grace après ensivant, M CCC et V, entre le roy de France et les Flamens fu faite une composicion de pais[475], laquelle toutes foiz petit ferme tint. Et lors Robert de Bethune et Guillaume son frere, filz le conte de Flandres en l’an precedent trespassé, de la prison le roy furent delivrez[476].

[477]Et après ce pape Benedit[478], le c iiiixx et xixe pape, fu pape de Rome Climent le quint[479], lequel, present le roy de France Phelippe le Biau et ses ii freres, Charles conte de Valois et Loys conte d’Evreux, et moult d’autres contes, princes, dux et barons, chevaliers, abbés, evesques et arcevesques et cardinalz, à la cité de Lyons sur le Rosne fu sacré[480] et coronné de dyadème papal. Et lors, pour la très grant multitude de gent qui sus i viex mur estoient assamblez pour ledit pape veoir chevauchier par la cité, le vieil mur chei, dont le bon duc de Bretaigne[481] la mort l’acraventa, dont ce fu pitié, doleur et dommage.

Et en cest an ensement[482], Loys, l’ainsné filz le roy Phelippe le Biau, espousa Marguerite[483] l’ainsnée fille au duc de Bourgoigne.

Et en cest meismes an, le roy si fist cesser et apaisier une très grant dissencion qui estoit meue entre le duc de Brebant et le conte de Lucembourc pour cause de la terre de Louvain.

Et en cest an ensement, mut une très grant dissencion à Biauvaiz[484] entre l’evesque Symon[485] et le peuple de la cité, et en telle maniere que le dit evesque n’osoit seurement entrer en la cité ; pour laquelle cause, le dit evesque fist aliances à nobles hommes, car il estoit noble homme contre ceulz de la cité, et fist tant qu’il prist aucuns bourgois par aguet ; et si ardi les forbours de la cité. Quant le roy sot ce, si manda l’une partie et l’autre et leur fist commandement qu’il se cessassent et les fist le roy punir[486], car il avoient moult excedé l’une partie contre l’autre.

En ce meismes an, fu très grant secheresce en France.

En ce meismes an, avant que le roy se partist de la cour pape Climent[487], ledit pape li ottroia le chief de monseigneur saint Loys son aieul, pour mettre en sa chapelle, et une de ses costes pour metre en la plus principal eglise de Paris. Et avec ce, le pape li ottroia que Jaques et Pierre de la Colompne freres, et jadis cardinalz[488], lesquiex le pape Boniface avoit degradez de leur cardinalité, qu’il fussent en leurs premiers estas restituez. Et encore, li ottroia-il en recompensacion des despens qu’il avoit fais en la guerre de Flandres, le xe des eglises et les annuelz jusques à iii anz. Et encore ottroia ledit pape au roy et à ses freres, que des benefices premiers vacans ou royaume de France, il en peussent pourveoir leurs chapelains et leurs clers. Et le roy promist que la monnoie qui estoit foible, il la metroit en bon estat et convenable au miex que bonnement le pourroit faire. Et en cest an, le pape Climent fist x[489] cardinalz nouviaux, outre le nombre qui par avant estoit, des quiex il en envoia les ii à Rome, de par lui, pour garder la dignité senatoire. Il deposa l’evesque d’Arras[490], et si deposa l’evesque de Poitiers[491] et si donna à l’evesque d’Uvelin[492] la patriarché de Jherusalem. Et si fist plaine grâce aus povres clers et les pourvoia de benefices selon ce que la merite de la personne le requeroit. Et le roy de France s’en retourna de Lyons après Noël en France.

En cest an meismes, le pape se parti de Lyons environ la Purificacion Nostre Dame, et s’en ala vers Bourdiaux[493] ; et là furent faites moult de maux et de roberies aus eglises tant layes comme de religion par li et par ses menistres, dont il avint, si comme l’en disoit, que frere Gile l’Augustin[494], arcevesque de Bourges, fu mis à si grant povreté que il, par neccessité, fu constraint à prendre les distribucions cotidiennes si comme i des simples chanoines, et hantoit les heures de l’eglise.

Et en ce meismes an, Robert duc de Bourgoigne mourut à Vernon ou moys de mars[495], duquel le corps fu portez en Bourgoigne, si come il l’avoit ordené en son vivant, et fu enterré à Cistiaux.


LX.
Comment le chief monseigneur saint Loys fu aporté à la ville de Paris[496].

En l’an de grâce après ensivant M CCCVI, le chief du saint roy jadis roy de France Loys, sanz les gencives et le menton, et une de ses costes, du roy de France Phelippe le Bel et de pluseurs evesques et arcevesques, de l’octroy du souverain evesque pape Climent, en biaux vaissiaux d’or aornez de pierres precieuses, furent de Saint Denis transportez à Paris ; et la coste en la mere eglise de Nostre Dame de Paris, et le chief fu mis en la chapelle du roy a grant joie et a grant feste de la gent de Paris demenée la jour d’un mardi devant la feste de la Penthecouste[497], furent honnorablement et noblement mis.

[498]Et en cest an meismes, tous les Juis, du commandement du roy Phelippe, furent du roiaume de France, environ la Magdalene[499], chaciez, deboutez et essilliez ; et tout le leur pris et mis en la main le roy.

[500]Et adecertes, en cest an, Phelippe, le secont filz du roy de France, qui puis après fu conte de Poitiers, Jehanne, l’ainsnée fille au duc de Bourgoigne espousa[501].


LXI.
Comment le commun de Paris s’esmut[502].

Et adecertes, en ycest an meismes, à Paris, pour les louages des maisons que les bourgois de Paris vouloient prendre du peuple a bonne monnoie et forte qui alors estoit appellée, grant dissencion et descort mut et esleva[503]. Et lors s’esmurent pluseurs du menu peuple, si comme espoir[504], foulons et tisserans, taverniers et pluseurs autres ouvriers d’autres mestiers, et firent aliance ensemble, et alerent et coururent sus i bourgois de Paris appellée Estienne Barbete, duquel conseil, si comme il estoit dit, les louages des dictes maisons estoient pris à la bonne et forte monnoie ; pour laquelle chose, le peuple estoit esmeu et grevé. Et lors premier, le jeudi devant la Thiphaine[505], envayrent et assaillirent i manoir du devant dis bourgois Estienne, qui estoit nommé la Courtille Barbete, et par feu mis le degasterent et destruirent, et les arbres du jardin, du tout en tout corrompirent, froissierent et debrisierent. Et après eulz departans atout grant multitude d’alans a fus et a bastons, revindrent en la rue Saint Martin, et rompirent l’ostel du devant dit bourgois et entrerent enz efforciéement, et tantost les tonniaux de vin qui ou celier estoient froissierent et le vin espandirent par places ; et aucuns d’eulz, d’ycelui vin tant burent qu’il furent enyvrez. Et après ce, les biens meubles de la dicte maison ; c’est à savoir coutes, coissins, coffres, huches et autres biens froissans et debrisans, par la rue en la boue espandirent, et aus coutiaux les plumes des coutes espandirent, et les orillers traiant, contre le vent despitement geterent, et la maison en aucuns lieux descouvrirent, et moult d’autres dommages ylec firent. Et yce fait, d’ilec se partirent et retornerent traiant vers le Temple, ou manoir des Templiers où le roy de France estoit lors avec aucuns de ses barons vindrent, et ylec le roy assistrent, si que nul n’osoit seurement entrer ne issir hors du Temple. Et les viandes que l’en aportoit pour le roy geterent en la boue ; laquelle chose leur tourna au derrenier à honte et à dommage et à destruiement de corps. Lesquiex, après ce, par le prevost de Paris[506], si comme l’en dist, et par aucuns barons, par soueves paroles et blandissemens apaisiez, à leurs maisons paisiblement retornerent ; desquiex, par le commandement le roy, pluseurs, le jour ensivant, furent pris et mis en diverses prisons. Et en la vigille de la Thiphaine[507], par le commandement du roy, especiaument pour sa viande que il li avoient espandue et gettée en la boe, et pour le fait dudit Estienne, xxviii hommes[508], aus iiii entrées de Paris ; c’est à savoir à l’orme devers la partie de Saint Denis faisant entrée, furent vii penduz ; et vii devers la partie de Saint Anthoine faisant entrée ; et vi à l’entrée devers le Roule vers les Avugles faisant entrée ; et viii en la partie de Nostre Dame des Champs faisant entrée, furent penduz. Lesquiex i pou après ce, des ourmes remuez et ostez, en gibez nouviaux faiz, yceulz, en chascune partie et entrée, derechief furent touz penduz et mors, laquelle chose envers le menu peuple de Paris chei en grant doleur.

[509]Et en ce meismes an, Edouart, filz Edouart roy d’Angleterre, si ala contre les Escoz qui avoient institué sus eulz Robert de Brus[510] à estre leur roy, lequel fu vaincu et y ot moult grant quantité de ses gens pris et mors.

[511]Et en ce meismes an, le roy Phelippe voult muer sa monnoie qui longuement avoit esté foible, par l’espace de xi ans, en fort : et valoit le petit flourin xxxvi sols de la foible monnoie. Si fist crier par tout son royaume environ la Nativité saint Jehan Baptiste[512], que toutes receptes de revenues et tous paiemens de contraux depuis la Nativité Nostre Dame ensivant, se feissent à forte monnoie, selon ce que elle couroit ou temps de monseigneur saint Loys, pour laquelle chose, pluseurs du peuple furent moult forment troublez.

[513]Et en ce meismes an, ou temps d’yver, il ot si grant habondance d’yaues es fleuves, que avant qu’il peussent descroistre, ils furent si forment gelées, car quant ce vint au desgeler tant maisons, pons, comme moulins desbuschierent et despecierent. Et adonques au port de Greve à Paris, moult de nef chargiées de diverses marcheandises perirent et tout ce qui dedens estoit.

[514]Et en ce meismes an, le pape Climent, ou moys de mars ou environ, s’en ala à Poitiers et les cardinalz avec lui, et là fu la court par l’espace de xvi moys ou environ[515].

Et en ce temps fu un faux prophète qui avoit non Dulcinus[516], lequel faignoit mener sainte vie en habit de beguin ; mais il estoit très faux prophète ; car il maintenoit que si comme le Pere, ou temps de la loy de nature ou de Moyse regnoit par puissance qui à lui est appropriée ; et le Filz, du temps de l’advenement Jhesu Crist par sapience, jusques à l’advenement du Saint Esperit ; ainsi de l’advenement du Saint Esperit jusques en la fin, celui meismes Saint Esperit, qui est amour, par debonnaireté regne et regnera perdurablement, et en telle maniere que la premiere loy fu de justice et de rigor, la seconde loy de sapience, la tierce, qui maintenant est, d’amour, de debonnaireté et de charité. Et quelconques chose est demandée ou non de charité, maismement de demander à une femme, ou non de charité, que je habite à li charnelment, elle ne le me puet refuser sanz pechié, mais le me doit otroier et sur ce ne fera point de pechié ; laquelle chose samble très mauvaise à tout catholique. Et autre foiz fut ceste heresie semée par Amauri de Leuve emprès Montfort, ou temps de Phelippe le conquereur[517] l’an M CCXII ; duquel parle une decretale qui se commence : « Nous condampnons », etc.

Ycestui Dulcinus se mist en une montaigne vers Verseilles[518], et là cuida avoir trouvé moult seur refuge ; mais il fu pris de l’evesque de la cité et les crestiens et fu mis en prison, et puis fu baillié au pape pour le punir ; et lors y ot trouvé de ses complices environ iic, lesquiex furent touz mis à mort.

Et en cest an, Edouart roy d’Angleterre, lequel estoit ja moult d’aage, prince caut[519] et sage, et en ses batailles moult fortunés, le xxxv an de son royaume mourut[520] ; auquel s’acorda ou royaume et en la seigneurie de Ybernie son filz de la contesse de Pontieu[521] qui avoit à non Edouart. Et toute voies avoit il iii enfans de Marguerite[522] sa femme seur du roy de France, laquelle le seurvesqui, desquiex le premier avoit non Thomas de Cornubie, et il ot la contée[523].


LXII.
Du coronnement le roy de Navarre[524].

L’an de grâce ensuivant, mil CCC et VII, Loys, l’ainsné filz du roy Phelippe le Bel, en roy de Navarre fu coronné à Pampelune[525].


LXIII.
Des Templiers qui furent pris par tout le royaume de France[526].

En cest an ensement, touz les Templiers du royaume de France, du commandement de celui meismes roy de France Phelippe le Bel, et de l’ottroi et assentement du souverain evesque pape Climent, le jour d’un vendredi après la feste saint Denis[527], ainsi comme sus le mouvement d’une heure, souppeçonnez de detestables et horribles et diffamables crismes, furent pris par tout le royaume de France, et en diverses prisons mis et emprisonnez.

[528]Et en cest an, Charles le mainsné filz Phelippe le roy de France, qui puis fu conte de la Marche[529], Blanche, l’autre fille du conte de Bourgoigne espousa.

[530]L’an de grâce M CCC et VII dessusdit ensuivant, le roy de France Phelippe, se parti environ la Penthecouste[531] pour aler à Poitiers parler au pape et aus cardinalz, et là furent moult de choses ordenées par le pape et par le roy, et especiaument de la prise des Templiers[532]. Et manda le pape au maistre de l’Ospital[533] et du Temple qui souverains estoient oultre mer, expressement qu’il se comparussent personnelment à certain temps à Poitiers devant li ; lequel mandement, le maistre du Temple acompli ; mais le maistre de l’Ospital fu empeeschié en l’ille de Rodes des Sarrazins ; si ne pot venir au terme qui li estoit mandé, mais il envoia certains messages pour li excuser. Si avint assez tost après que la dicte ille de Rodes fu recouvrée, et adonc le maistre de l’Ospital vint à Poitier parler au pape.

[534]Et en ce meismes an, maistre Bertaut de Saint Denis, doctor en theologie, moult en son temps en France renommé, lequel estoit evesque d’Orliens, trespassa[535].

[536]Et en ce meismes an, Loys dit Hutin, ainsné filz du roy de France et de Navarre, quant il vint à sa cognoissance que i chevalier que on appeloit Fortin, lequel il avoit institué et ordené garde de son royaume de Navarre, li vousist oster et usurper frauduleusement son dit roiaume de Navarre ; si assambla une belle compaignie de nobles hommes et puissanz, entre lesquieus furent le conte de Bouloigne et messire Gauchier de Chastillon connestable de France, et s’en ala en Navarre et y arriva ou moys de Juillet ; et là fist tant avec sa compaignie, que ledit Fortin et touz ses aliez il mist en subjection, et visita son royaume et appaisa. Depuis s’en vint à Pampelune, et là se fist coronner en roy de Navarre.

Et en cest an, Katherine[537], seconde femme Charles conte de Valois et heritiere de l’empire de Constantinoble, trespassa le jeudi après la feste monseigneur saint Denis[538], et fu enterrée as Freres Preescheurs à Paris ; auquel enterremant, le roy de France et les nobles furent presens, et le maistre du Temple d’oultre mer[539], lequel aidoit à porter le corps en terre avec les autres nobles.

[540]Et en ce meismes an, ou moys de jenvier, Edouart, le roy d’Angleterre prist à femme la fille au roy Phelippe[541], laquelle avoit non Ysabel et estoit en l’aage de xii anz ou environ. Et n’avoit plus le dit roy de France de filles ; et la convoia le roy et ses filz, avec les barons du royaume, jusques à Bouloigne sur la mer[542]. Et d’ilec jusques en Angleterre, des nobles de France fu convoiée, et avant que il partissent, elle fu en royne d’Angleterre coronnée[543].

Et ycest an, Marguerite[544] royne de Sezille, de très noble et très honnorable renommée, femme du premier Charles roy de Sezille et frere du roy saint Loys trespassa.

Et en ce meismes an, Jehan de Namur, filz Gui jadis conte de Flandres, prist à femme la fille Robert de Clermont[545].


LXIV.
Comment Henri de Lucembourt fu roy des Romains[546].

En l’an de grâce ensuivant, M CCC et VIII, Henri conte de Lucembourc[547] fu esleu roy des Romains. Et lors il envoia ses messages à court de Romme, à requerre de la main le souverain evesque pape Climent, la consecracion et le coronnement de l’Empire.

[548]En ce meismes an, le roy de France si s’ordena pour aler à Poitiers, et principaument pour le fait des Templiers ; car là tenoit le pape sa court. Et fist le roy une semonse par tout son royaume à pluseurs nobles et non nobles, qu’il fussent à Pasques à Tours[549] ; et avec lui enmena il une grant multitude. Et quant le roy fu par devers le pape, si ot moult de parlement entre eulz ii, et en après, au mandement du pape fu le maistre general de toute l’ordre du Temple admené, et avec lui aucuns autres, lesquiex sambloient estre les plus notables en ladicte ordre du Temple. En la fin fu deliberé et assez ordené que le roy detendroit touz les profès de la dicte ordre, et chascun par soy emprisonnez dès maintenant, et en après ou non de l’Eglise et en la main du siege de Rome, et qu’il ne procederoit à leur relaxacion ne à leur delivrance, ne à leur punicion en aucune maniere sanz le mandement ou l’ordenance du siege de l’Apostole. Mais de leurs biens, desquelz la dispensacion en bonne loyauté estoit au roy laissiée, leur administreroit leurs necessités pour vivre competéement[550] jusques au concile general.

Et en cest an, [par] le pape Climent qui estoit à Poitiers, par le conseil des cardinaulz, pour le subside de la Terre Sainte, et pour la reformacion de toute sainte Eglise, et meismement pour le fait des Templiers qui moult estoit enorme[551], le concile qui devoit estre general es kalendes d’octobre à Paris[552] fu rappellé, et desdictes kalendes d’octobre jusques à ii ans passez precisement ordené. Et par tout le royaume de France, par ses lettres patentes à arcevesques, à evesques et aus inquisiteurs des herites, fist mandement que diligeaument il meissent leur entente, et en tant comme il pooit touchier leurs personnes, que il se hastassent selon le conseil des sages, et que ces choses il meissent à la fin par ledit conseil. Mais toutes voies, le general maistre de l’ordre et aucuns autres grans il reserva à temps à la correction et examinacion du siege de Rome, et de certaine science.

[553]Et adecertes, en ce meisme an, Charles de Valois prist sa tierce femme ; c’est à savoir la fille Gui conte de Saint Pol[554].

[555]Et en ycest an[556], Gui jadis premier né du conte de Blois espousa la seconde fille de Charles conte de Valois, de Katerine sa femme, et estoit la dicte fille de moult petit aage, si comme l’en dit.

Et en ce meismes an, le samedi après l’Ascension Nostre Seigneur[557], une tempeste moult domageuse et moult impetueuse, tant de gresle comme de vent si avint et meismement environ Chevreuse et à heure de vespres, car les blés qui encore estoient es champs et les verjus qui estoient es vignes furent perilz et perduz, et pluseurs grans arbres tumbez à terre ; et le clochier de la dicte eglise de Chevreuse, ce meismes jour fu trebuchié du vent.

Et en cest an, le pape et les cardinalz se departirent de la cité de Poitiers[558], là où il avoient longuement esté ; mais l’esté fu avant passé, et s’en ala le pape là où il avoit esté nez ; c’est à savoir à Bourdiaux, et retint avec li bien pou de cardinalz[559] et donna congié aus autres de eulz en aler jusques à temps, si demoura là une piece de temps.

Et en ce meismes an, Guichart l’evesque de Troies[560] fu moult souppeçonné qu’il n’eust procuré par aucuns malefices ou par venin la mort de Jehanne jadis royne de France et de Navarre ; pour laquelle chose aucuns tesmoins furent oys, jasoit ce qu’il fussent faux. Si fu raporté au pape leur deposicion, nonobstant que elle fust fausse, si manda le pape que ledit evesque fut mis en prison.

[561]Et en ce meismes an, une grant dissencion se mut entre ii nobles hommes de Bourgoigne ; c’est à savoir Erart de Saint Verain et Oudart de Montagu. Adonc, en la conté de Nevers, le jour de la feste monseigneur saint Denis[562], furent assamblez avec ledit Erart, le conte de Cherebourc[563], messire Dreue de Mello, messire Mille de Noiers[564] et pluseurs autres nobles avec eulz. Et de la partie dudit Oudart fu le Dalphin d’Auvergne[565], messire Beraut de Marcueil[566], [le] filz du conte de Bouloigne[567], avec pluseurs autres, et les trois freres qui communement de Vienne sont appellés[568]. Entre lesquelles parties ot moult aigre bataille ; mais elle fu tantost finée et ot le dit Erart la victoire, et se rendi ledit Beraut au conte de Chierebourc pris avec aucuns autres. Et après, le roy de France fist prendre ledit Erart et pluseurs autres avec li et mettre en diverses prisons.

Et en cest an, Aubert roy des Romains[569] mourut et fu tué de un sien neveu, si comme l’en dist. Et après li fu roy Henri conte de Lucembourc.

Et en ce meismes an mourut la femme Jehan de Namur[570] environ la Purificacion Nostre Dame, laquelle il avoit espousée l’an precedent, et fu enterrée à Paris. Et l’an ensuivant il espousa la fille madame Blanche de Bretaigne[571].

Et en cest an, la grant indulgence que le pape avoit donnée l’an passé, ou temps qu’il estoit à Poitiers, à touz ceulz qui donroient de leur avoir à ceulz qui aloient oultre mer pour le subside de la Terre-Sainte, fu publiée par le royaume de France. De laquelle recepte avoit esté establi receveur le maistre de l’Opsital d’outre-mer[572]. Si fu ainsi ordené que à bien près, par toutes les eglises il y aroit i tronc ou i certain lieu ouquel chascune personne metroit du sien selon sa deuocion. Et dura ceste chose par v ans ou environ, autant que le pardon dura.

[573]L’an de grâce ensuivant mil CCC IX, environ la Pentecouste, le filz du roy d’Arragon se combati encontre le roy de Garnate[574], lequel estoit Sarrazin, et ot ledit filz d’Arragon glorieuse victoire, et mist à mort une très grant quantité de Sarrazins.

En ce meismes an, environ la fin de juillet, fu l’eslection de Henri de Lucembourc du pape et des cardinaux approuvée[575]. Et li fu ottroiée la consecracion et la coronne de l’Empire, laquelle il doit prendre à certain temps que le pape li mist en l’eglise Saint Pierre, en la cité où il li plairoit[576]. Quant ledit messire Henri ot ainsi esté esleu et qu’il ot eu congié et auctorité du pape, si comme dit est, si vindrent à lui le conte de Flandres, Robert, et le conte Jehan de Namur qui estoient ses cosins germains, et le conte Guillaume de Haynau son cousin germain qui nouvellement avoit pris à femme la fille messire Charles de France[577], et la greigneur partie des haus barons d’Alemaigne. Et avoit ja commencié ledit messire Henri sa xlne à Ais[578]. Et quant il ot parfait sa xlne, si le menerent les barons en la chapelle d’Aes et ilec le coronerent à roy d’Alemaigne. Quant le vaillant roy de Lucembourc ot porté coronne à Es en la Chapelle, le conte de Flandres et le conte de Haynaut pristrent congié à lui en li offrant leurs services. Et depuis fist le roy son appareil moult grant pour aler à Rome. Si avint, une piece de temps après qu’il ot son arroy assamblé, si fist assambler grant foison de chevaliers, lesquiex il mena avec li, et passerent Alemaigne, et puis entra ledit roy en la duchée de Quarentaine[579], et là li fu offerte toute obeissance, et puis passa les mons et entra en Lombardie. Tantost ceulz de Pade[580] se rendirent à lui, et ylec sejourna, et attendi ses gens ; mais tantost que ceulz de Melan le sorent, il y envoierent leurs ambassateurs en li presentant la ville de Melan du tout à son commendement, lesquiex il reçut moult benignement à sa grâce, puis se departirent de li, et leur donna grans dons et leur commanda que il deissent à ceulz de Milan, que briefment les yroit veoir pour estre coronné. Après i pou de temps assambla son ost et fist messire Guy de Namur son mareschal, et envoia ses messages devant pour faire son arroy à Milan. Quant ceulz de Melan sorent sa venue, si issirent touz à pié et à cheval contre li, et a grant joie le menerent à la souveraine eglise, et le coronnerent à roy de Lombardie, et l’appellerent Auguste[581]. Puis après se departi de Melan atout son ost et ala assegier la cité de Cremoigne[582], et tant y fist que elle li fu rendue. Après ala assegier la cité de Bresse[583], qui moult estoit fort, et ylec sist une grant piece de temps et y fist-on maint grant assaut. Et à ce siege vindrent à lui ceulz de Pise atout leur pooir en son aide, et en la parfin, ceulz de Bresse firent traitier à lui. Et à ce traitié mourut le conte Gui de Namur[584] qui estoit son mareschal, pour quoy l’emperere fu si destorbé qu’il ne les voult onques recevoir à merci. Quant ceulz de la ville virent que autrement ne pooit estre, si se rendirent tout à sa volenté et li aporterent les clefs de la ville. Mais onques l’emperere ne voult entrer par porte en la cité, ne teurdre[585] son chemin pour aler à son palais, ains fist emplir le fossé qui devant son tref estoit et despecier le mur à l’encontre ; et puis dist abatre toutes les maisons qui en sa voie estoient jusques à son palais, et ainsi entra en la ville de Bresse. Quant il ot ylec sejourné une piece de temps, si prist hostages de eulz et les envoia à Pise ; et prist conseil avec les Guibelins d’aler conquerre la cité de Rome. Et avoit tant fait au pape Climent, qu’il li avoit envoié i legat à Bouloigne la Crasse[586], et d’ilec se trait vers Rome et mena le legat avec lui, et en sa voie conquist moult de citez et de villes et de chastiaux.

Et en ce meismes an[587], le pape Climent fist publiquement afficher en son palais à Avignon une intimacion, en laquelle il estoit contenu que generalement il intimoit à touz ceulz qui vouldroient proceder en fait de l’appellacion contre le pape Boniface, tant pour lui comme contre li par quelque maniere qu’il fussent pourveuz, dedenz le dimenche que l’en chante Oculi mei[588], et devant le pape se presentassent, ou autrement sur ce, d’ore en avant il n’i seroient receuz ; mais dès maintenant et dès ore en avant, il leur denioit toute audience et leur imposoit silence quant en ceste partie. Entre lesquiex, Guillaume de Nogaret, chevalier devant dit et Guillaume du Plessie chevalier, avec lui s’apparut à la journée par le pape assignée, acompaigniées de moult puissant compaigniee, lequel renouvella tant l’appellacion contre le pape comme les cas de crime lesquielz par avant avoient esté proposés contre ledit pape Boniface, et se offri à les pourveoir, et requist a grant instance que les os dudit pape fussent desterrés tant comme herite et qu’il fussent ars. Mès la partie adverse, tant d’aucuns cardinaulz comme d’autres, deffendanz la partie du pape, s’opposa appertement, tant environ la sustance du fait comme contre la personne dudit Guillaume proposant moult de enormitez. Adonc fu mise ceste besoigne en suspens jusques atant que l’en eust plus plaine deliberacion.

Et en ce meismes an, en la tierce kalende de novembre[589], il vint i vent si soudain, lequel dura par i heure et plus, et trebucha moult d’arbres et de edifices. Et meismement le clocher de Saint Maclou de Pontoise, et les grans arches de pierre qui sont environ le chevez de l’eglise monseigneur saint Denis, ja soit ce que il ne cheirent pas ; si les vit l’en en telle maniere chanceler que l’en cuidoit qu’il deussent cheoir à terre.

Et en cest an, le derrenier jour de jenvier, après midi, fu veue l’eclipse du soleil ou milieu de lui, par une heure et xxiiii minutes. Et est à savoir que le centre de la lune fu emprès le centre du souleil. Et dura la dicte eclipse par ii heures naturelles et plus, et estoit la couleur de l’air aussi comme la coleur de saffran. Et la cause estoit, selon les astronomiens, car Jupiter, au point de l’eclipse, avoit la seigneurie entre les v planetes.

Et en ce meismes an, fu une très griève et aspre dissencion entre le roy d’Angleterre et ses barons, pour l’occasion d’un chevalier qui estoit appellé Pierre de Gavastonne[590], lequel Pierre avoit pieça esté bani du royaume d’Angleterre, si comme l’en disoit. Mais le roy l’avoit pris à si grant amour qu’il li avoit donné la conté de Lincoliense a droit heritage. Et à la suggestion dudit Pierre, s’efforçoit le roy de faire moult de nouvelletez contre la volenté de touz et contre la coustume du pays et au prejudice du royaume. Si avint tant que pour l’occasion des choses devant dictes, comme pour sa simplesce et fatuité, qu’il le pristrent en telle haine non pas seulement de le guerroier, mais le priver de l’administracion du roiaume, se ce n’eust esté pour l’amour du roy de France duquel il avoit espousée la fille, et aussi pour l’amour de la royne, laquelle estoit moult amée des barons et des nobles du pays.

Et en ycest an, les Hospitaliers, avec grant compaignie de crestiens, passerent en l’ille de Rodes[591], de laquelle les crestiens avoient esté enchaciez par les Sarrazins ; en laquelle ille il se porterent à leur très grant loenge, et y firent moult de bons fais contre les Sarrazins.


LXV.
De la condampnacion des Templiers[592].

En l’an de Nostre Seigneur mil CCC et X, lix Templiers et plus, tant à Paris vers le moulin Saint Anthoine[593], comme à Senliz, après les conciles provinciaux[594] sur ces choses ilec celebrées et faites, furent ars, et les chars et les os en poudre ramenez. Desquiex Templiers dessus diz, liiii, le mardi après la feste de la saint Nicholas en may[595], vers le dit moulin à vent, si comme il est dessus dit, furent ars. Mais yceus, tant eussent à souffrir de doleur, onques en leur destruction ne vouldrent aucune chose recognoistre ; pour laquelle chose leurs âmes, si comme il estimoient, en porent avoir perpetuel dampnement, car il mistrent le menu peuple en très grant erreur. Et pour voir, après ce ensivant, la veille de l’Ascension[596] Nostre Seigneur Jhesu Crist, les autres Templiers, en ce lieu meismes furent ars, et les chars et les os ramenez en poudre. Desquiex l’un estoit l’aumosnier du roy de France[597], qui tant de honneur avoit eu en ce monde ; mais onques de ses forfaiz n’ot aucune recognoissance.[598]Et le lundi ensivant, fu arse ou lieu devant dit, une beguine clergesse qui estoit appellée Marguerite Porée[599] qui avoit trespassée et transcendée l’escripture devine et es articles de la foy avoit erré, et du sacrement de l’autel avoit dit paroles contraires et prejudiciables. Et pour ce, des maistres expers en theologie avoit esté condampnée.

[600]Les forfaiz pourquoy les Templiers furent ars, condampnez et pris, et encontre eulz aprouvez, si comme l’en dist, et d’aucuns en prison recogneu de eulz, ensuient ci après.

Le premier article. Le premier article est tel du forfait ; car en Dieu ne creoient pas fermement. Et quant il faisoient i nouvel Templier, si n’estoit il de nulli sceu comment il le sacroient ; mais bien esoit veu que il li donnoient les draps.

Le secont article. Le secont article ; car quant ycelui nouvel Templier avoit vestus les draps de l’ordre, tantost estoit menez en une chambre oscure. Adecertes le nouvel Templier renioit Dieu par sa male aventure, et aloit et passoit par dessus la crois, et en sa douce figure crachoit.

Le tiers article. Le tiers est tel. Après ce il aloient tantost aouer une fausse ydole. Adecertes ycelle ydole estoit une viel pel[601] d’omme embasmée et de cole polie ; et certes ylec le Templier mettoit sa très ville foy et creance, et en li très fermement croioit. Et en ycelle avoit es fosses des iex escharboucles reluisans aussi comme la clarté du ciel. Et pour voir, toute leur foy estoit en ycelle s’affioit et meismement de bon cuer. Et en celle pel avoit moitié barbe ou visage et l’autre moitié ou cul, dont c’estoit contraire chose. Et pour certain ylec couvenoit le nouvel Templier faire hommage aussi comme à Dieu. Et tout ce estoit pour despit de Nostre Seigneur Jhesu Crist nostre sauveur.

Le IIII article. Le quart, car il cognurent ensement la traïson que saint Loys ot es parties d’outre-mer quant il fu pris et mis en prison. Acre une cité d’outre-mer traïrent-il aussi par leur grant mesprison.

Le V article. Le quint article est tel, que se le peuple crestien en yce temps fust prochainement alé es parties d’outre-mer, il avoient fait telles couvenances et telle ordenance au Soudan de Babiloine, qu’il leur avoient, par leur mauvaistié, appertement les crestiens venduz.

Le VIe article. Le VIe article est tel qu’il cognurent eulz, du tresor le roy à aucun avoir adonné qui au roy avoient fait contraire, laquelle chose estoit domageuse au royaume de France.

Le VIIe. Le VIIe est tel, que si comme l’en dit, il cognurent le pechié de heresie ; et pour leur ypocrisie, habitoient l’un à l’autre charnelment ; pour quoy c’estoit merveilles que Dieu souffroit telz crismes et felonnies detestables estre fais ! Mais Dieu, par sa pitié seuffre moult de felonnies estre faites !

Le VIIIe article. Le VIIIe est tel. Se nul Templier en leur ydolatrie bien affermé, mourut en son malice, aucune foiz il le faisoient ardoir, et de la poudre de lui en donnoient à mengier aus nouviaus Templiers ; et ainsi plus fermement leur creance et leur ydolatrie tenoient, et du tout en tout leur despisoient le vray corps Nostre Seigneur Jhesu Crist.

Le IXe article. Le IXe est tel. Se nul Templier eust entour li sainte ou liée une corroie, laquelle estoit en leur mahommerie ; après ce, jamais leur loy par lui pour morir ne fust recogneue, tant avoit ylec sa foi affermée et affichiée.

Le Xe article. Le Xe est tel. Car encore faisoient-il pis ; car i enfant nouvel engendré d’un Templier en une pucelle estoit cuit et rosti au feu et toute la cresse[602] ostée, et de celle estoit sacrée et ointe leur ydole.

Le XIe article. Le XIe est tel que leur ordre ne doit aucun enfant baptizier ne lever des sains fons tant comme il s’en puisse abstenir, ne sur femme gesir d’enfant seurvenir, se du tout en tout ne se veullent issir à reculons, laquelle chose est detestable à raconter. Et ainsi pour yceulz forfaiz, crismes et felonnies detestables, furent du souverain evesque pape Climent et de pluseurs evesques et arcevesques et cardinaux condampnez.


LXVI.
Comment le roy de France envoia contre l’arcevesque de Lyons[603].

En cest an ensement, Phelippe le Biaux, roy de France, contre l’arcevesque de Lyons[604] sur le Rosne, qui de lui, paroles contumelieuses avoit semées, et injures aucunes dictes à sa gent, Loys son ainsné filz roy de Navarre à Lyons a grant ost envoia. Lequel Loys, roy de Navarre, comme ylec avec son noble ost parvenist, tantost avec ses François assist la cité. Mais comme ylec, par viii jours ou environ, avec sa noble compaignie fust ainsi ordené la cité isnelment assaillir, et en brief l’eust destruite se il peust, lors l’arcevesque de Lyons, son fol orgueil appercevant et la force du roy doubtant, souple et bien veullant au roy Loys se transporta ; lequel Loys, yceli arcevesque à son pere le roy de France, à Paris amena. Lequel arcevesque, après ce detenu en garde jusques au temps après ce convenable, ouquel, par le conseil de ses barons, de la besoigne pourtraiteroit. Lequel arcevesque, non petit de temps après ce passé, l’amende de ses forfaiz envers le roy, par son bon plaisir envers le roy pourtraitié et faite, à son propre lieu s’en revint.

[605]Et ycest an Loys[606], filz du comte de Clermont Robert, prist à femme la seur du conte de Haynaut. Et Jehan son frere prist à femme la contesse de Soissons[607].

[608]Et en ce meismes an, un juif, n’avoit gaires de temps, s’estoit converti à la foi ; mais i po de temps après renia la foy et fu pire qu’il n’avoit esté devant, car en despit de Nostre Dame il craceoit sur ses ymages partout où il les trouvoit ; lequel fu jugié à estre ars ; et fu ars le jour que Marguerite la Porete devant dicte fu arse.

[609]Et en ce meismes an, ceulz de Lyons se rebellerent contre le roy de France et s’en alerent à i chastel qui est appellé Saint Just et le destruirent. Quant le roy le sot, il y envoia son filz Loys Hutin et ses ii freres avec li et moult grant ost, et fu environ la feste monseigneur saint Jehan Baptiste[610]. Quant il vindrent là où les anemis estoient, si les commencierent à grever le plus qu’il porent. Et là se porta le dit filz du roy premier né Loys Hutin moult noblement, et par telle maniere qu’il estoit amé de touz ceulz de l’ost. Quant les anemis virent que les noz se portoient si noblement et si hardiement, si se rendirent et la cité à la seigneurie du roy de France. Adonc fu pris l’arcevesque de la cité[611], lequel estoit leur principal capitaine, qui avoit à non Pierre de Savoie, et fu pris du conte de Savoie, lequel l’amena au roy de France. Mais à la requeste de pluseurs, il ot en la fin sa pais et retourna en son arceveschié[612].

Et en ce temps, les os d’un Templier qui ja pieça estoit mort, lequel avoit non Jehan de Tur[613], furent desterrés, car il fu trouvé par les inquisiteurs que ledit Jehan en son temps avoit esté herite, et pour ceste cause furent ses os ars et mis en poudre. Ledit Jehan estoit commandeur du Temple, et en son temps fist edefier la tour du Temple.

En ce meismes an, Henri roy des Romains et le duc d’Osteriche et l’arcevesque de Lyons[614], et moult d’autres princes, avec très grant ost, par le conté de Savoie entrerent en Ytalie, et premierement fu receu en la cité d’Astence[615] et en après en la cité de Melan fu coronné moult honnorablement[616] et sa femme avec li, de l’arcevesque de la dicte cité, en la presence de pluseurs prelaz. Quant ce fu fait, ledit roy ot i assaut de son adverse partie en la dicte cité ; mès tantost et hastivement il les mist en subjeccion, et par telle maniere qu’il donna exemple à ses autres adversaires, de eulz non rebeller[617].

En ce meismes an, fu faite une permutacion entre l’arcevesque de Roen et l’arcevesque de Narbonne ; car l’arcevesque de Rouen, lequel avoit non Bernart[618] et estoit neveu du pape Climent, ne pooit avoir bonnement pais avec les nobles de Normendie pour la cause que il estoit trop jeunes et trop jolis en aucuns de ses fais. Si fu permué l’arcevesque de Narbonne, lequel avoit à non Gile[619] et estoit pour le temps principal conseiller du roy, en arcevesque de Roen.

[620]Et en ce meismes an, depuis que le pape Climent ot absoulz le roy de France et les habitans de son royaume de la sentence que le pape Boniface avoit gettée sur lui et sur ses adherens[621], et du consentement de ceulz qui estoient de la partie le pape Boniface, ledit pape reserva certaines personnes, entre lesquelles fu Guillaume de Nogaret[622] chevalier, Regnault de Suppin chevalier et environ x autres[623] ; et si reserva ceulz de la cité d’Anage[624] de l’absolucion au roy donnée, comme dessus est dit ; et furent touz les devant diz par non[625] exceptez.


LXVII.
Des faiz le pape non coupable.

[626]En l’an de grâce ensuivant M CCC et XI, le roy de France Phelippe et les adherens à lui, sus le fait de Boniface, touchant pape Climent, avoir esté et estre du tout en tout non coupable furent desclairiez ; et se en aucune partie fussent coupables, du tout fussent absoulz à cautelle.

[627]En ycest an, Henri le roy des Romains passa par une cité d’Ytalie[628], laquelle est appellée Cremonne. Car de celle cité s’estoient partis les Guelphes et en avoient admené leurs femmes et leurs enfans et touz leurs biens en une autre cité que l’en appelle Brixe[629], laquelle estoit moult fort. Quant ledit roy sot que les Guelphes s’estoient ainsi pour lui departiz de leur cité, si fist destruire toutes les maisons des Guelphes, et si fist abatre les murs de la cité et les forteresces, et par especial les portes de la cité qui estoient moult nobles, et si fist emplir touz les fossez en tele maniere que les murs et les fossés estoient tout à egal. Et après[630], se transporta ledit roy Henri en la cité de Brixe et ylec tint son siege depuis l’Ascension Nostre Seigneur jusques à la Nativité Nostre Dame. Si avint que ceulz de la cité se combatirent contre ledit roy des Rommains Henri. Si fu pris en celle bataille Tybaut de Brisach tout vif, lequel estoit capitaine de la dicte cité de Brixe ; lequel fu admené à l’emperere Henri. Quant il vit que il ne pooit eschaper de mort, si confessa publiquement que il et des greigneurs de la cité de Melan avoient fait moult de mauvaises conspiracions contre li et contre les siens pour li mettre à mort.

Quant l’emperere ot ce oy, si le fist trainer parmi l’ost et puis le fist pendre par ii heures, et puis le fist oster du gibet et le fist decoler et fist mettre sa teste sus une grant lance et la fist porter ou plus sollempnel lieu[631] de son ost afin que chacun le peust veoir, et le corps fit despecier en iiii parties et en iiii parties de son ost en fist porter en chascune partie i quartier ; et lors ot ledit emperere victoire de la cité, et fist destruire tous les murs de la cité. Mais endementres que l’emperere tenoit siege à la cité de Brixe, Waleran son frere[632] s’en aloit par devant ladicte cité, lequel fu feru soudainement d’une saiete et mourut.

Ou temps meismes le siege durant, vindrent à l’emperere environ de toutes les citez d’Ytalie et li offrirent foy et loyauté aussi comme à leur seigneur.

Et en ce temps, iii cardinalz furent envoiez du pape ; c’est à savoir : le cardinal d’Ostie et deus autres pour le coronnement de l’emperere, lesquiex vindrent par Ytalie jusques à Rome[633]. Si avint depuis que la cité de Brixe ot esté sousmise à l’emperere Henri, il se departi par Cerdonne[634] et s’en ala à Jennes, et là fu receu très honnorablement ; et endementres qu’il se reposoit en la cité de Gennes, sa femme trespassa en ladicte cité[635].

En ce meismes temps, en Flandres, une comocion de rebellion de guerre se renouvela, laquelle n’avoit gueres par avant esté acoisié, pour laquelle chose, le conte de Flandres Robert fu grandement souppeçonné ; lequel fu de par le roy appellé à Paris[636] pour soy espurger ; lequel y vint. Mais Loys filz dudit conte, lequel estoit conte de Nevers, fu trouvez coupable ; lequel fu mené premierement à Moret en prison, et depuis fu ramené à Paris[637] et là fu mis en prison, de laquelle prison il s’en eschapa[638], car il se doubtoit. Pour laquelle chose, du conseil des nobles du royaume il fu dit par arrest, en plain parlement, qu’il estoit de sa conté privé.

Et en ce temps, le roy Phelippe fist faire nouvelle monoie ; c’est assavoir doubles de ii deniers, laquelle monnoie fu moult grevable[639] au peuple et as nobles et aus eglises.

Et en ce meismes an, le pape ottroia et envoia privileges aus clers estudians à Orliens pour establir Université[640], supposé que le roy de France s’i vousist acorder. Si ne s’i voult le roy acorder pour le temps. Adonques s’assamblerent touz les clers estudians à Orliens et firent foy les uns aus autres que il se partiroient, et ainsi le firent. Mais avant que l’an fust finé, il furent en aucune maniere apaisiez par le roy et retournerent à Orliens.

Et en ce meismes an ot concile en la cité de Vienne[641], et là furent assamblés c et xiiii prelaz mitrez sanz les autres qui n’estoient pas mittrés et sanz ceulz qui furent excusez par procuracions. Et là furent ii patriarches ; c’est à savoir celui d’Anthioche et d’Alixandre, ausquelz ii patriarches l’en fist ii sieges propres ou milieu de touz. Et avant que le premier siege seist, le pape enjoint à chascun prelat et aus autres de dire leurs messes privées et de trois jours jeuner. Si commença le premier, le samedi es octaves de monseigneur saint Denis[642], et commença le pape si comme il est de coutume. Veni Creator Spiritus ; et prist son theume : In consilio justorum et congregacione, etc. C’est à dire : « Au conseil et à l’assamblée des justes, les euvres de Nostre Seigneur sont grans. » Et puis leur exposa le pape iii causes pour lesquelles il avoit fait assambler concile general : la premiere fu pour la cause du fait enorme des Templiers ; la seconde pour le secours de la Sainte Terre ; la tierce, pour la reformacion de toute universal eglise, et puis donna sa beneiçon sus le peuple, et chascun s’en retorna en son lieu.

[643]L’an mil CCC XII, le lundi après Quasimodo,[644] fu le secont siege du concile en la grant eglise de Vienne celebré. Et là vint le roy Phelippe avec ses freres et ses filz environ la Mi Quaresme, et avoit moult grant compaignie de barons et de nobles hommes, et se sist le roi à la destre du pape plus haut que les autres ; mais il estoit plus bas que le pape ; et prist le pape son thieume : Non resurgunt impii in judicio. C’est à dire : « Les mauvais ne se relievent point en jugement. » Adonc le pape Climent, au concile general, l’ordre du Temple, non pas par voie de diffinitive sentence, comme il ne fu pas vaincu, mais par voie de provision et de pourvoiance du siege de l’Apostoile, quassa du tout en tout et adnulla yleques l’ordre du Temple. Ensement, en faveur et en l’aide de la Sainte Terre, fu ottroiée dudit pape Climent au roy de France le xe des eglises jusques à vi ans[645].

En cestui an, Henri roy des Romains, en la cité de Rome et en l’eglise Saint Jehan du Latran, de monseigneur Nichole du Pui cardinal d’Ostie et de ii autres cardinalz, du pape Climent à ce envoiez, de dyademe emperial fu coronné[646].

Et en ce temps, avant que le concile se partist, le siege de Rome pourveust, le roy et les prelas à ce consentans, que les biens des Templiers fussent devoluez aus freres de l’Ostpial, afin qu’il fussent plus fors à la Sainte Terre recouvrer.

En ce meismes an, Pierre de Gavastone, duquel l’en a parlé par devant, fu pris du conte de Lencastre en i chastel et ses complices avec lui, et li fist l’en coper la teste honteusement[647], dont le roy d’Angleterre fu moult courrouciez ; mais la pais en fu faite par ii cardinaux qui avoient esté envoiez du pape en Angleterre.

Et en ce temps, environ Noël, nasqui i filz au roy d’Angleterre de Ysabel sa femme, fille du roy de France, lequel fu appellé Edouart[648].

Et en cest an, Symon[649], qui premierement avoit esté evesque de Noion et de Biauvès, si mourut ; auquel succeda Jehan de Maregni, frere Engorran de Marigni, chantre de Paris.


LXVIII.
Comment les enfanz le roy furent fais chevaliers[650].

En l’an de grace après ensuivant, M CCC XIII, Phelippe le Biaux roy de France, Loys son ainsné filz roy de Navarre, avec ses ii autres filz ; c’est à savoir Phelippe conte de Poitiers et Charles conte de la Marche, et pluseurs grans maistres et nobles[651], le jour de la Penthecoste[652], en la mere eglise de Nostre-Dame de Paris, fist chevaliers.

Et yce roy ensement, le jour du mercredi ensuivant[653], avec ses devant diz filz, et enseurquetout son gendre le roy d’Angleterre Edouart qui lors y estoit present avec les nobles chevaliers de l’un royaume et de l’autre, à passer la mer de la Sainte Terre, de la main au cardinal[654] à ce deputé et establi en l’ille Nostre Dame qui est ou fleuve de Saine, au preschement dudit cardinal ylec assamblez, pristrent le saing de la sainte enseigne Nostre Seigneur Jhesu Crist.

[655]Et lors, à ycelle feste de la Penthecouste, pour l’onneur de la dicte chevalerie, fu Paris encourtiné sollempnelment et noblement, et fu faite la plus sollempnel feste et belle qui grant temps devant fu veue. Car adecertes le jeudi ensivant d’icelle sepmaine de la Penthecouste, touz les bourgois et maistres de Paris firent très belle feste, et vindrent les uns en paremens riches et de noble euvre fais, les autres en robes neuves, à pié et à cheval, chacun mestier par soy ordené, ou dessus dit ille de Nostre Dame, a trompes, tabours, buisines, timbres et nacaires, a grant joie et a grant noise demenant et de tres biaus jeux jouant. Et lors, dudit ille, par dessus un pont de fust fait sus nefs nouvellement ordenez, deus et deus, l’un mestier après l’autre, et les bourgois en telle guise ordenez, vindrent en la court le roy par devant son palais qu’il avoit fait faire nouvellement de très belle et noble euvre[656] par Engorran de Marigni, son coadjuteur et gouverneur du royaume de France principal. Ou quel palais, les trois roys, c’est assavoir : Phelippe le Biaux roy de France, Edouart son gendre roy d’Angleterre, et Loys son ainsné filz roy de Navarre, avec contes, dux, barons et princes des dessus diz royaumes estoient assamblés pour veoir la dicte feste des bourgois et mestiers qui aussi ordeneement et gentement venoient, et tout pour le roy et ses enfans honnorer. Et ensement, après disner, en la maniere dessus ditte ordenez, revindrent à Saint Germain des Prés, ou Pré aus Clers, là où estoit Ysabel, royne d’Angleterre, fille le roy de France, montée en une tournelle avec son seigneur le roy d’Angleterre Edouart et pluseurs dames et demoiselles, pour veoir la dicte feste desdiz bourgois dessus diz et des mestiers, et les vit et regarda et moult li plurent. Laquelle feste tourna envers le roy de France et aus siens en très grans honneurs louables, et as gens de Paris aussi.

Et en cest an meismes, le prince de Tarente[657], environ la feste de la Magdalene, espousa la fille de Charles conte de Valois, de Katerine sa femme heritiere de Constantinoble.

Et en ce meismes an, le mardi après la feste de la Magdalene[658], furent appelez, du mandement du roy, à Courtrai[659], les barons et les prelas, et là fu la pais faite entre le roy et les Flamens par telle maniere que les Flamens satiffieroient au roy de la somme d’argent qui pieça avoit esté ordenée ; et leurs forteresces, dès maintenant, jusques à certain temps qui leur fu dit, et selon ce que les deputez du roy ordeneroient, il les feroient abatre à leurs propres couz et despens, et commenceroient à Bruges et puis à Gant. Item, il rendroient à messire Robert, filz au conte de Flandres, toute la chastelerie de Courtrai avec les appartenances ; et de ces choses tenir il baudroient hostages à greigneur seurté.

En cest an, Henri roy des Romains priva publiquement le roy Robert de Sezille[660] de sa coronne et de son royaume pour la cause de ce qu’il avoit failli de comparoir par devant lui à certain temps ; laquelle privacion, le pape Climent reputa estre pour nulle ; et se aucune estoit, du tout il l’annichiloit pour moult de causes, lesquelles sont en ses constitucions alleguées, lesquelles seroient moult longues à mettre en escript.

Et en cest an, ou moys de juillet, i ost fu ordené de par l’emperere contre le roy de Sezille, et là ot l’emperere moult de belles victoires.


LXIX.
De la mort Henri emperere de Rome[661].

Et en cest an meismes, Henri emperere des Rommains entra en la voie de l’université de char humaine et morut[662], et en la cité de Pise fu honnorablement enterré. Lequel preu, hardi, chevalereux et très noble en ses fais, emperere de Rome Henri fu empoisonné d’un Jacobin qui li donna à boire, selon ce que aucuns veullent dire et bien dient, dont ce fu duel et pitié, car sa bonté et sa valeur croissoient de jour en jour, de miex en miex, et si comme l’en dist, s’il eust gueres plus vescu, il eust conquis toute Ytalie et mise toute souz sa puissance et seignourie. Mès de ce fait de l’empereour Henri, dient aucuns qu’il fu prouvé devant le pape Climent, par phisiciens que l’emperere fu mort d’apostume. Et combien qu’il fust malade, il se fist mener en sa chapelle pour lui acommingier[663], et assez tost après il trespassa. Et bien sachent touz que c’estoit le prince du monde que Jacobins amoient plus, et pour ce samble-il bien que son confesseur ne peust avoir tant de loysir qu’il meist poisons en son vin, que l’en ne s’en apperceust.

Et en cest an, le roy Phelippe mua sa monnoie environ la Nativité Nostre Dame[664], et commença à faire florins à l’aignel, lequel flourin valut au commencement xxii sols de petiz bourgois. Et en ce temps ot moult de mutacions de monnoie, laquelle greva moult le peuple.

Et en cest an, l’eglise de Nostre Dame de Coyns[665] que Engorran de Marigni avoit nouvellement faite edefier, et en ycelle avoit mis chanoines, si fu noblement dediée.

Et en cest an, le cardinal Nicholas[666] deffendi sus paine de escommeniement, que nulz n’usast de constitucions nouvelles en jugement ne en escolles, car de la conseience du pape n’estoient pas issues, jasoit ce que sur ce il entendoit à pourveoir. Et environ la feste de monseigneur saint Denis, ledit cardinal deffendi touz tournoiemens[667], et tant les tournoians comme les souffrans et aidans ; et meismement les princes qui en leurs terres les souffroient, il geta grant sentence contre eulz ; et avec ce sousmetoit leurs terres à entredit de l’Église. Mais après, le pape, à la requeste des filz du roy et de pluseurs autres nobles, dispensa avec eulz, pour ce que il estoient nouviaus chevaliers, que par trois jours devant karesme il peussent aus dis jeux jouer, tant seulement et non plus.

Et en ce meismes an, Guichart, l’evesque de Troies, lequel avoit esté souppeçonné d’avoir procuré la mort de la royne Jehanne, si comme par avant est escript, fu trouvé innocent par la confession d’un Lombart qui avoit à non Noffle[668] ; lequel estoit jugié à Paris à estre penduz au gibet.

Et en cesti an, mut une très grant dissencion entre le duc de Lorraine et l’evesque de Mès pour trés petite achoison ; laquelle eust esté tost apaisiée qui y eust voulu mettre i pou de paine. Mais en la fin, les ii oz assamblèrent emprés[669] i chastel que on appelle Floart[670] et là ot moult aspre bataille entre eulz. Toute foiz ot le duc victoire par sa cautelle et industrie, car l’evesque avoit plus de gent que le duc. Si s’en commencierent à fuir, et en y ot bien iic que mors que noiez. Ylec, le conte de Bar neveu de l’evesque, le conte de Salmes et son filz furent pris et pluseurs autres nobles qui estoient de la partie à l’evesque. Mais il furent assez briefment delivrez de prison par paiant une grant somme d’argent.


LXX.
De la mort le maistre du Temple[671].

En cest an aussi, ou moys de mars[672], ou temps de quaresme, le general maistre du Temple et un autre grant maistre après lui en l’ordre[673], si comme l’en dist visiteur, à Paris, en l’ille[674] devant les Augustins furent ars, et les os de eulz furent ramenez en poudre. Mais onques de leurs forfaiz n’orent nulle recognoissance.

[675]L’an de grâce après ensuivant, mil CCC XIIII, le pape Climent mourut ou temps de Pasques[676], et fu le siege moult longuement vacant[677], et y ot très grant dissencion entre les cardinaulz ; c’est à savoir entre ceulz de Gascoigne d’une part et ceulz d’Ytalie et de France d’autre part. Car ceulz d’Ytalie et de France mettoient paine d’avoir l’esleccion par devers eulz et y ot deffiailles de l’une partie contre l’autre, et meismement pour la cause du feu qui avoit esté mis en la ville de Carpentras par le marquis de Antonne[678] neveu du pape Climent derrenierement mort. Car il y estoient touz assamblez pour l’eslection de faire le pape ; et disoit l’en que le feu avoit esté mis dudit marquis en la faveur des cardinalz qui estoient de la partie des Gascoins.

[679]Et en cest an, fu prise une occasion pour les guerres qui avoient esté faites en Flandres, de lever une exaction, laquelle n’avoit esté oye de memoire d’omme. Et commença ceste exaction à Paris premierement, et après, elle fu espandue par tout le pays ; et estoit la dicte exaction ou extorcion telle que tout vendeur ou acheteur paioit vi deniers pour livre : laquelle exaction, quant elle fu ainsi publiée par touz pays, ceulz de Normendie et de Picardie et de Champaigne s’assamblerent et jurerent les uns aus autres que chascun deffendroit ceste exaction en son pays, et en nulle maniere ne la lairoient tenir[680]. Finablement quant le roy sot ce, il commanda que telle exaction cessat pour tout son roiaume, car on disoit tout communement que ceste chose n’estoit pas venue de la conscience du roy, mais estoit venue par ses très mauvais conseilleurs.

[681]En cest an vers Pontoise, ou lieu que l’en dit Maubuisson[682], abbeïe de femmes, nonains de l’ordre de Cistiaux, le jour d’un mardi, en la sepmaine de Pasques[683], Marguerite[684] royne de Navarre, fille du duc de Bourgoigne, femme Loys roy de Navarre, filz Phelippe roy de France ; et Jehanne[685] fille le conte de Bourgoigne, femme Phelippe le conte de Poitiers, filz du roy de France ; et Blanche[686], la seconde fille du devant dit conte de Bourgoigne, femme Charles conte de la Marche, filz au roy de France, pour fornicacion et advoutire sur eulz mis et meismement es ii ; c’est assavoir Marguerite royne de Navarre, et Blanche femme Charles devant dit, vraiement aprouvées furent prises, et du commandement du roy qui lors estoit à Maubuisson, en diverses prisons mises les deux ; c’est à savoir : Marguerite et Blanche, du tout en tout, par essil et en chartres perpetuelz mises et encloses, ou chastel de Gaillart en Normendie[687] furent detenues et emprisonnées, et ylec à mort condampnées : et l’autre dame, la contesse de Poitiers qui fu ou chastel de Dourdan[688] emprisonnée ; examinacion de li faite et expurgement du tout en tout, fu aprouvé que en celi forfait ne fu pas coupable. Après ce, de prison fu delivrée et en la compaignie arriere le conte de Poitiers son mari fu rassamblée. Et adecertes, pour voir, Phelippe d’Aunoy ami bien veullant de ladicte royne et Gautier d’Aunoy son frere, chevaliers, amis de ladicte Blanche, le jour d’un vendredi, en ycelle sepmaine meismes de Pasques[689], à Pontoise, du commandement du roy furent escorchiez et les viz coupez ; et après ce, incontinent, à i gibet de Pontoise pour eulz nouvellement faiz, furent trainés, et en celui gibet penduz et encroez. Et pour certain, l’uissier de la dicte royne sachant et consentant du devant dit forfait, en yce jour, à Pontoise, ou commun gibet des larrons fu penduz. Lequel cas fortunable, les barons et le roy de France, et ensement ses filz corrouça moult et troubla.


LXXI.
De la taille et maletoute faite en France par Engorrant de Marigny[690].

Et en cest an, le jour de la feste saint Pierre, le premier jour d’aoust, Phelippe le Biaux, roy de France assambla à Paris pluseurs barons et evesques ; et enseurquetout, il fist venir pluseurs bourgois de chascune cité du royaume qui semons y estoient à venir[691]. Adonques yceulz, ou palais de Paris venuz et assamblés le jour dessusdit, Engerran de Marigny, chevalier, coadjuteur le roy de France Phelippe et gouverneur de tout le royaume, monta, de son commandement en i eschaufaut avec le roy et les prelaz et les barons qui ylec estoient sur ledit eschaufaut seant, et en estant monstra et manifesta, aussi comme en preschant au peuple qui ylec estoit devant l’eschaufaut, oyant touz les prelaz dessus diz, la complainte le roy, et pourquoy il les avoit fait ylec venir et assambler. Et fist son tiexte de nature et de nourreture, en descendant sus les royaux et sur la ville de Paris où les devant diz royaux, ou temps ancien, de leur nature avoient acoutumé de y avoir leur nourreture. Et pour ce, appelloit-il Paris chambre royal, et que le roy s’i devoit plus fier pour avoir bon conseil et pour avoir aide, que en nulle autre ville. Et si dit et monstra autres pluseurs choses dont je ne fais pas mencion pour la prolixité qui y est et seroit à raconter. Si descendi sur Ferrant jadis conte de Flandres, comment il s’estoit forfait envers le roy de France qui lors estoit dit Auguste, qui conquist Normendie, et comment ycelui roy Phelippe en vint à chief ; et comment il conquist Flandres et la mist en sa puissance. Et dist lors ycelui Engerran que comment que après Ferrant, pluseurs vassaux eussent tenu la conté de Flandres, si ne la tenoient il que comme gardiens et en subjection de feauté et hommage du roy de France. Et après ce, il descendi sur Gui conte de Flandres, comment il se forfist envers le roy et comment la guerre avoit esté menée, et coustement et despens que le roy avoit fait, qui bien montoient à si grant nombre d’argent, que c’estoit merveilles du raconter ; de quoy le royaume avoit esté trop malement grevez. Et après ce, monstra comment la pais avoit esté faite du conte de Flandres Robert de Bethune et des Flamens eschevins de Flandres, par leurs seaux en lettres pendans accordée et affermée. Laquelle pais et convenances, les devant dis contes et Flamens ne vouloient obeir ne tenir, si come il avoient plevi[692] et juré, et par leurs seaux affermé. Pour laquelle chose, yceli Engerran requist pour le roy aus bourgois des communes qui ylec estoient assamblés, qu’il vouloit savoir lesquiex li feroient aide ou non à aler encontre les Flamens à ost en Flandres. Et lors, ycelui Engorran, ce dit, si fist lever son seigneur le roy de France de là où il seoit pour veoir ceulz qui li voudroient faire aide. Adonc Estienne Barbete bourgois de Paris se leva et parla pour la dicte ville et se presenta pour eulz et dist qu’il estoient touz près de faire li aide chascun à son pooir, et selon ce qu’il leur seroit avenant et expedient, à aler là où il les vouldra mener, à leurs propres coux et despens contre les dis Flamens. Et adonques le roy les en mercia. Et après ledit Estienne, touz les bourgois qui yleques estoient venus pour les communes, respondirent en autelle maniere, que volentiers li feroient aide, et le roy si les en mercia. Et lors, après ycelui parlement, par le conseil dudit Engerran, une subvencion et une taille trop male et trop grevable à Paris et ou royaume de France fu alevée, de quoy le menu peuple fu trop grevé. Pour laquelle achoison, ledit Engorran chei en la haine et maleïçon du menu peuple trop malement.


LXXII.
De l’ost de France qui s’en vint sanz riens faire[693].

Adecertes en celui an, ou moys de septembre ensivant derechief, après le rebellement iiii foiz du conte de Flandres Robert de Bethune, et les Flamens qui les convenances de pais avec le roy de France faites et de leurs seaux seellées et accordées, en nulle maniere ne vouloient tenir, si comme nous avons dit ci devant[694]. Phelippe le Biaux roy de France, Loys son ainsné filz roy de Navarre et ses ii autres filz, Phelippe conte de Poitiers et Charles conte de la Marche ; avec eulz Charles conte de Valois et Loys son frere conte de Evreux, Gui conte de Saint Pol et Engorran de Marigni, i ost très grant à pié et à cheval, noble compaignie, en Flandres destina et envoia. Et lors jusques à Lille atout leur noble ost parvindrent, qui toute Flandres peust avoir conquis et occis s’il fussent à droit gouverné. Et comme ylec fussent proposans et ordenans Flandres et les Flamens assaillir, par le conseil de Engerran coadjuteur et gouverneur du royaume de France et du roy Phelippe avec, et du conte de Nevers[695] filz au conte de Flandres fait, dudit Engorran avironnez et detenuz, sanz riens faire furent deboutez à eulz en revenir non glorieux et sanz honneur en France.


LXXIII.
De la mort Phelippe le Biau roy de France[696].

Adecertes, en cest an, Phelippe le Biau roy de France, ou moys de novembre, à Fontainebliaut ou terrouoir de Gastinois, clost son derrenier jour[697]. Lequel son corps, delez son pere le roy Phelippe et sa mere la royne d’Arragon, ou lieu que il vivant avoit esleu en l’eglise Saint Denis en France, honnorablement fu enterré. Et pour voir, son cuer en l’eglise des nonnains qu’il avoit fondée n’avoit gaires à Poissi fu porté, et ilec honnorablement enterré.

Adecertes yceli roy de France Phelippe le Biau regna xxviii ans, et fist faire à Paris par Engorran de Marigni son coadjuteur et gouverneur de son royaume un neuf palais de merveilleuse et coustable euvre, le plus très bel, si comme nous creons, que onques nul si bel ne vit. Et pour voir, ycelui roy Phelippe engendra de sa femme Jehanne royne de France et de Navarre pluseurs enfans. C’est à savoir Loys son ainsné filz roy de Navarre, qui après lui fu son successeur ou roiaume de France, Phelippe le conte de Poitiers et Charles conte de la Marche, et un autre filz qui mourut en s’enfance[698], et une fille, très belle dame, qui ot non Ysabel et fu femme le roy Edouart d’Angleterre, lequel, lonctemps devant ce que yceli roy Phelippe mourut, avoit espousée.


LXXIV.
Comment Engorran de Marigni fu pris et mis en prison[699].

Et adecertes, en ycest an, ou temps de quaresme, le mercredi devant Pasques fleuries[700], Engorran de Marigni, chambellenc, coadjuteur et gouverneur du roy[701] de France, Phelippe nouvellement trespassé ou temps dessus dit, par l’amonnestement et enditement Charles le conte de Valois ; et si comme l’en dit, par l’esmouvement d’aucuns des barons de Picardie et de Normendie, et especiaument de messire Ferri de Piquegny[702], chevaliers et du conte de Saint Pol[703], par le commandement du roy de Navarre, après ce, roy coronné de France, Loys, en sa maison de Paris, en la rue que on appelle le Fossé Saint Germain[704] fu pris, et où Louvre, en la tour où Ferrant jadis conte de Flandres fu emprisonné, mis et posé. Car adecertes, i pou après la mort du devant dit roy de France Phelippe, Loys roy de Navarre et ses ii freres, conte de Poitiers Phelippe et Charles conte de la Marche, et especiaument Charles conte de Valois, ensemble avoient eu parlement et disoient qu’il voudroient savoir d’Engorran, qu’il avoit fait du tresor et des richesces du royaume de France Phelippe qu’il avoit en garde[705], et pour ce, l’avoient mandé pour li comparoir devant eulz. Adonques yceli Engorran devant eulz venu, si li demanderent où estoit le tresor du roy de France, car il avoient trouvé le tresor tout desnué. Adonc quant Engorran vit qu’il li convendroit rendre cause, ou se ce non très grant honte en pourroit avoir ; si respondi en celle maniere ; c’est à savoir qu’il en respondroit et feroit bon conte et loyal. Et lors acertes le conte de Valoys respondant li dist ainsi : « Rendez le donc tout maintenant. » Lors li respondi Engorran et dist ainsi : « Sire, volentiers ; je vous en ay baillié la plus grant partie, et le remanant j’ay mis en paiement pour les debtes de monseigneur le roy vostre frere. »

Et quant Charles de Valoys oy le conte Engorran, et que premierement il li faisoit honte, lors fu moult corrouciez et iriez ; si li dist : « Certes, de ce mentez vous Engorran. » Et lors Engorran respondant dist : « Par Dieu sire, mais vous mentez. » Adonc Charles conte de Valois, ce entendu, si sailli d’autre part et le cuida prendre. Mais pluseurs firent cesti Engorran de ses iex destournier et desparoir, car s’il le peust avoir tenu en celle heure, il l’eust occis et fait occirre par les siens, ou mourir de cruel mort. Et lors, pour ceste devant dicte cause et pour autres fais aucuns, pou de jours trespassez, fu Engorran de Marigni pris et menez en prison au Louvre si comme devant.

Et après ce, le conte de Valoys fist à savoir et manda à touz, tant povres comme riches, ausquiex Engorran de Marigni auroit forfait, venissent à la court le roy et feissent leurs complaintes, et que de li il auroient très bon droit. Adonc Engorran de Marigni ou Louvre emprisonné, Charles conte de Valoys en yce point non reposant, vint au roy de Navarre son neveu Loys et li dist : « Sire que avez fait ? Adecertes vous avez mis ce larron Engerran en sa maison, en la tour du Louvre emprisonné, car il est chastelain du Louvre ; et pour ce m’est il avis que c’est desconvenable chose li estre mis ilec. » Et lors, le roy respondant dist à son oncle : « Que voulez vous que je face de lui ne où je le mette ? » Et Charles conte de Valoys respondi : « Je veul que au Temple, hostel des Templiers jadis, soit mis en estroite prison. » Et yce dit, adonc par le commandement du roy, ledit Engorran, du Louvre où il estoit, à cheval, à belle compaignie de serjans chevauchans avec li, au Temple fu mené, moult de peuple après li alant pour le veoir, et de ce grant joie demenant ; et ylec, sous estroite garde fu mis en prison.


LXXV.
Des articles qui furent proposés contre Engorran de Marigni[706].

Adecertes en yce cours ; c’est à savoir le samedi devant Pasques fleuries[707], fu ademné Engorran de Marigny du Temple au Bois de Vincennes devant Loys roy de Navarre et moult de prelas et de barons du royaume de France pour lui ylec assamblez. Et lors, par le commandement du conte de Valoys, proposa maistre Jehan Haniere[708] contre ledit Engerran de Marigni les raysons et les articles que on li avoit enjoint. Et premierement prist son thieume de auctorité : Non nobis, Domine, non nobis sed nomini tuo da gloriam. « Non pas à nous Sire, non pas à nous mais à ton non donne gloire » ; et c’est le françois de cest latin[709].

L’an de grâce ensivant M CCC et XV, après les articles proposés contre Engorran, comme on traitast par une voie moienne contre le dit Engorran, renommée courut que à l’instance de la femme Engorran[710], estoient faites ymages de cire pour envoulter le roy et messire Charles et autres barons, et estoient yceulz voulz de cire, en telle maniere faiz et ouvrez que se longuement eussent duré, les devant diz roy et conte chascun jour n’uessent fait que admenuisier, defrire[711] et sechier, et en brief les eussent fait de male mort mourir. Lors, par la volenté de Dieu et par son jugement, et par aventure occulte, fu sceue et aperceue d’aucuns et tantost fu noncié à Charles de Valois. Laquelle chose, Charles de Valoys entendue et de ce moult esbahi, lors au roy de Navarre Loys son neveu vint isnelment et li raconta touz felonnies, desloiaux et detestables fais ; lequel le roy, lors pourtraitoit envers le dit conte la delivrance dudit Engerran, et tant, si comme l’en dist, avoit ja fait et procuré envers ses adversaires, que ledit Engerran devoit passer mer et aler en Chipre ; et yleques, jusques au rapellement du devant dit conte Charles, et jusques à sa bonne volenté devoit estre, si comme l’en dit en essil condampnez, se ceste maudite aventure et fortunable endementres ne fust advenue. Et adonc, le roy Loys, ces felonnies entendues et ces dyaboliques felonnies faiz de la femme Engerran et par son consentement, lors si fu moult esbahi et dist à Charles son oncle : « Je oste de lui ma main et puis de ore en avant ne m’en entremet ; mais selon ce que vous verrez bien expedient et avenant li faites. » Adonc le roy Loys yce dit, Charles conte de Valoys, qui autre chose ne chaçoit fors le roys soy abstenir de lui deffendre, et qui avoit la dame de Marigni avec sa seur la dame de Chantelou fait prendre et dedens le Louvre à Paris fait metre en prison ; et l’autre boisteuse maudite, avec ledit Paviot, en Chastellet, les voulz avec eus admenez et aportés, avoit fait emprisonner et estre soustenuz en estroite garde. Lors adecertes, en yce fait non reposant, le samedi devant l’Ascension de Nostre Seigneur Jhesu Crist, si fist au Bois de Vinciennes pluseurs barons et chevaliers, avec aucuns pers de France assambler ; et ylec furent demonstrez aucuns des forfaiz Engorran de Marigni, et les autres detestables felonnies et dyablies de sa femme faites, et si comme l’en dist, de lui premierement proposées. Lors par le jugement d’aucuns barons, pers, chevaliers et barons du royaume de France pour ce ilec assamblez, Engerrant fu condampné à mourir par estre pendus. Et yce fait, le mardi ensuivant, très bien matin, du Temple en Chastellet, en une charete, ferré de ses ferreures, fu admenez, disant le peuple après : « Au gibet au gibet soit mené. »


LXXVI.
De la mort Engorran de Marigny[712].

Et après, l’endemain ; c’est assavoir le jour du mercredi en la veille de l’Ascension Nostre Seigneur, le derrenier jour du mois d’avril, ycelui Engorran de Marigni, chevalier, a grant multitude de gent à pié et à cheval de toutes pars venans et courans, et de ce moult esjoissans, et tout le plus, de Chastellet de Paris, en une charete, li disant et criant au peuple : « Bonne gent, pour Dieu priez pour moy. » Et en telle maniere fu mené au gibet de Paris, et au plus haut des autres larrons, en yce gibet fu pendu ; laquelle chose faite, en ycelle sepmaine meismes ensivant, la maudite boisteuse et le devant dit Paviot furent menez au gibet, et ylec, la dicte boisteuse, les voulz monstrez au peuple qui ylec estoit venu, en i très ardant feu fu arse, et ledit Paviot, souz son seigneur Engorran de Marigni fu pendu. Et adecertes, la dame de Marigni et sa seur la dame de Chantelou, du Louvre où elles estoient en prison, après ce, au Temple, l’ostel des Templiers jadis, en plus fortes prisons furent encloses.


LXXVII.
De la mort Marguerite femme le roy de Navarre[713].

En ycest an vraiement, la veille de l’Ascension dessus dicte, derrenier jour d’avril, fu morte Marguerite[714] jadis folle et diffamée royne de Navarre, qui ou chastel de Gaillart en Normendie estoit emprisonnée, et à Vernon, en l’eglise des Freres Meneurs fu enterrée.

Et en ce meismes an, Pierre de Latygni[715] evesque de Chaalons, lequel estoit souppeçonné de la mort Phelippe le Bel et de son predecesseur, à l’instance de l’arcevesque de Rains, et du mandement du roy, fu detenu en prison.

Et en ce meismes temps, Raoul de Praieres[716], lequel estoit aussi comme principal advocat en parlement du roy, fu mis à Sainte-Genevieve tant comme coupable et souppeçonné de la mort devant dicte. Mais après moult de paines et de tormens qu’il ot souffert, on ne pot onques traire de sa bouche fors que bien ; si fu franchement laissié aler ; si ot moult de ses biens gastez et perduz.

Et en ce temps, Huguelin le duc de Bourgoigne[717] et frere de Marguerite royne, fu mort, auquel son frere succéda en la duchiée.

[718]Et en ce meismes temps, environ l’Ascension Nostre Seigneur[719], Loys jadis conte de Nevers et de Rethel et Jehan de Namur vindrent en France, et furent derechief receuz en la grâce du roy : et furent rendues audit conte ses ii contés, desquelles il avoit esté privez par avant[720].

Et en ycest an[721], l’abbé de Cistiaux[722] et les procureurs de Robert conte de Flandres se comparurent à Paris devant le roy pour excuser ledit conte, ja soit ce qu’il eust esté semons personnelment pour confermer la pais qui avoit esté l’an devant pourparlée. Si l’excusoient en telle maniere, et disoient que bonnement il n’i pooit venir pour la foiblesce de son corps ; et si li couroient sus aucuns de ses anemis ; lesquelles excusacions furent reputées pour frivoles, et une piece de temps après, c’est à savoir la veille de la Saint Pierre et Saint Pol apostres[723], furent ledit conte et les Flamens reputez pour contumaux et rebelles. Et en yce temps, le samedi devant la Saint Jehan[724], iii femmes qui portoient poisons et par lesquelles l’evesque de Chaalons devancier de Pierre de Latigni[725] avoit esté empoisonné, furent arses en une petite ille qui est devant les Augustins.

Et en ce temps, Jehan[726] le filz messire Guillaume de Flandres espousa la fille du conte de Saint Pol.

[727]Et en ce temps il fu moult grant deffaute de vin en France.

Ci fenist l’ystoire le roy Phelippe le Bel.

Ci après commencent les chapitres de son filz roy de France et de Navarre.

    Franciæ ad eorum expugnationem varios direxisset exercitus circumquaque, Ludovicum videlicet primogenitum suum Navarræ regem apud Duacum, Philippum comitem Pictavensem apud Sanctum-Audomarum, Karolum tertium juniorem filium cum Karolo Valesii comite apud Tornacum, et Ludovicum Ebroicensem comitem apud Insulam, cum assignato unicuique certo numero bellatorum. »

    (Chronique parisienne anonyme, dans Mémoires de la Soc. de l’hist. de Paris, t. XI, p. 15-17. Cf. Du Boulay, Historia Universitatis Parisiensis, t. IV, p. 72-73, et Denifle et Châtelain, Chartularium universitatis Parisiensis, t. II, nos 650 et 653).

    Nangis, Ibid., t. XX, p. 584. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 316, note 2. Cf. Continuation, ibid., p. 328.

    Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 582. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 311.

  1. C’est en 1285, Philippe le Hardi étant mort le 5 octobre de cette année.
  2. Guillaume de Nangis, Chronique latine, éd. du Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 571. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 268-269.
  3. Alphonse III, fils de Pierre III, roi d’Aragon, né en 1265, lui succéda en 1285, se fit couronner à Saragosse le jour de Pâques 1286 et mourut le 18 juin 1291.
  4. Jacques II le Juste, second fils de Pierre III, roi d’Aragon, qui lui laissa par testament le royaume de Sicile, devint roi d’Aragon en 1291 après la mort de son frère Alphonse et mourut le 2 novembre 1327.
  5. Constance, fille de Mainfroi, roi de SIcile, avait épousé en 1261 Pierre III, roi d’Aragon ; elle mourut en 1298.
  6. G. de Nangis dit : « Circa Pentecosten. »
  7. Sur le rôle joué en Sicile par Honorius IV après son élection qui eut lieu à Pérouse le 2 avril 1285, voir Léon Cadier, Essai sur l’administration du royaume de Sicile sous Charles Ier et Charles II d’Anjou, p. 122. Les réformes du pape Honorius IV. On pourra voir, dans les Registres d’Honorius IV publiés par Maurice Prou, les différentes mesures prises contre la femme et les fils de Pierre d’Aragon. Cf. no 494, sentence d’excommunication du 11 avril 1286 prononcée contre Constance et Jacques, nos 392 et 393, lettres du 30 avril 1286, nos 768 et 769, lettres du 23 mai 1286, no 807, lettre du 18 novembre 1286.
  8. Latin (éd. Géraud) : « Parisius. » D’après une note publiée par Rymer, Fœdera, éd. 1816, t. I, 2e part., p. 665, Édouard Ier aurait fait hommage à Paris « in camerâ juxta palatium Regis Franciæ », le 5 juin 1286 « die mercurii in septimana Pentecostes ».
  9. « In Natale Domini », ajoute G. de Nangis.
  10. Voir dans Rymer, op. cit., p. 677 (25 juillet 1287), les conditions auxquelles Charles, prince de Salerne, fut délivré par l’intermédiaire d’Édouard Ier, roi d’Angleterre.
  11. Mathieu de Vendôme, qui, en 1258, avait succédé à Henri Mallet comme abbé de Saint-Denis, mourut à Beaune le 25 septembre (D. Félibien, Hist. de l’abbaye royale de Saint-Denys, p. 242-256).
  12. La mention du successeur de Mathieu de Vendôme et le début de ce paragraphe nous font connaître la famille de manuscrits de la Chronique latine de G. de Nangis utilisée par les Grandes Chroniques (cf. éd. Géraud, t. I, p. 269, notes 1 et 2). Ce sont les manuscrits qu’ont suivis les éditeurs du Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX.
  13. Guillaume de Nangis, Chronique latine, éd. du Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 571. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 269-270.
  14. Henri II qui succéda à Jean Ier, mort en 1285.
  15. G. de Nangis, dans sa Chronique latine (éd. Géraud, t. I, p. 250), nous apprend qu’en 1278, Marie, fille de Bohémond IV, prince d’Antioche, et petite-fille par sa mère d’Amauri de Lusignan et d’Isabelle, reine de Jérusalem, retirée en France, avait cédé à Charles, roi de Sicile, tous ses droits sur le royaume de Jérusalem, moyennant une somme de 4,000 livres tournois qui lui serait payée chaque année pendant sa vie sur les revenus du comté d’Anjou.
  16. G. de Nangis (éd. Géraud) dit que cette confiscation fut faite par Robert, comte d’Artois, « tutor heredum principis Salernæ Karoli capti ».
  17. Le récit de la bataille de Woeringen, des Grandes Chroniques, est le même que celui des Istore et Croniques de Flandres (éd. Kervyn de Lettenhove, t. I, p. 189-190). Celui des Anciennes chroniques de Flandre (dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXII, p. 346-348) ne diffère guère des précédents que par certains détails ajoutés, et celui de la Chronographia regum Francorum (éd. Moranvillé, t. I, p. 32-34) semble bien provenir de la même source que celui des chroniques précédentes. G. de Nangis, dans sa Chronique latine (Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 572, et éd. Géraud, t. I, p. 273), ne consacre que quelques lignes à cette bataille, ainsi que Gilles le Muisit (éd. H. Lemaître, p. 14 et 15). Jean d’Outremeuse (Ly myreur des histors, éd. Borgnet, t. V, p. 461 à 466) semble avoir puisé le récit de cette bataille et de ses causes à d’autres sources.
  18. Il est fait allusion à Henri III de Luxembourg, mort le 24 décembre 1274.
  19. Henri III de Luxembourg eut quatre fils et deux bâtards (Art de vér. les dates, t. III, p. 120).
  20. Henri IV, comte de Luxembourg, qui succéda à son père et fut tué le 5 juin 1288 à la bataille de Woeringen. Il avait épousé Béatrix, fille de Baudoin d’Avesnes, seigneur de Beaumont (Ibid., p. 121).
  21. Henri V, comte de Luxembourg, succéda à son père Henri IV et, élu roi des Romains le 15 novembre 1308, fut couronné empereur le 29 juin 1312. Il fut l’empereur Henri VII.
  22. La comtesse de Flandre, sœur de Henri IV, était Isabelle qui avait épousé Gui de Dampierre.
  23. Philippine, sœur de Henri IV, qui avait épousé Jean d’Avesnes, comte de Hainaut et de Hollande.
  24. Renaud Ier dit le Belliqueux (1271-1326) ; sa seconde femme était Marguerite, fille de Gui de Dampierre, comte de Flandre.
  25. Jean Ier, dit le Victorieux (1261-1294).
  26. Waleran IV, duc de Limbourg, mort à la fin de 1279, n’eut qu’une fille, Ermengarde, qui épousa Renaud Ier, comte de Gueldre. Ermengarde étant morte sans enfants en 1282, le duché de Limbourg fut revendiqué par Adolphe, comte de Berg, comme plus proche héritier, qui vendit ensuite ses droits à Jean, duc de Brabant. Après un commencement d’hostilités entre le comte de Gueldre et le duc de Brabant, il fut conclu un accord, en vertu duquel le duché de Limbourg resterait au comte de Gueldre pour sa vie, après quoi il reviendrait au duc de Brabant. À la suite de nouveaux conflits, le 16 mai 1288, le comte de Gueldre ayant cédé tous ses droits à Henri IV, comte de Luxembourg, le duc de Brabant l’attaqua et le battit le 5 juin 1288 à Woeringen.
  27. Ouronne, latin Eurona. Woeringen, sur les bords du Rhin, entre Cologne et Düsseldorf.
  28. Gui de Flandre est Gui de Dampierre, fils de Guillaume de Dampierre et de Marguerite de Flandre (1280-1305).
  29. Ces trois fils de Luxembourg étaient des fils de Henri III ; Waleran, sire de Ligny et de Roucy, et deux bâtards, tous trois frères de Henri IV qui fut tué aussi.
  30. Sigfried de Westerburg qui occupa ce siège du 7 avril 1275 à sa mort, 7 avril 1297.
  31. Guy III, comte de Saint-Pol, deuxième fils de Hugues V et de Marie d’Avesnes (9 avril 1248-12 mars 1289).
  32. Béatrix, comtesse de Luxembourg, veuve de Henri IV tué à la bataille de Woeringen, de concert avec Marie de Brabant, reine douairière de France, et avec la comtesse de Flandre, fit épouser à Henri V, son fils, Marguerite, fille aînée du duc de Brabant. Le contrat de mariage fut signé à la fin d’avril et le mariage célébré le 28 mai 1292.
  33. Jean qui, en 1309, épousa Élisabeth, seconde fille de Wenceslas, roi de Bohême, et fut tué le 26 août 1346 à la bataille de Crécy.
  34. Marie de Luxembourg, sœur de Jean, roi de Bohême, qui, le 21 septembre 1322, épousa Charles IV le Bel et mourut en 1324.
  35. Guillaume de Nangis, Chronique latine (Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 571. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 270).
  36. Cette mention n’est pas tirée de la Chronique latine de G. de Nangis ; on peut la rapprocher de ce que rapporte Aubri de Troisfontaines à l’année 1240 (Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXI, p. 628).
  37. Guillaume de Nangis, Chronique latine (Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 572. Cf. éd. H. Géraud, t. I, p. 274).
  38. Vers le 2 février 1289. Charles II d’Anjou fut délivré le 29 août 1288.
  39. La somme pour sa rançon était fixée à cinquante mille marcs d’argent (Rymer, Fœdera, éd. 1816, t. I, 2e part., p. 677).
  40. Rymer, Ibid., donne le chiffre de soixante « sexaginta ».
  41. Bernard Gui, dans ses Flores chronicorum (Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXI, p. 709), place cet événement en 1289 « in fine mense Aprilis, dum letaniæ fierent sancti Marchi ». Cette ville fut prise le 26 avril (Annales Genuenses, dans Muratori, Rerum italicarum scriptores, t. VI, col. 598).
  42. Kelaoun-Melek-el-Mansour.
  43. Cf. Girard de Frachet (Ibid., t. XXI, p. 9).
  44. Guillaume de Nangis, Chronique latine (Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 572. Cf. éd. H. Géraud, t. I, p. 272-273).
  45. Les Grandes Chroniques ont mal traduit le latin. C’est à Naples que fut réunie la flotte pour combattre les Siciliens « galeis circa Ascensionem Domini apud Neapolim ad expugnandum Siculos congregatis ».
  46. Latin : « Reginaldus de Avella », Reinaud d’Avella.
  47. Latin : « Carthinensem urbem. » Catane, Sicile, ch.-l. de la prov. de Catane.
  48. Cette phrase traduite du latin : « et interim dum se parant, Siculi dictum militem obsidentes », nous fait connaître la famille de manuscrits de la Chronique de Guillaume de Nangis suivie par les Grandes Chroniques (cf. Chronique latine de G. de Nangis, éd. Géraud, t. I, p. 272 et 273, note 1).
  49. Le comte de Bregne est Gugues de Brienne, fils de Gautier IV de Brienne et de Marie de Lusignan.
  50. Philippe, fils de Gui de Dampierre, comte de Flandre et de sa première femme Mathilde.
  51. Roger de Loria, amiral aragonais.
  52. Sur Gui de Montfort, voir Ch. Bémont, Simon de Montfort, comte de Leicester, p. 253-255.
  53. Cette mention n’est pas tirée de la Chronique latine de G. de Nangis.
  54. Ranulf d’Homblonière, évêque de Paris, mourut le 12 novembre 1288.
  55. Adenulfus de Anagnia, prévôt de l’église de Saint-Omer, chanoine de Paris, fut élu, confirmé par Honorius IV, mais mourut avant d’être sacré (Gallia Christiana, t. VII, col. 119. Cf. Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXI, p. 633).
  56. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 572-573. Cf. éd. H. Géraud, t. I, p. 274-275. Cf. Girard de Frachet, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXI, p. 9. Voir aussi Bernard Gui, Flores chronicorum, ibid., p. 709.
  57. 29 mai 1289.
  58. Jacques II, fils de Pierre III, roi d’Aragon.
  59. Jayete, auj. Gaëte, Italie (Campanie), ch.-l. d’un district de la prov. de Caserte.
  60. Cf. Girard de Frachet, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXI, p. 9. Voir de Mas-Latrie, Histoire de l’île de Chypre, t. I, p. 486-487.
  61. Louis X le Hutin naquit le 4 octobre 1289.
  62. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 573-574. Cf. éd. H. Géraud, t. I, p. 276-278. Cf. Chronique de Girard de Frachet, t. XXI, p. 9. Voir dans Martène et Durand, Veterum scriptorum… amplissima collectio, t. V, col. 757-784 ; Excidium urbis Acconis.
  63. Kelaoun-Melek-el-Mansour mourut à la fin du mois d’octobre 1290 (de Mas-Latrie, op. cit., t. I, p. 487).
  64. Malec-Aschraf-Khalil. Sur le siège de Saint-Jean-d’Acre, voir de Mas-Latrie, op. cit., p. 487-497.
  65. 4 mai 1291.
  66. Henri II de Lusignan, roi de Chypre, après Jean Ier de 1285 à 1324.
  67. Burcard.
  68. Mathieu de Clermont, maréchal de l’Hôpital.
  69. Jean de Villiers, grand maître de l’Hôpital.
  70. Sur l’action des Templiers et des Hospitaliers à la porte Saint-Antoine, cf. Excidium urbis Acconis, col. 781-782.
  71. Saint-Jean-d’Acre fut pris le 28 mai 1291.
  72. Ce repaire était une barque, un dromon, « tracti a suis in dromundo ».
  73. Charles de Valois épousa Marguerite, fille de Charles II, roi de Sicile, à Corbeil, le 16 août 1290 ; elle mourut le 31 décembre 1299 (Joseph Petit, Charles de Valois, p. 236). D’après les clauses du contrat de mariage daté de Senlis le 18 août 1290, il fut stipulé que Marguerite apportait en dot à Charles de Valois les comtés d’Anjou et du Maine en échange de sa renonciation aux royaumes d’Aragon et de Valence et au comté de Barcelone (Dumont, Corps diplomatique, t. I, 1re partie, p. 420. Martène et Durant, Thesaurus novus anecdotorum, t. I, col. 1236. Cf. J. Petit, op. cit., p. 18).
  74. Ce paragraphe n’est pas emprunté à la Chronique latine de G. de Nangis, dans laquelle on ne parle pas de ce miracle qui eut lieu à Paris le jour de Pâques 1290 (2 avril). On pourra voir dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXI, p. 127 (Extrait d’une chronique anonyme finissant en M CCC LXXX), une mention du même miracle qui offre des points de ressemblance avec le récit des Grandes Chroniques. Cf. ibid., p. 132-133 ; ibid., t. XXII, p. 32. Villani, Historie Fiorentine, dans Muratori, Rerum italicarum scriptores, t. XIII, p. 336, chap. cxlii, rapporte le même fait. Cf. D. Félibien, Hist. de Paris, t. I, p. 458.
  75. En la acommingant, en recevant la communion.
  76. Simon Matifas de Bucy, évêque de Paris, février 1290 à sa mort, 22 juin 1304.
  77. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 574. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 278-280.
  78. Voir dans Les registres de Nicolas IV, par Ernest Langlois, les nos 6778 à 6805, lettres du mois d’août 1291, par lesquelles le pape exhorte le roi de France et tous les fidèles à prendre la croix, à aller au secours de la Terre Sainte et à lui venir en aide. Cf. Raynaldi, Annales ecclesiastici, t. IX, p. 95 et 96.
  79. Le comte de Hainaut, Jean d’Avesnes, fils de Bouchard d’Avesnes et de Marguerite de Flandre.
  80. Guillaume, deuxième fils de Gui de Dampierre et de Mathilde, fille de Robert, seigneur de Béthune et de Termonde. Philippe le Bel prit en outre la ville sous sa protection (Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXI, p. 133, et Chronique de Jean des Preis, dit d’Outremeuse, t. V, p. 482).
  81. Jeanne, comtesse de Blois, mourut le 19 janvier 1292.
  82. Hugues VI de Saint-Pol, fils aîné de Guy III et de Mahaut de Brabant, veuve de Robert, comte d’Artois, tué à la Massoure, était cousin germain de Jeanne.
  83. Il faudrait : et ses frères. On a dans le texte latin : « et fratres ipsius ». Il s’agit, en effet, des frères de Hugues VI, soit Gui qui fut Gui IV, comte de Saint-Pol, et Jacques, seigneur de Leuse et de Condé.
  84. Gaucher de Châtillon qui fut connétable de France, fils d’Hugues V de Châtillon, comte de Saint-Pol et de Blois, et de Marie d’Avesnes (P. Anselme, t. VI, p. 90).
  85. Gui, seigneur d’Encre, devint ainsi Gui IV, comte de Saint-Pol.
  86. Nicolas IV mourut à Rome le 4 avril 1292 ; son successeur, Célestin V, ne fut élu pape à Pérouse que le 5 juillet 1294 après une vacance de deux ans et trois mois.
  87. C’est Rodolphe de Habsbourg qui est ainsi appelé.
  88. Adolphe, comte de Nassau.
  89. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 574-575 (cf. éd. H. Géraud, t. I, p. 280-282). Cf. Girard de Frachet, dans ibid., t. XXI, p. 10.
  90. Les Anglais ravagèrent aussi l’île de Ré (Histoire de la Rochelle par Amos Barbot, dans Archives historiques de la Saintonge et de l’Aunis, t. XIV, p. 110.
  91. Latin : « Petragorum », Périgueux.
  92. Sur les mesures prises et les subsides demandés par Raoul de Clermont, seigneur de Nesle, connétable de France, pour mettre la Guyenne sous la main du roi, voir Hist. de Languedoc (n. éd.), t. IX, p. 172-177.
  93. Voir Guillaume l’Écossais dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXI, p. 203. Cf. Joseph Petit, Charles de Valois, p. 25.
  94. Sur cette émeute et sur ses causes et sur ses suites, voir A. Chéruel, Histoire de Rouen pendant la période communale, t. I, p. 192-198.
  95. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 575. Cf. éd. H. Géraud, t. I, p. 282-283.
  96. Sur ce duel qui eut lieu à la Pencôte 1293 entre Bernard VI, comte d’Armagnac, et Roger-Bernard, comte de Foix, voir Hist. de Languedoc (n. éd.), t. IX, p. 148.
  97. Les Annales de Saint-Wandrille (Rec. des Hist. des Gaules et de la France), t. XXIII, p. 426, signalent aussi cet incendie. Cf. Abel Lefranc, Hist. de la ville de Noyon, p. 158.
  98. Henri d’Espagne, fils de Ferdinand III le Saint roi de Castille, sénateur de Rome en juillet 1267, avait été fait prisonnier par Charles Ier d’Anjou, roi de SIcile, après la défaite de Conradin (G. de Nangis, t. I, p. 234. Cf. Le Nain de Tillemont, Vie de saint Louis, t. VI, p. 98-130).
  99. Sanche IV, roi de Castille.
  100. Guillaume de Grez qui était évêque d’Auxerre depuis le 10 octobre 1279 mourut le 29 janvier 1293. Après sa mort le chapitre d’Auxerre élut une première fois Ferri, fils du duc de Lorraine et prévôt de Saint-Dié au diocèse de Toul, puis Pierre de Grez, chanoine d’Auxerre. Les chanoines divisés en appelèrent au pape et Boniface VIII transféra du siège d’Orléans à celui d’Auxerre Pierre de Mornay qui fut installé le 4 février 1296 (Gallia christiana, t. XII, col. 312, et Lebeuf, Mémoires concernant l’histoire ecclésiastique et civile d’Auxerre, t. I, p. 416).
  101. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 575-576. Cf. éd. H. Géraud, t. I, p. 286-287.
  102. Les Anglais, dont la flotte était sous le commandement de Jean II, duc de Bretagne, débarquèrent à l’embouchure de la Garonne vers la fin du mois de décembre 1294 (Hist. de Languedoc, t. IX, p. 182).
  103. D’après le texte latin ce ne serait pas la ville de la Rochelle, mais l’île de Ré que les Anglais auraient ravagé « quæ insulam dictam de Ré versus Ruppellam in Pictavia de parte regis Franciæ se tenentem depopulans, totam incendio conflagravit. »
  104. Le latin ajoute : « et tres villas vel oppida ».
  105. Les Anglais prirent Bayonne le 1er janvier 1295 (Hist. de Languedoc, t. IX, p. 183).
  106. Aucuerre, auj. Acerra, Italie, prov. de Caserte.
  107. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 576. Cf. éd. H. Géraud, t. I, p. 287.
  108. Voir pour ce chapitre : Funck-Brentano, Les origines de la guerre de cent ans. Philippe le Bel en Flandre, p. 144-151 ; Philippine de Flandre à la cour de France.
  109. Gui de Dampierre vint à Paris en octobre 1294 ; il retourna en Flandre en février 1295, après un séjour à Paris de quatre mois et demi (Ibid., p. 150, note 2). Philippine demeura en France pendant les années 1295-1296 (Ibid., p. 147).
  110. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, 576. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 288.
  111. G. de Nangis (éd. Géraud, p. 288) indique où ce château est situé : « Riontium, castrum fortissimum super Girondam situm » ; c’est Rions, Gironde, arr. de Bordeaux, cant. de Cadillac. Charles de Valois y mit le siège le 25 mars 1295 (J. Petit, Charles de Valois, p. 29) et le prit le 8 avril suivant, le vendredi de Pâques (Hist. de Languedoc, nouv. éd., t. IX, p. 183).
  112. Jean de Saint-Jean était lieutenant du roi d’Angleterre en Guyenne.
  113. Jean II, duc de Bretagne.
  114. G. de Nangis (Ibid., p. 575. Cf. éd. Géraud, p. 284 et 285).
  115. Henri III, comte de Bar, qui à la fin de septembre 1293 avait épousé à Bristol Éléonore, fille d’Édouard Ier, roi d’Angleterre.
  116. Les Anciennes chroniques de Flandre (Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXII, p. 349, note 2) nomment ce chevalier Pierre de Beaufremont. Cf. Chronographia regum Francorum, éd. Moranvillé, t. I, p. 34. La Chronique de G. de Nangis dit seulement : « a quodam milite interfectus » sans dionner son nom, ni les autres détails sur sa mort que donnent les Grandes Chroniques.
  117. Jean Ier de Brabant mourut dans la nuit du 3 mai 1294 et son corps fut porté aux Cordeliers de Bruxelles.
  118. Célestin V, auparavant Pierre Mouron, fondateur de l’ordre des Célestins, fut élu pape à Pérouse à environ soixante-dix-neuf ans, le 5 juillet 1294. Sacré à Aquila le 29 août, il abdiqua à Naples le 13 décembre suivant et mourut en 1296, le 19 mai. Voir, sur lui, Acta Sanctorum, mai, t. IV, p. 419 à 536.
  119. Latin : « ætatis, ut putabatur, annorum septuaginta et amplius ».
  120. Il créa treize cardinaux au mois de septembre 1294. Cf. Ciaconius, Vitæ et res gestæ pontificum romanorum, t. II, col. 284-294.
  121. Boniface VIII fut élu pape à Naples le 24 décembre 1294 et sacré à Rome le 2 janvier 1295. Il mourut à Rome le 11 octobre 1303.
  122. Célestin V mourut au château de Fumone, dans le royaume de Naples.
  123. G. de Nangis (Chronique latine, p. 576. Cf. éd. Géraud, p. 287).
  124. Raoul II de Granville, dominicain, patriarche latin de Jérusalem, révoqué puis rétabli, était en fonctions le 16 mai 1295, mort en novembre 1304 (cf. Chapotin, Histoire des Dominicains de la province de France, p. 747-748).
  125. La fin de ce chapitre n’est pas tirée de la Chronique latine de G. de Nangis. Elle dit seulement : « Romanorum rex Adulfus, regi Angliæ Eduardo pecunia contra regem Franciæ confœderatus, fecit regem Franciæ ex parte sui post octabas Nativitatis Dominicæ diffidare ; sed auxiliariis sibi deficientibus, naquivit perficere quod optabat. » Cf. Anciennes chroniques de Flandre, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXII, p. 350, et Chronographia regum Francorum, éd. Moranvillé, t. I, p. 44 à 46, qui donnent le même récit que les Grandes Chroniques.
  126. Après Rodolphe de Habsbourg, empereur d’Allemagne, qui mourut à Spire le 15 juillet 1291, Adolphe de Nassau fut élu roi de Romains le 1er mai 1292 à la diète de Francfort.
  127. La lettre originale conservée aux Archives nationales (J. 610, no 14) est datée de Nuremberg, le 2 des calendes de septembre. Elle est publiée dans la Chronographia, t. I, p. 45, note 1.
  128. Une réponse de Philippe le Bel, datée de Paris le mercredi avant la mi-carême (9 mars 1295), conservée aux Archives nationales (J. 610, no 14 bis), est différente de celle qu’ont donnée les Grandes Chroniques, les Anciennes chroniques de Flandre et la Chronographia (cf. Grandes Chroniques, éd. P. Paris, t. V, p. 111, note 1, et surtout Chronographia, t. I, p. 45, note 1, où elle est publiée intégralement). Le Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXII, p. 350, note 4, explique que la lettre du mois de mars, conçue en termes mesurés, mais postérieure de plus de six mois au défi d’Adolphe de Nassau, n’est pas la preuve qu’une réponse plus vive n’aurait pas été donnée immédiatement après la provocation de l’empereur d’Allemagne.
  129. Dans le Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 661, on donne la leçon : « et ledit Adulphe roy des Rommains, la veille de la Penthecouste ».
  130. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 576-577. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 288-290.
  131. Le mot « de » est donné par le ms. fr. 17270 de la Bibl. nat.
  132. Podency, latin : « Podenciacum », auj. Podensac, Gironde, arr. de Bordeaux, ch.-l. de cant.
  133. Le 3 avril 1295.
  134. On a dans le latin : « feriâ quintâ Paschæ » ; c’est donc le jeudi après Pâques, soit le 7 avril.
  135. Le 8 avril.
  136. Saint-Sever, Landes, arr. de Mont-de-Marsan, ch.-l. de cant., anc. ch.-l. d’arr.
  137. Charles de Valois était déjà devant Saint-Sever le 29 avril 1295 et on l’y trouve encore le 2 juillet suivant (Hist. de Languedoc, nouv. éd., t. IX, p. 183-184. Voir aussi J. Petit, Charles de Valois, p. 30).
  138. Latin : « a fidelitate regis Franciæ pollicita resilivit » s’échappa de la féauté du roi de France.
  139. Sanche IV, roi de Castille, mourut à Tolède, le 25 avril 1295.
  140. Sanche IV avait épousé en secondes noces sa parente « consanguinea sua » Marie de Molina. La qualification de nonnain dans les Grandes Chroniques, monacha dans G. de Nangis (éd. Géraud), provient, sans doute, d’une erreur de copiste qui put écrire monacha pour molina. Cf. P. Paris, Grandes Chroniques, t. V, p. 113, note 2, et Chronique latine de G. de Nangis, éd. Géraud, t. I, p. 290, note 1.
  141. Ce fut Ferdinand IV, né le 6 décembre 1285, qui succéda à son père Sanche III sous la tutelle de la reine Marie sa mère. Henri, fils de Ferdinand III et frère d’Alphonse X, était l’oncle paternel de Sanche IV et grand-oncle de ses enfants.
  142. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 577. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 291-292.
  143. L’édition Géraud de la Chronique de G. de Nangis précise la date : « circa festum sancti Petri ad vincula », soit vers le 1er août. Cf. Funck-Brentano, Philippe le Bel en Flandre, p. 25.
  144. Nous avons rétabli ce mot d’après le ms. fr. 17270 de la Bibl. nat. ; latin : « exercitus ».
  145. Mathieu IV de Montmorency, fils de Mathieu III et de Jeanne de Brienne-Ramerupt, amiral et grand chambellan de France, mourut ver la fin de 1304 ou de 1305 (P. Anselme, Hist. généal., t. VII, p. 733).
  146. Jean II de Harcourt, fils de Jean Ier et d’Alix de Beaumont, maréchal de France, fut lieutenant général de l’armée navale du roi avec Mathieu IV de Montmorency. Il mourut le 21 décembre 1302 (Ibid.).
  147. La reine Marguerite mourut le 21 décembre 1295.
  148. Sur la fondation du monastère des Cordelières de Saint-Marcel, voir Lenain de Tillemont, Vie de saint Louis, t. V, p. 235 à 239, et Jaillot, Recherches critiques sur la ville de Paris, t. IV. Quartier de la place Maubert, p. 75 à 82.
  149. Alphonse III, fils de Pierre III, roi d’Aragon, et de Constance, fille de Mainfroi, roi de Sicile, mourut à Barcelone le 18 juin 1291.
  150. Jacques II fut couronné roi d’Aragon le 6 septembre 1291 à Saragosse et le 1er novembre 1295 épousa Blanche, fille de Charles II d’Anjou, roi de Naples, et de Marie de Hongrie, fille d’Étienne V, roi de Hongrie.
  151. En quittant la Sicile, Jacques laissa le gouvernement de l’île à Constance, sa mère, et à Frédéric, son frère.
  152. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 577. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 292-293.
  153. Ce roi d’Écosse est Jean Bailleul ou Baillol qui, obligé de se rendre à Édouard Ier, le 24 juin 1296, après la bataille de Dunbar, renonça au trône d’Écosse par l’acte de Kincardin (2 juillet 1296), fut envoyé à la tour de Londres, puis se retira en France, où il mourut en 1305.
  154. Alphonse X, roi de Castille.
  155. Latin : « regis Sancionis ». Sanche IV, fils d’Alphonse X.
  156. Jacques II, roi d’Aragon, fils de Pierre III et de Constance.
  157. Latin : « Johannis Minimu », mauvaise lecture pour « Johannis Nunnii », Jean Nuñez.
  158. Jean, troisième fils d’Alphonse X, roi de Castille, fut tuteur d’Alphonse XI, fils et successeur de Ferdinand IV.
  159. Pierre de Colonna, Romain, avait été créé cardinal-diacre de Saint-Eustache, en 1288, par Nicolas IV.
  160. Jacques de Colonna, créé cardinal-diacre de Sainte-Marie in Via lata en 1278, par Nicolas III.
  161. Sur la rébellion des cardinaux Pierre et Jacques de Colonna contre Boniface VIII, voir Ciaconius, Vitæ et res gestæ Pontificum romanorum, t. II, col. 297-298.
  162. G. de Nangis, Ibid., p. 578. Cf. éd. Géraud, p. 296.
  163. Florent V, comte de Hollande, fut tué le 28 juin 1296.
  164. Jean Ier, fils de Florent V, qui lui succéda sous la tutelle de Jean d’Avesnes, comte de Hainaut, mourut le 10 novembre 1299, sans enfants, et Jean d’Avesnes devint comte de Hollande.
  165. Il faut lire : Pamiers. Bernard de Saisset, abbé du monastère de Saint-Antonin de Pamiers, aurait été nommé évêque le 23 juillet 1295 (Eubel, Hierarchia catholica medii ævii, p. 94).
  166. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 577. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 293-294.
  167. La bulle Clericis laicos. Voir Dupuy, Histoire du différend entre le pape Boniface VIII et Philippe le Bel, p. 3 et 4, et preuves, p. 14.
  168. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 578. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 294-296.
  169. Edmond, comte de Lancastre, frère du roi d’Angleterre, Édouard Ier.
  170. Sur l’expédition de Robert d’Artois en Gascogne en 1296, voir Hist. de Languedoc, nouv. éd., t. IX, p. 195-196. Cette expédition avait pour objet de délivrer Dax assiégée par les Anglais.
  171. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 578. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 296-297.
  172. G. de Nangis (éd. Géraud, p. 296) dit : « suasu filii sui Roberti, ut creditur, regi Angliæ confœderatus ». Un traité d’alliance offensive et défensive contre le roi de France fut, en effet, négocié entre les cours d’Angleterre et de Flandre pendant le mois de décembre 1296 et conclu le 7 janvier 1297 (Funck-Brentano, Philippe le Bel en Flandre, p. 198-201).
  173. G. de Nangis (id.) ajoute : « per duos abbates ». En effet, le 9 janvier 1297, Gui de Dampierre chargea les abbés de Floreffe et de Gembloux de porter à Philippe le Bel un mémoire qu’ils lui remirent le 20 janvier (Funck-Brentano, op. cit., p. 201-204).
  174. Bibl. nat., ms. fr. 17270, fol. 341.
  175. 20 décembre 1296. Cf. Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXI, p. 15, 134, et Maurice Champion, Les inondations en France depuis le VIe siècle jusqu’à nos jours, p. 30-31.
  176. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 578. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 297.
  177. Escoulouriables, glissantes. Latin : « rerum labentium ».
  178. Copie, jouissance. Latin : « copia ».
  179. Retour, asile. Latin : « ubi diverteret ».
  180. G. de Nangis (éd. Géraud, p. 293).
  181. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 578-579. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 298.
  182. Jeanne, fille de Henri III, comte de Champagne, femme de Philippe le Bel.
  183. C’est l’abbaye de Beaulieu (Meuse, arr. de Bar-le-Duc, cant. de Triaucourt) qu’il dévasta (Ch. Aimond, Les relations de la France et du Verdunois, de 1270 à 1552, p. 74).
  184. Gaucher de Châtillon, comte de Crécy, créé connétable de Champagne vers 1286, fut pourvu de la dignité de connétable de France après Raoul de Clermont, tué à la bataille de Courtrai le 11 juillet 1302 et mourut en 1329 (le P. Anselme, Hist. généal., t. VI, p. 90).
  185. M. Aimond (op. cit., p. 75) dit que Gaucher de Châtillon battit le comte de Bar probablement à Vaubecourt (Meuse, arr. de Bar-le-Duc, ch.-l. de cant.).
  186. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 579. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 299-300.
  187. 2 juin 1297.
  188. Louis, fils de Philippe III le Hardi et de sa seconde femme Marie de Brabant, créé comte d’Évreux en avril 1307 par son frère Philippe le Bel, fut la souche des comtes d’Évreux, rois de Navarre.
  189. Louis, fils de Robert de France, comte de Clermont, sixième fils de saint Louis et de Béatrix de Bourgogne, fille d’Agnès de Bourbon, devint sire de Bourbon après la mort de sa mère, le 1er octobre 1310.
  190. 23 juin. C’est à cette date que commença le siège de Lille qui dura jusqu’au 1er septembre 1297, jour où la ville se rendit. Voir, sur tous les événements survenus pendant cette période, Funck-Brentano, Philippe le Bel en Flandre, p. 237-259.
  191. Marquette, Nord, arr. et cant. de Lille.
  192. Gui IV, comte de Saint-Pol.
  193. Raoul de Clermont II, seigneur de Nesle, connétable de France, tué à la bataille de Courtrai, le 11 juillet 1302.
  194. Gui de Clermont Ier dit de Nesle, maréchal de France, tué aussi à la bataille de Courtrai.
  195. La Lys.
  196. Latin : « super fluvium villæ de Comminis ». C’est donc Comines, Nord, arr. de Lille, cant. de Quesnoy-sur-Deule. Sur le combat du pont de Comines qui eut lieu le 16 juillet 1297, voir Funck-Brentano, op. cit., p. 241, et Chronique artésienne, éd. Funck-Brentano, p. 13-14.
  197. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 579-580. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 300-302.
  198. Latin : « apud Urbem veterem ». C’est à Orvieto que le 11 août 1297, « tertio idus augusti », Boniface VIII canonisa saint Louis et non à Sienne comme l’indique P. Paris, dans son édition des Grandes Chroniques, t. V, p. 121. Dans la leçon des Chroniques de Saint-Denis, donnée par le Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 664, on a : « en la Ville vielle ». Cf. la bulle de canonisation publiée par Raynaldi, Annales ecclesiastici, t. IV, p. 244-247.
  199. Robert II, comte d’Artois, qui déjà le 13 juillet était à Lens, fut le 4 août à Saint-Omer (Funck-Brentano, Philippe le Bel en Flandre, p. 250, note 4).
  200. Philippe, fils de Robert d’Artois et de sa première femme Amicie de Courtenai, mourut le 11 septembre 1298 des blessures qu’il avait reçues au combat de Pont-à-Vendin.
  201. La bataille de Furnes fut livrée le 20 août 1297 (Annales Gandenses, éd. Funck-Brentano, p. 4 et Chronique artésienne, ibid., p. 15. Cf. Funck-Brentano, op. cit., p. 250-254).
  202. Guillaume de Juliers, petit-fils de Gui de Dampierre par sa mère Marie, qui avait épousé Guillaume, fils aîné de Guillaume IV, comte de Juliers. Il mourut quelques jours après de ses blessures à Saint-Omer (Annales Gandenses, p. 4).
  203. Latin : « comes Albimontis ». Henri de Blamont (Meurthe-et-Moselle, arr. de Lunéville), seigneur lorrain, l’un des principaux conseillers de Gui de Dampierre ; son fils avait été pris au combat du pont de Comines (Funck-Brentano, op. cit., p. 241, note 8).
  204. La ville de Furnes fut occupée après la bataille (Chronique artésienne, éd. Funck-Brentano, p. 16).
  205. Lille, qui avait été investi le 23 juin 1297, capitula le 1er septembre suivant (Funck-Brentano, op. cit., p. 239 et 254, note 3, et Chronique artésienne, p. 13 et 16).
  206. Robert de Béthune, fils aîné de Gui de Dampierre et de sa première femme Mathilde, fille de Robert, seigneur de Béthune, lui succéda en 1305 sous le nom de Robert III, et mourut le 17 septembre 1322.
  207. Voir, sur les conditions de la capitulation de Lille, Funck-Brentano, op. cit., p. 258.
  208. Philippe le Bel vint à Courtrai le 3 septembre (Chronique artésienne, p. 17).
  209. Édouard fit son entrée à Gand avec le comte de Flandre le 4 septembre (Funck-Brentano, op. cit., p. 264).
  210. Il est fait allusion ici aux conventions d’Ingelmunster (Belgique, Flandre occidentale, arr. de Roulers, cant. d’Iseghem) du 18 septembre 1297 (Funck-Brentano, Philippe le Bel en Flandre, p. 260-264).
  211. « Esmut isnelement son ost » (Bibl. nat., ms. fr. 17270).
  212. Ce sont les trêves qui furent conclues le 9 octobre 1297, en l’abbaye de Vyve-Saint-Bavon sur la Lys, près de Gand, entre les rois de France et d’Angleterre. Le texte de ces trêves est donné par Rymer, Fœdera, t. I, 2e part., p. 879, et Limburg-Stirum, Codex diplomaticus Flandriæ, t. I, p. 208, no 62. Cf. Funck-Brentano, op. cit., p. 267-270.
  213. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 580. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 302-303.
  214. G. de Nangis (éd. Géraud) fait connaître le jour : « Octavo die ante Nativitatem Domini. »
  215. La bulle Romana mater ecclesia du 23 février 1297 (Raynaldi, op. cit., t. IV, p. 237. Cf. Boutaric, La France sous Philippe le Bel, p. 97).
  216. Sous-entendu : lui octroyait.
  217. Pour toutes ces impositions sur le clergé concédées par Boniface VIII à Philippe le Bel, voir Boutaric, op. cit., p. 285.
  218. Latin : « in jure canonico et civili ».
  219. Le sixième est donné par la leçon du Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 665.
  220. Le sens du texte latin n’a pas été bien rendu : « Decrevit ipse pontifex ut libro quinto Decretalium adjuncta facerent sextum librum. »
  221. G. de Nangis, éd. Géraud, p. 298-299.
  222. Nepesie, auj. Nepi, Italie, prov. de Rome.
  223. Cette phrase donne la traduction de la leçon publiée par Géraud. Dans le Rec. des Hist., on dit seulement : « inde (de Nepi) fugere cardinales compulit columnenses, qui apud Columnæ oppidum venientes, ibidem denuo sunt obsessi ».
  224. G. de Nangis, éd. Géraud, p. 300. Rec. des Hist., p. 579, cf. supra, p. 175, note 1.
  225. G. de Nangis, éd. Géraud, p. 304.
  226. Albert Ier d’Autriche, fils de Rodolphe de Habsbourg, élu empereur le 23 juin 1298, tua le 2 juillet suivant son compétiteur, Adolphe de Nassau, à la bataille de Goelheim (cf. Raynaldi, op. cit., t. IV, p. 254). Il régna jusqu’au 1er mai 1308, date où il fut tué par son neveu, Jean d’Autriche, prince de Souabe.
  227. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 580. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 303-304.
  228. Le 21 avril, « in privato consistorio » dit G. de Nangis (éd. Géraud).
  229. Ce privilège leur aurait été concédé par Martin IV (G. de Nangis, éd. Géraud).
  230. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 580. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 305.
  231. 25 août 1298. Voir sur cette cérémonie Joinville, Histoire de saint Louis, éd. N. de Wailly, chap. cxlvii, et Lenain de Tillemont, Vie de saint Louis, t. V, p. 219-222.
  232. De con, de quel.
  233. Voir, dans Rec. des Hist., t. XX, p. 121 à 189, les miracles relevés pour la canonisation de saint Louis ; dans Mémoires de la Soc. de l’hist. de Pairs et de l’Île-de-France, t. XXIII, p. 1 à 71 ; H.-F. Delaborde, Fragments de l’enquête faite à Saint-Denis en 1282, en vue de la canonisation de saint Louis, et Guillaume de Saint-Pathus, Les miracles de saint Louis, édités par Percival B. Faÿ (Les classiques français du moyen âge, publiés sous la direction de Mario Roques, fasc. 70).
  234. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 581. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 306.
  235. Philippe, seigneur de Conches, fils de Robert II, comte d’Artois, et d’Amicie de Courtenay, mourut le 11 septembre 1298.
  236. Blanche était fille de Jean II, duc de Bretagne, qui mourut à Lyon le 18 novembre 1305.
  237. Marguerite, fille de Philippe d’Artois, épousa, en 1301, Louis de France, frère de Philippe le Bel, qui le créa comte d’Évreux en avril 1307. Elle mourut le 24 avril 1311.
  238. Gaston Ier, fils de Roger-Bernard III, comte de Foix, épousa Jeanne d’Artois, fille de Philippe d’Artois.
  239. Robert II, comte d’Artois, épousa, en 1298, Marguerite, fille de Jean d’Avesnes, comte de Hainaut ; elle mourut le 18 octobre 1342.
  240. Reate, auj. Rieti, Italie, prov. de Pérouse.
  241. G. de Nangis, Rec. des Hist., p. 582, éd. Géraud, p. 310 (an. 1300).
  242. Rodolphe, duc d’Autriche, élu roi de Bohême en 1307, fils de l’empereur Albert Ier d’Autriche, épousa Blanche, fille de Philippe III le Hardi et de sa seconde femme, Marie de Brabant.
  243. Il faut lire Blanche.
  244. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 581. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 306-307.
  245. Robert, fils de Charles II, roi de Naples, succéda à son père en 1309 et mourut le 19 janvier 1343.
  246. Philippe, prince de Tarente, qui, au mois de juillet 1313, épousa Catherine de Valois, fille de Charles de Valois et de sa deuxième femme Catherine de Courtenay, et mourut le 26 décembre 1332 (J. Petit, Charles de Valois, p. 121-123, 244).
  247. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 581. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 307.
  248. C’est le 26 juin 1299 (vendredi après la Saint-Jean) que ce traité de paix fut conclu à Montreuil (Boutaric, La France sous Philippe le Bel, p. 402).
  249. Marguerite de France, fille de Philippe III le Hardi, qu’Édouard Ier épousa en secondes noces.
  250. Thomas, comte de Norfolk.
  251. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 581. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 307-308.
  252. G. de Nangis l’apelle « Magnus Canis ». Sur l’évangélisation des peuples de l’Orient et sur les luttes que les Tartares et les Arméniens soutinrent contre les Sarrasins, voir Raynaldi, op. cit., t. IV, p. 278-282. Cf. Marino Sanuto, Liber secretorum fidelium crucis Orientalis historiæ, t. II, p. 241-242, et Villani, Historie Fiorentine, dans Rerum italicarum scriptores, t. XIII, col. 365-366.
  253. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 581. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 308.
  254. Autre leçon de G. de Nangis (éd. Géraud) : « Circa festum sancti Andreæ. » Vers le 30 novembre.
  255. Sur ces conférences qui eurent lieu le 8 décembre 1299 dans la prairie de Quatrevaux, près du village de Rigny-Saint-Martin (Meuse, arr. de Commercy, cant. de Vaucouleurs), voir A. Leroux, Recherches critiques sur les relations politiques de la France avec l’Allemagne, de 1292 à 1378 (Bibliothèque de l’École des Hautes-Études), p. 103 et suiv., et Ch. Aimond, Les relations de la France et du Verdunois, p. 76-79. Cf. abbé Clouët, Histoire de Verdun et du pays verdunois, t. III, p. 42-49, et Alfred Hessel, Jahrbücher des deutschen Reichs unter König Albrecht I von Habsburg, p. 82.
  256. Henri III, comte de Bar, qui était prisonnier du roi de France depuis 1297, fut élargi par un traité du 3 juin 1301 et mourut en 1302.
  257. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 581. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 308-309.
  258. Charles de Valois partit de Paris le 1er janvier 1300 pour rejoindre l’armée réunie à Lens (J. Petit, Charles de Valois, p. 44, et Funck-Brentano, op. cit., p. 333).
  259. Douai se rendit le 6 janvier (J. Petit, op. cit., p. 45, et Funck-Brentano, op. cit., p. 334). La Chronique artésienne (éd. Funck-Brentano, p. 31) donne la date du 7 janvier.
  260. « A toute sa gent assés près du Dam » (Bibl. nat., ms. fr. 17270, fol. 343).
  261. Charles de Valois arriva à Bruges le 16 janvier (J. Petit, p. 46, Funck-Brentano, Ibid.).
  262. La ville de Damme défendue par Guillaume de Crèvecœur, fils de Gui de Dampierre, se rendit le 29 ou le 30 avril 1300 (Funck-Bretano, op. cit., p. 340).
  263. Sur toute la campagne de Charles de Valois, voir Funck-Brentano, op. cit., p. 334 à 341, et Chronique artésienne (Ibid., p. 31-34).
  264. Ferri, évêque d’Orléans, était fils de Ferri III, duc de Lorraine, et de Marguerite de Navarre. Il aurait été tué le 4 juin 1299 ; mais son obit est du 12 juin (Gallia christiana, t. VIII, col. 1470. Cf. Eubel, Hierarchia catholica, p. 120).
  265. Bertaut ou Bertrand de Saint-Denis aurait été nommé évêque d’Orléans le 23 décembre 1299 et serait mort le 1er août 1307 (Eubel, Ibid. Cf. Gallia christiana, ibid.).
  266. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 582. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 309.
  267. « Pris » (Bibl. nat., ms. fr. 17270).
  268. Ce fut le 8 mai 1300 que Charles de Valois reçut à Ardenbourg le comte de Flandre, Gui de Dampierre, ses deux fils, Robert de Béthune et Guillaume de Crèvecœur, accompagnés d’un certain nombre de chevaliers. Amenés à Paris le 24 mai, ils furent d’abord internés au Châtelet, puis Gui fut relégué à Compiègne, Robert à Chinon, Guillaume à Issoudun, et leurs compagnons en divers lieux (Chronique artésienne, p. 33-34. Annales Gandenses, p. 12. Chronographia, t. I, p. 88). Cf. Funck-Brentano, op. cit., p. 341-348 ; Kervyn de Lettenhove, Histoire de Flandre, t. II, p. 608-619 ; J. Petit, op. cit., p. 48-50.
  269. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 582. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 310.
  270. Sur le Jubilé de l’an 1300, voir Raynaldi, Annales ecclesiastici, t. IV, p. 284-287, et Villani, op. cit., dans Muratori, t. XIII, col. 367-368.
  271. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 582. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 310.
  272. Rodolphe, fils de l’empereur Albert Ier d’Autriche, épousa vers la fin du mois de mai 1300 (Chronique artésienne, p. 34), comme il avait été convenu à l’entrevue de Vaucouleurs, Blanche, fille de Philippe III le Hardi et de sa seconde femme Marie de Brabant. Élu roi de Bohême en 1307, il mourut sans postérité le 4 juillet de cette année.
  273. Cf. Raynaldi, op. cit., t. IV, p. 289 et 292.
  274. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 582. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 310.
  275. Charles de Valois épousa à Saint-Cloud, le 28 janvier 1301, Catherine de Courtenai, fille de Philippe de Courtenai et de Béatrice, fille de Charles Ier d’Anjou, roi de Sicile. Philippe était fils aîné de Baudouin II, dernier empereur latin de Constantinople.
  276. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 582. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 311.
  277. Leuthere, auj. Lucera, Italie, prov. de Foggia.
  278. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des
  279. Latin : « Armenios », les Arméniens.
  280. Sur la reprise de la Syrie par les Sarrasins en l’année 1300, cf. Raynaldi, op. cit., t. IV, p. 299-300.
  281. Ce paragraphe n’est pas tiré de la Chronique latine de G. de Nangis.
  282. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 584. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 328.
  283. Louis, fils de Philippe le Hardi et de sa seconde femme Marie de Brabant, créé comte d’Évreux par Philippe le Bel en 1307, épousa, en 1301, Marguerite, fille de Philippe d’Artois, seigneur de Conches.
  284. Charles de Valois partit au mois de mai 1301, fut reçu le 3 septembre suivant à Anagni par Boniface VIII, qui lui donna pleins pouvoirs pour pacifier l’Italie, et après une campagne en Toscane, en Calabre et en Sicile, revint à Paris vers la Chandeleur 1303 (J. Petit, Charles de Valois, p. 52-88).
  285. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 584. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 328-329.
  286. Philippe le Bel effectua son voyage en Flandre dans le courant des mois de mai et juin 1301 (Annales Gandenses, éd. Funck-Brentano, p. 13-15. Cf. Funck-Brentano, Philippe le Bel en Flandre, p. 356-364).
  287. Jacques de Saint-Pol, oncle de la reine, était le troisième fils de Gui de Châtillon, comte de Saint-Pol, et de Mahaut de Brabant. Il fut tué à la bataille de Courtrai (Funck-Brentano, op. cit., p. 354-356).
  288. Ce paragraphe relatif au comte de Bar n’est pas tiré de la continuation de G. de Nangis, mais d’un manuscrit qui prolongea sa chronique jusqu’à l’année 1303. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 312, et Rec. des Hist., t. XX, p. 584, note 4.
  289. Henri III, comte de Bar, pour expier ses torts envers Philippe le Bel, devait aller en Chypre. Autorisé, en échange, à accompagner Charles de Valois en Sicile, il mourut pendant cette expédition vers la fin de 1302 et fut enterré dans la cathédrale de Naples (J. Petit, Charles de Valois, p. 58 et 86).
  290. Latin : « Constantinopolim iret, vel alibi. »
  291. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 584, note 5. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 313-316.
  292. « Meismes » (Bibl. nat., ms. fr. 17270).
  293. « Primus episcopus Apamiensis » (G. de Nangis). C’est donc l’évêque de Pamiers, Bernard de Saisset, abbé de Saint-Antonin de Pamiers, qui devint évêque de cette ville le 23 juillet 1295 (Eubel, Hierarchia catholica medii ævi, p. 94). Voir, sur l’érection de l’abbaye de Pamiers en évêché, Histoire de Languedoc, nouv. éd., t. IX, p. 187, et t. X, p. 49, note ix. Cf. Gallia Christiana, t. XIII, col. 156, et l’abbé Vidal, Les origines de la province ecclésiastique de Toulouse, dans Annales du Midi, t. XV (1903).
  294. Espuier, appuyer, peser.
  295. Ce fut autour du mois d’octobre 1301 que Bernard de Saisset fut placé sous la garde de Gilles Aycelin, archevêque de Narbonne (Gallia christiana, t. VI, col. 85).
  296. Latin : « sciens et intelligens magni animi esse injurias in summa patientia pati nec impune læso principe gloriosus (legendum gloriosius) quicquam esse ».
  297. « Circa Purificationem beatæ Virginis Mariæ » (G. de Nangis, éd. Géraud). Cf. Memoriale historiarum Johannis a Sancto Victore, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXI, p. 638.
  298. Jacques des Normands, archidiacre de Narbonne et notaire apostolique, fut chargé, en qualité de nonce, de porter au roi la célèbre bulle « Ausculta fili », datée du 5 décembre 1301, et plusieurs autres bulles. Cf. Félix Rocquain, Philippe le Bel et la bulle « Ausculta Fili », dans Bibl. Éc. des Chartes, t. XLIV (1883), p. 393-418. Voir aussi Dupuy, Histoire du différend entre le pape Boniface VIII et Philippe le Bel, et dans Georges Digard, Les registres de Boniface VIII, t. III, col. 328, no 4424, le texte de la bulle Ausculta Fili ; voir aussi nos 4422, 4423, 4425. Les lettres relatives à la mission de Jacques des Normands, datées des 16, 18 et 19 décembre 1301, sont publiées sous les nos 4439 à 4443 (col. 347 à 351).
  299. « Es » (Bibl. nat., ms. fr. 2813).
  300. Latin : « magistris in theologia ac jure canonico et civili ».
  301. Ce concile se tint à Rome aux fêtes de la Toussaint 1302, « tertio kal. novembris », soit le 30 octobre (Raynaldi, Annales ecclesiastici, t. IV, p. 327). Voir, dans Georges Digard, op. cit., col. 335-337, nos 4426 et 4427, les lettres de convocation à ce concile du 5 décembre 1301.
  302. Dans sa chronique, G. de Nangis (éd. Géraud, p. 313) dit : « in festo sancti Mauri », soit le 15 janvier. Il y eut, en effet, une éclipse totale de lune dans la nuit du 14 au 15 janvier 1302 à neuf heures et demie du soir.
  303. Les trois ordres furent convoqués à Paris pour le 8 avril 1302 (n. st.), « die dominica ante Ramos palmarum » (Georges Picot, Documents relatifs aux États généraux et assemblées réunis sous Philippe le Bel, p. 2), et l’assemblée se tint à Notre-Dame, le mardi 10 avril (Ibid., p. 6. Cf. Hervieu, Recherches sur les premiers États généraux, p. 71). Voir, sur cette assemblée, G. Picot, op. cit., Intr., p. viii à xii.
  304. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 584, éd. Géraud, t. I, p. 316, note 1. Cf. Continuation, ibid., p. 329.
  305. Sanche IV, roi de Castille, mourut le 25 avril 1295.
  306. Les enfants de Sanche IV furent déclarés légitimes par une bulle du 6 septembre 1301.
  307. Ferdinand III, successeur de Sanche IV.
  308. Alphonse et Ferdinand, petits-fils de saint Louis par leur mère, Blanche, qui avoit épousé don Fernando de la Cerda, fils aîné d’Alphonse X, roi de Castille. Cf. supra, p. 170.
  309. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de
  310. Blanche, qui, née en 1253, avait épousé en 1269 don Fernando de la Cerda. Obligée de rentrer en France après la mort de son mari (août 1275), elle se retira auprès du monastère des Cordelières de Saint-Marcel, fondé par sa mère Marguerite de Provence, et mourut en 1323 (Lenain de Tillemont, Vie de saint Louis, t. V, p. 239-241).
  311. Marguerite de Bourgogne, deuxième fille d’Eudes, de Bourgogne, fils d’Hugues IV, duc de Bourgogne, avait épousé, en juin 1268, Charles Ier d’Anjou, roi de Sicile. Après la mort de son mari (janvier 1285), elle fonda en 1293 l’hôpital de Tonnerre où elle se retira et y mourut le 4 ou 5 octobre 1308.
  312. Cette mention n’est pas tirée de la Chronique latine de G. de Nangis ou de sa continuation.
  313. P. Paris, Grandes Chroniques, t. V, p. 137, après avoir dit en note que le manuscrit porte : en la rue de l’Escole Saint Germain corrige en la rue de Saint-Germain-l’Auxerrois à Paris. Cette correction est inopportune, car, à la fin du xiiie siècle, la partie du Quai du Louvre actuel, appelée autrefois Quai de l’École, entre la rue du Louvre et la rue de la Monnaie, portait le nom de rue de l’École-Saint-Germain (voir Jaillot, Recherches critiques sur la ville de Paris, t. I : Quartier du Louvre, p. 6).
  314. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. I, p. 330. Cf. Chronique latine, ibid., p. 316, et Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 585.
  315. Termes, auj. Termini, Sicile, prov. de Palerme.
  316. Le 29 mai 1302.
  317. Pour la fin de ce chapitre et pour le chapitre xlii (De la bataille de Courtray), les Grandes Chroniques ont traduit la Chronique latine de G. de Nangis, éd. Géraud, t. I, p. 316-321, et non la Continuation, ibid., p. 330-333. Cf. Rec. des Hist., t. XX, p. 585-587.
  318. Latin : « exactiones illicitas ».
  319. Jacques de Saint-Pol, seigneur de Leuze et de Condé, fils de Gui III, comte de Saint-Pol, frère de Gui IV et oncle de la reine Jeanne de Navarre, fut nommé gouverneur de Flandre, sans doute au mois de juin 1300 (Funck-Brentano, Philippe le Bel en Flandre, p. 354).
  320. « A par un pou » (Bibl. nat., ms. fr. 17270).
  321. Sur ce massacre appelé les « Matines Brugeoises », qui eut lieu dans la nuit du 17 au 18 mai 1302, voir Funck-Brentano, op. cit., p. 388-394.
  322. Latin : « Jacobum custodem Flandriæ. »
  323. Dan, auj. Damme, Belgique, Flandre occidentale (voir, sur ce port, Funck-Brentano, op. cit., p. 32-33).
  324. Gui de Namur, deuxième fils de Gui de Dampierre et d’Isabelle de Luxembourg, comtesse de Namur, mourut à Pavie en 1311 (voir, sur lui, Funck-Brentano, op. cit., p. 331-333).
  325. Sur la bataille de Courtrai (11 juillet 1302), voir Funck-Brentano, op. cit., p. 404 à 411. À la page 404, note 3, l’auteur a donné la bibliographie des principaux travaux dont cette bataille fut l’objet. Voir aussi Chronique artésienne, éd. Funck-Brentano, p. 48-52. Annales Gandenses, id., p. 31-34.
  326. Le ms. fr. 17270 de la Bibl. nat. donne : « à bataille » au lieu de chascun.
  327. Latin : « pompatice ». « Apenséement » (Bibl. nat., ms. fr. 17270).
  328. Le ms. fr. 2813 de la Bibl. nat. donne cette leçon : bien amourées, « bien aiguisées ». Dans le Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 670, on a la leçon : amourcées. P. Paris (t. V, p. 140) donne la leçon : ancorées, qu’il explique en note : « terminées en formes d’ancres ». Cette leçon se rapprocherait plus du latin : « lanceis aduncatis ».
  329. Gui IV, comte de Saint-Pol, qui mourut le 6 avril 1317.
  330. Robert VI, comte d’Auvergne et de Boulogne.
  331. Louis, fils de Robert de France, comte de Clermont, et de Béatrix de Bourbon, fut le premier duc de Bourbon et mourut vers la fin de janvier 1342 (n. st.).
  332. Reculerent pour recuillierent : rassemblèrent.
  333. Bibl. nat., ms. fr. 17270.
  334. Godefroid de Brabant, frère du duc de Brabant.
  335. Adam est une faute pour Jean. Jean Ier, comte d’Aumale, qui, en 1260, succéda à son père, Ferdinand II dit de Ponthieu.
  336. Jean, fils de Jean d’Avesnes, comte de Hainaut, et de Philippine, fille de Henri II, comte de Luxembourg.
  337. Raoul de Clermont, sire de Nesle, connétable de France, avait épousé, en secondes noces, Isabelle, deuxième fille de Jean d’Avesnes, comte de Hainaut.
  338. Gui de Clermont dit de Nesle, fils de Simon de Clermont II, seigneur de Nesle et d’Ailly, et d’Alix de Montfort, dame de Houdan, était maréchal de France avant 1296.
  339. Renaud de Trie Ier, seigneur du Plessis, qui avait épousé Marguerite de Courtenay et avait été envoyé en Flandre déjà dans les années 1296, 1297, 1298 (P. Anselme, t. VI, p. 664).
  340. Latin : « Petrus dictus Flote, cancellarius. » Pierre Flore, chancelier de Philippe le Bel depuis avril 1298 (Lucien Perrichet, La grande chancellerie de France, des origines à 1328, p. 522-523 ; P. Anselme, t. VI, p. 274-275, et François Duchesne, Hist. des chanceliers de France, p. 249-251).
  341. Jehan Bruillaz est Jean de Burlats, sénéchal de Carcassonne en 1287, puis sénéchal de Gascogne, de 1294 à 1298, grand maître des arbalétriers depuis 1284, d’après le P. Anselme (t. VIII, p. 2. Cf. Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXIV, 1re part., p. 222* et 254*, et Funck-Brentano, op. cit., p. 409, note 3).
  342. D’après les Annales Gandenses, p. 36, les Flamands auraient mis le siège devant la ville de Lille vers la fin de juillet, et elle se serait rendue vers le milieu du mois d’août (Ibid., p. 37). Cf. Chronique artésienne, p. 54, qui parle au moins d’un assaut qui eut lieu le 4 août.
  343. Jean de Namur serait entré à Douai le 12 août (Funck-Brentano, Philippe le Bel en Flandre, p. 414, et Annales Gandenses, p. 37, note 4).
  344. Cf. Jean de Saint-Victor, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXI, p. 639.
  345. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 586, note 4. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 321.
  346. Devéés, empêchés.
  347. Sur ce conflit entre Philippe le Bel et Boniface VIII, voir Raynaldi, Annales ecclesiastici, t. IV, p. 326-329, et Dupuy, Histoire du différend entre Boniface VIII et Philippe le Bel, p. 15-17.
  348. Pierre de Mornay, qui fut évêque d’Auxerre du 4 février 1296 à sa mort (29 mai 1306). Le P. Anselme (t. VI, p. 278) et Fr. Duchesne (op. cit., p. 252-258) lui ont donné le titre de chancelier de France ; mais M. L. Perrichet (op. cit., p. 183-184) dit que ce titre lui est donné par erreur.
  349. Dans ce chapitre, les Grandes Chroniques ont traduit la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. I, p. 321 à 323, et non la Continuation, ibid., p. 332-333. Cf. Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 586-587.
  350. Latin : « post quindenam Assumptionis beatæ Mariæ ». Ce fut, en effet, pour le 1er septembre 1302 que le roi fit cette convocation (Funck-Brentano, Philippe le Bel en Flandre, p. 432).
  351. Pour l’évaluation de cette armée, on a deux leçons dans les textes latins : « quadragesies centum millia armatorum » et « centies quadragesies armatorum millia ». Cf. éd. Géraud, p. 321, et Rec. des Hist., t. XX, p. 586, note 4.
  352. Cf. Chronique latine, éd. Géraud, p. 322, note 1.
  353. Ce fut le 29 septembre que Philippe le Bel battit en retraite (Funck-Brentano, op. cit., p. 436).
  354. Pour toute cette partie jusqu’à : « Mais toutes foiz », cf. Chronique latine, éd. Géraud, p. 322, note 2, et Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 587, note 2.
  355. Les Flamands après avoir incendié Saint-Amand (1er octobre) livrèrent aux flammes une partie des faubourgs de Tournai, le 8 octobre. Gilles le Muisit (éd. H. Lemaître, p. 71-72) fait connaître en détail ce qu’ils incendièrent dans cette dernière ville.
  356. En reproduisant cette anecdote, les Grandes Chroniques se font l’écho d’un bruit qui fut alors répandu. Cf. Chronique normande (éd. Molinier, p. 20-22) ; Istore et cronique de Flandres (éd. Kervyn de Lettenhove, t. I, p. 256-257) ; Gilles le Muisit (éd. H. Lemaître, p. 70). La Continuation de G. de Nangis (éd. Géraud, t. I, p. 337) attribue ce départ aux conseils (maligno consilio) du comte de Savoie.
  357. Latin : « in vigilia sancti Nicholai hiemalis », soit le 5 décembre 1302 (cf. Funck-Brentano, op. cit., p. 438 ; Annales
  358. Ce chapitre est traduit de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. I, p. 323-324, et non de la Continuation, ibid., p. 333-334. Cf. Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 587-588.
  359. La ville de Termini s’était rendue à Charles de Valois, le 29 mai 1302 (J. Petit, Charles de Valois, p. 81).
  360. Voir, sur cette guerre de guerillas, J. Petit, op. cit., p. 83-84.
  361. C’est le traité de Caltabellotta conclu le 31 août 1302 (Martène et Durand, Thesaurus anecdotorum, t. III, col. 57-58 ; Raynaldi, Annales ecclesiastici, t. IV, p. 322-324. Cf. J. Petit, op. cit., p. 85).
  362. Éléonore de Sicile, fille de Charles II.
  363. Robert, duc de Calabre, fils aîné de Charles II, roi de Naples, lui succéda, le 6 mai 1309, dans le royaume de Naples et dans le comté de Provence ; il mourut à Naples le 14 janvier 1343.
  364. Latin : « comes de Bregna », le comte de Brienne.
  365. Latin : « ad emendum redditus », pour acheter des revenus.
  366. Charles de Valois qui vint à Rome au mois de novembre 1302 en partit au mois de décembre suivant (J. Petit, op. cit., p. 86-87).
  367. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 588, note 1. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 325.
  368. 1er novembre 1302.
  369. Jean le Moine, évêque élu d’Arras, avait été promu cardial par Célestin V en septembre 1294. Sur la mission de ce cardinal en France, voir Dupuy, Hist. du différend entre Boniface VIII et Philippe le Bel, p. 15-16 et 88-89.
  370. Ce paragraphe est traduit de la Chronique latine de G. de Nangis, Ibid., p. 324-325, et non de la Continuation, ibid., p. 334. Cf. Rec. des Hist., t. XX, p. 588.
  371. Cette dernière phrase n’est tirée ni de la Chronique latine de G. de Nangis ni de sa Continuation.
  372. Guillaume de Nangis, Chronique latine, éd. Géraud, t. I, p. 325. Cf. Continuation, ibid., p. 334, et Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 588.
  373. Othon IV ou V, dit Ottenin, comte de Bourgogne, mourut à Melun, le 17 mars 1303. Il avait épousé en secondes noces Mahaut, fille de Robert II, comte d’Artois.
  374. Continuation de la Chronique latine de G. de Nangis, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 588, et éd. Géraud, t. I, p. 334-335. Cf. Chronique latine, ibid., p. 325-326.
  375. Le 4 avril 1303. Sur cette bataille qui fut livrée entre Arques et Saint-Omer, voir Chronique artésienne, p. 60-61 ; Annales Gandenses, p. 44-45 ; Chronographia, t. I, p. 129-132. Cf. Funck-Brentano, Philippe le Bel en Flandre, p. 440-441.
  376. Bouchain, Nord, arr. de Valenciennes, ch.-l. de cant.
  377. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 588, éd. Géraud, t. I, p. 326, et Continuation, ibid., p. 335, et Mémoires de la Soc. de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, t. XXIII, p. 250.
  378. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 588, éd. Géraud, t. I, p. 326, et Continuation, ibid., p. 335, et Mémoires de la Soc. de l’hist. de Paris et de l’Île-de-France, t. XXIII, p. 250.
  379. 18 avril 1303. La Chronique tournaisienne donne la même date pour cette action ; voir Chronique artésienne, éd. Funck-Brentano, p. 61 et 62, note 3. Cf. Anciennes chroniques de Flandre, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXII, p. 385.
  380. Foucaud ou Foulques, seigneur de Merle, maréchal de France en 1302, vivait encore en 1314.
  381. Continuation de la Chronique latine de G. de Nangis, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 588, et éd. Géraud, t. I, p. 335, et Mémoires de la Soc. de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, t. XXIII, p. 250.
  382. Voir, dans Rymer, Fœdera, t. I, 2e part., p. 952, le traité de paix conclu, le 20 mai 1303, entre Édouard Ier, roi d’Angleterre, et Philippe le Bel.
  383. Dans ce paragraphe, les Grandes Chroniques n’ont pas traduit la Continuation de la Chronique latine de G. de Nangis, Ibid., p. 335-336, et Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 588, mais la leçon du ms. 70 de Berne, voir Mémoires de la Soc. de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, t. XXIII, p. 250-251.
  384. Deux réunions eurent lieu à Paris en 1303 contre Boniface VIII, l’une le 12 mars, dans laquelle Guillaume de Nogaret accusa le pape d’hérésie, de simonie et de divers crimes (Georges Picot, Documents relatifs aux États généraux et assemblées réunis sous Philippe le Bel, p. 28 à 34), et l’autre les 13 et 14 juin, dans laquelle Guillaume de Plasian représenta le pape comme hérétique, démoniaque, sodomite, homicide, ennemi de la France, etc. (Ibid., p. 34 à 53. Cf. Hervieu, Recherches sur les premiers états généraux, p. 77 à 81). C’est de cette dernière assemblée que parlent les Grandes Chroniques.
  385. Ms. fr. 2813 de la Bibl. nat. : « destinerent ».
  386. Le nom de l’abbé de Cîteaux ne figure pas, en effet, parmi ceux qui, dans la séance du 14 juin, adhérèrent à un appel au futur concile (cf. G. Picot, op. cit., p. 50, note 5).
  387. Ce paragraphe est tiré de G. de Nangis, leçon du ms. 70 de Berne. Cf. Mémoires de la Soc. de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, t. XXIII, p. 251.
  388. Robert VII dit le Grand, comte d’Auvergne et de Boulogne, fils de Robert VI, épousa en juin 1303 Blanche, fille aînée de Robert, comte de Clermont en Beauvaisis, sixième fils de saint Louis.
  389. Ce paragraphe est tiré de G. de Nangis, leçon du ms. 70 de Berne. Cf. Mémoires de la Soc. de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, t. XXIII, p. 251.
  390. Nicolas de Bienfaite, archidiacre de Coutances, portait au légat, le cardinal Jean le Moine, la bulle Per processus nostros du 13 avril 1303, par laquelle Boniface VIII excommuniait Philippe le Bel s’il ne faisait pas droit à ses réclamations (Dupuy, op. cit., p. 17 et 98).
  391. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. I, p. 337. Cf. Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 589, et Mémoires de la Soc. de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, t. XXIII, p. 251.
  392. Philippe était le cinquième fils de Gui de Dampierre, comte de Flandre, et de sa première femme Mathilde, fille de Robert, seigneur de Béthune et de Terremonde.
  393. Latin : « diu moram contraxerat ».
  394. Usé pour ayant usé.
  395. Applut, arriva ; latin : « appulso ». La Continuation de G. de Nangis dit qu’il venait de Pouille, « de Apulia ».
  396. Sur cette campagne de Philippe de Thiette, fils de Gui de Dampierre, voir Funck-Brentano, op. cit., p. 449-451, et Chronique artésienne, p. 65 à 69.
  397. Cette phrase, jusqu’à « comme il ne peussent ilec profiter », est tirée de G. de Nangis, leçon du ms. 70 de Berne. Cf. Mémoires de la Soc. de l’hist. de Paris et de l’Île-de-France, t. XXIII, p. 251.
  398. Latin : « versus Morinum Franci regis civitatem », ce qui désigne bien la ville de Thérouanne, Pas-de-Calais, arr. de Saint-Omer, cant. d’Aire. Les Flamands arrivèrent devant cette ville le 12 juillet.
  399. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. I, p. 336. Cf. Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 588, et Mémoires de la Soc. de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, t. XXIII, p. 251.
  400. Les Écossais, qui s’étaient soulevés vers le début du carême 1303, firent leur soumission avant l’hiver (Thomas Walsingham, Historia Anglicana, éd. Th. Riley, t. I, p. 100. Cf. Rymer, op. cit., t. I, 2e part., p. 957, lettres du 14 juin 1303).
  401. Continuation de G. de Nangis, t. I, p. 337. Cf. Rec. des Hist., t. XX, p. 589.
  402. Philippe le Bel arriva à Péronne le 9 septembre 1303 (Chronique artésienne, p. 72. Cf. Funck-Brentano, op. cit., p. 455).
  403. Latin : « Sabaudiæ comitis maligno consilio circumventus. »
  404. L’accord entre Philippe le Bel et les Flamands fut scellé dans un monastère entre l’Écluse et Douai, le 20 septembre 1303. La suspension d’armes était proclamée jusqu’à la Pentecôte 1304 (17 mai) (Funck-Brentano, op. cit., p. 455. Cf. Chronique artésienne, p. 73-74).
  405. Latin : « treugis hostibus datis acceptisque pariter ab eisdem ».
  406. Dans ce chapitre les Grandes Chroniques ont beaucoup amplifié le récit de la Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. I, p. 337-338. Cf. Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 589. Elles ont suivi la leçon du ms. 70 de la bibliothèque de Berne. Cf. Mémoires de la Soc. de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, t. XXIII, p. 252.
  407. Anaigne, Anagni. Sur les événements qui se déroulèrent à Anagni après l’entrée de Nogaret dans la nuit du 6 au 7 septembre 1303 et sur la mort de Boniface VIII, voir Dupuy, op. cit., p. 21-25 ; Raynaldi, t. IV, p. 356-359 ; Boutaric, La France sous Philippe le Bel, p. 116-118.
  408. Mahy le Rous est Mathieu des Ursins qui fut créé cardinal-diacre de Sainte-Marie in porticu par Urbain IV et mourut en 1306 (Ciacconius, Vitæ et res gestæ Pontificum romanorum, t. II, col. 163-165).
  409. La découverte du corps de Boniface VIII intact dément ce récit (cf. Raynaldi, t. IV, p. 359).
  410. Boniface VIII mourut à Rome le 11 octobre 1303. La Continuation de la Chronique latine de G. de Nangis dit seulement pour la mort de Boniface VIII : « Verum tam dolore cordis tactus intrinsecus quam corporis ægritudine detentus pauco post tempore superveniente diem clausit extremum. »
  411. Benoît XI appelé auparavant Nicolas Boccasin, neuvième général des Dominicains, fut élu à Rome le 22 octobre 1303 et sacré le dimanche 27 octobre.
  412. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. I, p. 338-339. Cf. Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 589, et Mémoires de la Soc. de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, t. XXIII, p. 252-253.
  413. Hugues XIII de Lusignan mourut sans postérité au mois de novembre 1303. Sur la manière dont les comtés de la Marche et d’Angoulême revinrent à Philippe le Bel après sa mort, voir Auguste Longnon, La formation de l’unité française, p. 172-173.
  414. Philippe le Bel qui était à Toulouse dès le début du mois de janvier 1303, fut à Béziers, à Montpellier et à Nîmes au mois de février. Il rentra à Paris dans la première quinzaine d’avril (Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXI, p. 443).
  415. La fin de ce paragraphe est tirée de G. de Nangis, leçon du ms. 70 de Berne. Cf. Mémoires de la Soc. de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, t. XXIII, p. 252-253.
  416. Sur ces plaintes contre les inquisiteurs dans les provinces méridionales, voir D. Vaissete, Hist. de Languedoc, nouv. éd., t. IX, p. 227-228, et t. X, col. 379 à 386 ; Boutaric, La France sous Philippe le Bel, p. 84-86. Cf. Bernard Gui, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXI, p. 747-748 ; B. Hauréau, Bernard Délicieux et l’Inquisition albigeoise, p. 83 à 101.
  417. Jean, seigneur de Picquigny, vidame d’Amiens, fut envoyé en 1301, avec Richard Neveu, archidiacre d’Auge dans l’évêché de Lisieux, comme enquêteur-réformateur dans la sénéchaussée de Toulouse pour informer contre Bernard de Saisset, évêque de Pamiers, puis contre les inquisiteurs. Excommunié par ces derniers, il en appela au pape et mourut en Italie le 29 septembre 1304 (Hist. de Languedoc, nouv. éd., t. IX, p. 216, 228, 259-260).
  418. Cette dernière phrase n’est pas traduite de la Continuation de G. de Nangis ; elle n’est pas non plus dans le ms. 70 de Berne.
  419. Ce chapitre ne se trouve pas dans la Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis.
  420. La grange des Craches est la grange des Crèches, Seine-et-Oise, arr. de Rambouillet, cant. et comm. de Limours.
  421. Chevreuse, Seine-et-Oise, arr. de Rambouillet, ch.-l. de cant.
  422. Weulla, voilà.
  423. Ferroit, frapperait.
  424. Il esma, il mesura.
  425. Mollieres, auj. les Molières, Seine-et-Oise, arr. de Rambouillet, cant. de Limours.
  426. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. I, p. 340. Cf. Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 589, et Mémoires de la Soc. de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, t. XXIII, p. 254.
  427. Guillaume d’Avesnes, dit le Bon, comte de Hainaut et de Hollande, fils de Jean II d’Avesnes, comte de Hainaut, et de Philippine de Luxembourg, succéda à son père le 11 septembre 1304 et mourut le 7 juin 1337.
  428. Gui d’Avesnes, fils de Jean Ier d’Avesnes et d’Alix, fille de Florent, comte de Hollande, nommé évêque d’Utrecht le 25 février 1302, mourut le 29 mai 1317. Les Annales Gandenses, éd. Funck-Brentano, p. 56-57, placent cette expédition de Gui d’Avesnes en Zélande, en 1304, « circa finem Martii vel principium Aprilis ».
  429. « Patruus » (G. de Nangis).
  430. Gerlande, Zélande.
  431. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. I, p. 339-340. Cf. Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 589-590, et Mémoires de la Soc. de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, t. XXIII, p. 253 et 254.
  432. Gui de Dampierre, qui fut mis en liberté avec son second fils Guillaume de Crèvecœur, vint en Flandre vers la fin du mois d’octobre 1303 ; il retourna à Compiègne le 16 mai 1304 (Funck-Brentano, Philippe le Bel en Flandre, p. 457-458, et Chronique artésienne, p. 74-75).
  433. Philippine, fille de Gui de Dampierre et de sa seconde femme, Isabelle de Luxembourg, avait été fiancée en 1294 au futur Édouard II, roi d’Angleterre. Les Annales Gandenses, éd. Funck-Brentano, p. 88, placent sa mort au mois de mai 1306.
  434. Renaud Giffart avait succédé comme abbé de Saint-Denis à Mathieu de Vendôme, mort le 25 septembre 1286.
  435. Le 11 mars 1304.
  436. On a dans le latin : « Œgidius magnus prior claustralis. » Gilles de Pontoise, grand prieur dans le monastère, succéda comme abbé à Renaud Giffart et mourut à la fin de janvier 1326 (D. Félibien, Hist. de l’abbaye de Saint-Denis, p. 262 et 269).
  437. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. I, p. 340 à 343. Cf. Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 590.
  438. Sur l’expédition de Guillaume d’Avesnes en Zélande, la bataille de Zierkisée (10-11 août 1304) et la défaite des Flamands, voir Annales Gandenses, p. 62-65, et surtout la note 2 de la page 64 dans laquelle sont indiqués les principaux mémoires consacrés à cet événement. Cf. Chronique artésienne, p. 82-83, et Funck-Brentano, Philippe le Bel en Flandre, p. 469-471.
  439. La continuation de G. de Nangis dit qu’elle était originaire de Metz. « Metis, ut dicitur, oriunda. »
  440. Crépy-en-Valois, Oise, arr. de Senlis, ch.-l. de cant.
  441. Henri, déjà abbé de Jouy au mois d’octobre 1285, exerça les fonctions de trésorier dès le mois de janvier 1296, devint abbé de Cîteaux en 1304, fut convoqué au concile de Vienne en 1311 et mourut le 19 janvier 1315 (Borrelli de Serres, Recherches sur divers services publics, t. III, p. 21 à 25 ; Gallia Christiana, t. IV, col. 999, et t. XII, col. 224 et 225).
  442. La Continuation de G. de Nangis dit par erreur : « Dominica die in nativitate beati Johannis Baptistæ. » Or, en 1304, la nativité de saint Jean-Baptiste tombait un mercredi. Le dimanche qui la précède est donc le 21 juin.
  443. Le prévôt de Paris qui était alors Pierre le Jumeaux avait fait pendre un clerc, Philippe le Barbier, originaire de Rouen
  444. Les leçons recommencèrent le 3 novembre (Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXI, p. 642) et Pierre le Jumeaux fut condamné à assurer un revenu annuel de quarante livres tournois pour la fondation des deux chapellenies en réparation de l’exécution de Philippe le Barbier (Denifle et Châtelain op. cit., no 653).
  445. 28 juin 1304.
  446. Bulles du 25 mars et du 2 avril 1304 (Grandjean, Le registre de Benoît XI, col. 819 et 820, nos 1311 et 1312).
  447. Bulle du 14 mai 1304 (Grandjean, op. cit., col. 787, no 1261).
  448. Bulle du 18 avril 1304 (Grandjean, op. cit., col. 783, no 1255).
  449. Sur les rapports de Benoît XI avec Philippe le Bel, voir Dupuy, Histoire du différend entre Boniface VIII et Philippe le Bel, p. 26 à 28, et Léon Gautier, Benoît XI. Étude sur la papauté au commencement du XIVe siècle, p. 131 à 155.
  450. Benoît XI mourut à Pérouse le 7 juillet 1304, empoisonné, dit-on (Léon Gautier, op. cit., p. 184 et 192).
  451. Clément V ne fut élu à Pérouse que le 5 juin 1305.
  452. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. I, p. 345. Cf. Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 591.
  453. Gui de Namur fut pris à la bataille navale de Zieriksée (10-11 août 1304). Voir Funck-Brentano, Philippe le Bel en Flandre, p. 469-471 ; Chronique artésienne, p. 82-83 ; et Annales Gandenses, p. 63-64.
  454. Guillaume, fils de Jean II d’Avesnes, comte de Hainaut, s’était joint à Renier Grimaldi, amiral de la flotte française.
  455. Pour la bataille de Mons-en-Pevele, les Grandes Chroniques ont, en certains points, développé plutôt que traduit le récit de la Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis ; à la fin, elles l’ont écourté (éd. Géraud, t. I, p. 343-345. Cf. Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 590-591).
  456. La Continuation dit : « Circa festum Magdalenæ ».
  457. La Continuation fixe ce jour : « die Martis post Assumptionem beatæ Virginis », soit le mardi 18 août 1304. Sur la bataille de Mons-en-Pevele (Nord, arr. de Lille, cant. de Pont-à-Marcq) qui eut lieu ce jour, voir Annales Gandenses, p. 67 à 79 ; Chronique artésienne, p. 84 à 88. Cf. Funck-Brentano, op. cit., p. 471 à 476.
  458. Latin : « militem suum sectarium », ou « secretarium », Girard de Frachet dit : « Hugonem de Bovilla, militem suum secretarium. » Hugues de Bouville était chambellan du roi (Borrelli de Serres, Recherches sur divers services publics, t. I, p. 607. Cf. Chronique artésienne, p. 88).
  459. Jacques et Pierre Gentien, cousins, bourgeois de Paris et écuyers du roi (Borrelli de Serres, op. cit., t. I, p. 575 à 607. Les Gentien tués à Mons-en-Puelle).
  460. Guillaume de Juliers le jeune, fit Guillaume le Clerc, prévôt de l’église de Maestricht et archidiacre de Liége, était fils de Guillaume de Juliers et de Marie, fille de Gui de Dampierre, comte de Flandre. Il avait été élu archevêque de Cologne. Voir, sur lui, Annales Gandenses, à la table, p. 114-115, et, sur sa mort, Funck-Brentano, Philippe le Bel en Flandre, p. 476-477.
  461. Jean de Trie, comte de Dammartin, fut tué à Mons-en-Pevele. Ce n’est pas lui qui tua Guillaume de Juliers, mais Renaud de Dammartin. Voir Jean de Saint-Victor, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXI, p. 643 ; Chronique artésienne, p. 87, note 1. Cf. Istore et corniques de Flandres, éd. Kervyn de Lettenhove, t. I, p. 289, et la Chronique normande, éd. A. et É. Molinier, p. 26.
  462. Le ms. fr. 17270, fol. 350 vo, ajoute : « Mais vous meismes mentez par la gueule », voulant ainsi montrer combien il estimait ce chiffre exagéré.
  463. Guillaume de Chalon, comte d’Auxerre et de Tonnerre.
  464. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. I, p. 345-346. Cf. Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 591.
  465. Sur les négociations qui précédèrent la paix d’Athis, voir Funck-Brentano, Philippe le Bel en Flandre, p. 493 à 497.
  466. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. I, p. 346-347. Cf. Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 591-592.
  467. Gui de Dampierre, âgé de plus de quatre-vingts ans, mourut le 7 mars 1305 au château de Compiègne et fut enterré dans le monastère de Flines, auj. Flines-lès-Raches, Nord, arr. et cant. de Douai (Annales Gandenses, p. 86-87. Cf. Funck-Brentano, op. cit., p. 498).
  468. Blanche, fille de Philippe III le Hardi et de sa seconde femme Marie de Brabant, avait épousé au mois de mai 1301 Rodolphe, duc d’Autriche, élu roi de Bohême en 1307, fils de l’empereur Albert Ier d’Autriche.
  469. Jeanne de Navarre mourut le 2 avril 1305 (n. st.).
  470. La Continuation de G. de Nangis ajoute : « præcipue Parisius et circa », et donne plus de renseignements sur les effets de cette disette à Paris et sur les mesures prises par le roi pour la combattre.
  471. Cette mention n’est pas tirée de la Continuation de la Chronique latine de G. de Nangis.
  472. Édouard Ier mourut le 7 juillet 1307.
  473. Le mariage d’Édouard II avec Isabelle fut célébré le 25 janvier 1308 (n. st.).
  474. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. I, p. 348-353. Cf. Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 592-593.
  475. La Continuation de G. de Nangis dit seulement : « Pax inter regem Franciæ et Flandrenses. »
  476. Les Annales Gandenses, éd. Funck-Brentano, p. 87, nous apprennent que Robert de Béthune et son frère, Gui de Namur, furent délivrés au mois de mai 1305. La mention qui les concerne dans les Grandes Chroniques n’est pas tirée de la Continuation de G. de Nangis.
  477. Dans ce paragraphe, les Grandes Chroniques ont résumé la Continuation de G. de Nangis (Ibid., p. 349-350).
  478. Benoît XI mourut à Pérouse le 7 juillet 1304.
  479. Clément V, auparavant Bertrand de Got, archevêque de Bordeaux, fut élu à Pérouse le 5 juin 1305. Voir, sur son élection, Georges Lizerand, Clément V et Philippe IV le Bel, p. 12 à 42.
  480. Clément V fut sacré à Lyon dans l’église Saint-Just, le 14 novembre 1305, « dominica post festum sancti Martini hiemalis ». Cf. Raynaldi, Annales ecclasiastici, t. IV, p. 397.
  481. Jean II, duc de Bretagne, blessé le 14 novembre par la chute de ce mur, mourut le 16 ou le 18 du même mois. Voir de La Borderie, Histoire de Bretagne, t. III, p. 376 à 378.
  482. « Die jovis post festum sancti Matthæi apostoli » (Continuation de G. de Nangis, p. 349), soit le 23 septembre 1305.
  483. Marguerite, petite-fille de saint Louis par sa mère Agnès de France, était fille de Robert II, duc de Bourgogne.
  484. Cette émeute éclata au début du mois de juin 1305 (L.-H. Labande, Histoire de Beauvais et de ses institutions communales jusqu’au commencement du XVe siècle, p. 80 à 86).
  485. L’évêque etait Simon de Clermont-Nesle qui, en 1301, fut transféré du siège de Noyon à celui de Beauvais et mourut le 22 décembre 1312.
  486. La commune de Beauvais fut condamnée par sentence du parlement le 10 avril 1306 et l’évêque le 16 juin suivant (Labande, op. cit., p. 84).
  487. Sur les négociations de Clément V avec Philippe le Bel à Lyon, voir G. Lizerand, op. cit., p. 49 à 58.
  488. Cf. Raynaldi, Annales ecclesiastici, t. IV, p. 398.
  489. On a « decem et octo » dans le texte latin, ce qui est une erreur. Ils furent créés le 18 des calendes de janvier 1305 à Lyon, soit le 15 décembre. Cf. Raynaldi, op. cit., t. IV, p. 398, qui donne les noms des dix cardinaux.
  490. L’évêque d’Arras était Gérard Pigalotti qui occupait ce siège depuis le 28 avril 1295. Sur sa déposition dont ne parle pas la Gallia Christiana, t. III, col. 334, voir Géraud, Chronique latine de Guillaume de Nangis, t. I, p. 351, note 2.
  491. L’évêque de Poitiers, Gautier de Bruges, occupait ce siège depuis le 4 décembre 1279. Après sa déposition, Arnaud d’Auch lui succéda le 4 novembre 1306. Gautier mourut le 21 janvier 1307 (Gallia Christiana, t. II, col. 1187-1188, et Acta sanctorum, janvier, t. II, p. 450-451).
  492. Latin : « episcopo Dunelmensi » ; c’est l’évêque de Durham (Angleterre), Antoine de Beck, qui, le 26 février 1306, fut nommé patriarche de Jérusalem (Eubel, Hierarchia catholica medii ævi, p. 239).
  493. La Continuation de G. de Nangis donne son itinéraire : « Burdegalis per Matisconem, Divionem, Bituricas… et Lemovicas iter faciens. » Il arriva à Bordeaux vers le début de mai (cf. G. Lizerand, op. cit., p. 59 à 61).
  494. Gilles Colonna, archevêque de Bourges le 25 avril 1295, mourut le 22 décembre 1316. Sur les causes du différend qui s’était élevé entre Gilles Colonna et Clément V, voir Géraud, Chronique latine de Guillaume de Nangis, t. I, p. 351, note 2, et Gallia Christiana, t. II, col. 1187.
  495. Robert II mourut à Vernon le 21 mars 1306.
  496. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. I, p. 353. Cf. Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 593.
  497. 17 mai 1306. Voir, sur cette translation, Lenain de Tillemont, Vie de saint Louis, t. V, p. 222-223.
  498. Continuation de G. de Nangis, Ibid., p. 355, et Rec. des Hist., p. 594.
  499. « Mense augusto » dit la Continuation de G. de Nangis. Le jour de la Madeleine (22 juillet), Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXI, p. 139, 716, 811, « in Augusto et Septembri » (Ibid., p. 647).
  500. Ibid., p. 356-357, et Rec. des Hist., p. 594.
  501. Le mariage de Philippe le Long avec Jeanne, fille d’Othon IV, comte palatin de Bourgogne, et de Mahaut, comtesse d’Artois, fut célébré à Corbeil au mois de janvier (cf. Continuation de G. de Nangis, t. I, p. 357 ; Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXI, p. 28 et 647).
  502. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. I, p. 355-356. Cf. Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 594. Les Grandes Chroniques donnent plus de détails sur cette sédition que la Continuation de G. de Nangis.
  503. La cause de cette sédition fut le rétablissement de la forte monnaie qui avait été fait par l’ordonnance du 8 juin 1306 (Ord., t. I, p. 441. Cf. Borrelli de Serres, Recherches sur divers services publics, t. II, p. 542).
  504. Espoir, probablement.
  505. 5 janvier 1307. La Chronique parisienne anonyme, dans Mémoires de la Soc. de l’hist. de Paris, t. XI, p. 18-20, qui fait de cette sédition le même récit que les Grandes Chroniques, dit : « à ung jeudi devant la Thyphaine » et l’éditeur (Ibid., p. 18, § 17, note 4) propose de dater cette émeute du 30 décembre 1306.
  506. La Chronique parisienne anonyme (Ibid., p. 19) donne son nom : Firmin de Coquerel, d’Amiens.
  507. Jean de Saint-Victor (Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXI, p. 647) dit « in die Epiphaniæ », soit le 6 janvier 1307.
  508. La Chronique parisienne anonyme (Ibid., p. 20) donne les noms de vingt-cinq d’entre eux.
  509. Continuation de la Chronique latine de G. de Nangis, Ibid., p. 353, et Rec. des Hist., t. XX, p. 593.
  510. Robert Bruce se serait fait couronner roi le 25 mars 1307. Voir Thomas Walshingham, Historia anglicana, éd. Th. Riley, p. 108 à 110.
  511. Continuation de G. de Nangis, p. 354, et Rec. des Hist., t. XX, p. 593.
  512. Voir les ordonnances des 8 et 30 juin 1306 (Ord., t. I, p. 441 et 442).
  513. Continuation de G. de Nangis, p. 355, et Rec. des Hist., t. XX, p. 594. Voir aussi sur cette inondation : Jean de Saint-Victor (Ibid., t. XXI, p. 647).
  514. Continuation de G. de Nangis, p. 357-358, et Rec. des Hist., t. XX, p. 594-595.
  515. Clément V résida à Poitiers depuis le milieu du mois d’avril 1307, jusqu’au 19 août 1308. L. Levillain, À propos d’un texte inédit relatif au séjour du pape Clément V à Poitiers en 13074 dans le Moyen-âge. 1897.
  516. Sur l’hérésiarque Dulcin (fra Dolcino), fils d’un prêtre d’Ossula et qui fut brûlé à Verceil le 1er juin 1308, voir, dans Muratori, Rerum italicarum scriptores, t. IX, col. 425-460, Historia Dulcini hæresiarchae Novariensis et Addimentum ad historiam fratris Dulcini. Cf. Baluze, Vitae paparum Avenionensium, éd. Mollat, t. I, p. 27-28, et t. II, p. 75-76.
  517. Cf. Grandes Chroniques, t. VI, p. 288.
  518. Verceil, Italie, prov. de Novare (Piémont).
  519. Caut, prudent ; latin : « cautus ».
  520. Édouard Ier mourut à Burgh le 7 juillet 1307.
  521. La première femme d’Édouard Ier était Éléonore de Castille, fille de Ferdinand III, roi de Castille, et de Jeanne de Ponthieu, à laquelle elle succéda dans le comté de Ponthieu en 1279.
  522. La seconde femme d’Édouard Ier fut Marguerite, fille de Philippe III le Hardi et de Marie de Brabant.
  523. Latin : « quorum primogenitus, Thomas nomine, Cornubiæ tenuit comitatum ». Thomas, comte de Norfolk.
  524. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. I, p. 360. Cf. Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 595.
  525. Louis X fut couronné roi de Navarre à Pampelune, le 1er octobre 1307 (P. Anselme, t. I, p. 91).
  526. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. I, p. 360 à 363. Cf. Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 595-596. Les Grandes Chroniques ont beaucoup abrégé la Continuation de G. de Nangis dans ce paragraphe.
  527. Le 13 octobre 1307. L’ordre d’arrestation des Templiers avait été donné dès le 14 septembre précédent (Georges Lizerand, Le dossier de l’affaire des Templiers, p. 16 à 29. Cf. Id., Clément V et Philippe le Bel, p. 76 à 160 ; Le procès des Templiers. On peut voir encore Dupuy, Traittez concernant l’histoire de France ; scavoir la condamnation des Templiers… Paris, 1654, in-4o, et dans Revue des Questions historiques, t. X (1871) et t. XI (1872) ; Boutaric, Clément V, Philippe le Bel et les Templiers, et t. XLVIII (1890) ; Delaville le Roulx, La suppression des Templiers. Cf. Procès des Templiers, publié par Michelet, 2 vol. (Documents inédits), et Borrelli de Serres, Recherches sur divers services publics, t. III, p. 31 à 45).
  528. Continuation de G. de Nangis, Ibid., p. 356, et Rec. des Hist., ibid., p. 597.
  529. Charles épousa, au mois d’avril 1307, Blanche de Bourgogne, fille d’Othon IV, comte de Bourgogne.
  530. Continuation de G. de Nangis, Ibid., p. 358-359, et Rec. des Hist., ibid., p. 595.
  531. En 1307, la Pentecôte tomba le 14 mai. Philippe le Bel, qui fut à Poitiers vers le 21 avril, y resta au moins jusqu’au 15 mai (G. Lizerand, Clément V et Philippe le Bel, p. 67, note 4).
  532. Sur les questions qui furent traités à Poitiers entre Clément V et Philippe le Bel, voir G. Lizerand, op. cit., p. 68 à 75.
  533. Ce ne serait pas en 1307, mais en 1306 que le pape aurait convoqué Guillaume de Villaret, maître de l’Hôpital (G. Lizerand, op. cit., p. 67).
  534. Continuation de G. de Nangis, Ibid., p. 359-360, et Rec. des Hist., ibid., p. 595.
  535. Bertaut de Saint-Denis qui était évêque d’Orléans depuis le mois de mars 1300, mourut le 1er août 1307. Avant d’être évêque il fut chancelier de l’église de Paris, puis archidiacre dans l’église de Reims. En 1303 on le trouve parmi les principaux adversaires de Boniface VIII (Hist. littéraire de la France, t. XXV, p. 317-320).
  536. On peut voir sur cet épisode Jean de Saint-Victor dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXI, p. 648. Cf. Baluze, Vitæ paparum Avenionensium (éd. Mollat, t. I, p. 7, et t. II, p. 49).
  537. Catherine de Courtenay, fille et héritière de Philippe de Courtenay, empereur de Constantinople.
  538. La Continuation de G. de Nangis dit qu’elle était morte à Saint-Ouen le lundi précédent, soit le 9 octobre, et que ses obsèques furent célébrées le jeudi après la saint Denis, soit le 12 octobre 1307. Cf. Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXI, p. 649, et Joseph Petit, Charles de Valois, p. 120.
  539. Jacques de Molay, qui fut arrêté dans la nuit suivante.
  540. Continuation de G. de Nangis, Ibid., p. 364-365, et Rec. des Hist., ibid., p. 597.
  541. Le mariage d’Isabelle, fille de Philippe le Bel, avec Édouard II, roi d’Angleterre, fut célébré le 25 janvier 1308 (n. st.).
  542. Des fêtes qui durèrent six jours furent données à Boulogne-sur-Mer à l’occasion de ce mariage (Chronographia regum Francorum, éd. Moranvillé, t. I, p. 177-179, et Anciennes chroniques de Flandre, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXII, p. 398).
  543. Isabelle fut couronnée à Londres le 24 février 1308.
  544. Marguerite de Bourgogne, fille d’Eudes IV, duc de Bourgogne, qui avait épousé Charles d’Anjou, frère de saint Louis, comte de Provence et roi de Sicile, mourut à Tonnerre le 5 septembre 1308.
  545. Marguerite, dernière fille de Robert, comte de Clermont, sixième fils de saint Louis, épousa en 1307 Jean de Dampierre, comte de Namur, fils de Guy de Dampierre, comte de Flandre, et d’Isabelle de Luxembourg, sa seconde femme, et mourut sans enfants en 1309 (cf. P. Anselme, t. II, p. 746).
  546. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. I, p. 372, et Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 599.
  547. Henri V, comte de Luxembourg, fut élu roi des Romains le 15 novembre 1308, dans la diète de Rentz (voir Eugène Welvert, Philippe le Bel et la maison de Luxembourg, dans Bibl. Éc. des chartes, t. XLV (1884), p. 185-187).
  548. Continuation de G. de Nangis, Ibid., p. 365-366, et Rec. des Hist., t. XX, p. 597.
  549. Les lettres de convocation aux États de Tours furent adressées entre le 24 et le 29 mars 1308 et les députés réunis le dimanche 5 mai obtinrent leur congé du roi le mercredi 15. Voir sur ces États : Picot, Documents relatifs aux États généraux et assemblées réunis sous Philippe le Bel. Introduction, p. xlv à lvii, et Hervieu, Recherches sur les premiers États généraux, p. 93 à 98.
  550. Latin : « competenti vitæ necessaria ».
  551. Le texte latin est plus précis : « quorum etiam sexaginta vel circiter supradicta eisdem imposita crimina fuisse confessos tam in sua quam in cardinalium præsentia, papales litteræ sub bulla continebant præcipue ».
  552. Paris est une faute ; on a bien dans le texte latin : «  Viennæ. » Le concile fut fixé à Vienne pour le 1er novembre 1310 (G. Lizerand, Clément V et Philippe IV le Bel, p. 139).
  553. Continuation de G. de Nangis, Ibid., p. 367, et Rec. des Hist., t. XX, p. 598.
  554. C’est au mois de juillet 1308 que Charles de Valois épousa Mahaut, fille de Gui IV, comte de Saint-Pol, arrière-petite-nièce de saint Louis (J. Petit, op. cit., p. 245).
  555. Continuation de G. de Nangis, Ibid., p. 368-371, et Rec. des Hist., t. XX, p. 598-599.
  556. Ce n’est pas en 1308, mais le 18 juillet 1311 que fut célébré à Senlis le mariage de Marguerite, fille non de Catherine de Courtenay, mais de Marguerite d’Anjou, première femme de Charles de Valois, avec Gui de Châtillon, fils aîné d’Hugues de Châtillon, comte de Blois (J. Petit, op. cit., p. 241-243).
  557. Le 25 mai 1308.
  558. Clément V partit de Poitiers peu après le 12 août 1308. Après avoir été à Bordeaux, puis à Toulouse pour la fin de l’année, il fut à Avignon au mois de mars 1309 ; il y était déjà le 9 mars (Regestum Clementis papæ V, annus quartus, no 3808).
  559. Les cardinaux qu’il retint étaient ses parents ou ses amis (G. Lizerand, Clément V et Philippe IV le Bel, p. 140, note 1).
  560. Guichard, élu évêque de Troyes dans la seconde moitié de l’année 1298, fut confirmé au mois de mai 1299. Arrêté au mois d’août 1308, il ne fut relâché qu’en 1313. Nommé à l’évêché de Diakovar en Bosnie entre le 23 janvier et le 14 mars 1314, il mourut le 22 janvier 1317 (voir Abel Rigault, Le procès de Guichard, évêque de Troyes (1308-1313). Paris, Picard, 1896, t. I des Mémoires et documents publiés par la Société de l’École des chartes).
  561. Sur cet épisode on peut voir aussi Géraud de Frachet et Jean de Saint-Victor, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXI, p. 31 et 32 et p. 352. Cf. Baluze, Histoire de la maison d’Auvergne, t. I, p. 111-112 ; Ernest Petit, Hist. des ducs de Bourgogne de la race capétienne, t. VII, p. 6 et 7, et de Lespinasse, Le Nivernais et les comtes de Nevers, t. II, p. 414 et 415.
  562. 9 octobre 1308.
  563. Latin : « comite Sacri Cæsaris », le comte de Sancerre (Jean II).
  564. Mile de Noyers, maréchal de France (P. Anselme, t. VI, p. 648-649).
  565. Robert IV.
  566. Béraud VII de Mercœur, connétable de Champagne.
  567. Robert VII.
  568. D’après Baluze, op. cit., t. I, p. 162, ces trois frères seraient : Hugues Dauphin, baron de Faucigny ; Gui Dauphin, baron de Montauban, et Henri Dauphin, qui fut aussi baron de Montauban après son frère.
  569. Albert Ier d’Autriche, empereur d’Occident, fut assassiné le 1er mai 1308 par son neveu Jean d’Autriche, prince de Souabe.
  570. La première femme de Jean Ier de Namur était Marguerite, petite-fille de saint Louis par Robert de Clermont, son père.
  571. Marie d’Artois, fille de Philippe d’Artois, seigneur de Conches, et de Blanche de Bretagne, fille de Jean, comte de Richemont.
  572. Voir, dans Raynaldi, Annales ecclesiastici, t. IV, p. 454 à 456, les lettres de Clément V du 11 août 1308, par lesquelles il engage les chrétiens à donner des subsides pour repousser les infidèles.
  573. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. I, p. 372 à 376, et Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 599-600.
  574. Sur cette guerre contre les Maures de Grenade, voir Raynaldi, Annales ecclesiastici, t. IV, p. 476 à 479.
  575. Henri VII avait envoyé ses ambassadeurs au mois de juin 1309 au pape, à Avignon, pour lui demander d’approuver son élection (Continuation de Géraud de Frachet, dans Rec. des Hist., t. XXI, p. 32. Cf. Alfred Leroux, Recherches critiques sur les relations politiques de la France avec l’Allemagne de 1292 à 1318, p. 131-132).
  576. Les Grandes Chroniques n’ont pas emprunté la fin de ce paragraphe à la Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis ; elles ont dû puiser à la même source que les Istore et croniques de Flandres (éd. Kervyn de Lettenhove, t. I, p. 255 et 256), car les deux récits sont identiques (cf. Chronographia regum Francorum, t. I, p. 184 à 191).
  577. Guillaume Ier, comte de Hainaut, avait épousé par traité du 19 mai 1305 Jeanne de Valois, sœur de Philippe de Valois.
  578. Ais, Aix-la-Chapelle.
  579. Quarentaine, la Carinthie.
  580. Pade, Padoue.
  581. Henri VII fit son entrée à Milan le mercredi 23 décembre 1310 et y fut couronné le 6 janvier 1311 (Johannis de Cermenate, Historia, dans Muratori, Rerum Italicarum scriptores, t. IX, col. 1236).
  582. Cremoigne, Crémone.
  583. Bresse, Brescia. Sur les sièges de Crémone et de Brescia, voir dans Muratori, t. IX, col. 1255 à 1260, et Ferreti Vicentini, Historia, col. 1067 à 1082.
  584. Gui de Flandre, fils de Gui de Dampierre et de sa seconde femme, Isabelle de Luxembourg (P. Anselme, Hist. généal., t. II, p. 732-733 ; sur sa mort, cf. Muratori, t. IX, col. 905, 1087 et 1261).
  585. Teurdre ; ms. fr. 17270 de la Bibl. nat., tordre, se détourner de.
  586. Bouloigne-la-Crasse, Bologne.
  587. Le 13 septembre 1309 (Dupuy, Histoire du différend entre Boniface VIII et Philippe le Bel, p. 32. Voir aussi, sur le procès de Boniface VIII, Georges Lizerand, Clément V et Philippe IV le Bel, p. 190 à 243).
  588. Troisième dimanche de carême qui, en 1310, tombait le 22 mars.
  589. Le 30 octobre 1309.
  590. Pierre de Gaveston, comte de Cornouailles, fils d’un chevalier gascon, favori d’Édouard II, fut décapité le 19 juin 1312. Sur les événements auxquels les Grandes Chroniques font allusion, voir Thomas Walsingham, Historia anglicana, éd. Th. Riley, t. I, p. 121 à 126.
  591. Ce fut en 1310 que les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem s’établirent dans l’île de Rhodes.
  592. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. I, p. 378, et Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 600-601. Les Grandes Chroniques ont abrégé la Continuation de G. de Nangis.
  593. Ils furent brûlés dans les champs « in campis », entre l’abbaye Saint-Antoine et le moulin à vent de Paris.
  594. Le concile de la province de Sens tenu à Paris par Philippe de Marigny, non du 11 au 26 octobre 1310, comme le disent par erreur l’Art de vérifier les dates, le Trésor de chronologie et Géraud, op. cit., t. I, p. 377, mais au mois de mai, « undecima die maii » (Rec. des Hist., t. XXI, p. 33), « v idus maii » (Ibid., p. 719), et le concile de Senlis tenu par Robert de Courtenai, archevêque de Reims, vers la même date, « circa idem tempus » (Ibid., p. 34). Neuf templiers furent brûlés à Senlis (Ibid., p. 140 et 719). Sur la date du concile de Paris, voir Jules Viard, Le concile de Paris de mai 1310, dans Revue des Questions historiques, t. CXV (octobre 1931), p. 358.
  595. 12 mai 1310. Cf. Rec. des Hist., t. XXI, p. 140, Joseph Petit, De libro rationis Guillelmi de Erqueto, p. 106, et Hist. littéraire de la France, t. XXXII, p. 166.
  596. 27 mai. Il y en eut cinq qui furent brûlés ce jour (J. Petit, Ibid., et Hist. littéraire, ibid.).
  597. Frère Jean de Taverny.
  598. Continuation de G. de Nangis, Ibid., p. 379, et Rec. des Hist., t. XX, p. 601.
  599. Marguerite Porete, originaire du Hainaut (latin : « de Hanonia ». Cf. Géraud de Frachet, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXI, p. 34), fut exposée en place de Grève le 30 mai 1310 et brûlée le lendemain 31 mai. Arch. nat., J. 428. Cf. Ch.-V. Langlois, Marguerite Porete, dans Revue historique, t. LIV (janvier-avril 1894, p. 295), et Histoire littéraire de la France, t. XXVII, p. 70. Les Grandes Chroniques ont beaucoup résumé le passage de la Continuation de G. de Nangis consacré à Marguerite Porete et n’ont pas parlé de Guiart de Pressonsacq, un autre hérétique qui se proclamait l’ange de Philadelphie et fut incarcéré. Cf. Revue historique, ibid., p. 297-299.
  600. Tout le reste de ce chapitre n’est pas tiré de la Continuation de la Chronique latine de G. de Nangis. On peut rapprocher ces accusations portées contre les Templiers des articles sur lesquels le pape ordonna de faire une enquête. Voir Dupuy, Traittez concernant l’histoire de France ; scavoir la condamnation des Templiers… Paris, 1654, p. 134 à 142.
  601. Pel, peau.
  602. Cresse, graisse.
  603. Ce récit de la prise de Lyon qui dans ce paragraphe n’est pas emprunté à la Continuation de la Chronique de G. de Nangis est reproduit plus loin d’après cette continuation.
  604. Sur cette guerre de Philippe le Bel contre l’archevêque de Lyon, voir Pierre Bonnassieux, De la réunion de Lyon à la France ; étude historique. Lyon, 1874, p. 113 à 126, et le P. Menestrier, Histoire civile ou consulaire de la ville de Lyon, p. 425-426.
  605. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. I, p. 378, et Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 601.
  606. En 1310, Louis, fils aîné de Robert de France, comte de Clermont, et de Béatrix de Bourbon, épousa Marie, fille de Jean d’Avesnes, comte de Hainaut.
  607. Jean de Clermont, premier comte de Charolais, épousa Jeanne d’Argies, veuve de Hugues de Nesle, comte de Soissons.
  608. Continuation de G. de Nangis, Ibid., p. 380, et Rec. des Hist., ibid., p. 601.
  609. Continuation de G. de Nangis, Ibid., p. 380-382, et Rec. des Hist., ibid., p. 601-602.
  610. 24 juin 1310.
  611. Pierre de Savoie, archevêque de Lyon du 7 août 1308 à sa mort (novembre 1332), assiégé dans son château de Pierre-Scise, se rendit vers le 22 juillet (P. Bonnassieux, op. cit., p. 117).
  612. Philippe le Bel garda prisonnier l’archevêque de Lyon jusqu’au concile de Vienne (Ibid., p. 118).
  613. Géraud de Frachet (Rec. des Hist., t. XXI, p. 35), qui le nomme Johannes de Turo, dit qu’il fut trésorier du Temple ; c’est donc le même personnage que Johannes de Turno, trésorier du Temple, dont le nom revient très souvent dans le Procès des Templiers, édit. J. Michelet. Voir sur lui : L. Delisle, Mémoire sur les opérations financières des Templiers dans Mémoires de l’Institut (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, t. XXXIII, 2e partie, p. 68-71).
  614. Latin : « Leodiensi episcopo. » Il faudrait don : « et l’évêque de Liége » au lieu de l’arvecesque de Lyons (cf. Géraud de Frachet, dans Rec. des Hist., t. XXI, p. 35). Cet évêque de Liége était Thibaut qui mourut en 1312 des suites de blessures reçues dans un combat livré dans Rome.
  615. Latin : « Astensem urbem. » Asti.
  616. Henri VII, empereur d’Allemagne, qui avait fait son entrée à Milan le 24 décembre 1310, « vigilia Nativitatis dominicæ », y reçut la couronne d’Italie le 6 janvier 1311, « in festo Epiphaniæ Domini ».
  617. Voir, sur les luttes que soutint Henri VII en Lombardie, Bernard Gui, Flores Chronicorum, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXI, p. 720.
  618. Bernard de Fargis, qui, le 25 février 1306, avait été nommé évêque d’Agen et transféré le 4 juin suivant à l’archevêché de Rouen, puis le 15 mai 1311 à l’archevêché de Narbonne, mourut en juillet 1341.
  619. Gilles Aycelin, qui avait été nommé archevêque de Narbonne le 25 novembre 1290, fut transféré à Rouen le 5 mai 1311, et mourut le 24 juin 1318 (voir sur lui Hist. littéraire de la France, t. XXXII, p. 474 à 502, et Lucien Perrichet, La grande chancellerie de France des origines à 1328, p. 528 à 530).
  620. Dans ce paragraphe, les Grandes Chroniques ont résumé la Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. I, p. 382-385, et Rec. des Hist., t. XX, p. 602-603.
  621. Pour toutes les mesures que Clément V prit à l’égard de Philippe le Bel, voir Raynaldi, Annales ecclesiastici, t. IV, p. 516 et suiv.
  622. Sur Guillaume de Nogaret qui mourut en 1313, voir Hist. littéraire de la France, t. XXVII, p. 233 à 371.
  623. Raynaldi, op. cit., p. 530, donne les noms de tous ceux sur lesquels Clément V fit des réserves.
  624. Anage, Anagni.
  625. Par non ; latin : « nominatim », nommément.
  626. Les Grandes Chroniques répètent ici ce qu’elles ont dit avec plus de détails dans le paragraphe précédent.
  627. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. I, p. 385-389, et Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 603-604.
  628. Sur tous les événements qui survinrent en Italie pendant le séjour d’Henri VII, voir dans Muratori, Rerum italicarum scriptores, t. IX, col. 885 à 934 ; Relatio de itinere italico Henrici VII imper. ab anno M CCC X usque ad annum M CCC XIII, et en particulier col. 899 et suiv. Cf. Cronaca di Dino Compagni, ibid., col. 527 et suiv., et Johannes de Cermenate Historia, col. 1253 et suiv.
  629. Brixe, Brescia.
  630. Le texte latin ajoute : « accepta redemptione multorum millium florenorum ab his qui in civitate superfuerant ».
  631. Ou plus sollempnel lieu ; latin : « in eminentiori loco ».
  632. Waleran, tué en 1311 au siège de Brescia, était le second fils d’Henri IV, comte de Luxembourg, et de Béatrix, fille de Baudouin d’Avesnes.
  633. Henri VII fut couronné à Rome dans l’église de Latran, le 29 juin 1312.
  634. Cerdonne ; latin : « Terdonam », Tortone.
  635. Marguerite, fille de Jean Ier duc de Brabant, femme de l’empereur Henri VII, mourut à Gênes le 11 décembre 1311.
  636. Philippe le Bel, le 13 octobre 1311, avait ajourné Robert de Béthune et son fils Louis de Nevers devant le Parlement (Funck-Brentano, Philippe le Bel en Flandre, p. 615).
  637. Louis de Nevers fut ramené de Moret à Paris le 2 janvier 1312 (Ibid., p. 616).
  638. Il se serait enfui de Paris dans la nuit du 6 au 7 janvier 1312 (Ibid., p. 618).
  639. Ms. fr. 2813 de la Bibl. nat. : « agreable ». Le texte latin montre que la leçon agreable est une erreur : « Hæc moneta ratione indebiti valoris et ponderis, et ratione novitatis cursus capi refutabatur, quia ab omnibus atque recte sapientibus redundare non minime diceretur in exactionem indebitam reique publicæ detrimentum ; quod etiam nonnulli nobiles et magnates, quibus super hoc displicebat, graviter conquerendo ore tenus et expresse exposuerunt eidem. »
  640. Voir, dans Marcel Fournier, Les statuts et privilèges des Universités françaises depuis leur fondation jusqu’en 1789, t. I, nos 19 à 31, les bulles de Clément V relatives à l’établissement de l’Université d’Orléans et les lettres écrites par Philippe le Bel au sujet des troubles qui se produisirent dans cette ville au cours des années 1310, 1311 et 1312.
  641. Sur le concile général qui s’ouvrit à Vienne le 16 octobre 1311 et dont la dernière session eut lieu le 6 mai 1312, voir Labbe et Cossart, Sacrosancta concilia, t. XI, 2e partie, col. 1537 à 1569.
  642. Le 16 octobre 1311.
  643. Les Grandes Chroniques ont beaucoup résumé cette partie de la Continuation de la Chronique de G. de Nangis (t. I, p. 389 à 395, et Rec. des Hist., ibid., p. 605 à 607).
  644. Le 3 avril 1312. C’est dans cette seconde session que Clément V publia la suppression de l’ordre du Temple. Voir la sentence de cette suppression dans Labbe et Cossart, op. cit., col. 1557 à 1560.
  645. C’est le 6 mai 1312, dans la troisième et dernière session du concile de Vienne, que la levée d’une décime pour la croisade fut ordonnée.
  646. Le 29 juin 1312.
  647. Le19 juin 1312. Voir ci-dessus, p. 271.
  648. Édouard III naquit le 13 novembre 1312.
  649. Simon de Clermont-Nesle, évêque de Noyon en 1297, fut transféré à Beauvais en 1301 et mourut le 22 décembre 1312. Jean de Marigny, qui lui succéda, fut transféré à Rouen le 14 mai 1347, et mourut le 27 décembre 1351.
  650. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. I, p. 395-398, et Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 607.
  651. La Continuation de G. de Nangis donne au moins les noms de deux d’entre eux ; « una cum Hugone duce Burgondiæ, Guidone Blesensi, aliisque quampluribus regni nobilibus ». Cf. Ludewig, Reliquiæ manuscriptorum, t. XII, p. 48 à 60.
  652. 3 juin 1313.
  653. 6 juin.
  654. La Continuation de G. de Nangis fait connaître ce cardinal : « de manu cardinalis Nicolai ». C’est Nicolas de Fréauville, parent d’Enguerrand de Marigny, dominicain, confesseur de Philippe le Bel, promu cardinal-prêtre de Saint-Eusèbe le 14 décembre 1305 et mort en 1323.
  655. Tous les détails que les Grandes Chroniques donnent sur cette fête ne sont pas tirés de la Continuation de G. de Nangis. Cf. Jean de Saint-Victor, dans Rec. des Hist., t. XXI, p. 656-657, et la Chronique rimée de Geffroi de Paris (Ibid., t. XXII, p. 135 à 138) qui décrivent cette fête qui dura huit jours.
  656. Sur les travaux effectués au Palais sous Philippe le Bel, voir Borrelli de Serres, L’agrandissement du palais de la cité sous Philippe le Bel, dans Mémoires de la Soc. de l’hist. de Paris et de l’Île-de-France, t. XXXVIII (1911), p. 1 à 107, et Émile Clairin, Les agrandissements du Palais sous Philippe le Bel, Paris, 1913.
  657. Philippe, prince de Tarente, fils de Charles II d’Anjou, roi de Naples, mort le 6 mai 1309, épousa à Fontainebleau, le 30 ou le 31 juillet 1313, Catherine de Valois, fille de Catherine de Courtenay, deuxième femme de Charles de Valois. Ce mariage fut célébré en même temps que celui de Philippe de Valois avec Jeanne de Bourgogne (J. Petit, Charles de Valois, p. 122-123, et J. Viard, Philippe VI de Valois avant son avènement au trône, dans Bibl. Éc. des chartes, t. XCI (1930), p. 309, note 4).
  658. 24 juillet 1313.
  659. C’est sans doute de l’assemblée d’Arras qu’il est parlé dans ce paragraphe ; cf. Funck-Brentano, Philippe le Bel en Flandre, p. 633 à 642.
  660. Robert, dit le Sage et le Bon, avait succédé en 1309, dans le royaume de Naples, à son père Charles II, dit le Boiteux. Henri VII le priva de ses états et l’attaqua parce qu’en 1312 il avait fait de l’opposition à son couronnement à Rome et, en 1313, avait accepté la seigneurie de la ville de Florence (Art de vér. les dates, in-fol., t. III, p. 827 ; voir aussi Muratori, t. IX, col. 1114).
  661. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. I, p. 397-401, et Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 607 à 609.
  662. Henri VII mourut à Buonconvento (Italie, prov. de Sienne) le 24 août 1313. Cf., sur sa maladie et sa mort, Ferreti Vicentini historia, dans Muratori, Rerum italicarum scriptores, t. IX, col. 1115-1118. La Continuation de G. de Nangis dit seulement, sur sa mort : « morbo pariter et febre correptus, vel ut dicebant aliqui, eucharistiam sumendo de manu sacerdotis et proprii confessoris de ordine Fratrum Prædicatorum existentis, corrupta pecunia per regem Robertum vel, ut verius creditur, per Florentinos sibi adversarios, veneno potionatus, diem vitæ clausit extremum. Cujus corpus Pisas est translatum, et in ecclesia cathedrali honorifice tumulatum ».
  663. Pour lui acommingier, pour recevoir la communion.
  664. Ms. fr. 2813 de la B. N. : « Seigneur » qui est une faute, car la Continuation de G. de Nangis dit bien : « circa festum beatæ Virginis », et Géraud de Frachet (Rec. des Hist., t. XXI, p. 39) : « circa Nativitatem beatae Virginis ». Les Grandes Chroniques ont beaucoup abrégé la Continuation de G. de Nangis dans ce paragraphe.
  665. Notre-Dame d’Écouis, Eure, arr. des Andelys, cant. de Fleury-sur-Andelle. Ce fut au mois de janvier 1311 (n. st.) qu’Enguerrand de Marigny établit dans cette église un collège de douze chanoines, et la dédicace en fut faite le 9 septembre 1313 (Louis Régnier, L’église Notre-Dame d’Écouis, p. 6 et 9).
  666. Nicolas de Fréauville.
  667. Clément V interdit les tournois par une bulle du 14 septembre 1313 (Raynaldi, Annales ecclesiastici, t. V, p. 2 et 3). Philippe le Bel les avait aussi prohibés à plusieurs reprises en 1304, 1305, 1311, 1312 (Ord., t. I, p. 420, 421, 426*, 434, 493, 509, et Du Cange, éd. Fabre, t. X, Dissertations sur l’histoire de saint Louis ; VI : De l’origine et de l’usage des tournois, p. 23).
  668. Noffle, Noffo Dei, Florentin, agent de la maison Ranieri Jacobi de Florence, qui, dans l’affaire de Jean de Calais, chanoine de Saint-Étienne de Troyes et trésorier de la reine douairière Blanche de Navarre, fut un des accusateurs de Guichard (Abel Rigault, Le procès de Guichard, évêque de Troyes, p. 23-24 et 219).
  669. Emprés ; latin : « juxta ».
  670. La Continuation de G. de Nangis donne à cette localité le nom de « Fleve » et dit que cette bataille fut livrée : « die Jovis ante festum sancti Martini hyemalis », soit en 1313, le 8 novembre. Mais l’Art de vérifier les dates (in-fol., t. III, p. 51) place cette guerre en 1309 et dit que la Continuation de G. de Nangis fait erreur en la plaçant en 1313. D. Calmet (Hist. de Lorraine, t. II, col. 436) ne fait qu’allusion à cette guerre. Les Grandes Chroniques ont beaucoup abrégé la Continuation de G. de Nangis.
  671. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. I, p. 402 à 404, et Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 609. Les Grandes Chroniques ont résumé en quelques lignes le récit de la Continuation de G. de Nangis qui est beaucoup plus développé.
  672. Continuation de G. de Nangis : « die lunæ post festum beati Gregorii », soit le 18 mars 1313. Bernard Gui (Rec. des Hist., t. XXI, p. 723) done une autre date : « in vigilia beati Gregorii papæ, in die lunæ », soit le 11 mars.
  673. Le grand-maître Jacques de Molai et le précepteur de Normandie, Geoffroi de Charnai.
  674. Continuation de G. de Nangis : « in parva quadam insula Secanæ inter hortum regalem et ecclesiam fratrum heremitarum posita ». L’île aux Juifs.
  675. Continuation de G. de Nangis, t. I, p. 406-407, et Rec. des Hist., t. XX, p. 610. Les Grandes Chroniques ont abrégé la Continuation de G. de Nangis.
  676. Clément V mourut à Roquemaure sur le Rhône, le 20 avril 1314.
  677. Jean XXII ne fut élu à Lyon que le 7 août 1316.
  678. Bertrand de Got qui, le 8 mars 1306, avait reçu le rectorat de la marche d’Ancône (Baluze, Vitae paparum Aveniensium, éd. Mollat, t. II, p. 93).
  679. Continuation de G. de Nangis, t. I, p. 412, et Rec. des Hist., t. XX, p. 611.
  680. Sur le mouvement provoqué en France par la levée de l’impôt pour la guerre de Flandre, voir André Artonne, Le mouvement de 1314 et les chartes provinciales de 1315, p. 13 à 30, dans Bibliothèque de la Faculté des lettres de l’Université de Paris, t. XXIX.
  681. Continuation de G. de Nangis, t. I, p. 404 à 406, et Rec. des Hist., t. XX, p. 609-610. Les Grandes Chroniques ont un peu abrégé le récit de la Continuation de G. de Nangis. Voir, dans Marcellin Boudet, Thomas de la Marche, bâtard de France, p. 219-221, le relevé des textes contemporains relatifs à cette affaire. Cf. Geoffroi de Paris, Chronique rimée, dans Rec. des Hist., t. XXII, p. 146-147.
  682. Maubuisson, Seine-et-Oise, arr. et cant. de Pontoise, comm. de Saint-Ouen-l’Aumône.
  683. 9 avril 1314.
  684. Marguerite, fille de Robert II, duc de Bourgogne, avait épousé, le 23 septembre 1305, Louis le Hutin.
  685. Jeanne, fille d’Otton IV, comte palatin de Bourgogne, et de Mahaut, comtesse d’Artois, avait épousé Philippe le Long au mois de janvier 1307.
  686. Blanche, sœur de Jeanne, avait épousé Charles le Bel en 1308.
  687. Château-Gaillard, Eure, comm. des Andelys.
  688. Dourdan, Seine-et-Oise, arr. de Rambouillet, ch.-l. de cant.
  689. 12 avril.
  690. Tout ce chapitre n’est pas tiré de la Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis.
  691. Voir E. Boutaric, La France sous Philippe le Bel, p. 39-40. Ce furent des États-généraux convoqués pour le 1er août 1314 (Henri Hervieu, Recherches sur les premiers États-généraux, p. 106-107).
  692. Plevi, promis.
  693. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. I, p. 410-411, et Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 611.
  694. La Continuation de G. de Nangis fait savoir que les Flamands furent d’abord excommuniés, puis elle indique le but assigné à chaque corps d’armée. « Dum itaque Philippus rex
  695. Louis Ier, fils aîné de Robert III, comte de Flandre, et de Yolande de Bourgogne, avait succédé, en 1280, à sa mère dans le comté de Nevers.
  696. Ce chapitre n’est pas tiré de la Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis qui donne plus de détails sur les derniers moments de Philippe le Bel et sur ses obsèques. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 412 à 415, et Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 611-612.
  697. Philippe le Bel serait tombé malade le 4 novembre 1314 tandis qu’il chassait en forêt près de Pont-Sainte-Maxence. Ramené par eau à Poissy où il resta une dizaine de jours, il se rendit à cheval à Essonnes, puis fut porté en litière à Fontainebleau où il mourut le 29 novembre. Il fut enterré à Saint-Denis le 3 décembre et ses entrailles et son cœur furent déposés le lendemain 4 au monastère des Dominicaines de Poissy (Ch. Raudon de Mony, La mort et les funérailles de Philippe le Bel, d’après un compte-rendu à la cour de Majorque, dans Bibl. Éc. des chartes, t. LVIII (1897), p. 5-14). Cf. Léon Lacabane, Dissertations sur l’histoire de France au XIVe siècle. Mort de Philippe le Bel. Avènement de Louis Hutin (Ibid., t. III, 1841-1842, p. 1 à 16).
  698. Robert, qui mourut à Saint-Germain-en-Laye âgé de onze à douze ans (P. Anselme, op. cit., t. I, p. 90).
  699. Les Grandes Chroniques donnent un récit plus détaillé de l’arrestation d’Enguerrand de Marigny que la Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. I, p. 415 à 418, et Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 612-613. On peut rapprocher le récit des Grandes Chroniques de celui de Jean de Saint-Victor (Ibid., t. XXI, p. 659 à 661). Voir sur Enguerrand de Marigny, Pierre Clément, Trois drames historiques : Enguerrand de Marigny, Semblançay, le chevalier de Rohan, Paris, Didier, 1857 ; Joseph Petit, Charles de Valois, p. 146 à 154, et Borrelli de Serres, Recherches sur divers services publics, t. III, p. 49 à 75.
  700. 12 mars 1315.
  701. Ms. fr. 2813 de la Bibl. nat. : « royaume ».
  702. Ferri de Piquigny, seigneur d’Ailly et de Villiers-Faucon, fils de Jean de Piquigny, vidame d’Amiens, devint maître des requêtes sous Philippe de Valois qui lui rendit ses biens confisqués par Philippe le Long (cf. Journaux du Trésor de Charles IV le Bel, col. 99, note 2).
  703. Gui IV, seigneur d’Encre, comte de Saint-Pol, 1292-1317.
  704. C’est la rue qui prit ensuite le nom de rue Mazarine (Jaillot, Recherches critiques sur la ville de Paris. Quartier Saint-Germain-des-Prés, p. 59-60).
  705. Par lettres du 24 janvier 1315, Louis X, après avoir fait examiner les comptes d’Enguerrand de Marigny par une commission dans laquelle se trouvaient son frère Philippe, ses oncles Charles de Valois et le comte d’Évreux, G. de Harcourt, le nouveau chancelier Étienne de Mornay, etc., les approuva et lui donna pleine décharge de l’administration des trésors, du Temple, du Louvre et de la chambre du roi (L. Lacabane, Dissertations sur l’histoire de France au XIVe siècle, dans Bibl. Éc. des chartes, t. III, p. 14 à 16).
  706. Ce chapitre n’est pas traduit de la Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 415 à 418, et Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 612-613.
  707. 15 mars 1315.
  708. Jean d’Asnières (voir, sur cet avocat, Histoire littéraire de la France, t. XXVIII, p. 455 à 461). R. Delachenal, Histoire des avocats au Parlement de Paris, 1300-1600, p. 356-357, le nomme Jean Hanière.
  709. Les mss. français 2597, 10132 et 17271 de la Bibl. nat. donnent les articles reprochés à Enguerrand de Marigny. Nous reproduisons le ms. 10132, fol. 396-397 vo.

    Et après ce, prist les sacrefices d’Abraham et de Ysaac son fiex. Et après ce, prist les examples des serpens qui degastoient la terre de Poitou au temps saint Hylaire evesque de Poitiers, applica et acomparaga les serpens à Engerran et à ses creatures ; c’est assavoir ses parens et ses affins. Et yce dit, si descendi sus le gouvernement du royaume du temps Engerran. Et après ce, les cas et les forfez raconta en general qui s’ensivent.

    Ci commence le premier article1.

    Premierement, li roys Phelippe, en son vivant dist que Engerran l’avoit deceu et tout son royaume. Et pluseurs fois l’en trouva l’en plorant en sa chambre. Et pour ce ne le volt il pas faire son excecuteur.

    Le secont article. Derechief, que au vivant le roy, quant il traioit à mort, il roba le tresor du Louvre a vi hommes toute une nuit et le fist porter là où il volt en son commandement.

    Le tiers article. Derechief, à la derreniere voie de Flandres, il parla au conte de Nevers tout seul aus champs ; lequel li donna ii barilz esmailliez d’argent et de pluseurs joiaus. Il loa le retour et fist l’ost de France retourner sanz riens faire.

    iv. Derechief. Quant il fu venus2, il conseilla à prendre la subvencion dont le commun pueple fu malement et merveilleusement grevé.

    v. Derechief. Quant li rois l’envoia au pape, il porta des deniers le roy une somme d’argent, en laquelle il avoit xxxm livres. Onques puis n’en conta mès ainçois les retint.

    vi. Derechief. Quant li roys envoia à monseignour Reimon

    1. On relève ici quarante et un chefs d’accusation contre Enguerrand de Marigny. Jean de Saint-Victor (Rec. des Hist., t. XXI, p. 660) et Geoffroi de Paris (Ibid., t. XXII, p. 157) disent que Jean Hanière n’en releva que trente-huit.

    2. À son retour de Flandre.

    de Goth1 xvm florins par ledit Engerran, et quant il fu là il le trouva mort ; si les retint et puis n’en conta.

    vii. Derechief, que il fist seeler par monseigneur Guillaume de Nougaret2, adonc chancelier nostre seigneur le roy, viii paires de lettres, et ne pot savoir que il seela.

    viii. Derechief, que par lui estoient tuit li official es offices le roy, de quelque maniere que il fussent.

    ix. Derechief, que le roy li donna à ii foiz lvm livres pour sa voie de Poitiers aveuc tous ses cotz et ses despens.

    x. Derechief. Quant le roy li donnoit terre, il fesoit prisier à cc livres ce qui bien valoit viiic.

    xi. Derechief, que i marcheant fesoit contraindre pluseurs marcheans par lettres des foires de Champaingne pour deniers que eulz li devoient ; ils donnerent à Engerran viiim livres, et il furent delivrés. Et li preudons fu mis en Chastelet l jours en prison ; et li couvint jurer ainçois que il en issist, que jamais n’en seroit nouvele, ne que riens n’en demanderoit.

    xii. Derechief, xviiixx dras furent acquis au roy par forfaiture ; il furent aportez à Engerran, ne onques puis n’en conta.

    xiii. Derechief, que la terre de Gaillefontaine3 qui valoit xiic livres ne fu prisiée que à viiic livres ; et de tant fu deceu monseignor de Valois.

    xiv. Derechief. Li abbés de Sainte Katherine4 ausi fu deceu.

    xv. Derechief. De l’eschange du prieur de Saint Arnoul5, en telle maniere fu deceuz.

    xvi. Derechief, que li roys envoia à la contesse d’Artois unes lettres es queles il li mandoit certaines besoingnes ; et Engerran mist dedens une anniexe et li mandoit le contraire et que il la garantiroit devers le roy de touz poins.

    xvii. Derechief, que madame d’Artois li donna xlm livres que

    1. Raymond de Got de Villandraut, neveu de Clément V, promu cardinal le 15 décembre 1305, mourut en 1310.

    2. Ms. 10132 : « Loncgareit. »

    3. Gaillefontaine, Seine-Inférieure, arr. de Neufchâtel-en-Bray, cant. de Forges. Charles de Valois avait donné ce domaine à Enguerrand de Marigny en échange de celui de Champrond au mois de juin 1310 (Joseph Petit, Charles de Valois, p. 148, et Pierre Clément, Trois drames historiques, p. 321, 332, 364 à 366).

    4. Sainte-Chaterine-du-Mont, ou la Sainte-Trinité, près de Rouen.

    5. Ms. fr. 17271, fol. 207, de la Bibl. nat. : « Saint Germain. »

    la vile de Cambray li devoit d’une amende, et que li rois ne li voloit donner congié de lever l’amende desusdite ; et Engerran la leva tout outre1.

    xviii. Derechief, que il donna le conseil de madame de Poitiers2 prendre ensi comme il fu fet.

    xix. Derechief, que il obliga sa terre de Foilloy, a xxii ans, à rendre l’argent desus dit, et en donna lettres à la contesse3, et depuis avint que il ot les lettres par devers lui.

    xx. Derechief, que pour paour de plus perdre, madame d’Artois li donna la haute justice de Croisilles4 et de Biaumez5 avec le marchié de Biaumez6.

    xxi. Derechief, les Crespinois d’Arras7 [paierent] xlviiim livres ; mès il les cuidierent avoir données au roy ; [et ledit Engerran les retint].

    xxii. Derechief, que li rois presta à ses freres xxxm livres, mès il n’en orent nul, quar Engerran les ot par devers lui.

    xxiii. Derechief, que li roys li donna la garde d’Estoutevile8 à xiii anz, qui bien valoit xlvim livres.

    xxiv. Derechief, que li roys li donna le tiers et le dangier de certaines forêts9 en Normendie qui bien valoit lxm livres.

    xxv. Derechief, que li roys li donna pour faire faire son ostel en son palais de Paris xm livres.

    1. Sur le paiement de cette amende en 1309 en 1310, voir J.-M. Richard, Mahaut, comtesse d’Artois et de Bourgogne, p. 70.

    2. Jeanne de Bourgogne, femme de Philippe V le Long, comte de Poitiers avant son avènement au trône.

    3. D’Artois.

    4. Croisilles, Pas-de-Calais, arr. d’Arras, ch.-l. de cant.

    5. Ms. : « Biauvez. » C’est sans doute Beaumetz-les-Loges, Pas-de-Calais, arr. d’Arras, ch.-l. de cant. Cf. J.-M. Richard, op. cit., p. 69.

    6. Ms. : « Biauvais ».

    7. Les Crespinois d’Arras sont sans doute des membres d’une famille bourgeoise de cette ville, du nom de Crepin (Guesnon, Inventaire chronologique des chartes de la ville d’Arras, p. 54, no lx).

    8. Estouteville-Écalles, Seine-Inférieure, arr. de Rouen, cant. de Buchy.

    9. Ms. foires. P. Paris trompé par le mot « foires » a mis, au lieu de « le tiers et le dangier », le « tiers denier » qui est une faute. Enguerrand de Marigny avait été exonéré des droits de tiers et danger pour ses forêts de Belle-Lande, Longchamp, Vaceuil, Mainneville, etc. (Borrelli de Serres, Recherches sur divers services publics, t. I, p. 447, note 2, et P. Clément, Trois drames historiques, p. 314, lettres de mars 1305).

    xxvi. Derechief, qu’il toli aus voisins d’entour, des maisons qui bien valent c livres de rente par an et plus.

    xxvii. Derechief, que li borgois de Roen avoient forfet une franchise qui estoit en la vile, et il li donnerent xxxm livres, et einsi orent leur franchise.

    xxviii. Derechief, li roys donna à mesire Berat de Marcueil1 xiic livres de terre prise à Chailli ; et il les vendi à messire Engerran viim livres, dont il ne paia que iiiim livres. Et de ces xiic livres de terre, failloit à asseoir lxxii livrées de terre ; pour lesquiex il prist lxii viles à clochiers en la chastelerie de Montleheri.

    xxix. Derechief, à mestre Raoul de Joy qui avoit une maison à Tylly, que mesire Engerrant volt avoir ; et il li en fist donner une forfeture de iiiim livres et i chastel en Bretaigne qui bien valoit m livres.

    xxx. Derechief, que du tornoy de Compigne, il fist aporter le remanant des garnisons nos seigneurs en son hostel.

    xxxi. Derechief, mesire Jaques Laire avoit sus le tresor le roy iiiic livres de rente ; et lui en devoit on xixc livres d’arrerages, et il les vendi à monseigneur Engerran iiim livres à heritage à touzjours ; et il s’en paia tantost du tresor le roy, et ainsi ne li cousta [que] xic livres.

    xxxii. Derechief, que en la conté de Longueville la Gyffart2, li roys ne li cuida asseoir que vic livres, et il en y a iim.

    xxxiii. Derechief, Madame Blanche de Bretaygne3 li donna i moult biau manoir pour miex besoingnier à court.

    xxxiiii. Derechief, que de la pierriere4 de Vernon il fist mener iiiim pierres à Escouyes et lii ymages, chascune du pris de xl livres.

    1. Béraud X de Mercœur, 1294 à 1318.

    2. Longueville, Seine-Inférieure, arr. de Dieppe, ch.-l. de cant. Sur le titre de comté donné alors à la terre de Longueville, qui n’eut ce titre qu’après 1333, voir Borrelli de Serres, Recherches sur divers services publics, t. III, p. 275 à 293.

    3. Blanche de Bretagne, fille de Jean II, comte de Richemont, qui, en 1280, avait épousé Philippe d’Artois, fils de Robert II, comte d’Artois. Philippe mourut le 11 septembre 1298.

    4. Ms. 17271, fol. 208. Cf. Louis Regnier, L’église Notre-Dame d’Écouis, p. 132, note 3, et, sur les statues de cette église, Ibid., p. 131 à 186. Chap. v : La statuaire.

    xxxv. Derechief, que des forez le roy il prist et osta tout le plus beau bois et le meilleur1.

    xxxvi. Derechief, que le seneschal d’Auvergne li donna viic livres.

    xxxvii. Derechief, une fame de Sens2 qui avoit forfait cors et avoir, elle li donna viiic livres, et ensi fu assouse.

    xxxviii. Derechief, que i bidaut estoit acusez à court de pluseurs cas, il li donna pluseurs donz, et ensi fu assoulz.

    xxxix. Derechief, que il fist pluseurs estanz en Normendie, esquiex il ajousta pluseurs heritages du roy.

    xl. Derechief, que il puepla lesdis estanz des poissons des estanz le roy, et en i mist jusques à la value de xm livres.

    xli. Derechief, que il avoit fait commandement as tresoriers et as mestres des contes que pour mandement que li rois leur fesist, que il n’obeissent, se il ne veoient ainçois son seel.

    Adoncques yces articles diz et feniz et pluseurs devant ses iex approuvez, si ne li fu en nule maniere donnée audience de soi deffendre fors que l’evesque de Biauvez, son frere3, demanda copie des articles devant diz. Et yce fet, derechief au Temple emprison fu ramenez et ferré fermement en bons lians et en aniaux de fer, et gardez très diligaument.

    4Après, en l’an de grâce ensivant M CCC et XV, Engerran de Marigny, qui au Temple, l’ostel jadis des Templiers, estoit en fers ferré et tenu em prison, voiant et apercevant que il fust em peril de mort, lors pensa par une esperance decevable, comme il poist ses anemis à mort baillier et traire, et par art de dyable, eulz, si comme l’en dit, destruire ; et especialment Charles le conte de Valois et le conte de Saint Pol5 qui estoient ses très grans adversaires. Et adonc manda sa fame, la dame de Marigny et la suer à ladite dame, la dame de Chantelou, et si comme il fu dit, son frere l’archevesque de Sens6, que il

    1. Dans les mss. 10132 et 17271 on a seulement : « il a ostei tout le plus bel ».

    2. Ms. 17271, fol. 208.

    3. Jean de Marigny, qui fut évêque de Beauvais, chancelier de France, puis archevêque de Rouen et mourut le 26 décembre 1351.

    4. Bibl. nat., ms. fr. 10132, fol. 397 vo.

    5. Gui IV.

    6. Philippe de Marigny qui, après avoir été évêque de Cambrai, fut archevêque de Sens en 1309 et mourut en 1325.

    venissent parler à lui. Adonc, yceulz ensemble venuz, si orent conseil ensemble, et traitierent la mort des devant dit contes. Et après, sa fame, la dame de Marigny, retournée aveuc sa suer la dame de Chantelou en sa meson, tantost yces ii dames manderent et firent venir à eulz une maudite et mauvaise boisteuse qui fesoit l’or, et i mauvais garçon qui avoit non Paviot, qui de telz sors se savoit entremettre, et leur promistrent moult de peccunes se il feissent aucuns voulz, par lesquiex voulz les devant diz contes peussent occirre. Laquelle chose otroiée de yceulz, si firent les voulz et par art magyque et de dyable, leur mistrent nons, et si comme il fu dit, les baptizierent faussement. Adonques yces voulz fez, en telle maniere ouvrez, lesquiex, se longuement eussent duré, les devant dit contes, chascun jour eussent fait amenuisier, etc.
  710. Alips de Mons, troisième femme d’Enguerrand de Marigny, qui pour ce fait fut emprisonnée en même temps qu’Alips de Chanteloup. Alips de Mons ne fut délivrée que le 28 janvier 1325 (P. Anselme, t. VI, p. 313). Voir dans les Journaux du Trésor de Charles IV le Bel, nos 190, 191, 519, 520, 1978, 1979, etc., les sommes qui leur furent payées, tant pendant qu’après leur détention.
  711. Defrire, diminuer.
  712. Ce chapitre n’est pas traduit de la Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, cf. éd. Géraud, t. I, p. 417-418, et Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 613.
  713. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. I, p. 418-419, et Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 613.
  714. Marguerite mourut le jour même de l’exécution de Marigny, le 30 avril 1315, de mort naturelle, d’après les témoignages des contemporains, « cum devotione maxima » dit Jean de Saint-Victor (Rec. des Hist., t. XXI, p. 660. Cf. la Chronique rimée de Geffroi de Paris, Ibid., t. XXII, p. 158, vers 7141 à 7184).
  715. Pierre de Latilly, voir plus loin, p. 321.
  716. Raoul Ier de Presles, seigneur de Lizy-sur-Ourcq, mort entre 1325 et 1331. Voir sur lui Lancelot, Mémoires de l’Ac. des inscriptions et belles-lettres, t. XIII, p. 607.
  717. Hugues V mourut à Argilly au début du mois de mai 1315 et fut enterré le 12 du même mois à Cîteaux (E. Petit, Hist. des ducs de Bourgogne de la race capétienne, t. VII, p. 33).
  718. Continuation de G. de Nangis, t. I, p. 420-421, et Rec. des Hist., t. XX, p. 613-614.
  719. Vers le 1er mai 1315.
  720. Louis de Nevers avait eu ses fiefs confisqués au profit du roi par arrêt du Parlement, après s’être enfui du Châtelet où il avait été incarcéré en 1309 pour avoir excité les Flamands à la révolte contre Philippe le Bel.
  721. La Continuation de G. de Nangis donne la date : « die martis post Trinitatem », soit le 20 mai 1315.
  722. La Continuation de G. de Nangis dit seulement : « abbas quidam Cisterciensis ordinis ». Cf. Rec. des Hist., t. XXI, p. 44, note 1.
  723. 28 juin.
  724. 21 juin.
  725. Ce devancier de Pierre de Latilly était Jean de Châteauvillain qui mourut le 2 avril 1313.
  726. Jean de Flandre, vicomte de Châteaudun, petit-fils de Gui de Dampierre et frère du comte de Flandre, Robert III, dit de Béthune, épousa, en 1315, Béatrix, fille de Gui IV, comte de Saint-Pol.
  727. Continuation de G. de Nangis, t. I, p. 424, et Rec. des Hist., t. XX, p. 614-615.