Les Folies amoureuses d’une impératrice/03

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III


Minuit venait de sonner, et l’Empereur, avachi dans son bain, ne pouvait encore se présenter dignement devant son épouse.

Le programme de la veille avait été suivi de point en point, mais aucun résultat ne se produisait. Les dragées infernales tardaient à agir, et le hanneton lui-même, le bienheureux hanneton, malgré sa promenade active, ne parvenait pas à faire hausser son promontoire d’un centimètre. L’Empereur bandait à moitié, et Jonas était forcé de tenir sa pine hors de l’eau pour que le hanneton pût circuler à son aise.

— Ah ! gémissait l’Empereur, que doit penser l’Impératrice ? Elle m’attend sans nul doute, et je ne suis pas prêt.

— Je vous l’avais bien dit, sire, répondait hypocritement Jonas, qui connaissait certainement le motif de cette impuissance, mais vous n’avez pas voulu m’écouter, et hier, vous avez baisé à couilles rabattues sans vous soucier du sperme que vous avez prodigué. Aujourd’hui, ce sperme vous fait défaut, et la vigueur de votre pine est éteinte.

— Que faire ? que faire ?

— Attendre.

— Attendre ? Mais je ne le puis, je…

À ce moment on gratta à la porte.

— Va voir qui c’est, dit l’Empereur.

Jonas alla ouvrir et revint presque aussitôt.

— Sire, fit-il d’une voix grave, le quart-d’heure de Rabelais est arrivé.

— Hein ?

— L’Impératrice vous demande.

— C’en est fait, gémit le souverain en sortant de sa baignoire, — ce qui eut pour résultat de faire prendre un bain au pauvre hanneton, — il faut me rendre au désir de ma femme. Allons, espérons que la vue de son cul me ragaillardira.

— Courage, sire.

— J’en aurai. Ah ! si l’Impératrice voulait seulement me sucer un instant la queue pendant que je lui mangerais le gripart, ça irait peut-être ; mais ces princesses sont d’une bégueulerie ! Elles ne savent rien. Aura-t-elle ôté sa chemise seulement ? Moi, je rentre à poil.

— C’est un tort, sire, fit remarquer Jonas, car elle va voir tout de suite que vous ne bandez presque pas.

— C’est vrai, passe-moi ma robe de chambre. Là, maintenant j’y vais. Accompagne-moi, Jonas, tu te tiendras à ma portée, dans la pièce voisine, qui sait, j’aurai peut-être besoin de toi. Allons, viens.

Jonas accompagna son maître jusqu’au seuil de la chambre à coucher impériale.

Par prudence, Marie, en revenant de chez l’Empereur, avait baissé le gaz, car sa maîtresse se tordait, spasmée, sur sa couche, appelant à cors et à cris une pine chérie.

L’Empereur, très ému, pénétra doucement dans la pièce, pendant que Jonas, derrière la porte, regardait par le trou de la serrure.

— Elle a fait baisser le gaz, se dit l’Empereur, c’est regrettable, je vais le rouvrir.

Et il redonna de la lumière.

Alors il vit sa femme, nue, les cheveux épars, étendue sur le dos, les seins saillants, les cuisses ouvertes, la tête renversée, les yeux demi-voilés, ne faisant plus un mouvement, mais murmurant :

— Ah ! viens, viens, mon petit homme aimé, mon trésor, viens, donne-moi ta jolie quéquette, ta petite bibite, fourre-la dans mon con, bien avant, jusqu’aux couilles.

— Elle m’appelle, dit l’Empereur, elle ne me paraît pas bégueule, c’est le moment d’oser.

Et il s’approcha, rejeta sa robe de chambre, et monta sur le lit.

— Me voilà, créature divine, me voilà, c’est ton petit homme, murmura-t-il.

— Ah ! fit l’Impératrice sans changer de position et sans rouvrir les yeux davantage, c’est toi, Charles ?

— Non, c’est Louis, et permets-moi de baiser tes seins, et ton ven-ventre, puis ton con, ton beau con.

— Non, non, pas ça, ta pine, je veux ta pine, enfonce, enfonce.

— Mais je ne puis, je suis ému, le champagne…

— Ta pine ! Ta pine !

— Alors sois plus aimable, et laisse-moi te mettre cette pine que tu désires tant entre ces lèvres.

Tout en parlant, le souverain avait enjambé la souveraine, puis à genoux, presque à cheval sur sa poitrine, il lui mit sa pine sur les lèvres. Malheureusement, la pauvre bite impériale était plus molle que jamais.

— Allons, mon trésor, gémissait l’Empereur, daigne écarter tes lèvres vermeilles et prendre ma queue dans ta bouche rose. Allons, voyons.

La bouche rose finit enfin par s’ouvrir. Aussitôt l’Empereur y fourra sa « viande », mais ce fut en vain que la langue de la souveraine travailla.

Alors, impatientée, le cul plus en chaleur que jamais, l’Impératrice cracha pour ainsi dire le vit de son mari en s’écriant :

— Ah ça ! mais qu’est-ce que je mâchonne donc depuis cinq minutes ? Pas possible c’est de la vieille tripe ! Retirez-vous, monsieur, vous m’étouffez.

Tout confus, l’Empereur sauta du lit et alla s’affaler dans un fauteuil, regardant tristement sa pine plus que jamais inutile. Puis, ses yeux se fermèrent brusquement, et il s’endormit tout d’un coup, au grand étonnement de l’Impératrice qui, indignée et toujours assoiffée d’amour, s’écria :

— Ah ! tout, ma couronne, mon sceptre, ma fortune, pour qu’à l’instant ce lit d’Empereur soit changé en une couchette de paille, cette chambre impériale en grenier, et cet homme, cet Empereur gaga, en mâle de trente ans, au rut puissant, à la poigne solide, qui me saisisse dans ses bras, m’enserre, et d’une pine vigoureuse, assouvisse enfin la brûlante ardeur qui me dévore.

À peine l’Impératrice avait-elle prononcé ces paroles, qu’une porte s’ouvrait, et qu’un homme complètement nu, taillé en athlète, se présentait hardiment, disant :

— Sa Majesté demande une poigne solide et une pine vigoureuse ? Voilà.

Et semblable au colosse de Rhodes, l’homme se campa, exhibant un membre viril de belle taille.

— Ah ! fit alors l’Impératrice en tendant les bras, qui que tu sois, viens, et sans retard, baise-moi comme tu baiserais la dernière des putains !

 

Quand Jonas quitta la chambre de l’Impératrice, il faisait grand jour.

L’Empereur dormait toujours. Les dragées anti-érotiques données à l’Empereur à la place des dragées infernales du docteur Casaretto, avaient produit leur effet.

Et c’est ainsi que Jonas avait pu procurer, tout en se vengeant, une nuit de délices à la belle Impératrice, qui, vers les cinq heures du matin, prononça ce seul mot, que jamais homme ne lui fit répéter depuis. Assez :


FIN