Les Chroniques de Sire Jean Froissart/Livre IV/Chapitre XXXIV

Texte établi par J. A. C. Buchon (IIIp. 181-185).

CHAPITRE XXXIV.

Comment le mariage fut traité de messire Philippe d’Artois, comte d’Eu et madame Marie de Berry, veuve, fille au duc de Berry, et comment lui fut baillée la charge de la connétablie de France et ôtée à messire Olivier de Cliçon.


En ce temps étoit en traité de mariage messire Philippe d’Artois, pour avoir la jeune veuve, madame Marie de Berry, qui ci-dessus est nommée comtesse de Dunois, et qui eut à mari Louis de Blois, si comme vous savez ; et eût volontiers vu le roi de France que son cousin dessus dit fût parvenu à ce mariage ; mais le duc de Berry ne s’y assentoit point, car petite chose est de la comté d’Eu, au regard du premier mariage que sa fille avoit eu. Et la pensoit bien à plus haut marier, car à voir dire, la dame en tout cas le valoit bien de beauté, bonté et de tout ce qu’il appartenoit à une haute et noble dame. Toutefois le duc de Berry, au fort et à tout conclure, n’eût osé courroucer le roi ; et bien savoit le roi que le dit duc de Berry étoit prié et requis de plusieurs, pour avoir sa fille en mariage, du jeune duc de Lorraine, du comte d’Armignac, de l’aîné fils du comte de Foix et de Béarn ; et tous ces mariages brisoit le roi, et disoit à son oncle : « Bel oncle de Berry, nous ne voulons pas que vous nous éloigniez notre cousine, votre fille, des fleurs de lys, nous lui pourvoirons un mariage bon et bien séant pour elle, car nous la véons volontiers de-lez nous ; et bien affiert être de-lez notre belle ante de Berry, car elles sont presque d’un âge. »

Ces paroles et autres refroidoient le duc de Berry à non accorder sa fille, ni convenancer nulle part ; et véoit bien que le roi s’inclinoit, tout considéré, à leur cousin messire Philippe d’Artois, qui étoit jeune chevalier et de grand’volonté, et jà avoit moult travaillé en armes et outre mer, et fait plusieurs beaux et hauts voyages, lesquels on recordoit et tenoit à grand’vaillance ; et étoit moult en la grâce et amour des chevaliers et écuyers du royaume de France. Si regardèrent ainsi les ducs de Berry et de Bourgogne par accord, que si le roi vouloit donner et accorder à leur cousin d’Artois l’office de la connétablie de France, lequel ils tenoient pour vacant à présent, car messire Olivier de Cliçon l’avoit perdu et forfait, le mariage se feroit de Marie de Berry à lui ; car au cas qu’il seroit connétable de France, il auroit assez chevance pour tenir son état. Et eurent conseil et avis les deux ducs qu’ils en parleroient au roi ; et lui en parlèrent sur la forme que je vous dirai, en lui disant : « Monseigneur, votre conseil s’adonne généralement et par science, que notre cousin et le vôtre, le comte d’Eu, messire Philippe d’Artois, soit à présent pourvu de l’office de la connétablie de France qui vaque ; car Cliçon, par le jugement et arrêt des clercs de droit et de votre chambre de parlement, l’a forfait ; et l’office ne peut longuement vaquer que ce ne soit grandement en préjudice de votre royaume : et vous êtes tenu, et aussi sommes-nous, de aider et avancer notre cousin d’Artois, car il nous est moult prochain de sang et de lignage ; et puisque la chose est en tel parti que ledit office vaque, nous ne le pouvons pour présent mieux mettre ni asseoir que en messire Philippe d’Artois, car il le saura bien faire et exercer ; et si est aimé de toutes gens, chevaliers et écuyers ; et est homme sans envie ni convoitise. » Ces paroles furent assez plaisantes au roi ; et leur répondit joyeusement qu’il y penseroit, et si à donner étoit, il auroit plus cher qu’il l’eût que nul autre. Si demeura la chose un petit en cel état, et le roi en fut poursuivi de ses oncles, car ils vouloient messire Philippe d’Artois avancer, et dégrader de tous points messire Olivier de Cliçon, car ils l’avoient accueilli en grand’haine ; le duc de Berry, pour ce qu’il avoit aidé à détruire Betisac, et le duc de Bourgogne, pour ce qu’il faisoit guerre au duc de Bretagne ; et encore ne le héoit point tant le duc que la duchesse de Bourgogne faisoit. Finablement le roi s’y assentit, par le moyen de ce que le duc de Berry lui accordât sa fille Marie, qui veuve étoit de Louis de Blois, à avoir en mariage. Mais avant que on procédât plus avant, tant pour saouler le roi et contenter que le duc d’Orléans, qui supportoient grandement en l’office de la connétablie messire Olivier de Cliçon, de rechef messire Guillaume des Bordes et messire Guillaume Martel, tous deux chevaliers de la chambre du roi, et messire Philippe de Savoisis, chevalier au duc de Berry, furent chargés et ordonnés d’aller en Bretagne et pour parler à messire Olivier de Cliçon, et envoyés de par le roi, non par autrui. Les dessus dits chevaliers ordonnèrent leurs besognes et se mirent à voie et à chemin, et vinrent à Angers, et là trouvèrent la roine de Jérusalem et Jean de Bretagne, qui les reçurent grandement et honorablement pour l’honneur du jour ; et furent là deux jours ; et demandèrent si ils savoient nulles certaines nouvelles de messire Olivier de Cliçon, et que ils avoient commission courtoise de par le roi, et non par autrui, d’aller parler à lui. Ils répondirent que nulle certaineté de son état ils ne savoient, ni savoir ne pouvoient ; fors tant que bien pensoient qu’il étoit en Bretagne en une de ses forteresses, mais point ne se tenoit establement en une, mais se transmuoit souvent de l’une en l’autre. Or se départirent d’Angers les dessus dits chevaliers, et prirent congé à la roine et à son fils Charles, le prince de Tarente, et à Jean de Bretagne, comte de Pentièvre ; et se mirent au chemin, et exploitèrent tant que ils vinrent à Rennes. Le duc de Bretagne se tenoit moult closement avecques sa femme en la cité de Vannes, et ne chevauchoit point, car il doutoit les embûches et les rencontres de son adversaire, messire Olivier de Cliçon, car ils faisoient guerre si felle et si dure que, là où leurs gens se trouvoient sur les champs, il n’y avoit nul mercy ; il convenoit que la place demeurât aux plus forts ; et tout étoit occis quand on en venoit au-dessus : si se doutoient l’un de l’autre. Bien y avoit cause et raison ; et quoique le duc soit le souverain du pays, si ne trouvoit-il baron, chevalier ni écuyer de Bretagne qui se voulsist armer avecques lui, à l’encontre de messire Olivier de Cliçon ; mais s’en dissimuloient tous, et disoient que celle guerre ne leur touchoit en rien. Ainsi les laissoient-il convenir ; et se tenoit chacun chez soi ; ni le duc n’en pouvoit avoir autre confort.

Quand les dessus nommés chevaliers de France furent venus en la cité de Rennes, ils enquirent, au plus véritablement qu’ils purent, où on trouveroit messire Olivier de Cliçon ; nul ne leur en savoit à dire la vérité. Donc eurent-ils avis et conseil que ils se trairoient devers Chastel-Josselin, ainsi qu’ils firent. Ils furent recueillis des gens messire Olivier moult bellement, pour l’amour du roi de France. Ils demandèrent de messire Olivier où ils en orroient nouvelles, car ils avoient à parler à lui de par le roi de France et son frère le duc d’Orléans tant seulement. Nul ne leur en sçut dire vraies nouvelles, ou ne voulurent ; et répondirent ainsi aux dits chevaliers, en eux excusant et messire Olivier aussi : « Certainement, seigneurs, il n’est nul qui le sache où trouver. Huy est en un lieu et demain en un autre. Mais vous pouvez bien chevaucher par toute la duché de Bretagne, puisque vous êtes au roi ; et toutes les forteresses et maisons de messire Olivier vous seront ouvertes et appareillées, c’est raison. » Quand les dessus dits virent qu’ils n’en auroient autre chose, si se départirent du Chastel-Josselin et chevauchèrent outre, et visitèrent toutes les forteresses, grandes et petites, de messire Olivier de Cliçon ; et autres nouvelles n’en purent avoir ; et vinrent à Vannes ; et là trouvèrent le duc de Bretagne et la duchesse qui bellement les recueillirent ; mais ils ne furent avecques eux tant seulement que demi-jour, et point ne se découvrirent au duc de la matière secrète pourquoi ils étoient là venus. Aussi le duc ne les en examina point trop ; et adonc ne virent point messire Pierre de Craon, et prirent congé au duc et à la duchesse ; puis se mirent au retour ; et exploitèrent tant qu’ils vinrent à Paris, où ils trouvèrent le roi et les seigneurs qui les attendoient. Si contèrent premièrement au roi et au duc d’Orléans comment ils avoient visité tous les lieux, villes et châteaux en Bretagne de messire Olivier de Cliçon et point ne l’avoient trouvé. De ces nouvelles furent les ducs de Berry et de Bourgogne tous réjouis, et ne voulsissent point que la besogne se portât autrement.

Assez tôt après se procéda le mariage de messire Philippe d’Artois, comte d’Eu, à Marie de Berry ; et fut le dessus nommé connétable de France, pour user de l’office et en lever les profits aux usances et ordonnances anciennes, quoique messire Olivier de Cliçon n’y eût point renoncé, ni renvoyé le martel de la connétablie ; mais disoit et affirmoit que connétable demeuroit, car il n’avoit fait chose contre le roi de France ni le royaume pourquoi on lui dût ôter. Si demeura la chose en cel état.

Bien sçut les nouvelles messire Olivier de Cliçon comment le comte d’Eu étoit pourvu de l’office de la connétablie de France, et de ce jour en avant il en lèveroit tous les profits par le consentement du roi de France, et avoit par mariage épousé la fille au duc de Berry, madame Marie. De tout ce il ne fit nul compte, car il se sentoit loyal et prud’homme, et non forfait devers le roi et la couronne de France ; et tout ce qui fait en étoit, avoit été fait et proposé par envie et mauvaiseté ; et lui montroit le duc de Bourgogne telle haine que il ne le pouvoit celer. Si entendit messire Olivier de Cliçon à faire sa guerre et à fournir sagement contre son adversaire le duc de Bretagne, laquelle guerre fut dure et crueuse. Et ne s’épargnoient point leurs gens d’eux occire, quand d’aventure ils s’entre-controient sur les champs ; et plus souvent chevauchoient assez messire Olivier de Cliçon et ses gens, en allant de châtel en autre et faisant embûches, que le duc de Bretagne et ses gens ne fissent. Et se trouvoit messire Olivier plus fort assez pour résister à l’encontre de son adversaire que le duc ne faisoit, car il ne trouvoit baron ni chevalier en Bretagne, qui de cette guerre se voulsissent entremettre, ains s’en dissimuloient ; et quand le duc les mandoit, ils venoient parler à lui pour savoir son entente. Là les requéroit le duc de confort et d’aide pour corriger son homme, messire Olivier de Cliçon, qui trop grandement s’étoit forfait envers lui. Les barons de Bretagne, tels que le vicomte de Rohan, le sire de Dinant, et messire Hervieu de Léon et plusieurs autres s’excusoient, et disoient que de ce ils ne savoient rien et que point de guerre ils ne feroient à messire Olivier de Cliçon pour celle cause ; mais volontiers se travailleroient de y mettre cause et moyen de venir à paix, si ils savoient ou pouvoient. Quand le duc vit qu’il n’en auroit autre chose et que plus perdoit de ses hommes par celle guerre que messire Olivier Cliçon ne faisoit, si eut conseil d’envoyer les dessus nommés barons devers messire Olivier de Cliçon et traiter devers lui que ils ramenassent, sur son sauf-conduit, à Vannes parlementer à lui, et il le trouveroit si traitable et débonnaire qu’il entendroit à toute raison ; et si mespris avoit envers lui, il lui amenderoit à l’ordonnance de ceux lesquels il prioit d’aller en ce voyage.

Les dessus nommés à ce faire s’accordèrent volontiers par cause de bon moyen ; et s’en vinrent tous trois devers messire Olivier de Cliçon ; et firent tant qu’ils parlèrent à lui, ce m’est avis, au Chastel-Josselin ; et lui remontrèrent l’intention du duc, et ce dont ils étoient chargés, et plus avant, pour approcher à la paix ; car la guerre d’eux deux étoit mal séante en Bretagne, et trop déplaisoit aux nobles de Bretagne et grévoit à tous marchands et au menu peuple : « Messire Olivier, nous vous disons ainsi, que si il vous plaît aller devers monseigneur, en cause de assurance, tant que vous serez retourné en arrière, nous nous obligeons à ici demeurer et tenir sans point partir ni issir les portes de Chastel-Josselin ; et nous supposons assez que si vous êtes en la présence de monseigneur, vous serez à paix et d’accord, car nous l’en véons en bonne volonté. »

À ces paroles répondit messire Olivier de Cliçon et dit : « Beaux seigneurs, que vous profiteroit-il si j’étois mort ? Pensez-vous que je ne connoisse pas le duc de Bretagne ? Certes si fait. Il est trop cruel et haut ; et quoique il vous ait indicté et informé, et que il me donne sauf allant et retournant, si il me véoit en sa présence, jà pour parole qu’il vous ait promise, il ne cesseroit s’il n’avoit vu mort ; et si j’étois mort, vous mourriez aussi, car mes hommes vous occiroient, ni jà pitié ni mercy n’en auroient. Si vaut mieux que vous vivez, et moi aussi, que nous nous boutons en ce danger ; car de lui je me garderai bien, et de moi il se garde ainsi que bon lui semble. »

Donc répondit messire Charles de Dinant et dit : « Beau cousin, vous pouvez dire ce qu’il vous plaît, mais nous ne l’avons point vu en celle volonté de vous occire, s’il vous véoit par le moyen que nous vous offrons, mais à bonne affection de vous laisser venir à accord à lui ; et nous vous prions que vous le veuilliez faire. » Donc répondit le sire de Cliçon et dit : « Je crois assez que vous ne voulez que tout bien ; mais sur celle assurance que vous me présentez, je ne me avancerai point d’aller devers le duc de Bretagne. Et puisque vous vous entremettez en bonne manière, ainsi le dois-je et vueil entendre, je vous dirai que je ferai et quelle réponse acceptable je vous baillerai. Vous retournerez devers lui qui ci vous envoie, et lui direz que point je ne vous vueil prendre en pleiges ni en ôtages, mais il m’envoie son héritier, qui est fiancé à la fille du roi de France, et cil demeurera en la garde de mes hommes au Chastel-Josselin tant que je serai allé et retourné. Celle voie est plus acceptable pour moi que nulle des autres et est raisonnable ; car si vous demeurez ici, si comme vous offrez, qui s’entremettra des besognes et traités, ni qui seroit moyen entre nous deux, qui jamais, sans moyen, ne serions d’accord ? »

Quand les dessus nommés barons de Bretagne virent qu’ils n’en auroient autre chose, si prirent congé. Messire Olivier leur donna. Et se partirent de Chastel-Josselin, et retournèrent à Vannes devers le duc de Bretagne, et lui recordèrent toutes les paroles et réponses dessus dites, auxquelles, tant que de son fils envoyer au Chastel-Josselin, il ne se fût jamais consenti. Si demeura la chose en cel état et la guerre comme devant crueuse ; et n’osoit nul chevaucher en Bretagne sur les champs, ni aller par les chemins pour celle guerre. Marchandise en étoit toute morte parmi Bretagne ; et toutes gens ès cités et bonnes villes s’en sentoient ; et les laboureurs des terres mêmement s’en refroidoient et séjournoient.

La duchesse de Bourgogne couvertement confortoit son cousin de gens d’armes bourguignons et autres qu’elle lui envoya, car le duc de Bretagne ne trouvoit nul de son pays qui se voulsist armer pour celle guerre. Mais s’en dissimuloient chevaliers et écuyers de Bretagne, si ils n’étoient de l’hôtel du duc. Le duc d’Orléans d’autre part, qui moult aimoit messire Olivier de Cliçon, le confortoit couvertement et lui envoyoit gens d’armes et bons coursiers pour le rafreschir de montures. Et trop plus souvent chevauchoient aux aventures messire Olivier de Cliçon et ses routes que le duc ne fit. Et avint que une fois il encontra deux écuyers du duc de Bretagne, qui chevauchoient et alloient en besogne pour le duc ; l’un on appeloit Bernard et l’autre Ivonnet : ils ne purent fuir ni éloigner, car ils chéirent ès mains de messire Olivier Cliçon, qui fut moult joyeux de leur venue, car bien les connoissoit. L’un lui avoit fait du temps passé service, et l’autre non, mais déplaisance ; si lui en souvint là. Quand ils se virent attrapés, ils furent tout ébahis. Donc dit messire Olivier à Ivonnet : « Te souvient-il comment au chastel de l’Ermine de-lez Vannes, en une tour, tu me enferras mal courtoisement ? et tu, Bernard, tu en avois pitié, et devêtis ta gonne, pourtant que j’étois en pur mon doublet sur le pavement, pour moi eschever du froid ; je le te vueil ici remerir. La vie t’en sera sauvée ; mais ce garçon traître Ivonnet, qui bien s’en fût passé à moins faire, si il voulsist, y demeurera. » À ces mots il traist une dague, et il même l’occit, et puis passa outre. Aux varlets il ne fit rien.

Une autre fois, messire Olivier de Cliçon chevauchoit devers le chastel d’Auroy, car le duc et la duchesse étoient là ; et avoit bien trois cents lances en sa compagnie ; et d’aventure il trouva bien quarante varlets de l’hôtel du duc qui étoient sur les champs. Et fut environ la Saint-Jean en été. Ces varlets avoient lié leurs chevaux aux arbres, et avoient faucilles, et soyoient[1] à pouvoir les blés pour faire faix et trousses et pour reporter à leurs logis comme fourrageurs. Messire Olivier vint sur eux et les épouvanta. Autre mal il ne leur fit, et leur dit : « Et comment êtes-vous tant osés de vous mettre sur les champs et de tollir et embler la garnison des laboureurs ; vous ne les avez pas semés, et si les coupez avant qu’ils soient mûrs ; vous commencez trop tôt à faire août. Or tôt prenez vos faucilles et montez sur vos chevaux. Pour l’heure je ne vous ferai faire nul mal ; mais allez, et dites au duc de Bretagne, qui est en Auroy, je le sais bien, qu’il vienne ou envoie ses hommes recueillir ce que soyé avez, et que Cliçon lui mande, et que ci on le trouvera jusques à soleil esconsant. »

Les varlets, qui furent tous joyeux de celle délivrance, car ils cuidoient être tous morts, reprirent leurs faucilles et montèrent sur leurs chevaux et s’en retournèrent au chastel d’Auroy devers le duc ; et crois assez que ils lui recordèrent ces nouvelles ; et autre chose n’en fut ; ni point ne issit ni fit issir ses hommes du chastel.

Telles escarmouches faisoient adoncques en Bretagne le duc et messire Olivier de Cliçon l’un sur l’autre, et ne s’ensonnioient point ceux du pays de leur guerre. Nous nous souffrirons à parler du duc de Bretagne, de messire Olivier de Cliçon et de leur guerre et retournerons aux besognes de France et d’Angleterre.

  1. Coupaient.