Premières Poésies : 1883-1886Société du Mercure de FranceLes Syrtes. Les Cantilènes (p. 145-146).


INTIMITÉ


Les rumeurs des hommes et des choses
Comme un flot expiré se sont tues.
— Tes beaux desseins que tu prostitues,
Ô mon cœur, compte-les, si tu l’oses.

Des détritus de bouquets de roses
Parfument les brises abattues.
— Compte tes fiertés condescendues,
Et tes vains essors aux ailes closes.


— Mais le doux ciel d’une nuit d’été
Bénit le sommeil de la cité ;
Au sort, va, n’en gardons pas rancune !

Puisque la vie est un sottisier,
Que je fume en face de la lune
Ma bonne pipe de merisier !