Les Avadânas, contes et apologues indiens/52

Traduction par Stanislas Julien.
Paris B. Duprat (1p. 187-189).


LII

LE CHEF DES MARCHANDS ET LE SERPENT VENIMEUX.

(De ceux qui se laissent aveugler par la cupidité.)


Un jour, un incendie éclata dans une ville. Parmi les habitants, se trouvait un homme extrêmement riche, qui était un chef de marchands. Quand il vit sa maison en flammes, poussé par le désir de sauver ses richesses, il oublia le soin de sa vie, et, s’étant jeté impétueusement au milieu du feu, il parvint jusqu’à la caisse qui renfermait son trésor ; mais, à côté, il y avait une boîte où était un serpent. Dans ce moment, le chef des marchands craignit que la fumée, qui s’échappait du foyer ardent, ne blessât ses yeux ; son esprit se troubla, et, faute d’attention, il prit par erreur la boîte du serpent, l’emporta et s’enfuit. Mais des voleurs le poursuivirent avec acharnement. Les voyant près de l’atteindre, il dit en lui-même : » Il faut que j’ouvre la caisse pour y prendre ce qu’il y a de plus important et le cacher dans mon sein. J’abandonnerai tout le reste, et je trouverai mon salut dans la fuite. »

Il ouvrit donc la boîte et y vit un serpent venimeux. Il reconnut qu’il n’y avait point d’objet précieux et qu’elle ne contenait qu’un serpent de la pire espèce.

(Extrait de l’ouvrage intitulé : Sieou-khing-tao-ti-king.)