Briard (Poulet-Malassis) (p. 153-170).

QUEL POT-POURRI !




QUATRIÈME FRAGMENT.




On franchit quelques détails pour ne pas fatiguer le lecteur. Le marquis donne bien volontiers cinquante louis à madame Durut ; mais celle-ci, pour soutenir un peu plus noblement le rôle d’amie des Limefort, se détache de Violette et la cède au marquis. Il se propose de la vêtir en jockey, son dessein étant de voyager et les malheurs du temps ne lui permettant pas d’avoir une maîtresse sur un ton que, par bonheur, Violette ne connaît pas. Cette aimable enfant ne pense encore qu’au plaisir. En avoir, le devoir à un homme sympathique et qui remplit son objet, c’est le nec plus ultra de ses vœux. Sa fortune est faite.

Durut s’étant abouchée partout, il est entendu qu’on dînera chez la petite comtesse de Mottenfeu, au pavillon des pensionnaires. Les convives féminins seront : la comtesse architricline, mademoiselle Serrepine, qui lui fait société, Durut et Célestine. Fringante est obligée de demeurer au courant, tous les chefs ne pouvant s’absenter à la fois. Les dîneurs masculins sont : le marquis de Limefort, le prélat, Dardamour et Fessange.

Après les compliments d’usage entre gens qui se sont vus dans le monde et aux assemblées de l’ordre, à trois heures on se met à table. Une fois pour toutes, grande et fine chère. Chacun ayant ses raisons pour ne pas manquer d’appétit, on mange fort, on boit à l’avenant : ce n’est guère qu’à l’extrémité qu’on peut suivre une conversation. Voici quelques lambeaux de celle de cette société.

Le Prélat. — Ze croyais, moi, que tout était prêt, que nos cevaliers français allaient arriver ventre à terre, le sabre à la main, au premier zour, et qu’il n’y avait plus pour nous autres qu’à rentrer glorieusement dans nos bénéfices ; enfin, qu’il ne s’azissait plus que d’une bonne absolution in extremis pour ces pauvres zacobins, et puis, pendus, écartelés, grillés !

Le Marquis. — Holà ! holà ! notre féal, vous allez un peu vite en besogne. Le plus pressé peut-être ne serait pas de remitrer vos caboches sacrées ; mais si l’on avait pris de sages mesures, on serait sans doute au moment de sauver l’honneur de l’État et de délivrer nos maîtres.

La Durut (vivement). — Pour le coup, voilà l’essentiel, l’honneur de nos maîtres. C’est parler d’or. Ce bon roi, qui a toujours et de si bonne foi voulu le bien ! Cette charmante reine… qui a montré plus de tête à elle seule que toutes les cocardes blanches du royaume !… Jour de Dieu ! je ne suis qu’une putain, mais si…

Célestine. — Laisse donc parler le marquis, ma sœur.

Le Marquis. — Je n’ai plus rien à dire. Voilà madame de Mottenfeu qui bâille…

La Comtesse. — Ce n’est point d’ennui, mon cher Limefort, sur mon honneur !

Le Marquis (montrant mademoiselle Serrepine). — Et mademoiselle qui renchérit encore sur vous.

La Comtesse. — Elle, je ne sais pas à propos de quoi. Quant à moi, je n’ai pas cessé de m’en donner cette nuit… Serrepine a couché seule, je crois, et vers onze heures elle dormait encore.

Serrepine[1] (avec grâce). — Je bâillais par sympathie : les moindres mouvements de madame la comtesse me font une singulière impression…

Le marquis, quoique l’homme du monde qui a le plus de savoir-vivre, ne peut s’empêcher de hausser les épaules.

Dardamour. — Si bien, monsieur Limefort, que selon vous nous ne sommes pas si près qu’on le disait de la bienheureuse contre-révolution ?

Le Marquis. — Je crains fort qu’on ne fasse précisément tout ce qu’il faut pour la rendre impossible. Des gens dont la mission est tout au moins problématique sont en outre divisés entre eux, appellent chien et chat au secours, et pour leur compte, en attendant, bayent aux corneilles. À quoi voulez-vous que cela mène ? Je les crois trompés de loin, ajoutant à leurs illusions et jetant sciemment de la poussière aux yeux d’une multitude dont la plupart sont pleins d’honneur, mais qui, malheureusement, sont d’une déplorable ignorance en fait d’intérêt général, si quelques rusés d’entre eux sont d’un pernicieux raffinement en fait d’intérêt particulier.

Le Prélat. — Pas si bêtes ceux-ci, pas si bêtes !…

Le Marquis. — Voilà qui est bien raisonner comme un mitré !… Quoique enfin on n’ait pas manqué de les avertir…

Dardamour. — Eh bien ?

Le Marquis. — Mal en prend à quiconque ose toucher là-bas cette corde faible. C’est alors un brouhaha ! Mauvais principes ! gens dangereux ! Pour les écarter, pour les perdre, toutes les petites bassesses des sans-culottes : suspicions hasardées, accueillies, fomentées par les bas valets, adoptées par les gobe-mouches et par quiconque croit gagner à la jugulation du plus honnête homme un de ces pas… qui pourtant, ce me semble, ne mèneront à rien…

Le Prélat. — Permettez-moi, marquis ; c’est pourtant un homme de zénie qui conduit tout cela…

Le Marquis. — Vous avez peut-être raison ; mais le génie qui tient aux lisières celui que vous imaginez, c’est notre mauvais génie, celui de nos ennemis. Je le vois qui fait à la fois des siennes à Coblentz aussi bien qu’à Paris. À bon chat bon rat, nous dira-t-il un jour…

Fessange. — Le marquis parle comme un oracle : il en a l’obscurité.

Le Marquis. — Pour vous, mon beau monsieur, j’y consens, je n’ai pas le bonheur de vous imiter en tout, car de votre naturel vous êtes fort découvert, et n’avez, dit-on, rien de caché pour vos amis…

La Durut. — Laissons Coblentz, mon cher Limefort, et dis-moi ton sentiment de ce vin de Bourgogne. C’est de la triste dépouille de ce coq-en-pâte d’abbé de Cîteaux… (Elle lui envoie un verre, et on en porte de même à la ronde.)

Le Marquis (gaiement). — Délicieux, en vérité.

La Comtesse. — Mais la mode en est passée, j’aime bien mieux le vieux bordeaux.

Le Marquis. — Anglaise que vous êtes !

Fessange. — Je suis fou, moi, des vins d’Italie.

Le Marquis. — On y perce les futailles un peu du bas.

Serrepine. — Tous les vins étrangers du monde ne valent pas, à mon avis, notre vin de la Côte, quand il est d’une bonne année et qu’il a vieilli dans de bonnes caves…

Le Marquis (ironiquement). — Assurément, de votre bon vin de la Côte, avec une de vos excellentes tartes de prunes, voilà de quoi régaler le Grand Mogol… et puis le ranz des vaches pendant la collation, car il faut de la musique. Sans musique, point de festin. À propos, Durut, pourquoi ne nous as-tu pas donné tes musiciens ?

La Durut. — Ils sont dans ce moment à renforcer d’une lugubre harmonie la tristesse d’un de mes solitaires… Il faut, parbleu ! que je vous conte l’aventure en quatre mots… Quand je dis quatre… et plus.

La Comtesse. — Conte, conte-nous cela, Durut.

La Durut. — Un Anglais opulent, voyageant en France, s’était épris d’une fille de bourgeois, superbe mais tant soit peu coquine, de Marseille. Celle-ci, bien plus touchée des guinées que des grands sentiments dont l’ardent Crésus était également prodigue, l’écouta, le rendit heureux et consentit à lui appartenir. Mais se préparant à le suivre, elle trouva moyen de lui faire agréer, en qualité de secrétaire, un prétendu cousin qui n’était que le plus vigoureux et le plus aimé des galants de sa liste. Le trio parcourut l’Europe et s’accommoda volontiers de ce genre de vie pendant deux ans, qui s’écoulèrent sans l’ombre de trouble dans la petite caravane. Cependant, comme on se lasse de tout ce qui est monotone, bientôt cousine et cousin s’occupèrent de se soustraire au contagieux ennui du patron. Il faut convenir que, fort honnête homme, libéral à l’excès et doux jusqu’à la duperie, le baronet est, par contre, avec sa politique et sa mélancolie, on ne sait à propos de quoi, le plus maussade personnage de l’univers…

La Comtesse. — Maussade ! L’homme que tu peins là doit être infiniment aimable à Londres.

La Durut. — À la bonne heure ! Les aimables de ce genre devraient bien rester chez eux, au lieu de venir professer et nous enfiévrer chez nous. Je disais que la nymphe et l’amant-secrétaire s’ennuyaient à périr. Ils n’avaient cependant pas perdu la tête, leur main était faite ; ils pouvaient sans crainte de l’avenir se passer du vaporeux patron ; mais celui-ci était idolâtre de l’amante ; quant au rival, judicieusement, il en avait fait son ami. Mettront-ils le poignard dans le cœur de ce galant homme, en l’abandonnant tous deux à la fois ?… Ou bien plutôt courront-ils le hasard d’être méprisés, et peut-être sacrifiés, si jamais d’autres sentiments succédaient, dans une âme sombre et violente, à ceux que, de gaieté de cœur, ils en auraient arrachés ? Il y avait quelque chose de mieux à faire : Si l’Anglais y perdait également, le couple du moins allait y gagner beaucoup. Mais buvons…

Fessange. — Ton histoire sera-t-elle encore bien longue, ma chère Durut ?

La Durut (avec un peu d’humeur). — Je te cède la parole, si tu es pressé de nous raconter la tienne propre.

Célestine. — Propre ! pas trop.

Le Prélat. — Allons, Fessanze ; c’est très-mal de couper ainsi le verbe aux zens… Si vous attrapez quelque bon quolibet, ce sera pour vous apprendre… Poursuis, ma cère Durut, ze m’intéresse tout plein à ces amoureux et à cet Anglais.

La Durut. — Celui-ci se trouvait dans le cas de faire un voyage à peu près secret en Écosse, et duquel il ne pouvait mettre ni la maîtresse, ni l’ami. La première saisit cet instant pour commencer d’être libre. Elle feignit une maladie ; au bout de huit jours, on parla de sa mort. Sur ces entrefaites, le baronet, par les soins du secrétaire, apprit à la fois l’un et l’autre accident, mais avec les funestes nouvelles était parti ce lénitif : sachant, disait-il, à quel point la belle Zéphirine était adorée de son bienfaiteur, il avait pris sur lui de la faire embaumer. À l’appui de cette imposture, un rival de Curtius[2], bien payé pour le secret, avait exécuté la parfaite ressemblance de la fausse morte, en cire, mais les yeux fermés, décolorée ; en un mot, comme on est quand on n’est plus. Un mannequin galamment costumé complétait l’illusion. Le tout était renfermé dans une caisse de bois précieux et sous un premier couvercle de glace, couvercle que, sous aucun prétexte, il ne fallait ouvrir, la conservation de l’adorable momie dépendant absolument du soin de la maintenir inaccessible aux moindres atteintes de l’air. Les choses en étant là, nos mystificateurs attendirent patiemment des nouvelles du voyageur. Comme rien ne pressait plus celui-ci d’accourir, il donna tout le soin nécessaire aux premiers objets de sa tournée, ainsi qu’à sa profonde douleur, espèce de jouissance pour les Young. Mais à travers ses superlatives élégies, celui-ci ne manqua pas de remercier passionnément son essentiel ami d’un soin sentimental qui seul pourrait rendre l’avenir supportable au malheureux individu dont la plus chère moitié de lui-même venait de s’éteindre. (Madame Durut boit.)

Le Marquis. — Voilà bien l’une des plus ridicules folies dont ce siècle de sottises puisse bigarrer ses fastes.

La Durut. — Le désolé baronet revint. Bientôt après, l’essentiel ami, sous prétexte d’un héritage à recueillir, le laissa tête à tête avec l’effigie, s’en allant, lui, vivre gaiement avec l’enchanteur original et jouir ainsi d’une double succession. Depuis lors le fou, plus fou qu’auparavant, a couru le monde charriant partout, dans une voiture bizarre, l’objet de son inextinguible ardeur. Enfin, il a pris fantaisie à cet homme de passer quelque temps à Paris, mais sans rien changer à son ancien genre de vie. Mes mouches l’ont adroitement avisé de ma solitude[3] : il s’y est fait conduire ; il en a été enchanté. Depuis quinze jours à peu près, il y vit dans les délices d’un séjour mortellement beau par la tristesse qu’il est fait pour inspirer ; faisant d’ailleurs la chère française la plus délicate, se grisant volontiers à toster aux belles formes de la prétendue défunte, qui est toujours là, debout, en face de la table, et pour laquelle il s’attendrit au son des plus funèbres morceaux de musique.

La Comtesse. — Il ne faut pas disputer des goûts.

Le Marquis. — On aurait beau dire, ce fou-là finit par être heureux.

La Durut. — Attendez donc ! Moi, qui connais un peu les humains, et qui me suis d’abord aperçue (car je vois tout) de certain holocauste d’écolier que l’homme au désespoir offrait à sa momie, j’ai entrepris de modifier sa douleur. Déjà c’est l’une ou l’autre de mes petites qui, par un badinage adroit, tandis qu’il exalte son âme, lui épargne le matériel procédé du sacrifice ; je compte bien lui faire agréer incessamment un régime encore meilleur… et finalement, si certain coup que je médite réussit…

Le Prélat. — Acève donc, ma cère Durut, peux-tu comme ça nous laisser l’eau à la bouce ! (Il boit aussitôt un grand verre de vin.)

La Durut. — J’ai quelque idée que sa Zéphirine si regrettée est la même que certaine Longpré mal en point, et qu’on me dit être furieuse contre un inconstant qui l’a volée après lui avoir fait perdre les bontés d’un Anglais prodigue. On espère vérifier mes soupçons. Si par bonheur ils sont fondés, je ne manquerai pas de ressusciter Zéphirine. Il n’y a que le diable qui pût lui dire où vit maintenant un homme qu’elle mène. Je suis donc nécessaire. Si je les réunis, il faudra qu’il en coûte cher à l’Orphée, plus heureux que celui de la Fable. Je fais la fortune à madame Longpré, mais elle trouvera bon qu’il tombe, de l’aventure, un millier de guinées tout au moins dans la poche d’Agathe.

La Comtesse. — Je te les souhaite de toute mon âme, ma chère Durut. En attendant, je veux voisiner avec ce baronet. Est-il d’une figure passable ?

La Durut. — Mieux que cela.

La Comtesse. — Eh bien ! laisse-moi faire. J’entreprends ton homme. Dès ce moment je me constitue sorcière,… je suis… fille naturelle du fameux Saint-Germain[4] et,

Ayant pour mille maux des secrets merveilleux.
Je m’amuse à chercher des simples en ces lieux.

La Durut. — Je vous prends au mot.

La Comtesse (un peu grise). — Et je prétends que, dès demain, ton lugubre baronet me prenne à la motte !

La Durut. — Ce sont vos bonnes et belles affaires. Pourvu que ma spéculation arrive à bonne fin…

Cet original entretien est interrompu par le café. Dès qu’on l’a pris, on se lève. Le marquis, tout en train de sa petite Violette, la fait venir encore dans un lieu secret, prend avec elle des arrangements fixes et lui donne, sur nouveaux frais, une preuve de son lubrique engouement. En même temps, Sa Grandeur, la tête échauffée, mais le reste ne l’étant pas, a le caprice de faire représenter sous ses yeux une saturnale. Elle est aussitôt exécutée par les servantes de l’hospice, avec ces mêmes robustes valets qui avaient l’honneur de servir madame la comtesse le jour de la station de Fringante avec Trottignac. Le Pot-de-Chambre est ici la maîtresse de ballet, et s’y distingue par un savant pas de deux avec le chef de cuisine. Le détail de ces grossiers ébats ne vaut pas la peine que l’on se donnerait à les décrire. Ils font cependant sur l’engourdi prélat un effet dont il se désole de n’oser profiter, de peur d’une indigestion. Ailleurs, la comtesse, avec moins d’égards pour son estomac, chambre le joli Fessange, qui vient de lui donner un caprice. Elle lui fait agréer dix louis. Cependant, comme il les gagne assez mal, elle exige qu’il se laisse postillonner de la grande manière par un vigoureux chasseur, expédient qu’on sait capable d’ajouter beaucoup à des moyens équivoques. Mademoiselle Serrepine, qui déteste le scandale, s’est réfugiée dans la cabane du sieur Servais, chez qui elle a fait, dès les premiers jours, l’heureuse découverte d’un engin de onze pouces et demi. Ce fut la première recommandation du malotru pour être admis à l’hospice. Il eut même l’honneur d’y faire, pendant quelques jours, la partie de madame Durut ; mais celle-ci n’ayant pu obtenir du Provençal qu’il renonçât à l’ail, elle l’a, dès longtemps, réformé de la liste de ses menus. Mademoiselle Serrepine, moins délicate, s’accommode fort bien de ce rebut, en cachette des deux valets de la comtesse, avec lesquels elle convint, le plus adroitement possible, une double pastorale payée, sans l’ombre d’un regret, d’un quart de sa modeste rente.

Quant à Dardamour, dont la luxure n’a plus de bornes quand il a du vin dans la tête, il s’est abandonné à l’experte Durut, pour qu’elle tire de lui le parti qu’elle pourra, tandis qu’il prendra du plaisir à glottiner sous les lunettes que lui font les superbes fesses de Célestine. Durut, venant à bout sans beaucoup d’efforts de remettre le grand vicaire dans de belles dispositions, trouve bon de se l’incruster, et se tire également à son honneur de cette seconde expérience.

Toutes ces scènes achevées, chacun songe à la retraite. Le prélat, harassé, ramène à Paris ses courtisans rassasiés de jouissances. Le marquis, après avoir chargé Durut de tous les soins qu’exige la nouvelle destination de Violette, se rend avec empressement auprès de madame de Limefort, ayant toutefois l’attention de la faire prévenir, de peur de la surprendre peut-être dans les bras de quelque sigisbée, ce qui serait non moins embarrassant que de mauvais genre parmi des gens d’un certain ordre.


FIN DU NUMÉRO SIX.

  1. Mademoiselle Serrepine, vingt-sept ans ; haute et mince haridelle que la petite comtesse a ramassée sur le pavé de Londres, où cette demoiselle a fait quelques éducations. Elle est née au pays de Vaud, contrée fort sentimentale qui fournit à une partie de l’Europe des mentors philosophes, à l’usage de l’adolescence des deux sexes. L’essentielle qualité de mademoiselle Serrepine est d’être adulatrice au superlatif ; l’hypocrisie du cru marche ensuite. Serrepine a de l’esprit sans jugement, de la culture sans savoir, de la taille sans grâces, des traits sans charmes. Il n’y a qu’heur et malheur dans ce bas-monde. Si mademoiselle Serrepine, au lieu de se marier au jour, à l’heure, s’était fait solidement l’épouse de quelque industrieux courtier, que sait-on ? peut-être jouerait-elle, comme une autre, un certain rôle aujourd’hui. Mais elle adule au lieu d’être adulée ; vile complaisante du premier être qu’elle peut empaumer, elle est toute dévouée aux vices, aux caprices de quiconque peut ajouter aux cent livres sterling de pension qu’on lui a composée à la suite de sa carrière pédagogique, glorieusement conduite d’après les excellents traités de la très-célèbre et très-morale comtesse de Genlis.
  2. Du sieur Curtius, qui réunit chez lui si brillante et si belle compagnie de mannequins.
  3. Un autre endroit encore que l’Ermitage, et qui en fait partie, mais très-séparé du district des pensionnaires.
  4. Non pas du célèbre réformateur, l’introducteur des coups de bâton aux soldats (pour obtenir une excellente discipline militaire, qu’il était si intéressant de subroger à l’honneur français, afin qu’un jour il pût y avoir une bonne défection presque totale de l’armée en faveur des sans-culottes), mais du célèbre adepte, contemporain de Jésus-Christ, et qui lui avait prédit qu’il finirait mal, quoique fils de Dieu. Ce grand Saint-Germain a fini lui-même avec très-peu de lustre dans un petit coin du nord de l’Allemagne, sans avoir laissé d’élèves ou de sectaires plus forts que Cagliostro, perpétuel aussi, ressuscitant les morts, évoquant les ombres, mais qui, s’étant laissé mettre comme un sot au château de Saint-Ange, y a fini, dit-on, de sa belle mort, quoiqu’il fût sans contredit très-digne de mourir autrement.

    Les vers cités sont du rôle de Crispin dans les Folies amoureuses de Regnard. (L’Éditeur.)