P.-G. Delisle (p. 236-237).


UNE RUINE



Ibam forté vid sacra…
Horace.


Quand la nuit déployait ses splendeurs éternelles,
J’ai souvent admiré sur le Forum romain
Trois colonnes, debout, comme trois sœurs jumelles
Qui, regardant les cieux, se tiendraient par la main.

Distinctes, mais joignant leurs têtes solennelles,
Comme une trinité sur le bord du chemin.
Au touriste rêveur, arrêté devant elles,
Elles semblent conter leur étrange destin.


Comment n’en pas saisir le sens allégorique ?
Elles tenaient jadis au temple magnifique
Consacré par César à Jupiter Stator ;

Mais Jupiter n’est plus : Dieu seul en trois personnes
Règne sur l’univers, et les grandes colonnes
Pour symboliser Dieu semblent survivre encor !


Rome, Novembre 1875.



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