P.-G. Delisle (p. 193-194).


MILLY


À Madame A. L.


Je proclame la Beauce un pays de cocagne,
Depuis que je connais la villa de Milly,
Son balcon ombragé dominant la campagne,
Et son site enchanteur qu’on a tant embelli !

J’ai dit villa ; mais non, c’est château qu’il faut dire ;
Car, avec sa tourelle, au sommet d’un côteau,
Ce vaste bâtiment que le passant admire,
A des dehors princiers et l’aspect d’un château.

Rien, à l’intérieur, ne respire la guerre.
C’est plutôt un éden, hanté par les amours,
Un vrai nid de bouvreuils au bord d’une rivière,
Où deux âmes d’élite écoulent leurs beaux jours.


Mais ce qui rend Milly surtout incomparable,
C’est l’hospitalité de ses hôtes charmants,
Le parfum de bonheur, de joie inaltérable,
Qui semble illuminer tous ses appartements.

Des plus doux souvenirs je m’en vais l’âme pleine,
Promettant de revoir ce séjour enchanté,
Pour admirer encor l’aimable châtelaine,
Sa grâce, son esprit, et son urbanité.

Aussi quels jours remplis de suave allégresse
Nous venons d’y passer ! Il pleuvait au dehors ;
Mais à l’intérieur, comme une enchanteresse,
L’amitié rayonnait et versait ses trésors !


Sainte-Marie de Beauce,
Milly, septembre 1880.



Séparateur