Le second livre des Sonnets pour Hélène/Vous estes le bouquet
LXIII
Vous estes le bouquet de vostre bouquet mesme,
Et la fleur de sa fleur, sa grâce et sa verdeur,
De vostre douce haleine il a pris son odeur :
Il est comme je suis de vostre amour tout blesme.
Ma Dame, voyez donc, puis qu’un bouquet vous aime.
Indigne de juger que peut vostre valeur,
Combien doy-je sentir en l’ame de douleur.
Qui sers par jugement vostre excellence extrême ?
Mais ainsi qu’un bouquet se flestrist en un jour,
J’ay peur qu’un mesme jour flestrisse vostre amour.
« Toute amitié de femme est soudain eftacee.
Advienne le destin comme il pourra venir.
Il ne peut de vos yeux m’oster le souvenir :
Il faudroit m’arracher le cœur et la pensée.