Le second livre des Sonnets pour Hélène/J’avois esté saigné

Sonnets pour Hélène, Texte établi par Roger Sorgéds. Bossard (p. 152).
XXXI

J’avois esté saigné, ma Dame me vint voir
Lorsque je languissois d’une humeur froide et lente :
Se tournant vers mon sang, comme toute riante
Me dist en se jouant, Que vostre sang est noir !

Le trop penser en vous a peu si bien mouvoir
L’imagination, que l’ame obéissante
A laisse la chaleur naturelle impuissante
De cuire de nourrir de faire son devoir.

Ne soyez plus si belle, et devenez Medee :
Colorez d’un beau sang ma face ja ridée.
Et d’un nouveau Printemps faites moy r’animer.
 
Æson vit rajeunir son escorce ancienne :
Nul charme ne sçauroit renouveller la mienne.
Si je veux rajeunir il ne faut plus aimer.