Le premier livre des Sonnets pour Hélène/D’un solitaire pas

Sonnets pour Hélène, Texte établi par Roger Sorgéds. Bossard (p. 104).
XLIX

D’un solitaire pas je ne marche en nul lieu,
Qu’Amour bon artisan ne m’imprime l’image
Au profond du penser de ton gentil visage,
Et des propos douteux de ton dernier Adieu.

Plus fermes qu’un rocher, engravez au milieu
De mon cœur je les porte : et s’il n’y a rivage.
Fleur, antre ny rocher, ny forest ny bocage,
A qui je ne les conte, à Nymphe ny à Dieu.

D’une si rare et douce ambrosine viande
Mon espérance vit, qui n’a voulu depuis
Se paistre d’autre apast, tant elle en est friande.
 
Ce jour de mille jours m’effaça les ennuis :
Car tant opiniastre en ce plaisir je suis.
Que mon ame pour vivre autre bien ne demande.