Gervais Clouzier, 1680 (1 / 2, pp. 446-449).
◄  De la Gras-Fondure ⅭⅬⅢ : Pilulles puantes pour la Fourbure, Gras-fondure, Courbature, comme aussi pour les Tranchées. De la Forbure ou Forboitture  ►


PRenez de l’assa-fœtida, qui est une gomme qui vient des Indes, où il est appelle Hingh, le bon le cueille dans la Province d’Utrad, mais la pluspart de celuy que nous avons en France, vient de Perse, lequel est beaucoup inferieur à l’autre : la plante qui le produit, est de deux sortes, l’une vient en buisson aux Indes, & a de petites feüilles à peu prés comme de la rhuë ; & l’autre ressemble à la rave, & son vert ressemble aux feüilles de figuier, & c’est celle qui vient en Perse : elles aiment les lieux pierreux & secs. Sa gomme commence à couler vers la fin de l’esté, de sorte qu’il la faut recueillir dans l’automne. Quoy qu’elle soit fort puante, les Indiens qui demeurent à Guzarata, s’en servent Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/461 Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/462 CHAP.
ⅽⅼⅲ.
bien couvrir, le battement de flanc augmentera apres la prise, mais bien-tost apres il diminuera ; que s’il n’y paroissoit aucun amendement, dés le lendemain il en faut encore donner une prise, & peut-estre le Cheval guerira-t’il, si on luy donne frequemment des lavemens.

Enfin il est peu de remedes si universels, si portatifs & si puants, qui ayent plus d’effets, & qui coustent moins que celuy-là : je le recommande à ceux qui ayment les Chevaux.

J’avois oublié de vous donner un avis important sur le choix de l’assa-fœtida, car si elle n’est tres-pure & nette, sans mélange de bois ou de terre, la composition ne sera pas si bonne de la maniere dont je l’ay prescrit : ce mélange d’impureté affoiblira les pilulles, ce qui en empécheroit en quelque maniere l’effet ; Mais il vous ne pouvez trouver de cette assa-fœtida tirant sur le rouge, pure & nete, comme je dis, il la faut dissoudre dans du vinaigre sur les cendres chaudes, puis la passer au travers un linge, jetter ce qui sera resté d’impur dans le linge, évaporer jusques en consistence de miel, puis y ajouter les poudres, & s’estant frotté les mains d’huile, former des pilulles de quatorze dragmes la piece, qu’on fera sécher sur un tamis renversé : la prise sera comme de celles cy-dessus, sçavoir deux par prise : Je tiens ces dernieres inferieures en vertu aux premieres, à cause du sel volatil de l’assa-fœtida qui s’exhale avec le vinaigre ; quoy que ce ne soit pas le sentiment d’un Medecin, qui veut que le sel volatil soit enfermé dans la substance oleagineuse & visqueuse de l’assa-fœtida, ainsi incapable de s’évaporer avec le vinaigre : mais ce n’est pas le mien, à en parler sincerement.