Le nec plus ultra de Grégoire


LE NEC PLUS ULTRA
DE GRÉGOIRE


Air : Joyeux enfants de la Bouteille.


J’ai Grégoire pour nom de guerre,
J’eus en naissant horreur de l’eau ;
Jour et nuit armé d’un grand verre,
Lorsque j’ai sablé mon tonneau,
Tout fier de ma victoire,
Encore ivre de gloire,
Reboire,
Voilà (bis)
Le nec plus ultra
Des plaisirs de Grégoire.

En latin, en droit, en physique,
Je fus toujours un ignorant ;
Poésie, algèbre, musique,
Tout me paraît de l’Alcoran ;
Fable, roman, histoire,
Sont pour moi du grimoire ;
Mais boire !
Voilà (bis)
Le nec plus ultra
Des talents de Grégoire.


Qu’un poète de l’Athénée,
De ses éphémères travaux
Sur la clientèle abonnée
Aille répandre les pavots :
Son fatras oratoire
Assomme l’auditoire ;
Bien boire !
Voilà (bis)
Le nec plus ultra
De l’esprit de Grégoire.

À Cythère, dans mon jeune âge,
Si j’ai brûlé beaucoup d’encens,
Aujourd’hui, plus mûr et plus sage,
Je me dis, maître de mes sens :
Œil tendre, dents d’ivoire
N’ont qu’un charme illusoire ;
Mais boire !
Voilà (bis)
Le nec plus ultra
Des amours de Grégoire.

Me trouver, en sortant de table,
Et sans soif et sans appétit ;
Voir ma cave si délectable
S’épuiser petit-à-petit.
N’avoir dans son armoire
Que la Seine ou la Loire
À boire…
Voilà (bis)
Le nec plus ultra
Des chagrins de Grégoire.


Mais doué d’une âme assez ferme
Pour maîtriser les coup du sort,
De mes maux avancer le terme,
Et savoir vendre, sans effort,
Lit, vaisselle, écritoire,
Tout, jusqu’à l’écumoire,
Pour boire…
Voilà (bis)
Le nec plus ultra
Des vertus de Grégoire.

Lorsqu’enfin vers l’empire sombre
Il faudra prendre mon essor,
Oubliant que je suis une ombre,
Le verre en main pouvoir encore,
En dépit du déboire,
Chanter sur l’onde noire :
À boire…
Voilà (bis)
Le nec plus ultra
Des désirs de Grégoire.