Edouard Garand (p. 3-7).



CHAPITRE I

LE CONSEIL DE GUERRE


Dans l’été de 1687, au fort Cataraqui, établi sur l’emplacement actuel de la ville de Kingston, un conseil de guerre fut convoqué pour délibérer sur le plan de la campagne que l’on devait bientôt ouvrir contre les Iroquois, ennemis invétérés et infatigables des colons de la Nouvelle-France.

Le conseil était présidé par M. le marquis de Denonville, gouverneur-général de la province. C’était un homme encore dans la force de l’âge, et sous son air soucieux et sombre, une expression de douceur venait tempérer un aspect un peu sévère. Il s’était distingué par des actes de grande bravoure sur les champs de bataille de l’Europe, et ses manières polies et distinguées lui avaient valu une réputation que lui enviaient les hommes les plus éminents qui brillaient à la cour du « Grand Monarque ». Mais, comme d’autres gouverneurs de colonies, il ne connaissait que bien peu et bien imparfaitement les affaires intérieures de la nation qu’il avait charge de gouverner. En matière de gouvernement, il était plus fort sur la théorie que sur la pratique. Il formulait d’excellents préceptes sur les devoirs du gouverneur d’une colonie, mais il était lent dans l’application de ses principes. Il ne savait pas saisir le moment de faire des concessions ni celui d’agir avec vigueur. Il n’avait pas l’énergie morale nécessaire pour maintenir en équilibre la balance de la justice entre les Iroquois ennemis et son royal maître. À cette cause l’on doit attribuer une des plus terribles catastrophes consignées dans les annales de la Nouvelle-France, annales si fertiles en épisodes émouvants.

M. de Callières, un brave vétéran qui, depuis près d’un quart de siècle, avait contribué à maintenir la gloire militaire de la France sur les champs de bataille de l’Europe, siégeait près de M. le marquis de Denonville. À l’époque dont il s’agit, aucun officier de la colonie n’avait plus d’expérience et d’habileté militaires que M. de Callières. Récemment encore, il avait été stationné sur l’île Sainte-Hélène, vis-à-vis Montréal, pour former un corps qui devait opérer contre les Iroquois. Il attendait maintenant avec impatience l’ouverture d’une campagne dans laquelle, s’il eut eu le commandement en chef, les colons auraient entièrement démembré la confédération des Iroquois. Le chevalier de Vaudreuil prenait aussi part aux délibérations : il avait vaillamment combattu en Flandre et venait d’amener en Canada un renfort de huit cents hommes. Les autres membres du conseil étaient Lavaltrie, Berthier, Grandville et Longueuil, chefs des quatre bataillons de la milice canadienne, lesquels, après s’être organisés sur l’île Sainte-Hélène, s’étaient rendus, dans quatre cents canots, jusqu’au fort Cataraqui.

Le plan de campagne était fort simple : traverser le lac Ontario et, après avoir débarqué sur la côte sud, attaquer et détruire en détail chacun des cantons des Cinq Nations de la confédération iroquoise.

Le conseil allait lever la séance lorsqu’un grand tumulte à l’extérieur et des vociférations sauvages vinrent jeter l’émoi dans la salle ; chacun fut debout en un instant et porta la main à son épée. Au bout de quelques instants, la cause du tumulte devint évidente. Des sauvages abénaquis, au service du marquis de Denonville, traînaient dans la salle du conseil un autre sauvage qu’ils venaient de faire prisonnier. Par ordre du gouverneur, ils relâchèrent le captif qui, sans faire attention au sang qui coulait d’une blessure à son bras gauche, se leva, et après avoir jeté sur les officiers présents un coup d’œil de parfaite indifférence, lança au chef des Abénaquis un regard de haine et de profond mépris. Le prisonnier, qui portait le costume des Hurons, était un beau jeune homme haut de près de six pieds. Il aurait pu fournir à un sculpteur le type de l’athlète de la forêt. La poitrine largement développée, les muscles accentués, les flancs élancés indiquaient un coureur agile et infatigable. Mais la figure attira par-dessus tout l’attention du gouverneur et de ses officiers. Le front, au lieu d’être bas et large, comme c’est généralement le cas chez les naturels du pays, s’élevaient en forme admirablement régulière. Deux petits yeux noirs, toujours en mouvement, interrogeaient chaque figure dans la salle et examinaient chaque objet. Le nez et la bouche avaient à peu près les formes communes chez les tribus sauvages : le nez, de la forme régulière, était assez proéminent, la bouche était petite, et les lèvres, minces, se tenaient presque constamment serrées. En somme, cette figure dénotait la force de caractère, la ruse, la faculté de l’observation rapide, une obstination et une ténacité indomptables.

Dès que le conseil fut revenu de sa surprise, le président demanda au chef des Abénaquis dans quelles circonstances le prisonnier avait été capturé et à quelle nation il appartenait. Le personnage auquel s’adressaient ces questions s’avança près du prisonnier. C’était un homme dépassant un peu la force de l’âge, de taille moyenne, mais bâti comme un géant. Il était évidemment aussi fort que le prisonnier, mais n’avait pas son agilité. Son front bas sur lequel les cheveux tombaient jusqu’aux sourcils, une cicatrice profonde sur la joue gauche, une bouche énorme, à la fois sauvage et sensuelle, lui donnaient un aspect féroce bien en rapport avec sa réputation. On le nominait « le Serpent », et une grossière image de ce reptile, tatouée sur la partie supérieure de la poitrine, rendait encore son aspect plus répugnant. Le prisonnier et lui se lançaient des regards de haine violente, et les membres du conseil, familiers avec les mœurs des sauvages, ne tardèrent pas à s’apercevoir que le souvenir de vieilles inimitiés était encore vivace dans le cœur de ces deux enfants de la forêt.

D’une voix agitée par la passion et la colère, le Serpent informa le président du conseil que le prisonnier avait été surpris rôdant dans les broussailles sur le bord du lac : qu’il avait dû atteindre par eau l’endroit où il se cachait ; qu’il avait fait une résistance désespérée, tué un Abénaquis et blessé deux autres avant que l’on pût s’emparer de lui. Finalement, que c’était un espion iroquois déguisé sous le costume d’une nation amie, les Hurons.

À cette dernière assertion, le prisonnier ne sut plus se contenir, et d’une voix tremblante de rage :

« Chien d’Abénaquis, tu mens ! Le lâche aperçoit son ennemi à cent milles de distance. C’est ainsi que tu vois un Iroquois dans un Huron. »

Le Serpent grinça des dents, mais ne répondit pas.

Le marquis, surpris de cette altercation et étonné d’entendre le prisonnier parler le français, lui demanda pourquoi il s’était rendu au fort en cachette, et s’il appartenait réellement à la confédération des Iroquois.

« Quelle réponse le chef blanc attend-il de moi ? répondit le prisonnier. Le chef blanc connaît le Serpent et ne me connaît pas ; il ne me croira pas après que son ami a parlé !

— Le prisonnier dit vrai, cria le Serpent. Le chef blanc serait fou de croire un Iroquois.

Le prisonnier sourit d’un air narquois : « Demandez au Serpent, dit-il au marquis, si c’est une hache d’Iroquois ou une hache de Huron qui fit cette marque sur sa joue gauche le jour où, dans sa fuite, il se détourna pour regarder en arrière. Mais il y a dix ans de cela, et le Serpent a peut-être oublié l’époque, l’endroit où il fut blessé et l’homme qui le frappa. Je vais lui rafraîchir la mémoire sur ces trois points. C’était à l’époque où, en l’absence de nos braves, il vint faire la guerre à nos femmes et à nos enfants. Le lieu était notre village, à Michilimakinac. L’homme qui l’a blessé dans sa fuite n’était autre que moi-même. Voyez cette cicatrice : voilà le coup porté par un brave à un lâche ». En achevant ces paroles, le guerrier captif se dressa de toute sa taille ; un sourire de triomphe anima ses traits, et il montra le poing au Serpent avec un air d’audacieuse menace.

Le Serpent ne put pas supporter plus longtemps les railleries de son adversaire. Prenant son tomahawk à sa ceinture, il allait se jeter sur son ennemi désarmé, quand un jeune officier qui avait suivi la foule dans la salle du conseil et observé avec attention les mouvements du Serpent, s’élança en avant du sauvage et, prompt comme l’éclair, lui arracha l’arme redoutable. L’indien confondu sembla, pour un instant, vouloir se jeter sur l’officier ; mais il y avait dans l’attitude du jeune homme quelque chose qui l’avertit de renoncer à cette tentative. Le prisonnier tint quelques instants ses yeux noirs fixés sur son sauveur, puis, croisant les bras sur sa poitrine, il dit en langue Huronne quelques mots que, par bonheur pour l’avancement du jeune officier, le marquis de Denonville ne comprit pas.

S’adressant à l’officier qui venait de prévenir une effusion de sang sous les yeux du représentant du roi de France, le marquis lui dit : « M. Henri de Belmont, le gouverneur de la Nouvelle-France vous félicite de votre bravoure et de votre présence d’esprit. Pareil acte ne sera pas oublié ».

Le vétéran M. de Callières qui ne perdait jamais une occasion d’encourager un jeune officier ou de dire un mot en faveur des colons, ajouta : « Oui, M. le marquis, c’est là une belle action. Mais je suis sûr que le lieutenant de Belmont, avant que la campagne ne soit terminée, se signalera par des actions encore plus éclatantes. Il faut des hommes nés dans la colonie pour tenir tête aux Sauvages. Ces hommes ont en outre de la bravoure française, une connaissance parfaite des mœurs des races aborigènes, et leurs services en sont d’autant plus précieux ».

Le lieut. de Belmont ne put trouver de paroles pour remercier M. le marquis et M. de Callières, et il se hâta de quitter la salle du conseil.

« Il est temps, dit le marquis, de terminer cette affaire. Demandons encore au prisonnier pourquoi il se trouvait dans le voisinage du fort Cataraqui, et, si ses intentions étaient bonnes, pourquoi sa démarche semblait tellement suspecte. Qu’en dites-vous, M. de Callières ? Vous connaissez ces gens mieux que la plupart d’entre nous.

M. le marquis, répondit le vétéran, je crois que le prisonnier est Huron et non pas Iroquois. De plus, les Hurons sont nos amis, et je crois que le prisonnier n’avait d’autre but que d’exercer une vengeance personnelle sur quelqu’habitant du fort ou des environs. Je crois qu’il voulait se venger du Serpent. Mais quels que fussent ses motifs, c’est un brave, et, s’il était exercé et civilisé, il ferait un excellent soldat.

— Mais, demanda le marquis, s’il avait de justes raisons de plainte contre le Serpent ou toute autre personne, je ne puis comprendre pourquoi il n’est pas venu franchement me demander justice. Le roi, mon maître, m’a donné instruction de protéger également les sauvages amis et les colons. »

« Nul doute, M. le marquis, reprit M. de Callières, mais je dois informer M. le marquis qu’un sauvage — non pas celui-ci en particulier, mais chacun d’eux — n’ira jamais demander vengeance à personne tant qu’il verra une chance sur cent de se donner satisfaction lui-même. Il croit qu’il y a infiniment plus de gloire à atteindre son but par la force ou par la ruse, qu’à demander ouvertement satisfaction, quand même il serait sûr de l’obtenir. Mais, si M. le marquis le désire, je ferai une ou deux questions au prisonnier ».

Le marquis consentit, et le prisonnier, qui évidemment avait compris la conversation, se détourna et fixa M. de Callières. Le vétéran, qui savait quel avantage on gagne à parler dans le style figuré aux enfants de la forêt, dit au prisonnier :

« Le gibier est-il devenu rare dans les forêts du Grand Lac, et le Huron a-t-il été forcé de voyager douze jours pour recueillir les restes des festins des Abénaquis ? Ses jeunes guerriers ont-ils été massacrés et ses femmes emmenées en otages, et le Huron n’a-t-il plus de viande ni de grain dans ses villages ? Ou bien aime-t-il tellement le Serpent qu’il rampe quand il est parmi ses amis, et craint de marcher le front haut à la façon des guerriers ? »

À ces dernières paroles, le prisonnier tressaillit. Puis, jetant un vif regard sur chacun des membres du conseil à son tour, et s’étant assuré que le Serpent pouvait l’entendre, il s’adressa, en ces termes, au marquis :

« Vous êtes le grand chef blanc, l’homme de paix. Celui qui vient de parler est un grand guerrier, mais il a moins de pouvoir que vous. Parmi mes frères blancs, l’homme de paix est le plus grand. J’aimerais mieux parler au chef des guerriers, mais l’homme de paix pourrait s’en offenser. Dites-moi à qui je dois parler, car je suis étranger à vos coutumes. »

Le marquis de Denonville, qui n’aimait évidemment pas cette dénomination exclusive « d’homme de paix », mais ne pouvait deviner si le Huron n’avait ainsi parlé que par ignorance ou s’était proposé de lui lancer un trait de satire, lui dit, d’un air maussade, de s’adresser à M. de Callières. Le vétéran, qui, pendant que le Huron parlait, avait échangé un sourire avec M. de Vaudreuil, se composa immédiatement une figure d’une sévérité martiale et ordonna au prisonnier de commencer.

Le Huron obéit. « Le chef des guerriers, dit-il, me demande si nous n’avons plus de gibier dans les forêts du lac qui porte le nom de notre nation, si nous sommes venus quêter les restes des Abénaquis. Que le chef des guerriers demande à ses chasseurs qui ont fumé avec nous le calumet de la paix dans nos wigwams alors que la lune, aujourd’hui à son déclin, n’avait que trois jours, qui a donné aux chasseurs du chef blanc quatre cents peaux de castor et deux cents peaux de chevreuil ? Qui a refusé ces peaux aux chasseurs du grand chef anglais qui offrait cent fusils en échange, et les a données pour trente aux chasseurs du chef des guerriers français ? Qui a rempli les canots de vos jeunes guerriers de grains et de viande séchée, afin qu’ils fussent à même de festoyer jour et nuit pendant leur voyage ? Ma nation a fait toutes ces choses. Mais la mémoire des chefs des faces pâles laisse passer bien des choses, entre autres les bonnes actions des hommes rouges, tandis que le souvenir de ses mauvaises actions se perpétue jusqu’à la troisième génération. Nos jeunes guerriers n’ont pas été massacrés et nos femmes n’ont pas été emmenées captives. Nous avons assez de guerriers pour balayer les Abénaquis et les précipiter dans les eaux avec autant de facilité que nos garçons, lorsque vient l’automne, balaient les mouches hors de nos wigwams avec des branches de sapin. Les Abénaquis sont des mouches. Ils ne tuent pas, ils ne vivent que de ce qu’ont tué les autres.

Les Abénaquis, qui remplissaient la salle, commencèrent à proférer des menaces.

M. de Callières, pour prévenir un conflit qui menaçait, essaya de changer la conversation et demanda au Huron :

« Est-ce un chef de la nation des Hurons qui parle ? Ou entendons-nous la voix d’un renard caché dans la peau d’un serpent ?

— Demandez au Serpent répondit le Huron, il se cache ; il ne peut pas même siffler.

— Iroquois, griffe de chat, s’écria le Serpent, s’élançant tout-à-coup d’un coin de la chambre où il s’était réfugié après avoir été désarmé par le lt. de Belmont ; Iroquois, griffe de chat, avant que le soleil ait parcouru une autre fois sa carrière, le Serpent t’aura donné ton coup de mort ! »

Le Huron ne répondit que par un sourire de mépris.

Le marquis, inquiet et vexé de ses réticences, lui enjoignit de répondre franchement pourquoi, s’il était l’ami des Français, il n’était pas venu ouvertement au port, au lieu de rôder dans le voisinage et de se faire passer pour un espion.

Le Huron répondit :

« Le chasseur tue le serpent sans l’avertir. Ainsi je ferai du Serpent des Abénaquis. »

Le marquis, toujours inquiet et vexé des équivoques du prisonnier, demanda aux conseillers comment il devait régler l’affaire.

Le vétéran, M. de Callières, proposa de le libérer immédiatement et de le renvoyer vers sa nation en le faisant escorter, sur un parcours de trois ou quatre lieues, par quelques soldats pour le protéger contre le Serpent dont il n’avait aucune merci à attendre. Le vieux soldat exprima l’opinion que le prisonnier était un homme influent chez les Hurons, et toutes les personnes familières avec les mœurs des sauvages purent s’apercevoir qu’il ne se trompait pas. Le silence de cet homme n’avait rien d’étonnant. Il avait évidemment manqué son coup ; de là son silence relativement à lui-même et à ses projets.

Tout à coup le Serpent s’avança. « L’espion, vociféra-t-il, ne doit pas être libéré. Il m’appartient, à moi le chef des Abénaquis. Il a tué un des miens, il faut que je le tue. Telle a été la coutume longtemps avant que nos amis les Français vinssent visiter notre tribu. J’ai trois cent cinquante guerriers ; ils vous apportent des provisions et des fourrures ; ils rament sur vos canots ; ils vous indiquent les endroits où se cachent vos ennemis. Ils se battent pour vous. Si vous mettez cet espion en liberté, ma nation et moi-même nous vous quitterons pour toujours, et dès demain. Nous sommes vos protecteurs ; si nous vous abandonnons, les Iroquois vous dévoreront. Si nous partons, ils couvriront leurs wigwams des chevelures de vos guerriers. Rendez-moi mon prisonnier ou courbez la tête sous les haches des Iroquois ! »

Le marquis et les membres du conseil étaient exaspérés et dégoûtés des insolentes menaces du chef des Abénaquis. La seule personne qui semblait indifférente dans la salle était le Huron lui-même.

« Prisonnier, dit le marquis d’un ton plus élevé et avec une certaine agitation, dites-nous qui vous êtes ; expliquez-nous ce qui vous a amené ici, et ce vantard qui ose menacer le représentant de la France et les officiers qui commandent l’armée française en Canada, va vous voir immédiatement libéré. »

Le conseil exprima hautement son approbation des sentiments exprimés par le marquis.

« Parlez, s’écria M. de Callières. Répondez à ce que l’on vous a demandé et dès demain je vous ferai donner un uniforme et vous enrôlerai dans mon régiment, comme grenadier ».

Le Huron sourit légèrement, puis reprenant tout à coup un air sérieux, il dit d’un ton calme :

« Le Huron est reconnaissant aux chefs des guerriers blancs. Mais l’aigle n’a jamais demandé grâce au corbeau. Le Huron ne remuera pas même le petit doigt de sa main gauche pour arracher sa vie au Serpent. »

Grand fut le désappointement du conseil. Le prisonnier refusait la seule chance de salut. Il restait seul à blâmer, son obstination à ne pas s’expliquer semblait le conduire à sa perte. Il fut entraîné hors de la salle du conseil par le Serpent et ses guerriers, mais non pas sans que le marquis, sur la recommandation de M. de Callières, eût donné ordre à un détachement de soldats de l’accompagner pour le protéger contre la fureur des Abénaquis, dont il avait tué un parent en défendant sa propre vie.

Mais personne au fort Cataraqui, à l’exception du Serpent, ne savait que le prisonnier était le grand chef Huron, Kondiarak, plus connu dans les annales de la colonie sous le nom du « Rat » le même que les historiens appellent « le Machiavel de la forêt ».