Anonyme
Le livre des petits enfantsJohn Wiley (p. 117-120).


LE BRIQUET PHOSPHORIQUE.

Histoire arrivée en juin 1838.


Vous savez tous ce que c’est qu’un briquet phosphorique, et sans doute vous vous êtes souvent amusés à tremper de petites allumettes dans le briquet, parce que vous trouviez fort divertissant de les retirer allumées ; mais vous vous rendiez bien coupables ; car je suis sûre que vos parents vous avaient défendu plus d’une fois de jouer avec les briquets.

Cependant l’enfant qui désobéit à son Père ou à sa Mère, quand on lui défend une chose juste et raisonnable, désobéit à Dieu lui-même, qui nous dit dans sa Parole :


Enfants, obéissez à vos Pères et à vos Mères.


Écoutez la triste histoire que je vais vous raconter. Elle est véritable comme toutes celles que vous avez lues dans ce petit livre, et il n’y a pas long-temps qu’elle est arrivée à Rouen.

Trois enfants, Victor, Joachim[1] et Germain, furent laissés pour un moment seuls à la maison : leur Mère était sortie pour une affaire. Elle leur avait recommandé d’être sages ; mais Victor, qui aurait dû donner le bon exemple à ses frères, puisqu’il était l’aîné, fit tout le contraire. Il s’empara d’un briquet phosphorique qui était sur la cheminée, et s’amusa, comme vous auriez pu le faire, à tremper une allumette dedans. Il la retira allumée, et eut l’idée de mettre le feu à un paquet de copeaux qui se trouvait sous la cheminée. Le feu y prit bien vite ; les enfants entourèrent la cheminée, et la blouse de Germain, le plus jeune des trois frères, s’enflamma : aussitôt le feu se communiqua à celle de Joachim, et Victor lui-même, qui cherchait à l’éteindre, vit au même instant son pantalon enflammé.

On entendit crier ces pauvres enfants, et leur Mère avait emporté la clé de la chambre. Les voisins enfoncèrent la porte ; mais, hélas ! il était trop tard, et les petits malheureux étaient déjà étouffés par la fumée ou brûlés par les flammes ! Victor tenait encore par la main son frère Joachim, qu’il avait voulu sauver au moment où lui-même fut entouré par le feu.

Mes chers enfants, n’oubliez jamais cette affreuse histoire, qui vous prouve que l’enfant désobéissant est toujours puni, et quelquefois d’une manière bien terrible !

  1. Prononcez Joakime.