Anonyme
Le livre des petits enfantsJohn Wiley (p. 58-61).

LA
PETITE FILLE ABANDONNÉE,

HISTOIRE VÉRITABLE
arrivée à Paris, le 26 mars 1836.


Une petite fille de sept ans, nommée Eugénie PERRAULT, revenait un soir de l’école, et retournait chez ses parents ; elle vit sortir d’une vieille habitation une autre petite fille de son âge, d’une figure fort douce, qui grelottait de froid, et qui était toute mouillée d’une pluie du mois de mars, que vous appelez giboulée. Cette petite fille se nommait Louisa.

— J’ai bien faim ! dit-elle à Eugénie ; pourriez-vous me donner un morceau de pain, Mademoiselle ?

— Certainement, — et Eugénie lui donna le reste de son goûter.

— Comment êtes-vous là toute seule ? lui demanda Eugénie. — J’attends mon Père, qui m’a dit qu’il viendrait me reprendre ; mais il y a deux heures qu’il n’a pas reparu… Je n’ai plus de mère : elle est morte il y a un an, et nous sommes sept enfants !…

— Eh bien ! venez avec moi, lui dit Eugénie, en la prenant par dessous le bras : j’ai une Bonne-Maman qui vous donnera à manger et qui vous couchera, et vous serez ma petite sœur. —

Elle emmena Louisa avec elle, et la présenta à sa Grand’Maman, vieille femme pleine d’amour pour Dieu et son divin Sauveur.

— Bonne-Maman, lui dit-elle, voilà une pauvre petite fille abandonnée par son père ; tu la garderas auprès de toi, et tu en prendras soin, n’est-ce pas ? Tu sais que Dieu nous dit dans sa parole de donner de notre pain à celui qui a faim et de couvrir celui qui est nu.[1]

La pauvre petite Louisa fut donc habillée et nourrie, et devint l’enfant de la maison, quoique le père d’Eugénie ne fût qu’un simple ouvrier, de ceux qu’on appele Fondeurs en caractères. Une de nos jeunes Princesses, à qui l’on raconta cette histoire, envoya aussitôt à ces pauvres gens des provisions et de l’argent, pensant qu’ils en avaient besoin.

Apprenez, mes chers enfants, que, bien qu’il soit pauvre, un Ouvrier peut encore en soulager d’autres plus pauvres que lui ; et Dieu, qui aime les bonnes actions faites en son nom, bénit toujours celui qui les fait.

  1. Ezéch. XVIII., 7 et 9