Traduction par Léon Pamphile LeMay.
Imprimerie de l’Étendard (Tome IIp. 284-294).


CHAPITRE LIX.

LA JUSTICE DE DIEU PEUT ÊTRE LENTE, CAR ELLE EST CERTAINE.

I.

Amélie de Repentigny fut enterrée dans la chapelle du couvent. La cérémonie des funérailles laissa, par sa touchante simplicité, une impression véritablement grande. La foule se pressait autour de l’humble tombe.

Pierre Philibert, dissimulé dans un coin, à genoux, la tête penchée sur sa poitrine, pleurait.

Le cri sublime et plein d’angoisses du Libera fit frémir son âme, et il jeta un sanglot qui monta vers le ciel avec les supplications des vierges et les mélodies de l’orgue.

II.

Bien des années plus tard, une religieuse à l’air triste, mais serein comme la résignation, venait encore, matin et soir, s’agenouiller sur la pierre qui recouvrait le tombeau d’Amélie. Dans sa prière fervente, le nom de Le Gardeur se mêlait au souvenir de la novice morte si tôt. Cette religieuse, fidèle à la sainte amitié, c’était Héloïse de Lotbinière.

La lampe de Repentigny versa ses douces clartés sur la tombe de la dernière enfant de l’illustre maison.

Elle brille encore aujourd’hui comme pour rappeler le souvenir des vertus que le ciel a depuis longtemps récompensées !

Madame de Tilly fut inconsolable. Elle regardait Pierre comme son fils et voulait le faire son héritier dès qu’il aurait épousé Amélie.

Elle voulut lui donner son immense fortune, non seulement comme un témoignage de la haute estime qu’elle avait pour lui, mais aussi comme compensation pour les dommages, que lui causerait la mort de son père.

II refusa le royal héritage.

— C’était pour elle que je voulais des richesses, fit-il ; maintenant qu’elle n’est plus, je n’ai besoin de rien. Je retourne en Europe mettre de nouveau mon épée au service de mon roi. Je ne chercherai point la mort, mais ne la fuirai point non plus. Il me tarde d’aller rejoindre au ciel ma fiancée…

— Ô mon Dieu ! s’écriait souvent madame de Tilly, comme la ruine de notre félicité est profonde !

Le père de Berey lui répliquait tout en partageant sa sombre désespérance.

— La raison ne saurait seule comprendre ou expliquer les voies de Dieu, et l’homme est un pauvre aveugle que la foi guide sûrement. Le juste est souvent éprouvé et le méchant triomphe ; mais ce n’est que pour un temps. La fin du juste est douce et calme, la mort de l’impie sera éternelle !

Il avait perdu sa gaieté habituelle, le bon religieux, et il gémissait sur les afflictions de ses amis.

Après la conquête, madame de Tilly donna une partie de ses biens aux Ursulines et se retira en France, dans la vieille Normandie, où fleurit encore un rameau de son illustre famille.

III.

Le printemps qui suivit la mort d’Amélie, Pierre Philibert dit un éternel adieu à la terre natale et s’en fut prendre du service dans l’armée. Il se distingua maintes fois par sa valeur et son courage, et vint enfin tomber en héros sur le champ de bataille de Minden.

La mort du bourgeois fut le signal de la défaite et de la ruine du parti des honnêtes gens. La Grande Compagnie triomphait. Elle tenait toute la colonie dans ses serres impitoyables.

IV.

Le vertueux de La Galissonnière fut rappelé et il eut pour successeur le faible de La Jonquière et de Vaudreuil. Bigot put sans gêne et sans crainte se livrer aux plus sales spéculations. La vénalité honteuse entra même dans le château St. Louis avec de Vaudreuil, qui devint, affirment plusieurs, le compère de l’Intendant.

V.

Après avoir parcouru l’Amérique du Nord en vainqueur illustre, Montcalm vint tomber, inutile victime, sur le rocher de Québec.

Pendant que Bigot regorgeait de richesses et festoyait scandaleusement, les soldats mouraient de faim, et les magasins militaires restaient sans munitions.

L’héroïsme de l’armée ne pouvait aller au-delà de la mort.

La patrie était épuisée. Bigot et toute sa bande infâme déchiquetaient son cadavre de leurs mains crochues et de leurs griffes maudites.

Ce ne sont pas les armées anglaises qui ont pris Québec et forcé Montréal à capituler, c’est la rapacité, c’est le brigandage de Bigot ! C’est la coupable indifférence de la luxurieuse Cour de Versailles !

VI.

Après un long emprisonnement à la Bastille, Le Gardeur fut libéré. Il n’eut pas de procès. Son épée lui fut rendue et il reprit son grade dans l’armée.

Les courtisans de Versailles n’étaient peut-être pas fâchés d’être débarrassés du bourgeois et des honnêtes gens.

Devenu un autre homme, un homme aussi sage qu’il avait été dissipé, aussi régulier qu’un religieux dans sa conduite, pénitent et mortifié autant que vaillant et brave, il suivit, dans le nouveau monde, les étendards de Montcalm. Il se battit à Chouaguen, il prit part à la défense des forts de Montmorency et fut un des héros de la bataille des plaines de Ste. Foye.

VII.

Il ne voulut jamais parler à Angélique Des Meloises. Un jour, il la rencontra sur le perron de la cathédrale. Elle tressaillit comme au contact du feu, trembla légèrement, rougit beaucoup, hésita une minute, puis lui tendit la main avec un sourire séducteur et en s’enveloppant du plus ardent regard.

Le Gardeur était de pierre, maintenant. S’il aimait encore une femme, c’était peut-être la modeste religieuse des Ursulines, qui s’appelait autrefois Héloïse de Lotbinière.

À la vue d’Angélique, sa vieille colère se réveilla, il oublia qu’il était gentilhomme, d’un coup violent il repoussa la main qui s’offrait à lui, et s’éloigna.

VIII.

Après la conquête de la colonie, il repassa en France avec les restes de l’armée. Le roi le combla d’honneur, mais cela le laissait indifférent, car il n’avait plus personne avec qui les partager. Tous ceux qu’il avait aimés étaient disparus !

Il ne se maria jamais. Il finit sa carrière remarquable pendant qu’il occupait la haute position de gouverneur de Mahé, dans l’Inde.

IX.

Un jour de l’an de grâce 1777, un autre conseil de guerre siégeait aussi dans la grande salle du château St. Louis. C’était un conseil bien différent de celui que nous avons vu déjà. Le temps et les circonstances avaient bien changé.

Les conseillers étaient des Anglais et des Canadiens ; le gouverneur, leur président, venait d’Angleterre, et se nommait Sir Guy Carleton. Sur les murs de la vaste chambre, les armes de l’Angleterre remplaçaient les emblèmes de la France. Des officiers en habits rouges se promenaient sur le parquet sonore, fidèles et loyaux envers le souverain nouveau, comme ils l’avaient été envers la mère-patrie. C’étaient le vieux de la Corne St. Luc, de Salaberry, de Beaujeu, Duchesnay, de Gaspé, et plusieurs autres vaillantes épées. Ils se préparaient à défendre le Canada contre l’invasion Américaine.

Le peuple de la Nouvelle-France savait qu’il avait été pillé, volé, ruiné par l’Intendant Bigot, puis lâchement abandonné par son roi ; alors il s’était tourné avec espoir vers le vainqueur et l’avait accepté franchement, comme l’arbitre de ses destinées nouvelles.

Néanmoins, les liens du cœur ne se rompirent jamais et longtemps, longtemps ! les colons délaissés tournèrent vers la France lointaine des regards mouillés de larmes. Longtemps, ils l’appelèrent secrètement, ardemment ; mais en vain, elle ne revint plus !…

X.

Quand les colonies anglaises se révoltèrent et que la France vola à leur aide, le peuple canadien se sentit humilié…

Comment ! cette France si cruellement sourde à leurs supplications, cette France si vilement indifférente à leurs souffrances et à leur héroïsme, accourait à la voix des étrangers !… Ah ! l’honneur se révoltait, l’âme s’indignait et le soldat canadien ne pouvait pas marcher sous les mêmes drapeaux que ceux qui avaient été ses ennemis constants ou ses maîtres oublieux !

Il repoussa fièrement les offres séduisantes de La Fayette, fièrement les superbes avances de D’Estaing.

L’Évêque Briand prêcha la soumission et la fidélité au régime nouveau, le clergé presque en entier éleva sa voix puissante pour maudire la révolution des états voisins et pousser le peuple canadien à se défendre contre l’invasion.

Jumonville de Villiers était enfin vengé.

XI.

Mais le loyal Canadien n’avait pas vidé le calice des amertumes et son dévouement inaltérable devait rester sans récompense. Aux pillards éhontés de l’ancien régime, succédèrent les orgueilleux tyranneaux de la race conquérante, et la province fut traitée en pays conquis.

D’un côté, l’autorité armée de verges ; de l’autre, une population soumise presque jusqu’au servilisme.

La lutte fut longue. La colonie eut des héros ; les héros de la paix et des combats constitutionnels. Elle eut aussi le sang des martyrs. Or, le sang des martyrs, fait germer la liberté.

XII.

Sir Guy Carleton tenait à la main un journal qu’il venait de recevoir d’Angleterre. Il le présenta à de La Corne :

— Lisez ceci, dit-il ; c’est, si je ne me trompe, la mort d’un de vos anciens amis, que j’ai une fois rencontré dans les Indes. C’était un caractère sombre, taciturne, mais un brave et habile commandant.

La Corne prit le journal et lut avec une vive émotion :

— « Indes Orientales. Mort du marquis de Repentigny. Le marquis Le Gardeur de Repentigny, général d’armée et gouverneur de Mahé, est mort l’an dernier, dans cette partie des Indes qu’il avait par sa bravoure et son habileté, conservée à la France.

Le marquis servit au Canada où il a laissé aussi la réputation d’un brave et vaillant soldat. »

De La Corne sentit les larmes rouler sous ses vieilles paupières grises. Il passa le journal à De Beaujeu.

— Le Gardeur est mort ! dit-il, ce pauvre Le Gardeur ! On lui a fait plus de mal qu’il n’en a fait aux autres… Que Dieu lui pardonne ! Ses intentions ne furent point perverses… Chose étonnante, celle qui fut la cause de ses fautes et de ses malheurs, continue à vivre dans les plaisirs et à briller dans le monde. Les secrets de la Providence sont insondables. Angélique Des Meloises fleurit au milieu de ses crimes, le bourgeois est mort victime de ses vertus ! et Amélie ! ma pauvre Amélie !…

De La Corne n’acheva point. Il s’assit et demeura longtemps pensif et comme abîmé dans l’amertume de ses réflexions.

XIII.

Angélique avait joué sa vie contre les satisfactions d’une ambition effrénée, et elle n’avait pas perdu tout à fait la partie. Le meurtre de Caroline de St. Castin, et surtout la peur de voir son crime dévoilé, pesaient lourdement sur sa conscience ; mais pas assez pour effacer le sourire de ses lèvres, l’éclair de son regard et l’air gai de sa figure. Elle ne se trahit jamais. Elle alla même jusqu’à se cacher sous le masque de la piété, quand la piété devait la protéger mieux. Qu’importait une profanation de plus ?

Le mortel secret de Beaumanoir demeura enseveli sous les ruines du château. Il attend là le jugement dernier.

Mais la perverse fille se livra vainement à l’intrigue et au péché ; Bigot, qui la soupçonnait en silence, ne lui offrit jamais de l’épouser, et quand Le Gardeur l’eut humiliée, à la porte de la cathédrale, en dédaignant la main qu’elle lui tendait, elle se livra, de dépit, au chevalier De Péan. Elle devint la femme de ce vil spéculateur.

Épouse infidèle, elle voulut autant que possible imiter la Pompadour dans ses magnificences et dans ses turpitudes, et faire du palais de Bigot un autre Versailles, sinon en splendeurs, du moins en immoralités.

Elle mena joyeuse existence. Elle se vêtait de pourpre et de soie, pendant que les grandes dames se dépouillaient pour la patrie ! Elle s’asseyait à une table somptueuse quand le peuple mourait de faim dans les rues de la ville ! Elle achetait des terres et des maisons avec l’argent de l’État, pendant que les braves soldats de Montcalm versaient leur sang après avoir perdu leur salaire ! Elle donnait des banquets à l’heure où les boulets anglais enfonçaient les portes de la capitale ! Elle prévit la fin de Bigot et sut hériter de ses richesses !

XIV.

Le sort de Bigot est un avertissement pour les spéculateurs malhonnêtes et les oppresseurs.

Peu de temps après la perte de la colonie, il repassa en France avec Varin, Cadet, Pénisault et d’autres actionnaires de la grande Compagnie. La Bastille s’ouvrit pour les recevoir, car ils étaient devenus des instruments inutiles.

Ils furent jugés par une commission spéciale, trouvés coupables de malversations, d’infidélités, de pillage, et condamnés à faire restitution, à demeurer en prison en attendant cette restitution, et à être ensuite à jamais bannis du royaume.

L’histoire ne nous a pas encore appris d’une manière certaine quelles ont été les dernières années de Bigot. Il est étonnant qu’un homme dont le rôle politique en Canada fut si important, soit mort sans éveiller un souvenir. Pas un mot pour raconter sa fin !

On suppose que la Pompadour aura, par son influence, fait adoucir ou commuer sa peine, et que sous un nom d’emprunt, et avec les débris de ses vols, il aura vécu dans l’aisance, ou le luxe peut-être, à Bordeaux où il est mort.

XV.

Angélique ne le regretta point. Elle se disait cependant que les destinées de la Nouvelle-France auraient été tout autres, si cet homme avait voulu s’attacher à elle par des liens indissolubles et suivre ses conseils.

Alors, du moins, elle n’aurait pas tué Caroline de St. Castin ! Elle ne serait pas devenue la femme d’un homme qu’elle haïssait ! Elle n’aurait point profané l’amour !…

Après la chute de la colonie, elle voulut se rendre en France pour tenter la fortune sur un théâtre plus grand ; mais la Pompadour lui défendit, sous les peines les plus sévères, de mettre à exécution ce hardi projet.

Elle s’irrita, mais ne s'exposa point. Elle se vengea en se moquant de la royale maîtresse, et en se vantant de l’avoir fait trembler par ses charmes et son esprit.

XVI.

Les vieillards de la dernière génération se rappelaient d’avoir vu passer, quand ils étaient tout petits, les splendides équipages de madame de Péan, dans l’avenue ombreuse de Ste Foye. Et les gens d’alors qui se faisaient vieux hochaient la tête en la regardant, et disaient bien des choses ; mais nul ne savait le terrible secret qu’elle cachait au fond de son cœur !

XVII.

La destinée de la Corriveau fut terrible.

La Corriveau ne fût point indiscrète et ne trahit jamais sa brillante complice, grâce à l’or dont elle fut gorgée, et à la peur de tomber elle-même entre les mains de la justice.

Un jour d’été, dans l’année qui suivit la conquête, le bonhomme Dodier fut trouvé mort dans sa maison. Fauchon, qui soupçonnait un crime, ne se gêna pas pour parler, et donna l’éveil. Une enquête eut lieu et l’on découvrit qu’une main meurtrière avait coulé du plomb fondu dans l’oreille du défunt.

La Corriveau fut arrêtée.

Une cour de justice spéciale fut aussitôt formée, qui siégea dans le grand parloir des Ursulines, où le général Murray avait établi ses quartiers généraux.

Le bombardement avait en partie détruit la ville. La Corriveau eut un procès loyal. Elle se défendit habilement ; mais l’heure de la justice avait sonné.

Le tribunal la condamna à être pendue et enfermée ensuite dans une cage de fer, qui serait exposée sur les hauteurs de Lévis, en face de la ville.

La sorcière de St. Valier fit appel à la reconnaissance d’Angélique, et la supplia d’intercéder en sa faveur, la menaçant de révéler le meurtre de Caroline si elle ne la sauvait de l’échafaud.

Angélique était trop contente de se débarrasser d’une dangereuse complice pour intervenir à cette heure suprême. Elle sut tromper la condamnée, entretenir son espérance et lui fermer ainsi la bouche jusqu’à l’instant fatal.

XVIII.

Longtemps, le lieu où fut exécutée la sorcière passa pour un lieu maudit.

L’hiver, pendant que le vent de nord-est gronde dans les cheminées, et fait craquer le toit des maisons ; pendant que la poudrerie vole sur les routes et ensevelit les clôtures grises sous son blanc linceul, les enfants, les femmes, les vieillards, serrés les uns contre les autres, auprès du poêle qui bourdonne, racontent en frémissant comment gémit l’âme damnée de la sorcière, ou comment, dans les ténèbres, avec sa cage de fer qu’elle traîne comme une plume, elle court après les voyageurs égarés.

XIX.

Trois générations d’hommes avaient passé depuis que la cage de fer et l’immonde prisonnière étaient disparues, quand un jour, un habitant de Lévis, en creusant le sol, entendit sa bêche résonner sur un corps métallique.

Il creusa encore. Ô terreur ! c’était la cage avec le squelette de l’horrible vieille !…

Toute la ville courut voir la lugubre trouvaille. L’histoire de la petite fille d’Exili était pourtant bien oubliée déjà.

Un peu plus tard, le Museum public de Boston achetait la relique maudite et lui donnait une place d’honneur dans ses chambres curieuses.

Une jeune dame de Québec qui savait le drame sanglant et dont l’œil curieux ne laisse rien échapper, l’a vue et me l’a dit.

La maison de Saint Valier fut brûlée jusqu’en ses fondements, dans la nuit qui suivit l’exécution de la sorcière. Avec la maison de la Corriveau fut détruit le laboratoire d’Antonio Exili et le secret infernal de l’Aqua Tofana fut perdu. Espérons que nul chimiste, jamais, ne le retrouvera !

XX.

Et maintenant, notre tâche est terminée. Notre récit finit dans les pleurs ; comme presque tous les vrais récits de cette pauvre terre. La justice humaine, la justice divine n’y apparaissent guère. Hélas ! nous aurions aimé qu’il en fût autrement, car le cœur soupire après la félicité comme l’œil après la lumière ! Mais la vérité est plus puissante et plus neuve que la fiction. Et puis, l’heure de Dieu sonne quand il le faut. Sa justice est infaillible et la justice de l’homme est bien aveugle.

Au reste, moi qui écris cette histoire mélancolique, je ne me sens pas le courage de mépriser la tradition et d’oublier la vérité, pendant que le chien d’or est encore là sur une des façades de la rue Buade ; pendant que les ruines de Beaumanoir recouvrent encore les cendres muettes de Caroline de St. Castin ; pendant que sous l’œil de Dieu et les reflets de la lampe votive, Héloïse de Lotbinière et Amélie de Repentigny dorment paisiblement leur dernier sommeil !



FIN DU CHIEN D’OR.