Le Zend-Avesta (trad. Darmesteter)/Volume I/YASNA/Hâ38.

Traduction par James Darmesteter.
Texte établi par Musée Guimet, Ernest Leroux (I. La Liturgie (Yasna et Vispéred) (Annales du Musée Guimet, tome 21)p. 264-266).




HÂ 38. — YASNA HAPTANHAITI 4




Ce Hâ ouvre avec des invocations à la Terre et à un certain nombre d’abstractions religieuses ; le reste est composé d’invocations aux diverses espèces d’eaux au nombre de dix-sept. Les eaux y sont du moins invoquées sous dix-sept épithètes, où la tradition voit le nom de dix-sept sortes d’eaux différentes. La plupart de ces épithètes sont des άπαξ λεγόμενα intraduisibles : nous nous sommes donc contenté de les reproduire comme autant de noms propres, en donnant dans le commentaire la valeur technique qu’elles ont ou qu’elles ont prise. Nous reproduisons en appendice un chapitre du Grand Bundahish[1] qui suit de très près, complète et éclaire le Commentaire pehlvi.


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I. Nous sacrifions à cette Terre avec les Femmes ; à cette Terre qui nous porte et aux Femmes qui sont tiennes, ô Ahura Mazda[2] ; nous sacrifions à ces femmes dont le désir est dans la sainteté[3].

2 (4). Nous sacrifions aux Prospérités et aux Désirs réalisés, aux Questions et aux Pensées pieuses ^ ; et avec elles à la bonne Dévotion (Ashi), avec elles à la bonne Fortune, la bonne Prospérité, la bonne Célébrité, la bonne Parendi *.

3 (7). Et nous sacrifions aux eaux Maêkaintis ’, aux eaux Hébvaiiilis-, aux eaux Fravazah’ ;

aux eaux Ahuriennes*, aux eaux d’Ahura% aux eaux Havapanha", aux eaux Huperelhwa’, aux eaux Hvôghzhalha^ aux eaux Hùshnâthia ■’, au Cagema des deux mondes ’".

3. izliào, yaoslitayô, feraslitayô, àrmatayù : il semble qu’il faille grouper CBS quatre abstractions deux à deux, les deux premières étant la suite et la récompense des deux autres, izlia est « l’accroissement, la prospérité >> [afz-ùn). — yaoshti est obscur : je le traduis hypothétiquement, en lisant yaoklislitayô (lecture de .P)^ d’après yaot ;lishtavaùt = ; kàmakômnnd du Vendidad XX, 1. — feraslitayô désigne les questions que l’on adresse pour s’instruire à Ahura ou au Docteur et qui sont une des œuvres les plus méritoires du fidèle et les mieux récompensées (Vd. XVIII, 32 ; YasnaXLIIl, 10). — Les àrmatayù sont les pensées de l’homme pieux et soumis. 4. asliini, isliein, àziiilini, frasastini, Parendim. 1. maêkaiiitish, « les eaux qui sont dans la plante » pashang i pun uruar ijakôyarnûnU ; probablement la sève : peut-être la rosée (cf. note 15 et n» ! du Bundahish). 2. héhvaiiiUsh, giràti tajislin « les eaux qui coulent de la montagne », c’est-à-dire les rivières. — Bund. n°2.

3. fravazanhô « eaux de pluie » [vàràn’ig). — Bund. n" 3. 4. Ahurànîsli : armèshl u câliig u aparlkic mid ci andmcusht’irj ,< eaux stagnantes, eaux de puits, et autres indéfinies ». — Bund. n° 4. 5. Aburahyà, shûsr « sperme ». — Bund. n° 5.

6. havapaiiliâo, inês/iak « urine » ( ?). — Bund. n» 6 (gômêz). 7. huperethwâoscà, kùvatargUi « de bon passage » (traduction étymologique) ; glose : » aighamân nam dar tan ravâk yahvûndt, c’est-à-dire que l’humidité circule dans notre corps » ; correspond sans doute au n° 8 du Bund. « l’humidité qui est dans la peau des animaux et des hommes ».

8. hvùghzhathàoscà, ars « les larmes ». — Bund. n° 9. 9. hùsLiiâlhràoscâ : hus/mdyis/makih aighamân khû’i min lan bard tjdlûndl <c qui nagent bien (traduction étymologique), c’est-à-dire que la sueur nous sortedu corps ». La sueur. — Bund. n" 10.

10. ubôibyà ahubyà caçenià : znkl dar kuld 2 ahunn kdmak niaùlid « l’eau grandement désirée dans les deux mondes ». Nous voyons par le Bund. n° 11 que cette eau est le raoghna « huile, beurre ou graisse » qui parait dans l’alimentation des bienheureux (cf. ’i't. XXll, 18). La traduction de cagemâ est une fantaisie étymologique, le mot étant décomposé en la racine abusive cajj « désirer » (cf. XLVI, 2, n. 7) et ma assimilé à maz « grand », à moins que mas’ihd ne représente le redoublement de gam, kam conçu comme un intensif.

T. I. 34 4 (10). Quelque hoiis noms que vous ait donnés Ahura Mazda, ([ui donne le bien, sous les noms qu’il vous a donnés, nous vous offrons le sacrifice ; sous ces noms nous vous adorons, sous ces noms nous vous prions, sous ces noms nous vous réclamons votre dette ’" *".

o (13). El vous, eaux Azi", vous, eaux-mères’-, eauxAgenya’ eaux nourricières du faible enfant " ;

ou que nous vous appelions Vîspô-pailisli, ou eaux Excclleiilcs et Très Belles"’, je vous apporte, ô bonnes eaux, d’une offrande au long bras les dons de retour et les prières ’"'",, eaux Mères, eaux de la Vie ’". 10 ’i". ishùidyàuialiî ; v. XXXVI, noie 10.

11. îi/islioa, l ;/i(ii/ûk « la salive •>. — Jîund. u" 7. It2. inàlei-àshcà, 7iii(i dar hambandhhnîk zakaràn nakadàn tôklimaU « le liquide, [formé ?] dans ruiiioii de la semence du mâle et de la femelle ». — Buud. n" 12. 43. agenjào, klnin, « le sang » (le liquide de feu, d’*ajfni ?). — Bund. n»-13. 44. drijpidàjaiihù : danjôshdâyag avànUnr ( ?) mid dar pùsdnn « nourrice du faible ; avânltàr ( !) ; le liquide de la matrice ». —Bund. n°44. 45. vîspô-paitisli, peut-être Vispô-pitisli (, !•), << l’eau qui pousse dans l’arbre ou le tronc d’arbre » {k/iàn, traduit le z. varesliaji, Y. X, 42) ; il s’agit sans doute de la sève, ce qui force à voir autre chose dans maêkaiùtish, n» 1. — Bund. n" 15. 46. vahislitào sraêshtâo, mid î tan tôkhmak i min urvar ; « l’eau tan tôkkmnk qui sort des plantes » : — Bund. n" 46. C’est l’eau que l’on appelle dans les textes plus récents oUf’oT « eau de plante » et dont on se sert pour se laver les mains [Patet Jrani, 14 ; Barthélémy, Gujastak Ahalish, pp. 49-50). C’est le jus des plantes qui remplace le gâmêz : cf. Dndistân, XLVIII, 9, selon lequel (on se lave les membres» avec le liquide pur d’animaux ou de végétaux purs » pun pdk nam î minpàkàn gôspanddn urvnràn).

46’"". ràtùish dareghô-ltàzàusli ; autrement dit " abondante » ; — nàsliù, forme énigmatique ; traduite yazalùnênd " ils vont » ; variantes : nàishù, nàslié. — paitivjàdào paili-seùdà(», jûl dah/shn jùt fjnvhhn, dons à dons, paroles à paroles. 47. niàtanj jitavô, sliir « le lait ». — Buud. n" 17. — Les §i ; 3-4-5 se retrouvent, engagés dans la liturgie, Y. LXVll.


  1. Le chapitre correspondant du Bundahish imprimé est incomplet et incorrect ch. xxi ; Gr. Bund. pp. 88-89).
  2. La Terre, étant mere, est invoquée avec les femmes. Ces femmes d’Ahura Mazda sont identiques, d’après le Commentaire du Vendidad, XI, 5, à Artdifarvarî, la déesse qui personnifie l’ensemble des Fravashis des saints : v. Yasna I, n. 26.
  3. Cette strophe est récitée dans la purification de la terre : Vd. XI, 5.