Le Vote des femmes/Un sexe est-il supérieur à l’autre ?

V. Giard & E. Brière (p. 185-189).


UN SEXE EST-IL SUPÉRIEUR À L’AUTRE ?


Le docteur Paul Topinard, dans La Revue de la science politique, dit : « que la différence de volume du cerveau était moindre entre les sexes aux âges préhistoriques et est moindre chez les sauvages, qu’elle n’est dans les races civilisées. Le progrès fait s’accentuer l’inégalité cérébrale. Le genre d’occupation de chacun crée des inégalités physiques dans le cerveau et dans ses manifestations.

« Il faut, conclut l’anthropologiste Paul Topinard, se préoccuper de la femme, lui faire partager nos travaux, notre responsabilité, fournir un aliment non futile à son activité cérébrale. »

Selon le docteur Louis Büchner :

« La prétendue infériorité de la femme, quant au volume cérébral, est une notion tout à fait erronée. Ce n’est pas dans ses dimensions absolues, mais dans ses dimensions relatives qu’il faut chercher la valeur réelle du cerveau ; c’est-à-dire dans sa masse comparée à la masse totale du corps, et la qualité de la matière cérébrale. S’il n’en était ainsi, l’homme occuperait alors dans l’échelle des êtres un rang bien inférieur à celui de l’éléphant ou de la baleine, qui ont un cerveau bien plus volumineux que le sien.

« Si l’on observe que le développement matériel du corps de la femme, reste en général de beaucoup au-dessous de celui de l’homme, on trouvera (d’après plusieurs savants) que la grosseur relative du cerveau de la femme, loin d’être inférieure à celle qu’offre l’homme, lui serait plutôt sensiblement supérieure. »

Broca, le fondateur de l’Anthropologie en France, écrivait en 1882 :

« La campagne dirigée contre la femme au point de vue anthropologique ne trouve pas d’appui dans la crâniométrie. La diminution moyenne de capacité crânienne chez la femme est en majeure partie due à sa taille.

« Je crois avoir démontré qu’il y a égalité entre les sexes pour le développement cérébral et même on pourrait soutenir, fait en rapport avec ce que l’anatomie comparée indique comme constituant un véritable progrès morphologique cérébral, que la femme est plus avancée en évolution que l’homme. »

M. Louis Lapique a fait cette communication à l’académie des sciences : « Le poids du cerveau par rapport à l’intelligence, n’a pas plus d’importance que le poids d’une horloge par rapport à la justesse des heures qu’elle marque. »

Des savants européens de l’un et de l’autre sexe, prétendent pouvoir prouver scientifiquement que la femme est en raison de sa sexualité, supérieure à l’homme ; cependant, que des savants américains prétendent que dans l’avenir : il y aura alternativement une période de prédominance masculine et une période de prédominance féminine.

En attendant que les hommes et les femmes l’emportent tour à tour, les uns sur les autres, il se peut fort bien que le sexe féminin, infériorisé aujourd’hui, soit durant un temps, considéré comme le sexe supérieur.

D’abord, le droit qui partout élève ceux qui le possèdent, fera s’élargir la mentalité des Françaises, et il les rendra aptes à appeler à la vie des êtres supérieurs.

Pourtant, sous leur aspect différent, les deux parties du tout humain, sont et resteront toujours équivalentes, comme la gauche et la droite d’un même corps.

Mais, quand une erreur a été longtemps accréditée, on ne réagit contre elle qu’en tombant dans l’excès contraire. Pour établir l’égalité des sexes, il est donc bien possible que l’on dépasse le but proposé, que l’on exalte celle que l’on a tant dépréciée et rabaissée, en la voyant prime-sautière, faire pour ascensionner dépense d’énergie.

En France, il y a près d’un million de femmes de plus que d’hommes, cependant, il naît beaucoup plus de garçons que de filles.

Le sexe féminin naît mieux équipé que le sexe masculin d’après M. Henry de Varigny. « Les reins, le foie, le cœur sont plus lourds chez l’embryon féminin. La femelle est mieux pourvue que le mâle ; elle est physiologiquement plus parfaite que lui. Si la femelle n’a pas la vigueur du mâle, elle a une force de résistance supérieure à la sienne.

« La femme a plus de ténacité de vie que l’homme, elle supporte mieux l’abstinence, elle mange moins, mais profite mieux de ce qu’elle mange.

« La mortalité masculine l’emporte sur la mortalité féminine. Le sexe fort, c’est le sexe féminin ! »

Mieux organisées que les hommes, les femmes meurent beaucoup moins facilement qu’eux.

« Dès la plus tendre enfance, dit le docteur Perron, sur 1.000 décès de petits garçons, on n’en compte pas 750 de petites filles.

« Dira-t-on que les petits garçons ont été victimes de leurs passions, de leurs fatigues, de leur intempérance ? — Non : La supériorité organique du sexe féminin est native, physiologique.

« Cette supériorité est surtout manifeste pendant la vie embryonnaire ; sur huit avortements naturels, cinq sont d’enfants mâles. »

Avant que ne soient faites ces observations scientifiques, ce dicton : — « Le chagrin fait vivre la femme, » établissait, en même temps que la longévité, la douloureuse destinée des femmes.

Ce sont les femmes soustraites à l’oppression masculine : les veuves et les célibataires, qui ont l’existence la plus longue.

Ce sont les femmes mariées qui ont la vie la plus courte.

Le cerveau de la femme restant inerte s’atrophie, tandis que le cerveau de l’homme travaillant s’hypertrophie. On peut donc penser que si les femmes étaient en la société dans les mêmes conditions que les hommes, elles seraient loin d’être inférieures à ceux-ci.