Traduction par Gotthardt Fursman.
(Tome I (Les tomes II à VI n’ont jamais été publiés)p. 3-6).

AU ROI



SIRE,




Si je prends la liberté de préſenter, auec la plus profonde ſoumiſſion à Votre Majesté, cette traduction Françoiſe du Théâtre Danois, ce n’eſt pas ſeulement l’uſage ancien de dédier les livres, qui auroriſe ma liberté : J’ai cru que c’étoit encore un devoir de ma part. La Juſtice exige, qu’un Sujet témoigne à ſon Roi, par quelque petite offrande, ſon reſpect & ſon hommage, lorsqu’il n’eſt pas dans l’occafion de les témoigner par des ſervices plus marqués. Cette humble offrande eſt duë à ce rayon de la Divinité, qu’on voit reluire dans les Souverains. Du reſte Sire, je n’ai point craint de ſuſpendre, pour quelques momens, ces ſoins ſi utiles & ſi aſſidus, que Votre Majesté ſe donne, pour regler les États. S’il eſt de nobles travaux pour les Rois, il eſt auſſi pour Eux de nobles Plaiſirs. Plus ils travaillent, plus ils ont beſoin de Divertiſſement. Je me trouverai doublement heureux, ſi ma Traduction du Théâtre Danois peut contribuer au Delaſſement de Votre Majesté : d’un côté je ceſſerai de me regarder comme un Sujet inutile : de l’autre je ſerai ſur de l’approbation de tout le monde ; car perſonne ne blâmera jamais un ouvrage, que Votre Majesté aura goûté. Si je n’ai pas le bonheur d’avoir réuſſi, j’aurai du moins le mérite de la bonne intention, & la ſatisfaction d’avoir donné une preuve publique du dévouëment entier & du profond reſpect, avec lesquels je fais gloire d’être.


SIRE
DE
VOTRE MAJESTÉ



Le très-humble, très-obeiſſant & très-fournis ſerviteur & ſujet
Gotthardt Fursman.