Paris Calmann Lévy (p. 301-302).


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Les vacances revinrent encore ; le voyage dans le Midi eut lieu pour la troisième fois, et là-bas, au beau soleil d’août et de septembre, tout se passa comme aux précédentes années : mêmes jeux avec ma bande fidèle, mêmes expéditions dans les vignes et les montagnes : mêmes rêveries de moyen âge dans les ruines de Castelnau, et, aux abords du sentier solitaire où gisaient nos filons d’argent, même ardeur à fouiller le sol rouge, en prenant des airs d’aventuriers, — bien que, chez les petits Peyral, la foi en ces mines n’y fût vraiment plus.

Ce recommencement toujours semblable des étés me donnait parfois l’illusion que ma vie d’enfant pourrait indéfiniment se prolonger ainsi ; cependant, je n’avais plus de joie à mes réveils ; une espèce d’inquiétude, semblable à celle que laisse un devoir non accompli, me reprenait chaque matin, de plus en plus péniblement, à la pensée que le temps fuyait, que les vacances allaient finir et que je n’avais pas encore eu le courage de décider de ma vie.