trouvés en butte à de nombreuses et violentes attaques. Nous avons toujours dédaigné d’y répondre. Cette réserve était suffisamment justifiée par l’absence de l’accusé et l’arrêt de la cour d’assises ; mais la lettre que vous avez insérée dans la dernière livraison de la Revue des Deux Mondes ne nous permet pas de garder plus long-temps le silence.

Notre lettre, écrite à la hâte, ne sera pas aussi longue que la vôtre. Laissant de côté tout ce qui touche à la personne de M. Libri, à ses affaires de famille et aux prétendues illégalités que vous imputez à la justice, nous ne voulons nous occuper que de ce qui concerne les travaux de notre expertise. Rectifions cependant certains faits que vous avez tirés des brochures de M. Libri et de ses amis.

Vous vous trompez, monsieur, quand vous parlez d’articles qui auraient été publiés contre M. Libri, dans la Bibliothèque de l’École des chartes, il y a une dizaine d’années. Jamais, avant 1847, son nom n’y a été prononcé. Vous vous trompez encore en affirmant que ce recueil annonça le premier la découverte du Rapport de M. Boucly, et en concluant de cette allégation erronée que « nous avions produit ce rapport dans le monde et provoqué ainsi la poursuite judiciaire[1]. » Vous n’avez pas été mieux informé lorsque vous avez dit (p. 311) : « Les élèves de l’École des chartes instrumentèrent seuls pendant vingt-cinq mois. » La seconde commission d’expertise, dont firent seuls partie les trois signataires de cette lettre, n’a fonctionné que pendant quatorze mois, et, lorsque l’un d’eux fut chargé de visiter quelques bibliothèques de province, on lui adjoignit la plupart du temps, et toujours sur sa demande, une ou plusieurs personnes. Enfin, il y eut à Montpellier, au sujet d’un Catulle dont nous parlons plus bas, une expertise spéciale qui fut confiée à l’archiviste du département et à un relieur.

Ce n’est pas tout : à propos de notre enquête, monsieur, vous allez jusqu’à parler de secrétaire forcé, de papiers brûlés, de livres perdus et de bien d’autres choses encore. Vous avez certainement oublié de relire ce passage de l’acte d’accusation, où les magistrats ont protesté contre de pareilles calomnies. « De la défense, on n’a pas craint de passer à l’attaque, et l’on s’est permis contre les délégués de la justice d’odieuses insinuations : Une feuille de papier, a-t-on dit, pénètre plus aisément qu’un volume par-dessous les scellés. Libri, de son côté, a écrit à M. de Falloux (p. 23) : « J’ai laissé chez moi pour environ 45,000 fr. « de valeurs de différente nature : des billets à ordre, des bons, des actions « industrielles, etc… Au moment opportun, je fournirai la preuve que ces valeurs ont disparu de chez moi sans que j’aie pu savoir ce qu’elles sont devenues. Tout annonce qu’elles ont dû être soustraites dans les violations si fréquentes que mon domicile a subies. » La passion conseille mal. Comment ! Libri aurait abandonné dans son domicile 45,000 francs de valeurs, quand il prenait soin de faire enlever, non-seulement ses dix-huit caisses de livres, mais encore les vingt-cinq on trente mille volumes de sa bibliothèque, quand il recommandait de brûler ses papiers, quand il quittait la France ! Oublie-t-il donc que, depuis sa fuite, son appartement, confié à la garde de son domestique, n’a plus été accessible qu’à ses amis jusqu’au 22 mars, jour où la justice, avant toute nomination d’experts, s’y transportait elle-même pour n’y plus trouver que les gros meubles et constater l’enlèvement de ce qui les avait garnis ? Ces indignes récriminations doivent se taire devant la justice. Elles serviraient mal la cause réduite à de si tristes expédiens. D’ailleurs les faits ne s’écroulent pas sous la violence des invectives ; quoi qu’on fasse, il faut bien compter avec eux. »

Vous vous êtes encore, monsieur, servi d’argumens qu’il aurait fallu laisser à M. Libri. Tels sont ceux qui reposent sur des inexactitudes commises dans la transcription des titres d’imprimés ou de manuscrits, et sur les fautes d’impression qui se sont glissées dans le texte de l’acte d’accusation publié au Moniteur. Mais, sérieusement, est-ce que le jour où les débats se seraient ouverts devant la cour d’assises, ces inexactitudes n’auraient pas été rectifiées immédiatement par la production des pièces elles-mêmes ? — Voici quelques exemples.

Vous dites, page 321 : « A Grenoble, M. Libri aurait volé dans un recueil Stramboti… da Sasso Modonese (sic), Milan, 1551, et la preuve, c’est qu’il en a vendu une édition de 1511, comme le témoigne son catalogue. » - Quel est le point qu’il faut éclaircir ? Il s’agit uniquement de savoir si la bibliothèque de Grenoble a possédé réellement un ouvrage intitulé Stramboti, etc., portant la date de 1511. Or le catalogue de cette bibliothèque a été imprimé[2]. Veuillez prendre la peine d’ouvrir le tome 11, à la page 104 ; vous y lirez : « N° 16616., Strarnbotti (sic) da Sasso Modonese (sic), in Milano, 1511, in-4o[3]. » C’est le titre exact donné sur le catalogue de M. Libri, n° 1476. Il n’y avait, vous le voyez, dans la date de 1551 qu’une simple faute d’impression.

Il en est de même d’une certaine inscription mise sur un Catulle enlevé à la bibliothèque de Montpellier et qui a été pour vous et pour M. Libri un sujet inépuisable de plaisanteries. Vous vous moquez très fort de ce que l’on a lu : Bibliothecoe S. 10 in Casalibus Placentica au lieu de Bibliothecce S.I0 in Canalibus Placentica. Il est très vrai, monsieur, que le texte de l’acte d’accusation imprimé au Moniteur porte S. 10 au lieu de S. I0, mais nous pouvons vous affirmer que cette erreur, si grave à vos yeux, n’existe point sur le rapport original des deux personnes qui, à Montpellier, ont été chargées de l’expertise relative au Catulle[4]. Nous affirmons en outre que le titre porte in Casalibus et non pas in Canalibus, comme vous le prétendez sur la foi de votre ami. Avant d’être déposé au greffe, le volume avait passé par nos mains et nous l’avions soigneusement examiné.

L’acte d’accusation reproche à M. Libri d’avoir enlevé à Montpellier, dans un recueil contenant des lettres adressées à Alde Manuce, une lettre d’Arétin à Paul Manuce, lettre que l’accusé avait signalée lui-même au ministre de l’instruction publique en 1841, et qu’il a vendue plus tard, au mois d’avril 1846. À ce sujet, vous vous exprimez ainsi (p. 318) :

« Il n’y a qu’un juge à qui puissent échapper des énormités comme celle-ci : M. Libri a vendu en 1847 (lisez 1846) une lettre de l’Arétin à Paul Manuce ; d’autre part, la bibliothèque de Montpellier a perdu une lettre de l’Arétin à Alde Manuce ; donc M. Libri l’a volée, syllogisme comparable à celui-ci : J’ai perdu mon chat, Jean a vendu un chien, donc Jean a pris mon chat. Il y a un dictionnaire historique à l’École des chartes, et les élèves de première année savent que Alde Manuce fut le père de Paul Manuce. Mais où le juge se révèle, c’est quand il dit : « Les lettres de l’Arétin sont très rares. » Un juge ne connait de cet auteur que les sonnets. Les lettres sont si rares, qu’on n’en a encore publié que six volumes in-8o. »

Nous le reconnaissons, monsieur, il y a ici une petite inexactitude dans l’acte d’accusation qui a reproduit incomplètement le titre du recueil contenant les lettres adressées aux Manuce. Sans vouloir recourir à notre rapport, où ce titre est transcrit en entier, nous pourrons vous indiquer le catalogue des manuscrits de la bibliothèque de Montpellier, publié par le ministère de l’instruction publique[5]. Vous ne le récuserez certainement pas, car il a été rédigé par M. Libri[6]. On y lit, p. 393, n° 272 : Lettere autografe A PAOLO e ad Aldo Nanuzio e ad altri, etc. Enfin, malgré votre dire, les lettres originales de l’Arétin sont si rares, que, sur les quatre-vingt-quinze mille pièces autographes qui ont passé dans les ventes publiques à Paris, de 1822 à 1852, il n’y en a eu que cinq de l’auteur des Sonnets. Une seule est adressée à Paul Manuce, et c’est précisément celle dont parle l’acte d’accusation.

La plupart des catalogues des bibliothèques publiques, surtout ceux qui remontent à une époque assez ancienne, sont, tout le monde le sait, rédigés d’une manière incomplète et défectueuse. Les titres y sont très souvent tronqués et défigurés[7] ; de plus, pour désigner les formats, on a ordinairement tenu compte, non pas du nombre de pages que contenait chaque feuille, mais de la grandeur et de la dimension du volume, comme on le fait encore aujourd’hui ; d’où il est arrivé que, surtout pour les éditions du XVe siècle et du XVIe, on a indiqué des in-40 comme des in-folio, des in-12 comme des in-8o, et réciproquement[8]. Vous avez négligé ces diverses particularités, et c’est là une des causes des erreurs que nous allons avoir à relever.

Entrons maintenant dans la discussion des faits, et rappelons d’abord cette phrase où vous annoncez avoir examiné l’acte d’accusation :

« M’aidant tantôt, dites-vous, des brochures publiées par M. Libri et ses amis, tantôt de documens qui m’ont été communiqués, mais n’avançant jamais rien sans l’avoir vérifié par moi-même. »

Si nous ne vous suivons point dans votre dissertation au sujet des traces d’estampilles signalées par nous sur divers volumes ayant appartenu à M. Libri, c’est que vous ne connaissez point les pièces dont vous parlez, tandis que nous, monsieur, nous les avons vues et examinées avec la plus scrupuleuse attention. Elles sont d’ailleurs au greffe, où on les retrouvera au besoin. Vous pouvez toutefois aller voir à la Bibliothèque nationale, à laquelle il appartient aujourd’hui, un Orlando furioso qui, à la vente de M. Libri, a été adjugé 1,480 fr. Ce précieux volume, dont vous n’avez point parlé, porte sur la première page la trace de l’une des estampilles de la Mazarine[9].

On a fait grand bruit d’une découverte qui a eu lieu l’année dernière à la Mazarine, où l’on a retrouvé quelques volumes dont la soustraction était imputée à M. Libri. Cela peut être en effet une erreur commise dans l’instruction ; mais on ne saurait en accuser ni les magistrats ni les experts. Quand nous nous sommes livrés dans les bibliothèques au travail qui nous a attiré de votre part tant d’injustes critiques, voici comment nous avons procédé : nous examinions à la fois le catalogue de la bibliothèque et celui de la vente de livres faite en 1847 par M. Libri, et lorsque le même ouvrage était indiqué sur les deux catalogues, nous le faisions rechercher par les employés que l’on avait bien voulu mettre à notre disposition ; car jamais nous n’avons touché nous-mêmes aux armoires ni aux rayons. Nous avons dû regarder comme définitivement absens les livres que l’on n’avait pu nous représenter après de minutieuses investigations. Aujourd’hui, sur soixante-deux pièces perdues par la Mazarine, et signalées par l’acte d’accusation, cinq, dit-on, ont été retrouvées. Nous le croyons ; mais l’une d’elles (le Pamphilo Sasso) était certainement en double à la bibliothèque, car l’une des estampilles de cet établissement se voit encore fort distinctement sur un exemplaire saisi au domicile de M. Libri. L’existence de doubles exemplaires d’un même ouvrage non inscrits aux catalogues nous semble d’ailleurs confirmée par un fait dont vous parlez (p. 315). D’après vous et M. Jubinal, le British museum posséderait depuis 1827 un exemplaire de l’Origine des Proverbes, portant encore l’estampille de la Mazarine. Nous ne pouvons vérifier cette assertion ; mais ce que nous savons, c’est que cette bibliothèque en possédait, il y a neuf ans, un autre exemplaire inscrit avec le numéro 412 sur un catalogue rédigé de 1843 à 1845. L’exemplaire vendu par M. Libri, au prix élevé de 575 francs, est au greffe ; il porte sur le titre la trace d’une grande estampille circulaire. À la dernière page, point d’estampille, il est vrai, mais un trou circulaire qui a été fort artistement bouché avec du papier[10]. Les volumes retrouvés existaient-ils aussi en double ? C’est une question qui resterait à examiner.

En parlant (p. 316 et 317) d’un ouvrage, Rime di P. Bembo, vous n’avez point rappelé les diverses circonstances signalées par l’acte d’accusation comme servant à constater l’origine de ce volume[11] ; mais — vous dites que M. Libri tenait son livre de M. Audin, qui l’avait acheté 1 fr. à la vente du docteur Gratiano. Certainement, monsieur, vous n’avez point consulté le catalogue Gratiano. Nous l’avons sous les yeux. Voici ce que nous y lisons : « N° 489. Delle Rime di M. Pietro Bembo. Seconda impressione. (A la fin :)…Vinegia, per Giouann’ Antonio de Nicolini dae Sabio, nell’ anno MDXXX V… in-4o allongé ; anc. rel. m. br. (Exemp. annoté, et contenant sur les gardes quatre sonnets d’une main du temps.) »

Tel est bien le titre de l’exemplaire vendu par M. Libri, qui ne l’a pourtant indiqué sur son catalogue que par ces mots : Rime di messer Pietro Bembo (ce qui, soit dit en passant, affaiblit singulièrement la valeur de votre argumentation basée sur la différence de titres). Mais nous avons jadis examiné ce volume qui est au greffe, et bien qu’il n’ait point été soumis au lavage, on n’y peut découvrir aucun vestige des annotations et des sonnets mentionnés par le catalogue Gratiano.

Vous raillez l’auteur de l’acte d’accusation de ce qu’il accuse M. Libri d’avoir volé à la Mazarine un Malclavelli Compendium, tandis que l’inventaire de cette bibliothèque ne mentionne qu’une traduction italienne ou, si vous aimez mieux, que l’original italien de cet opuscule (Machiavelli Compendio, etc.). Les trois catalogues que possède la bibliothèque, le catalogue par cartes[12], le catalogue par noms d’auteurs, le catalogue méthodique, n’indiquent pas, il est vrai, le Compendium ; mais nous vous apprendrons que le recueil d’où a été arrachée la pièce incriminée est actuellement au greffe, que sur la garde se trouve l’inventaire des ouvrages qu’il contenait et qu’on y lit distinctement : Nicolai Malclavelli Compendium, etc., titre entièrement conforme à celui du catalogue de M. Libri, qui a vendu deux cent soixante-et-un francs ce petit livret de douze feuillets.

« La Mazarine (dites-vous p. 322) a perdu, mais tout de bon, à ce qu’il paraît, un livre dont l’acte d’accusation estropie ainsi le titre. Cino da Pistoia et Buonaccorso da Montegnano, lisez Montemagno. L’édition est de Rome, 1559, in-8o. Bien entendu, M. Libri l’a volé, car on trouve le même ouvrage sur son catalogue. Il est vrai que le volume qu’il possédait était in-12 et sans date. Ah ! la furia francese ! »

Ayez la bonté, monsieur, de consulter le catalogue de M. Libri, page 124, no 804 ; vous y lirez : Rime di Cino, etc., Roma, Blado, 1559, 2 part. en 1 volume in-8o[13].

« Citons encore (dites-vous p. 317) le Dialogo d’amore de Boccace, qu’on accuse M. Libri d’avoir arraché d’un recueil, probablement pour réaliser le bénéfice que vous allez voir : habillé en maroquin, doré sur tranche, etc., le Dialogo d’amore s’est vendu 3 francs. Si vous connaissez un relieur qui relie en maroquin un in-12 à ce prix, veuillez me donner son adresse. » - Le vendeur du Dialogo a fait trop de spéculations dans sa vie pour n’en avoir pas fait quelquefois de mauvaises. Celle-ci n’a pas réussi ; mais quelle conclusion en tirer ? Il espérait pourtant avoir une meilleure chance, car il avait eu soin d’annoncer sur son catalogue que l’édition qu’il mettait en vente n’était point indiquée dans le Manuel du Libraire.

« A chaque instant, on s’aperçoit (nous continuons à vous citer textuellement) que M. le juge, dans sa précipitation à saisir les indices qui s’offrent à lui, ne prend pas la peine de lire en entier les titres des ouvrages ; de là des méprises fort singulières, dont son greffier a négligé de l’avertir. Exemple : la Mazarine perd un Rinaldo appassionato ; M. Libri a vendu un Rinaldo appassionato… Aussitôt variations sur l’air : il y a identité, il y a vol]. Je cherche aux deux catalogues : sur celui de la Mazarine, je trouve Rinaldo appassionato da Matt. Boiardo ; sur le catalogue de la vente de M. Libri : Rinaldo… da Baldovinetti. M. le juge est homme à confondre la Pucelle de Chapelain avec celle de Voltaire. Je crois à la bonne foi quand même ; mais, lorsqu’on commet des étourderies semblables, il ne faut pas parler si haut de faits précisés, de recherches techniques, du contrôle le plus attentif et le plus sévère. Passe pour sévère ; mais attentif, ne le dites plus. » (P. 323).

Vous tenez sans doute ce renseignement de M. Libri. Demandez donc à votre ami, qui connaît si bien la littérature italienne, où il a pris que Boiardo fût l’auteur du Rinaldo appassionato. Nous avons consulté en vain Tiraboschi, le Manuel du Libraire, Melzi[14] ; dans ces livres qui font autorité, Baldovinetti est toujours seul indiqué comme l’auteur du Rinaldo. Il est vrai que, sur l’un des catalogues de la Mazarine, il en est autrement ; mais cette erreur a été depuis long-temps reconnue. Veuillez vous en assurer en recourant au catalogue alphabétique ; vous y verrez qu’à l’article Boiardo on a biffé, et très anciennement, la mention du Rinaldo[15]. D’ailleurs, ce qui tranche toute difficulté, c’est que les titres donnés pour l’édition dont il est question ici sont absolument les mêmes sur les catalogues de la Mazarine, dans Melzi, dans le Manuel du Libraire et sur le catalogue de M. Libri.

Passons à un autre fait (page 321) :

« Encore une autre identité reconnue, un autre vol constaté. M. Libri aurait arraché d’un recueil de la Mazarine un opuscule intitulé Homerus de Bello Trojano, et voici comme on le démontre : la pièce se composait de vingt-neuf feuillets ; de plus, le premier feuillet de l’opuscule qui suivait l’Homerus dans le recueil, avant la soustraction, est marqué e 7. Or, on a saisi un exemplaire vendu par M. Libri, de vingt-neuf feuillets, dont la dernière page laisse apercevoir la trace d’un e suivi d’un 6. Je pense que ces lettres mystérieuses sont ce qu’on appelle des signatures, c’est-à-dire un mode de numération par lettres et chiffres dont les anciens imprimeurs se servaient pour marquer la première partie d’un cahier. Mais, suivez le raisonnement, l’Homerus de la Mazarine avait vingt-neuf feuillets, car, dit l’acte d’accusation, ces feuillets portaient les numéros 81 à 110… Comptez sur vos doigts, monsieur le juge, 20 + 10 = 30. Ce qu’il y a de plus singulier, c’est que le recueil où se trouvait l’Homerus n’est plus à la Mazarine, où l’on ne sait ce qu’il est devenu, et, à ce sujet, vous me demanderez comment on a fait la confrontation dont il vient d’être parlé. Ma foi, je l’ignore. »

Notre réponse sera bien simple. Les marques e 5, e 6, e 7 sont des caractères écrits à la main par celui qui avait formé le recueil de pièces d’où a été enlevé l’Homerus. Il ne s’agit donc pas de signatures d’imprimeur[16]. — Quant à votre remarque sur l’expression 81 à 110, c’est, il faut en convenir, une mauvaise chicane. Le mot exclusivement a été oublié dans l’acte d’accusation, et vous auriez pu y suppléer de vous-même. Enfin on sait très bien à la Mazarine que le recueil en question est au greffe ; c’est M. de Sacy lui-même qui en a fait la remise entre les mains de M. le juge d’instruction.

Parlons maintenant d’un certain recueil coté à la Mazarine sous le no 21960 et dont la soustraction a été imputée à votre ami.

«  M. Libri (dites-vous p. 320) est accusé d’avoir volé dans cet établissement un recueil contenant en un seul volume vingt-trois pièces détachées (ne me chicanez pas sur cette expression, je cite exactement), lesquelles pièces détachées se sont retrouvées à la vente de M. Libri, en 1847, séparées et reliées en plaquettes. On conclut qu’il y a identité et vol. Les pièces sont loin. Point de corpus delicti. Il s’agit de méchans vers du XVIe siècle que les aveugles colportaient par les rues. On appelle cela aujourd’hui des canards. Ceux-là, dans leur temps, se vendaient un sou ; aujourd’hui, on les paie au poids de l’or. Lorsque ces petites pièces avaient du succès, elles étaient réimprimées plusieurs fois, souvent la même année, tantôt dans la ville où elles avaient paru d’abord, tantôt dans une autre ville ; d’où il suit que, pour constater l’identité de deux opuscules de cette nature, il faut faire grande attention au titre, au format, à l’édition. Vous observerez encore que dans la vente de M. Libri on a vu cinq ou six cents de ces canards italiens, et il n’y aurait rien d’extraordinaire à ce qu’il s’en fût vendu vingt-trois semblables à ceux que la Mazarine a perdus ; mais la comparaison des deux catalogues s’est faite en courant. Voici ce que me montra un bibliophile curieux : 1o Au lieu de vingt-trois pièces, il n’y en a que vingt-deux dans le recueil inscrit sur le catalogue de la Mazarine, et c’est fort gratuitement qu’on lui attribue Il Lamento di poveri (sic), que la Mazarine n’a jamais possédé ; 2o les vingt-deux canards perdus par la Mazarine sont inscrits sur son catalogue comme des in-12, et vingt et une pièces correspondantes, vendues par M. Libri, sont décrites sur son catalogue comme des in-8o ; 3o le no 10 de la Mazarine est de Rome 1595 ; l’exemplaire de M. Libri de 1555. Le no 16 de la Mazarine est de Bologne, 1594 ; l’exemplaire de M. Libri, de Florence. Le no 22 de la Mazarine est imprimé à Sienne ; l’ouvrage vendu par M. Libri est de Florence. »

Vous avez eu grand tort, monsieur, d’appeler de nouveau notre attention sur ce recueil, car vous avez ici commis bien des erreurs.

1° L’acte d’accusation n’a jamais reproché à M. Libri la soustraction d’un opuscule intitulé : Lamento de’ poveri. Vous voulez sans doute parler de la Speranza de’ poveri ; ce livret n’est point, nous en convenons, indiqué sur le catalogue méthodique, mais il est inscrit dans le catalogue alphabétique au nom de son auteur (voyez l’article IESE) avec le renvoi au n° 21960. Le catalogue méthodique, le seul que vous ayez consulté[17], ne mentionne, il est vrai, que vingt-deux pièces au lieu de vingt-trois, tandis que nous en trouvons non-seulement vingt-trois, mais vingt-cinq sur le catalogue par cartes, et ce qu’il y a de plus piquant, c’est que ces deux autres pièces, dont nous avions jusqu’à présent ignoré l’existence, figurent aussi sur le catalogue de M. Libri. Nous tenons à votre service leurs titres et leurs numéros.

2° Le catalogue alphabétique et le catalogue par cartes mentionnent comme des in-8o les ouvrages désignés comme des in-12 sur le catalogue méthodique. Les reproches d’erreur que vous faites à ce sujet à l’acte d’accusation tombent donc d’eux-mêmes.

Vous dites : « Le n° 16 (lisez le n° 5) de la Mazarine est de Bologne, 1594. » Cela est exact, nous l’avons vérifié. Mais vous ajoutez : « L’exemplaire de M. Libri est de Florence. » En ceci vous vous trompez. Ouvrez son catalogue à la page 251. Vous y lirez avec nous : n° 1553 Canzone di madonna Disdignosa. — BOLOGNA E RISTAMPATO IN FIORENZA, 1594, in-8o. Vous voyez donc que le nom de Bologne se retrouve et sur le catalogue de la Mazarine et sur celui de M. Libri.

Vous continuez : « Le n° 22 (lisez le n° 21) de la Mazarine est imprimé à Sienne (ce qui est très vrai) ; l’ouvrage vendu par M. Libri est de Florence. » Ouvrez le catalogue de votre ami à la page 211, n° 1320 ; vous y lirez comme sur l’inventaire de la bibliothèque : Li nomi… Siena (Senz’anno), in-8o.

Nous reconnaissons avoir indiqué comme devant être parfaitement identiques deux pièces mentionnées, l’une à la Mazarine avec la date de 1595, l’autre sur le catalogue de M. Libri avec la date de 1555. Voici les raisons qui nous ont décidés[18]. Le titre des deux ouvrages est, sauf la date, le même sur les deux catalogues : Lo grande Ammazamento de Papari, par Girolamo Accolti. Roma, L. Zannetti, in-8o[19]. Il nous a semblé difficile d’admettre que le même imprimeur eût, à quarante ans de distance, songé à publier de nouveau un canard et un canard de quatre feuillets, dont le souvenir avait dû se perdre depuis long-temps. De plus, les deux seuls ouvrages que nous connaissions encore de G. Accolti sont inscrits sur le catalogue alphabétique de la Mazarine[20] avec les dates de 1593 et 1594[21]. Nous avons donc pensé, et nous pensons encore, qu’il y a une erreur sur le catalogue de M. Libri. — Nous ne changerons d’avis que quand vous nous présenterez une édition bien authentique de 1555.

Quant aux différences de titres que vous signalez pour les pièces du recueil 21,960, et quelques autres livres de la Mazarine, veuillez comparer ensemble les trois catalogues de cette bibliothèque ; vous vous assurerez que ces inventaires, qui ne sont point de la même main, se complètent et se corrigent l’un par l’autre. Vous vérifierez ainsi que, contrairement à votre assertion, la pièce citée dans l’acte d’accusation sous le n° 35, est bien indiquée sur le catalogue par cartes (n° 22,586), avec le nom de ville (Turin), le nom d’imprimeur (Mart. Cravoto), le format (in-8°), désignés sur le catalogue de M. Libri (n° 2,545)[22].

Un de vos amis, annoncez-vous dans un post-scriptum, vient de retrouver à la bibliothèque de Troyes, « bien que cet ouvrage ne soit pas inscrit au catalogue, » le Recueil des Histoires de Troie, dont la soustraction avait été imputée à M, Libri. « C’est un in-folio, sans date, imprimé à Paris par Philippe Lenoir. Le livre vendu par M. Libri est un Caxton. » Mais, monsieur, vous vous réfutez ici vous-même. Quel rapport y a-t-il entre un livre imprimé par Philippe Lenoir et un livre imprimé par Caxton ? Ce qui achève de prouver que vous confondez deux éditions différentes, c’est que celle dont vous parlez n’était point, à ce que vous dites, mentionnée sur le catalogue de la bibliothèque, tandis que l’autre y est inscrite, d’après nos notes, avec les désignations suivantes : 2,808 (X. 3,311).

Nous croyons, monsieur, n’avoir laissé sans réponse aucune de vos observations relatives aux ouvrages imprimés[23]. — Quant aux autographes, vous êtes très bref ; nous le serons aussi.

« La Bibliothèque nationale a perdu un fascicule intitulé : Lettres de divers officiers à la reine de Navarre. — M. Libri a mis en vente une lettre de Coligny à ladite reine. Il y a identité. » (P. 327). — Si vous aviez pris la peine d’examiner le catalogue de la collection Baluze et la liasse en question, qui heureusement n’a point disparu, mais a perdu seulement quelques pièces, vous y auriez vu que ladite liasse devait contenir huit lettres de Coligny à Jeanne d’Albret, et que cinq d’entre elles ont été enlevées.

Vous ajoutez : « On a perdu trois lettres autographes de Grotius au duc de Saxe-Weymar, datées de 1636. M. Libri a vendu une lettre du même au même, datée de 1637. Donc il y a identité. » Pardon, monsieur ; mais vous avez oublié de mentionner que l’acte d’accusation signale aussi la disparition de plusieurs lettres dans une liasse de la même collection (Baluze), liasse intitulée Lettres écrites au duc Bernard de Saxe-Weimar par plusieurs personnes, de 1636 à 1639)[24].

Vous plaisantez, monsieur, très spirituellement (p. 328) au sujet d’une erreur que vous nous attribuez, en supposant que nous aurions pris comme étant de M. Libri lui-même, et servant à constater l’état des manuscrits de Peiresc à Carpentras en 1841, la note suivante, qu’il avait copiée dans le Magasin encyclopédique[25]. » Il y a quatre-vingt-six volumes, tous en bon état, si l’on en excepte deux ou trois, auxquels il manque quelques feuillets. » Nous connaissions parfaitement l’ouvrage d’où M. Libri avait tiré la phrase que vous citez ; mais savez-vous pourquoi nous l’avons rappelée dans notre rapport ? C’est que nous avions entre les mains une pièce dont vous paraissez ignorer l’existence, le catalogue des manuscrits de Peiresc, catalogue rédigé par M. Libri, et où trois volumes seulement sont signalés par lui comme ayant subi des lacérations. — Or, depuis sa mission à Carpentras (1844), dix-sept cent trente-huit feuillets ont été enlevés de quarante et un volumes anciennement paginés, et sur ce nombre deux cent quatre-vingt-quinze, retrouvés chez lui, ont pu, grace à leur pagination, être replacés dans les volumes auxquels ils avaient appartenu. En outre, M. Libri a vendu à lord Ashburnham cinq volumes in-folio contenant la correspondance et les manuscrits autographes de Peiresc. Nous sommes du reste assez au courant de ce qui concerne les collections de Carpentras, et nous nous ferons un plaisir de répondre à toutes les questions qu’il vous plaira de nous adresser encore à ce sujet.

M. Libri était accusé d’avoir altéré, pour en dissimuler l’origine, la date de deux lettres originales de Rubens vendues par lui, et annoncées sur ses catalogues de ventes[26] l’une avec la date du 30 mai 1625, l’autre avec la date du 29 juin 1640[27], tandis que, d’après leur contenu, elles devaient avoir été écrites pendant le siège de La Rochelle, en 1628. Vous ne répondez qu’à la première de ces deux accusations, en citant un passage de l’historiographe Cl. Malingre, où, à l’année 1625, il raconte ainsi des mouvemens de troupes autour de La Rochelle : « De sorte, dit-il, qu’avec ces troupes La Rochelle est tout investie par terre et la mer empeschée et tenue par les vaisseaux du roy. »

D’abord, monsieur, le bibliophile qui vous a fourni cette citation a singulièrement abusé de votre confiance, car il a négligé de vous avertir que le texte en question se rapportait au mois de novembre 1625 et ne pouvait vous être d’aucune utilité, car la lettre de Rubens est du mois de mai. Ensuite, si vous aviez lu l’analyse donnée de cette pièce sur le catalogue de M. Libri, vous y auriez vu qu’il y est question de la prochaine arrivée d’une flotte de cinquante vaisseaux amenée au secours de La Rochelle par Buckingham, de la digue qui ferme le canal de cette ville, de la présence de Richelieu qui se conduit vaillamment, etc. Dans quel livre avez-vous lu que ces particularités se rapportassent à l’année 1625 ? — Nous pourrions vous renvoyer aux mémoires de Bassompierre,de Fontenay-Mareuil, de Richelieu, etc. ; mais, puisque vous paraissez tenir particulièrement à Claude Malingre, vous trouverez au sixième volume de son histoire, p. 610, 636 et suivantes, des renseignemens suffisans pour dissiper tous vos doutes[28].

Vous ne parlez, à ce qu’il nous semble, monsieur, que d’un seul des manuscrits volés par M. Libri, suivant l’acte d’accusation. « J’ai sans cesse, dites-vous (page 323), à vous signaler le même genre de distractions qui consiste à donner, comme preuve de l’accusation, un argument qui la réfute. C’est ainsi qu’à propos d’un manuscrit du Cortegiano qui a disparu de la bibliothèque de Carpentras, on rapproche ingénument une note de M. Libri qui le décrit comme une copie du temps, d’une autre note de M. Libri désignant un manuscrit cédé par lui à lord Ashburnham comme le manuscrit autographe de l’auteur, avec une reliure de Grolier. »

Vous n’avez pas bien lu l’acte d’accusation. Il nous suffira de le citer : « Un manuscrit coté 363 était ainsi désigné sur l’inventaire de la bibliothèque : « Il Cortegiano di Castiglione, in-fo, » sans autre indication. Ce manuscrit existait encore sur les rayons en 1841. Libri, dans un catalogue qu’il envoyait à cette époque au ministre, le mentionnait en ces termes : « Il Cartegiano de B. Castiglione « (con note del tempo e CORREZIONI), in-folio, papier, seizième siècle. » En 1842, il avait disparu. Or, dans le catalogue des manuscrits vendus à lord Ashburnham, on lit, sous le no 1606 : « Castiglione. Il Cortegiano, in-folio sur papier, seizième siècle. C’est le manuscrit autographe de l’auteur avec une foule de corrections. »

Nous croyons, monsieur, avoir assez catégoriquement répondu pour convaincre les lecteurs de la Revue que ce n’est point à nous que doivent s’adresser les reproches d’étourderie et de légèreté dont vous êtes si prodigue dans votre lettre. Si vous le désirez, nous reprendrons la discussion sur tous les points. Mais ne vous bornez plus à citer les brochures, à copier des notes de MN. Libri, P. Lacroix, Jubinal, Lepelle et autres. Si vous retournez à la Mazarine, où nous jadis nous avons travaillé des mois entiers, passez-y cette fois plus de vingt minutes. Étudiez vous-même les questions avant de nous parler encore des papiers d’Arbogast et de Buache ; occupez-vous aussi de tant de points dont il est question dans l’acte d’accusation et sur lesquels vous avez cru devoir garder le silence. Dites-nous quelques mots du Théocrite et du Dante volés à Carpentras, des correspondances originales de de l’Isle et d’Hévélius à la bibliothèque de l’Observatoire ; n’oubliez pas les manuscrits de Léonard de Vinci et de Godefroy à l’Institut, les collections Du Puy, Peiresc, Boulliau, Baluze, etc., à la Bibliothèque nationale. Quand on vous fournira des pièces justificatives que l’on prétendra écrites de la main de personnages qui ne sont plus de ce monde, examinez ces documens avec la plus minutieuse attention ; vérifiez scrupuleusement la date, le contenu, l’écriture ; soyez, en un mot, d’une méfiance excessive, et à l’heure où vous voudrez reprendre cette polémique, vous nous trouverez toujours prêts.

Votre lettre, monsieur, a eu, comme vous l’espériez, un grand retentissement. Pendant quinze jours elle aura laissé peser sur nous de bien graves accusations. Nous aurions eu le droit de nous en plaindre avec amertume ; mais il nous a suffi d’avoir raison.


Paris, 25 avril 1852.

LUD. LALANNE, H, BORDER, F. BOURQUELOT.

De son côté, M. Mérimée nous adresse quelques rectifications et la lettre qui les suit.


MONSIEUR,

Un voyage que j’ai été obligé de faire ne m’a pas permis de revoir les épreuves de ma lettre avec le soin que j’aurais désiré. Je vous avais annoncé un errata. La lettre ci-jointe, en réponse aux observations de MM. les experts, en tiendra lieu.

J’ai hâte surtout de relever une erreur qui m’a été signalée par M. Libri j’ai dit qu’un savant illustre, attaché à la Bibliothèque nationale, avait proposé à M. Franck, dans un échange de livres, des volumes ayant l’estampille de la Bibliothèque nationale. Ces volumes portaient en effet une autre estampille ; du reste, en lisant ce passage, personne n’aura pu se méprendre sur ma pensée. Je citais ce savant comme la personne le plus complètement à l’abri de tout soupçon par son caractère et l’intégrité de sa longue et honorable carrière.

Quelques amis, pour l’opinion desquels j’ai la déférence la plus absolue, m’ont blâmé d’avoir apporté trop de chaleur dans une discussion qui devait rester purement bibliographique. J’ai eu tort, sans doute, et je ne me pardonnerais pas, si cette vivacité pouvait nuire à l’homme dont j’ai pris la défense. On a cru voir dans mon article des attaques contre la justice et la magistrature. Vous savez, monsieur, que telle n’a jamais été mon intention. J’ai dû, pour défendre un accusé, combattre la pièce qui l’inculpait, et, par une conséquence nécessaire, j’ai cherché à convaincre d’erreur les auteurs de cette pièce. Loin de douter de leur justice, je n’ai cessé comme vous d’exhorter M. Libri à purger sa contumace, convaincu que nos magistrats, pourvus d’élémens nouveaux, s’appliqueront avec conscience à la recherche de la vérité.

Recevez, etc.

P. MÉRIMÉE.


P.-S. Je reçois à l’instant une réclamation de M. de Cotte, officier de l’université, neveu de M. Petit-Radel, contre un passage de ma lettre, où, d’après une note de M. Libri et le rapport de plusieurs bibliophiles, je disais que des livres provenant de la Mazarine et achetés en bloc s’étaient trouvés mêlés dans la vente de feu M. Petit-Rade]. M. de Cotte me fait connaître que des pièces entre ses mains prouvent que ces faits sont inexacts ; que les livres de son oncle ont été vendus en détail et se composaient exclusivement de sa collection particulière. Je m’empresse d’accueillir cette réclamation sans la discuter, en assurant M. de Cotte qu’il n’a jamais été dans ma pensée ni dans celle de M. Libri d’élever le moindre doute sur la loyauté de M, Petit-Radel ou de sa famille, et que je n’ai attribué le fait, lorsque je le croyais constant, qu’à une méprise parfaitement involontaire.

Paris, 29 avril 1852.


A MM. Lalanne, Bordier et Bourquelot.

En effet, messieurs, des vérifications complètes ne sont pas si faciles que nous l’avions pensé vous et moi. Chacun de nous a sa part d’erreurs. J’ai fait remonter trop loin les hostilités de la Bibliothèque de l’École des chartes contre M. Libri. Par contre, vous vous trompez ou bien vous équivoquez, en disant que ce journal n’annonça le rapport de M. Boucly qu’après son insertion au Moniteur. L’auteur de l’article relatif à M. Libri savait probablement, avant le 19 mars, l’existence de ce rapport. En effet, comment supposer qu’il se fût exprimé en ces termes après la publication de cette pièce : « Nous savons qu’une pièce importante a été trouvée au ministère des affaires étrangères, etc. » Je crois, sur votre affirmation, que la Bibliothèque de l’École des chartes a été publiée après le Moniteur, mais il m’est difficile de croire que l’article en question n’ait pas été écrit auparavant.

J’ai signalé dans l’acte d’accusation des erreurs que vous expliquez par des omissions de mots ou des fautes de typographie ; soit. Je pensais que cette pièce, plusieurs fois réimprimée sans changemens, était conforme à un original authentique. Je ne ferai pas difficulté d’admettre vos rectifications de dates ; seulement, il me semble que vous allez un peu loin dans le système des interprétations. Par exemple, vous dites que pour le Salluste de Montpellier il faut lire la date de 1509 au lieu de 1519, et vous ajoutez, avec beaucoup de raison, que le titre de cette édition aldine de 1509, qui doit être De Conjuratione, etc., se trouve inscrit par erreur sur le catalogue C. Saltustii Crispi conjuratio. Mais pourquoi décidez-vous que l’auteur du catalogue, qui nécessairement a commis une méprise, s’est trompé sur le titre, et qu’il a eu raison pour la date ? Il y a des Salluste avec les deux titres : Conjuratio, et De Conjuratione. Quant à moi, je ne pense pas qu’un tribunal admette votre hypothèse, je ne dis pas comme une preuve, mais comme une présomption.

La date du Bembo me semble pourtant mieux établie : par votre témoignage de visu, par le catalogue du docteur Gratiano et par celui de M. Libri. Quant à la différence dans le titre que vous signalez pour démontrer que l’exemplaire saisi ne peut être celui du docteur, elle serait sans doute considérable s’il y avait eu deux éditions dans la même année, ce que je ne crois pas. Au reste, si ce volume, qui est au greffe, n’a pas été lavé, ce point sera résolu dans un examen contradictoire.

Que le Boiardo n’ait jamais composé le Rinaldo appassionato, j’en suis convaincu, d’après votre témoignage, et je n’ai pas besoin de vous dire que je n’ai pas lu le poème de Baldovinetti. J’avoue mon erreur, qui paraît avoir été partagée par les rédacteurs des cartes et des deux catalogues de la Mazarine. Maintenant, conclure du titre rayé dans le catalogue alphabétique que c’est une manière de renvoi à l’autre catalogue, c’est, à mon avis, une interprétation purement gratuite. Trouve-t-on d’autres exemples de ce mode singulier de renvoi ? — L’explication naturelle qui se présente, c’est qu’à une époque ancienne (l’encre le prouve) un conservateur reconnut que le livre manquait et l’effaça. J’ignore pourquoi il laissa le chiffre ; mais que signifiait ce chiffre, une fois le titre effacé ?

Pour moi, messieurs, s’il me fallait chercher des preuves de l’influence exercée sur votre discernement par les préventions anciennes que vous avez sans doute involontairement apportées contre M. Libri, je me bornerais à citer la lettre que vous me faites l’honneur de m’adresser. Vous raisonnez à merveille pour relever mes erreurs bibliographiques ; mais, quand il s’agit d’inculper M. Libri, vous vous jetez dans les suppositions les plus hasardées. Sur une trace d’estampille, vous concluez que les épigrammes de Pamphilo Sasso existaient en double à la Mazarine, bien qu’aucun catalogue ne révèle l’existence de ce double, et qu’un exemplaire estampillé s’y trouve aujourd’hui conforme à la description des catalogues. Même observation au sujet du Fabritii. J’ajouterai, et messieurs les conservateurs vous diront, comme moi, qu’il est notoire que M. Thiebaut, dont vous citez le catalogue pour prouver que le Fabritii existait en 1843-1845, n’a appelé aucun volume, et qu’il s’est borné à copier fort mal les cartes. Permis à lui de mettre à la fin de son détestable travail Recensuit, personne ne croit à son latin.

Une erreur typographique ou peut-être une distraction de ma part m’a fait dire que l’exemplaire du Cino da Pistoia de M. Libri était sans date, et l’exemplaire de la Mazarine sous la date de 4559. C’est le contraire que je devais dire. Le Cino da Pistoia et le Buonaccorso de la Mazarine, recueil n° 21925, sont décrits comme sans date aux catalogues alphabétique et par ordre de matières. Il est vrai qu’une carte, dont je n’ai eu connaissance que tout récemment, indique le Buonaccorso seul avec la date de 1559. Je suppose que deux ouvrages d’éditions différentes avaient été réunis à la Mazarine dans un même recueil, et que M. Libri possédait une autre édition de tous les deux à la fois.

Venons à cet autre recueil n° 21960, qui, de vingt-deux opuscules, s’est élevé successivement jusqu’à vingt-cinq. Nous ne pouvons nous entendre sur les numéros que nous leur donnons, il faut les désigner par leurs titres. Vous trouvez qu’il y a identité entre la Canzone di Madonna Disdegnosa de la Mazarine et celle de M. Libri, parce que l’une est désignée comme imprimée à Bologne et que l’autre porte sur le titre : Bologna, ristampato in Fiorenza. Mais, messieurs, entre une édition originale et une réimpression, ne faites-vous donc point de différence ? Lorsque j’ai cité le n° 22 du recueil de la Mazarine, auquel vous substituez le n° 21, je voulais parler, non point des Nomi, etc., mais d’un opuscule intitulé : Opera nuova dove si contiene due mattinate. Peu importe le numéro d’ordre qu’il a ; l’exemplaire de la Mazarine était marqué comme imprimé à Sienne, et celui de M. Libri (n° 1676 de son catalogue) est décrit comme imprimé à Florence. Je ne vous suivrai pas dans votre dissertation sur l'Ammazzamento de’ papari, mais je vous rappellerai qu’il n’y aurait rien d’étonnant que de petits poèmes populaires fussent réimprimés à quarante ans de distance ; la même chose est arrivée chez nous pour l’Histoire du Juif errant, et bien d’autres ballades de cette espèce.

À mon tour, messieurs, permettez-moi une hypothèse. Vous trouvez vingt-cinq opuscules aux cartes ; vingt-trois au premier catalogue numérique, vingt-deux enfin au second. Vous dites que les rédacteurs des catalogues se sont trompés, et que sur les catalogues numériques on a oublié, par exemple, de porter la Speranza de’ poveri, dont j’ai très mal à propos changé le titre en Lamento de’ poveri. Pour moi, je suis frappé de cette diminution pour ainsi dire graduelle du même recueil. Je crois qu’entre la rédaction des cartes et celle du premier catalogue, deux opuscules ont disparu, puis un troisième entre la rédaction du premier catalogue et celle du second. C’est une supposition sans doute, mais après tout elle me semble plus vraisemblable que l’identité d’une édition in-12 avec une édition in-8o, ou celle d’une pièce imprimée à Bologne avec une pièce réimprimée à Florence.

Je n’ai rien à ajouter au sujet du fameux Catulle. Casalibus au lieu de Canalibus prouve qu’on a fait de tout temps des fautes d’impression, et ne prouvera jamais qu’on ait voulu faire passer ce volume pour une édition de Plaisance. Je m’en tiens au dire de MM. Payne et Foss sur son origine.

Je m’accuse de méchantes plaisanteries à propos du total des feuillets de l’Homerus ; mais il m’était difficile de deviner le mot insolite exclusivement que vous suppléez. Au reste, le seul fait qui m’ait paru important, c’est la note de M. de Villenave que j’ai eue entre les mains.

Quant au Malclavelli, je trouve fort extraordinaire que le titre du livre soit en italien sur le catalogue et en latin sur la garde du recueil. Laquelle de ces deux indications est la vraie ? Celle qui accuse M. Libri, direz-vous. Moi, je dirai le contraire. J’ajouterai que le volume décrit par M. Libri est un poème, et que l’opuscule perdu par la Mazarine étant réuni à un extrait de Guichardin et à deux autres mémoires historiques, il y a lieu de présumer que c’était, non pas un poème, mais un abrégé de quelque ouvrage historique de Machiavel. Je pourrais dire encore que sur l’acte d’accusation on lit : L. Malclavelli compendium, et que l’initiale L. ne peut désigner le fameux Nicolas Machiavel, à qui le poème est attribué dans le catalogue de M. Libri. Vous me répondrez que une L pour une N, c’est une faute d’impression sans conséquence. Enfin, en consultant le testament latin de Machiavel, imprimé en tête de ses œuvres, on voit qu’il traduisait son nom par de Machiavellis, et non par Malclavellus.

Je ne parlerai de l’Orlando furioso, qui s’est vendu si cher, que pour vous rappeler que je ne m’en suis pas occupé. Quelques expressions de l’acte d’accusation, comme : « Des témoins indiquant un ouvrage anciennement rogné, » m’avaient paru trop obscures pour être discutées. D’ailleurs, apparemment que si l’origine de l’Orlando était aussi évidente que vous l’annoncez, la Bibliothèque nationale, qui l’a acheté, en aurait fait la restitution à la Mazarine.

Je m’empresse de reconnaître que c’est sur un rapport inexact que j’ai cru que le recueil des Histoires de Troie n’était pas inscrit au catalogue de la bibliothèque de Troyes. M. Harmand, conservateur de cet établissement, a bien voulu me communiquer la description des deux exemplaires, dont un seul, celui de Philippe Lenoir, existe aujourd’hui à Troyes. Quant à l’autre, décrit (inexactement selon toute apparence) comme in-4o, sans lieu ni date, il est impossible de savoir si c’était un Caxton.

Le temps me presse, messieurs, et je suis forcé d’abréger une discussion à laquelle je ne puis en ce moment apporter l’attention que je voudrais. D’ailleurs, je prévois que nous nous mettrons difficilement d’accord. Vous voyez une preuve d’identité là où j’en vois une de disparité. Vous dites qu’un manuscrit du Cortegiano, avec des notes et des corrections du temps, est nécessairement le manuscrit autographe avec les notes et les corrections de l’auteur, et, malgré le soin que vous prenez de mettre le mot CORRECTIONS en majuscules, je tiens que peu de gens partageront votre avis. Vous savez mieux que moi, cependant, combien d’anciens manuscrits portent à la fin cette note : N. N. emendavit ; cela aurait pu vous rappeler que les manuscrits de copistes recevaient souvent les corrections des érudits.

L’acte d’accusation sous les yeux, j’ai été frappé d’une imputation de vol qui se réfutait d’elle-même par la confusion des noms de Paul et d’Alde Manuce. Vous rectifiez mon erreur d’après un catalogue auquel j’aurais dû d’abord recourir. Nous ajoutez, sur l’autorité très médiocre de M. Fontaine, que cinq lettres de l’Arétin seulement ont paru dans les ventes publiques. En France peut-être ? Êtes-vous sûrs qu’elles soient si rares en Italie ?

J’ai négligé de m’assurer au catalogue de M. Libri que la lettre de Rubens faisait allusion à la fermeture du port de la Rochelle. L’acte d’accusation établissait la date de cette lettre d’après l’indication fort vague du siège de La Rochelle, dont le commencement est assez incertain ; mais, messieurs, après tant d’erreurs de dates qui nous sont échappées à tous, devez-vous conclure la mauvaise foi de la part de M. Libri, parce qu’il se sera trompé, comme nous, sur une date ? La lettre de Rubens, celles de Coligny, celles de Grotius, sont volées, dites-vous, et volées par M. Libri, parce qu’au moyen de rectifications de dates, par une interprétation des titres des liasses, on arrive à la présomption que ces lettres proviennent d’une collection publique. Pourquoi volées, messieurs ? Vous n’avez pas oublié sans doute que, tout récemment, un autographe célèbre fut rendu à la Bibliothèque nationale par un arrêt d’un tribunal, qui reconnut en même temps la bonne foi de son possesseur. Mais M. Libri e été mis dans une position exceptionnelle : dès qu’un catalogue offre un indice en sa faveur, on le déclare inexact. On nie que les descriptions de format aient quelque valeur, s’il essaie de prouver ainsi la non identité d’un de ses livres avec un volume perdu par une bibliothèque. On tourne contre lui les argumens même qu’on pourrait alléguer en sa faveur.

Vous avez rapporté la note de M. Libri relative aux manuscrits de Peiresc, sachant, dites-vous, que c’était une citation du Magasin encyclopédique. J’ignore quel était votre but, et tout le monde s’y est trompé comme moi, je pense. Quant au catalogue de ces manuscrits, rédigé par M. Libri, et que vous auriez eu entre les mains, c’est, à mes yeux, le meilleur témoignage de leur état lorsqu’il les a examinés ; mais le moyen de croire qu’un homme qui s’apprête à lacérer quarante et un volumes prenne d’abord le soin de constater qu’à l’exception de trois, tous sont intacts !

Je ferais avec plaisir les études et les vérifications que vous me conseillez, messieurs ; mais ma tâche est finie ; un plus habile que moi pourra la continuer. J’ai appelé l’attention du public indifférent sur un homme malheureux qui depuis quatre ans cherche en vain un journal et une plume qui prenne sa défense. Malgré quelques erreurs que je reconnais franchement, je crois avoir montré l’esprit général qui a dicté les accusations contre M. Libri. On l’a cru coupable avant de l’avoir entendu. Si les livres qu’il a possédés sont semblables, ou presque semblables, à des livres perdus par une bibliothèque, on en a conclu aussitôt qu’il les avait volés. Vous avez fait servir votre érudition et votre critique plutôt à inventer des hypothèses plus ou moins ingénieuses qu’à étudier froidement les présomptions pour ou contre l’identité des volumes incriminés. Était-ce là votre mission ? J’en doute. Le temps viendra, et bientôt peut-être, où le débat se videra devant la justice, dont M. Libri a eu tort de douter. J’appelle ce moment de tous mes vœux, assuré qu’en France on ne condamne pas un accusé sur des hypothèses, et qu’on exige la preuve d’un crime avant de le punir. P. MERIMEE.

29 avril 1852.



V. de Mars.
  1. Le numéro de la Bibliothèque de l’École des chartes où est annoncée cette découverte (janvier-février 1848) fut distribué aux abonnée de Paris le 22 mars et aux abonnés de province le 24 ; nous avons vérifié le fait sur les livres de l’éditeur et de la maison Bidault. Le rapport de M. Boucly avait paru au Moniteur le 19 mars.
  2. Catalogue des livres que renferme la bibliothèque publique de la ville de Grenoble, par Ducoin ; 1831, 1835, 1839, 3 vol. in-8o.
  3. La table des matières placée à la fin du troisième volume donne pour le recueil où était cette pièce les deux numéros 16616 et 7013. Il est désigné dans l’acte d’accusation par ce dernier numéro.
  4. MM. Thomas, archiviste du département de l’Hérault, et Durville, relieur. Ils ont constaté, entre autres, que la reliure actuelle n’était point la reliure primitive du volume.
  5. Paris, 1849, in-4o.
  6. Voyez préface, page VI,
  7. L’édition de Salluste dont vous parlez à la page 322 est, d’après nos notes, indiquée ainsi sur le catalogue de la bibliothèque de Montpellier : C. Sallustii Crispi, Conjuratio Catilina… Venise, 1509 (et non 1519, comme il a été imprimé au Moniteur), Alde, in-8o. Ce n’est point là le titre exact du volume ; on aurait dû mettre : De Conjuratione Catilinoe.
  8. Voyez la préface de l’Histoire de le Littérature grecque (1823, t. I, p. XIII et XIV), où Schœll parle de cette confusion des formats,
  9. Ce livre a été de la part de M. Libri l’objet d’altérations décrites ainsi par l’acte d’accusation : « Un Orlando furioso était signalé en ces termes par le catalogue de Libri : « Ce magnifique exemplaire, absolument neuf, dont les marges n’ont pas « même été ébarbées, de cette édition rarissime… » Les marges, au premier aspect, semblaient en effet être demeurées intactes ; mais cette précieuse qualité n’était qu’apparente : un témoin, laissé par mégarde, révélait la largeur primitive des marges anciennement rognées et la supercherie à laquelle on avait eu recours. »
  10. Voyez dans l’acte d’accusation la déposition d’un conservateur de. la Mazarine, lequel rapporte avoir souvent trouvé M. Libri montant aux échelles, fouillant dans les salles secrètes où ne pénètre jamais le public et où sont conservés les ouvrages les plus précieux, les doubles et autres documens qui ne doivent plus figurer sur les rayons.
  11. « On y remarque des vestiges d’estampilles très visibles ; le haut du titre a été gratté à l’endroit même où se place habituellement sur les ouvrages de la Mazarine un numéro écrit à la main. »
  12. Nous désignons ainsi les cartes qui ont servi à la rédaction du catalogue alphabétique. Elles sont rangées dans le même ordre que le catalogue méthodique.
  13. Le catalogue par cartes (à la Mazarine) contient les mêmes indications et de plus donne en abrégé le prénom (Ant.) de l’imprimeur, prénom omis sur le catalogue de M. Libri.
  14. Bibliografia dei romanzi e poemi corallereschi italiani, Milan, 1838, in-8o. Cet ouvrage est cité à chaque instant dans le catalogue de M. Libri.
  15. On n’a point biffé le numéro du volume (21873) pour indiquer que ce volume n’était point absent, mais qu’il avait été mentionné là par erreur.
  16. Les pièces du recueil sont de différentes dates. L’Homerus, qui est de 1498, se trouvait entre une pièce de 1560 et une autre de 1544.
  17. Ce catalogue est fort incomplet ; souvent on n’y indique qu’une ou deux pièces d’un recueil qui en contient six ou huit.
  18. Notre rapport du reste mentionnait cette différence de dates.
  19. Le catalogue alphabétique donne en entier le prénom (Luigi) de l’imprimeur. Le catalogue de M. Libri n’indique que l’initiale.
  20. La Bibliothèque nationale et la bibliothèque de l’Arsenal n’en possèdent aucun, ainsi que nous l’avons vérifié.
  21. Le Manuel du Libraire et Tiraboschi ne parlent point de Girolamo Accolti.
  22. Cette pièce, portant une trace d’estampille, est actuellement au greffe.
  23. Sauf pour le Matheolus. Le volume est au greffe ; on pourra plus tard faire les vérifications. Quant au Sénèque (p. 322), le catalogue des éditions du XVe siècle, à la Mazarine (n° 132), indique bien, comme nous l’avions dit, une édition de Rome, 1475, édition qui a disparu.
  24. Voyez dans l’acte d’accusation, au chapitre des autographes, le long paragraphe consacré aux collections manuscrites de la Bibliothèque nationale, et entré autres au recueil de Baluze.
  25. Année 1797, t. II, p. 503.
  26. Ventes du 8 décembre 1845, no 366 du catalogue, et du 18 novembre 1841, no 161.
  27. Rubens était mort dès le 29 mars de cette année.
  28. L’acte d’accusation a commis, d’après notre rapport, une erreur que vous n’avez pas signalée et que nous nous empressons de rectifier. La lettre en question a été écrite non pas en 1627, mais en 1628. Elle devait être placée dans le manuscrit de la Bibliothèque nationale entre une lettre du 27 avril 1628 et une lettre du 15 juin de la même année. Ce volume a du reste perdu quarante-sept lettres de Rubens qui représentent une valeur d’environ 4,000 francs.