Le Poème sans nomBibliothèque-Charpentier (p. 24).
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XI


 
Je te revois portant les deux mains à la tête,
Quand je t’eus dis cela : « Je ne reviendrai plus. »
Ton sang à ton cerveau, dans un brutal afflux,
Se massa. Tu tournas comme une pauvre bête.

Tu semblais un oiseau saisi par la tempête,
Qui fait contre le vent des efforts superflus.
Mais, soudain, dans tes yeux qui se rouvraient je lus
Que tu te surmontais jusque dans la défaite.

Et d’ailleurs, tu gardais ta foi dans ton pouvoir.
Je t’avais dit adieu ; tu me dis au revoir,
Pensant : « Il reviendra, tôt, frapper à ma porte.

Délice ! C’est alors que je me vengerai !… »
Je ne reviendrai pas. Moi, je le sais. N’importe !
Toi, tu doutes encor que ce puisse être vrai.