Le Monument de Marceline Desbordes-Valmore/25



OPINIONS


De Victor Hugo :

Vous êtes la femme même, vous êtes la poésie même. — Vous êtes un talent charmant, le talent de femme le plus pénétrant que je connaisse.


De Béranger :

Une sensibilité exquise distingue vos productions et se révèle dans toutes vos paroles.


D’Alfred de Vigny :

Le plus grand esprit féminin de notre temps.


De Brizeux :

Une belle âme au timbre d’or.


De Lamartine :

Je suis payé au centuple, et je rougis en lisant vos vers des éloges que vous donnez aux miens. Une de vos strophes vaut toutes les miennes. Je les sais par cœur.


De Théodore de Banville :

Voix solitaire, ô délaissée !
Victime tant de fois blessée,
Chère morte, dont l’âme eut faim
Et soif d’azur, ô Marceline,
Dors-tu sous la froide colline ?
As-tu trouvé le calme, enfin ?

Quand, parmi la lente agonie,
La douleur qui fut ton génie
T’arrachait de tremblants aveux,
Le souffle du maître farouche,
En passant, déliait ta bouche
Et frissonnait dans tes cheveux.

Tu t’écriais, inassouvie :
« Amour, je veux dès cette vie
Ton délire immatériel
Et tes voluptés immortelles :
Puisque l’âme a gardé ses ailes,
Il faut bien qu’on lui rende un ciel. »


De Maurice Bouchor :

Je pense que l’on a bien raison d’élever un monument à la mémoire de Marceline Desbordes-Valmore qui fut une âme délicate et charmante, un poète souvent inspiré qui a su rester femme tout en étant femme de lettres.


D’Henri de Bornier :

Mon opinion c’est la vôtre, celle de tous ceux qui aiment la poésie charmante et douloureuse. Mme Desbordes-Valmore me rappelle toujours le vers de Virgile : Longum miserata dolorem.


De Jules Claretie :

Mme Desbordes-Valmore est la voix de femme la plus douloureuse et la plus profonde de ce siècle. Elle n’a voulu chanter que l’amère souffrance d’un cœur qui se brise. Elle a été l’âme en détresse, l’inconsolée et la dolente et ses plaintes sans colère ont fait plus contre l’homme, celui qui trahit et qui ment, que toutes les malédictions des révoltées. Une douceur blessée, quoi de plus puissant ! Un soupir qui a l’éternité, quoi de plus exquis ! »


De Gaston Deschamps :

De toutes les femmes de lettres, c’est peut-être la seule qui soit vraiment une femme.

À côté d’elle, Mme de Sévigné a l’air d’un bon garçon et Mme de Maintenon fait l’effet d’un proviseur.


De Clovis Huges :

Ce que je pense de Mme Desbordes-Valmore ? Mais je pense qu’elle fut un grand cœur un admirable esprit. Je la lisais et je l’adorais quand j’étais tout petit ; je la lis et je l’adore toujours, maintenant que je ne suis plus à l’âge des papillons. Sa poésie coule, le plus naturellement du monde, sur la double pente du rêve et de la mélancolie. Rien n’est délicat et frais comme ses strophes pour les enfants. Il y a là toute la bonté de la mère et du poète.


De Catulle Mendès :

» L’orage en nos cieux noirs s’entreheurte en bruit d’armes,
» Ou bien pèsent sur nous d’immobiles ténèbres ;
» Mais Marceline a fait aux firmaments funèbres,
» Des étoiles avec ses larmes ! »


D’Émile Chasles :

Marceline n’eut pas les avantages des femmes de son temps ; elle n’eut ni la beauté de marbre de Mme Récamier, ni le génie de Georges Sand, ni l’habileté de plume de la savante Mme Tastu, mais elle eut cette note exquise qui vient du fond de l’âme et que tous les poètes comprennent.