Octobre (1912)
Le Miroir des joursMontréal (p. 87-88).


OCTOBRE


 
Adieu, beau jour d’automne au firmament si bleu,
Feuilles brunes encore à l’arbre, hier, adieu !
Le vent froid passe avec des plaintes adoucies,
Et les petits oiseaux ont des âmes transies…
Sur le pavé sonore on entend fuir les pas :
L’heure marche, elle aussi, mais on n’y songe pas !
Octobre, mois royal dont les couchants superbes
Projettent leurs reflets sur les dernières herbes,
Octobre se fait vieux et meurt tous les matins
Dans le lit sépulcral des brouillards argentins.


Sa douce gloire laisse au cœur une lumière
Resplendissante, et moins que son règne, éphémère.
Car ton soleil se couche en notre souvenir,
Octobre, et chaque jour il peut en revenir !
La pensée, en rêvant de splendeur, le suscite,
Et soudain, triomphant, voilà qu’il ressuscite !

Salut, beau jour d’automne où mon cœur s’est complu,
Feuilles tombant de l’arbre en tournoyant, salut !