Le Livre pour toi/Mes yeux sont auréolés d’une ombre chaude



VI


Mes yeux sont auréolés d’une ombre chaude, rousse et bleue, pareille à celle qui dort au cœur des eaux.

Tes caresses pénétrantes l’ont tissée autour de mon regard où ton image persiste, enchâssée dans un cristal ; elle flotte, légère et voluptueuse, elle est un voile délicat sur le souvenir vibrant de notre étreinte.

Sylvius, de quel mystère est née cette ombre entre tes bras ?

Il y passe le fantôme de ton corps cabré, la vision dormante de ta tête vaincue, plus belle dans l’abandon et qui laisse à mes mains la douceur de la soie.

Il y passe le geste lent de tes doigts aimés sur mes paupières lasses quand tu me dis : Dors, maintenant.

Oh, viens mettre tes lèvres qui me possèdent toute sur l’orbe velouté de cette ombre chère.

Elle grandit avec le soir qui vient, elle t’enlace dans ses mailles fines et quand tu te courberas sur ma face extasiée, où s’obscurcissent les lacs noirs de mes yeux, haletant tu y plongeras tes prunelles lumineuses qui enchantent ma nuit.