Le Livre pour toi/À mesure que les rives du fleuve



LXXX


À mesure que les rives du fleuve s’élargissent et que je descends vers la mer, je sens tomber de mes épaules le manteau de douceur dont m’enveloppait ton amour.

Où sont tes bras, Sylvius, où est ta bouche qui me mangeait le cœur, où est ton étreinte qui faisait, dans mes veines, serpenter des flammes ?

Les heures voluptueuses gisent dans le passé, comme la dépouille rousse des bois flétris.

Quel triomphal printemps viendra ressusciter ces mortes que je pleure, et, dans l’obscurité de l’avenir, quel jour fera briller sur mon chemin la lumière de tes yeux ?