Alphonse Picard et Fils (p. 14-15).
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XII

Pardonne sires très piteux, pardonne ma misère et à ma imperfection ne me veuilles mie reprouver comme très sorde. Tu omniporens sires mon seigneur terrible et très redoubté senz contriction de cuer ainsi comme ie devroye faire senz plour de larmes senz nulle revérence et sens timour, ie te loe et te aour et te beneis certainement. Sires les tiens angels plains de très merveilleuse exaltation quant liz taourent ilz tramblent de paour et moy chetif maleureux pecheur quant ie te pry et vieng devant toy pour quoy de cuer ne suy ie paoureux qui tant suy mauvaiz que nul plus. Le visaige pourquoy le corps pourquoy ne tramble il carie ne scay quant tu vouldras pendre vengence de moy. Voulentiers le feroye sires maiz ie ne puis. Et car ie ne le puis faire ie me merveille quant tu très terrible avec les yelx de la foy ie regarde, maiz qui le pourroit faire senz lombre de ta grace, toute certes nostre salut est en ta misericorde. Hélas dolent en quele manière ay ie faite ainsi forcenée marme quelle ne soit espoventée de grant paour quant elle devant Dieu et chante à luy ses loanges. Hélas en quele manière sest ainsi edurci mon cuer que mes yeulx ne plourent continuelement flums de larmes quant le servent parle au souverain seigneur, homme avec Dieu, créature avec le créateur, cellui qui est fait de boe avec celluy qui de néant fist toutes choses. Vecy sires que ie me met devant toy et me rent à toy, car de riens ne te puis servir fors que le ce meismes que tu mas donné. Ferme sire ie te pry mon cuer en to timour, et leu ioing quil crieigne ton nom. Sires, donneur de tous biens, donne moy purté de cuer, et lie peusement par quoy parfaitement ie te puisse amer et dignement servir et loer.