Alphonse Picard et Fils (p. 6-7).
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II

Magna est misericordia Domini et magna est potestas ejus. Quia nullus est qui speret firmiter in eo quem ipse dimittat in aliquo errore. Domine pro me scio hoc ego cui existenti peccatori graviter consilium præbuisti tuâ pietate. Loco illo in quo nullum videbant consilium : Vino, dicebant, iste perdetur. In tuâ pietate me eripuisti et eruisti a magnis tribulationibus. Domine mi, furor faciei tuæ contra gentes est versus et non est sine causâ. Domine, si placet tibi non sumus nos duo devapulati. Gentes sunt minus quam bestiæ que vident vindictam Dei et nolunt videre vino faciunt cot hidie pejus. Verumptamen non est mirandum quia diabolus cujus ipsi faciunt opera execat, exordescit et obmutuit eos. Ordines prelati et alii in vestimentis bonis peiores sunt quam alie gentes. Domine, postquam tam maximum malum est venturum, misericorditer te deprecor ut miserearis mei et illius secundum tuam misericordiam tam magnam. Quia si respicias facta nostra, anime erunt dampnate. Domine, converte oculos tuos ad nos duos servos tuos et inclina aures tuas ad preces nostras. Sapienti opes sunt stultitiores et plus sperant in falsis vanitatibus.

Tu omnia nosti et cognoscis mala corda et punies ea dolorose. O quam seculum est in ira tua, quia ego qui cognosco te, quando video facta predicta, sum turbatus et dubitans. Sed ego cognosco bene quod es justus et ideo spero in te firmiter semper. Gentes vident et admirantur cum quis narrat tuam veritatem et non credunt illam. Tot in profundum cupiditatis intrarunt quia nullam de te nec de sui ipsis commode cognitionem habent. Domine, per sanctam incarnationem tuam quam suscepisti de utero virginis Marie, adjuva me et illum. Domine, per sanctam Nativitatem tuam, custodi me et illum in seculo et semper. Domine, per dolorosam passionem tuam quam tu suscepisti pro nobis dolentibus, salva me et illum. Domine, per sanctam resurrectionem tuam, guberna me et illum nunc et semper. Dulcis virgo Maria, fons pietatis et misericordie, ora pro me et pro illo. Deus Pater, creator omnium, Alpha et o., mei, illius, miserere. Amen.


TRADUCTION

II

Elle est grande, la miséricorde de Dieu, et grande est sa puissance. Car, il n’y a personne espérant fermement en lui qu’il abandonne en quelque égarement que ce soit. Je sais cela par moi-même, Seigneur, à qui, dans mon grave état de péché, votre pitié est venue grandement en aide. De celui en qui l’on ne voyait aucune raison, on disait : Le vin le perdra. Dans votre miséricorde vous m’avez préservé et m’avez tiré de grandes tribulations. Mon Seigneur, la fureur de votre visage s’est tournée contre les nations et ce n’est pas sans cause. Seigneur, s’il vous plait, nous ne sommes pas, nous deux[1], intempérants. Les gens sont moins que les bêtes ; voyant la vengeance de Dieu et ne voulant pas la reconnaître, ils font, chaque jour, pire que le vin. Il n’y a donc pas lieu de s’étonner que le diable, dont ils font les œuvres, les aveugle, les abaisse et les rende muets. Ceux d’un rang élevé, ceux bien vêtus, sont pire que les autres. Seigneur, puisque un mal si grand doit venir, je vous supplie humblement d’avoir pitié de moi et de lui, selon votre infinie miséricorde. Car, si vous regardez à nos actes, nos âmes seront perdues. Seigneur, tournez vos regards vers nous deux, vos serviteurs, tendez une oreille favorable à nos prières. À l’homme sage les riches paraissent plus stupides ; ils mettent plus un fol espoir dans la vanité.

Vous, vous savez tout ; vous connaissez les mauvais cœurs et vous les punirez douloureusement. Oh ! combien ce monde se trouve dans votre colère ; puisque moi qui vous connais, quand je vois les actes ci-dessus, je suis troublé et anxieux. D’autre part, je sais bien que vous êtes juste ; c’est pourquoi j’espère fermement en vous. Les peuples voient, admirent, quand quelqu’un leur raconte la vérité, et ils ne croient pas. Un si grand nombre se sont laissés tellement envahir par la passion qu’ils n’ont aucune convenable connaissance ni de vous ni d’eux-mêmes. Seigneur, par votre sainte Incarnation dans le sein de la bienheureuse Vierge Marie : aidez-nous, moi et lui. Seigneur, par votre sainte Nativité, gardez-moi, gardez le, en ce monde et toujours. Seigneur, par votre douloureuse Passion que vous avez soufferte pour nous malheureux, sauvez-nous, moi et lui. Seigneur, par votre sainte Résurrection, gouvernez-nous, moi et lui, maintenant et toujours. Douce Vierge Marie, source de pitié et de miséricorde, priez pour moi et pour lui. Dieu le Père, créateur de toute chose, Alpha et Oméga, ayez pitié de moi, de lui. Ainsi soit-il.

  1. Allusion à son fils Allain qu’il ne nomme jamais mais qu’il rappelle souvent.