Le Livre de jade (1867)/La Guerre/Le Départ du grand chef


Judith Walter ()
Alphonse Lemerre, éditeur (p. 129-130).


LE DÉPART DU GRAND CHEF



Selon Thou-Fou.




Le grand Chef a quitté tristement son amie ; il est sorti par la grande porte de la ville et s’en est allé dormir dans sa tente, où il rêve à son amie.

Tout à coup, un bruit semblable à celui des feuilles mortes remuées par le vent d’automne le réveille, et il se soulève sur son coude.

C’est la robe de soie de son amie qui imite le bruit des feuilles mortes remuées par le vent d’automne, de son amie qui est venue le rejoindre.

« J’avais perdu mon âme, et subitement elle m’est rendue. Je suis plus surpris que si les neiges de la montagne de l’Ouest s’étaient tout à coup fondues. »

Ainsi parle le grand Chef, et son amie lui répond :

« Je pleurais à la fenêtre occidentale ; une hirondelle, touchée, m’a prêté ses ailes, et je suis venue avec tant de promptitude que près de moi ton cheval de bataille aurait eu la marche des tortues. »